vendredi, mai 11, 2007

 

Biotechnologies, santé et médecine : des liens de plus en plus ténus et explosifs.

Dans le cadre des conférences de la Cité, Joël de Rosnay, conseiller scientifique du président de la Cité des sciences et de l'industrie a prononcé une conférence, mardi le 10 janvier 2006, intitulée : « Biotechnologies, santé et médecine ».

M. de Rosnay n’est pas le premier venu. Pour ceux qui veulent mieux le connaître et apprécier ses écrits et conférences à sa juste valeur, je vous réfère à son site Internet :

http://csiweb2.cite-sciences.fr/derosnay/

Au cours de cette conférence, M. de Rosnay montre les liens de plus en plus ténus entre « Biotechnologies, santé et médecine » et les développements fascinants qui ont présentement cours. Il y a lieu de se poser la question suivante : l’homme va-t-il manquer d’instinct de vie ou de survie, avec tous les progrès que la SCIENCE est en train de lui offrir, des possibilités qu’il n’aurait jamais pu envisager, même dans les 10 ou 20 dernières années.

Pour les Séniors actuels qui voient arriver une panoplie de nouveaux moyens de soulager leurs maux ou de prolonger leur existence actuelle, il y a à la fois de l’espoir et de l’interrogation dans l’air. Voulons-nous tant que ça aller au-delà des limites actuelles du Grand Âge? La SCIENCE promet-elle un élixir de jeunesse pour les prochaines générations d’Humains ou devrons-nous repenser tout ça avec une nouvelle mentalité ou une nouvelle vision d’avenir?

Voici le texte complet de cette conférence :

« L'évolution des relations entre l'Homme et les sciences du vivant peut être envisagée en quatre grandes phases : le passage d'une biologie « descriptive » (classement des espèces), à une biologie « explicative » par suite de l'essor de la biologie moléculaire, puis « transformatrice » par le génie génétique et les biotechnologies, et désormais « impliquante » en raison des progrès de la génomique conduisant l'homme à devenir sujet et objet de ses propres expériences.

Au cours des importants développements scientifiques et technologiques de ces dernières années dans le domaine des biotechnologies, on a pu constater que le moléculaire, le numérique et le mécanique entraient en interdépendance. Cette convergence se traduit par des relations toujours plus étroites entre biotechnologies, infotechnologies, nanotechnologies et microélectronique.

Grâce à l'ordinateur, il est devenu possible, non seulement de visualiser des molécules complexes, mais de vérifier les modifications que l'on pouvait réaliser, d'abord en numérique et ensuite au laboratoire. L'essor d'outils puissants, tels que le microscope à effet tunnel (MET), le microscope à force atomique, (MFA), les biotransistors et l'électronique moléculaire, ouvrent des voies nouvelles. Les percées réalisées dans la mise au point de nouveaux médicaments à partir du décryptage du génome humain s'appuient sur une relation toujours plus étroite entre biologie et informatique.

L'évolution technologique se produisant à partir de la convergence de ces disciplines scientifiques conduit à des nouveaux matériaux, dits " intelligents ", à des puces implantables susceptibles de traiter de nombreux désordres métaboliques (rétine artificielle, audition artificielle, pompe à insuline, simulateurs ou défibrillateurs cardiaques), à des biopuces destinées à des tests biochimiques et médicaux ou à des machines moléculaires capables d'exécuter de nombreuses fonctions.
De plus, les nanotechnologies nous ouvrent un nouvel univers de fabrication de pièces miniaturisées pouvant servir dans des systèmes de diagnostics ou des appareils implantables. Ainsi, des nanolaboratoires peuvent analyser en parallèle plus de 500.000 molécules nouvelles par jour ; des micro-usines fondées sur le principe des MEMS (microelectromecanical systems), sont capables de synthétiser des structures complexes, de séparer des mélanges comportant des concentrations très faibles de molécules, ou de procéder à la catalyse de processus variés. Une application spectaculaire des MEMS est la "pilule intelligente : une pilule bioélectronique implantable libérant les produits qu'elle contient pendant des durées atteignant plusieurs mois. D'autres chercheurs ont réussi à fabriquer un "implant intelligent" capable d'administrer de l'insuline à des diabétiques par l'intermédiaire de cellules vivantes enrobées à l'intérieur d'un micro réservoir comportant une membrane poreuse. L'usage de biocapteurs avec des textiles intelligents a conduit à la mise au point de vêtements permettant à des médecins de suivre à distance certains paramètres du métabolisme de leurs patients. Un pas de plus a été accompli dans la production de systèmes bioélectroniques permettant d'interfacer directement le système nerveux à des machines électroniques ou à des robots.

D'importants progrès sont réalisés dans le domaine du vieillissement. Longtemps, nous avons considéré le vieillissement comme une fatalité, comme un processus inéluctable dont la compréhension nous échappait. Depuis quelques années, la science identifie les mécanismes qui président au déclin du corps. Le drame du vieillissement se joue au fond de nos organes, dans l'intimité de nos cellules, dans l'expression de nos gènes, comme un bruit de fond croissant et parasitaire. Le corps, lui aussi, rouille à sa manière. Forts de ces nouvelles connaissances, les chercheurs apprennent maintenant à ralentir l'arrivée de la mort...

Pourquoi vieillit-on ? Que se passe-t-il vraiment dans notre organisme ? Comment retarder la sénescence ? Quelles sont les recettes de la longévité ? Les révélations les plus pointues de la science rejoignent les conseils de bon sens sur notre alimentation et nos modes de vie, et même parfois certaines recettes ancestrales. La longévité est entre nos mains. Nous avons désormais le pouvoir d'agir sur notre propre corps pour lui donner toutes les chances de longue vie. Ce n'est qu'un début : déjà s'annonce une révolution médicale et technologique qui nous promet un corps réparé, modifié, peut-être transformé.

Grâce aux biotechnologies, les sciences et techniques du vivant ont acquis une dimension industrielle : la transformation des biomatériaux et des cellules se réalisant à l'échelle de la planète, de manière compétitive et concurrentielle comme pour toute industrie, conduisent à des produits intéressant l'industrie pharmaceutique, agro-alimentaire, la chimie, l'environnement ou le secteur de l'énergie. L'industrie pharmaceutique s'est développée en produisant des « blockbusters », ces médicaments prescrits à des millions de personnes pour traiter les maladies cardio-vasculaires, l'hypertension, l'excès de cholestérol, les dépressions, les rhumatismes. Mais ces molécules sont de plus en plus critiquées pour leurs effets secondaires ou pour leur inefficacité chez certains patients. L'industrie pharmaceutique emprunte maintenant de nouvelles voies. Elle s'oriente vers des médicaments de confort, des produits qui améliorent la qualité de vie des personnes âgées et les aident à garder la mémoire, une meilleure apparence, une certaine force musculaire, une activité sexuelle. Ainsi trois secteurs industriels vont se rapprocher : celui de la pharmacie, celui des cosmétiques, celui de la nutrition. On va assister à l'apparition sur le marché de nombreux « alicaments » (aliments médicamenteux) et à la naissance d'une « cosméceutique » («la cosmétique pharmaceutique»).

Avec la génomique, la transgénie, la bioinformatique, l'évolution des biotechnologies atteint un nouveau stade : elle questionne directement l'homme sujet et objet, ingénieur des gènes. Nous transformons la biosphère et cette transformation nous change de manière irréversible Les progrès scientifiques et techniques dans les sciences du vivant ouvriront de nouveaux horizons riches de promesses mais aussi lourds de menaces. Il deviendra possible de cloner et cultiver des cellules embryonnaires humaines pour créer des usines à organes permettant de remplacer des organes déficients. Mais le pouvoir de créer de nouvelles espèces végétales et animales pourra-t-il être contrôlé ? L'homme prendra-t-il le relais de l'évolution biologique ? A l'horizon se profile déjà le mariage de la biologie, des nanotechnologies et de l'informatique, avec la possibilité de communication directe entre le cerveau de l'homme et les ordinateurs du futur. Une nouvelle forme de symbiose pourrait ainsi naître entre le biologique et l'électronique. A l'homme de savoir fixer les limites pour éviter que ses créatures biologiques ou électroniques ne se retournent contre lui. »

RD

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vendredi, mai 04, 2007

 

Les quêtes dans la soixantaine.

La soixantaine est loin d’être un âge où tout espoir de vie et de bonheur sont perdus. Avec l’extension de la longévité, l’homme et la femme sont en mesure de se maintenir proche de leur jeune âge, pourvu qu’ils reconnaissent leurs limites personnelles.

À tout âge de la vie, il y a des choses qui sont possibles et d’autres qui deviennent impossibles. On ne peut demander à un bébé naissant de marcher spontanément ou de parler comme un adulte. Si l’adulte peut faire à peu près tout ce qu’un humain normal est en mesure de faire, il ne peut redevenir bébé et faire gaga et caca dans ses culottes, sans inconvénients. On dira généralement que ce n’est plus de son âge.

Quand on arrive à l’âge des aînés, là on ne sait plus vraiment. La ligne de démarcation entre l’âge mûr et le début de l’âge des Séniors n’est pas bien tranchée. Certaines personnes vont vieillir prématurément, voire avoir de graves maladies, tandis que d’autres, la plupart heureusement, vont se retrouver sains mais avec moins de résistance, par exemple, à la fatigue ou de légers inconvénients.

Par quête, on souligne le fait que l’on a encore des envies de vivre des choses qui sont à notre portée et qu’il faut reconnaître. Par exemple, la quête de la sérénité est vue comme une vertu que l’on peut espérer atteindre à l’âge des Séniors, difficilement avant.

À ma connaissance, il existe peu de volumes sur le sujet des quêtes accessibles à partir de la soixantaine. C’est une période de la vie qui, jusqu’à tout récemment, n’était pas atteint par la majorité de la population. Dans son ouvrage intitulé « L'espérance de vivre. Âges - générations et sociétés.», publié par les éditions Le Seuil en octobre 2005, Jacques Véron faisait le résumé suivant de la situation en Europe au plan de la démographie :

« La très forte augmentation, depuis deux siècles, de l'espérance de vie dans les pays les plus développés nous permet d'être beaucoup plus nombreux à atteindre des âges élevés.La pyramide des âges s'en ressent : la population vieillit.

Non seulement les attitudes à l'égard de la vie et de la mort se transforment, mais une véritable "gestion des âges" devient nécessaire.

Les relations entre les générations se modifient en profondeur et affectent toute la dynamique des sociétés, des solidarités effectives ou possibles à la dépendance économique mais aussi aux questions éthiques : quel est le coût économique de l'allongement de la durée de vie et comment résoudre les problèmes qu'il pose, si la quantité de vie en plus se traduit par une dégradation de sa qualité ? C'est une réflexion sur les liens entre l'histoire de l'individu, celle de sa génération et celle de la société… »

Existe-t-il des jalons, des critères, des façons d’envisager ces quêtes? Pour l’instant, je recherche des réponses un peu partout dans la littérature. Le vieux, caractérisé par la pipe à la bouche, le regard lointain et perdu, les membres fatigués par les années de labeur, ne correspond plus vraiment à l’image que l’on se fait de la vieillesse.

Développer une réflexion sur la façon de comprendre et d’accepter les changements qui surviennent dans la vie humaine avec le vieillissement est un bon exercice pour mieux décoder cette période de la vie.

Est-ce possible de faire oeuvre de nouveauté sur cette thématique? Sûrement! Parce que rien n’est figé dans les comportements humains. Tout est question d’adaptations et de remises en question.

Qui sont ceux qui sont principalement préoccupés par ces questions? Surtout ceux qui arrivent à cette période de l’existence ou qui les vivent. Les spécialistes de ces questions attendent patiemment que nous vivions tous cette nouveauté de l'accroissement de la longévité pour en tirer des conclusions. Malheureusement, les sources d’information actuelles font défaut ou ne sont plus vraiment adaptées à ce phénomène nouveau. Maintenant, on sait tout sur la façon d’élever un bébé et de lui donner les meilleurs soins. On ne sait plus vraiment quoi faire quand on est vieux et quel rythme adopter face aux aléas de la vie à cet âge.

Peut-on avoir une réflexion personnelle, valable et originale, pour ne pas dire innovante, à partir de ses propres impressions et sensations? Tout est là. La gérontologie nous donne de bons repères sur la physiologie de l’être humain vieillissant. Est-ce une approche suffisante pour combler une existence en péril ou en diminution de capacités vitales? Ce qui est sûr, c'est que l'on n’est pas vieux en un jour, on le devient avec les années de vie qui se sont écoulées.

RD

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