dimanche, octobre 29, 2006

 

« Vieillir » : Une émission radiophonique de Radio-Canada passée inaperçue.


Je voudrais que l'on réécoute une émission radiophonique qui a sûrement passée inaperçue, tellement nous avons de choses à faire tous les jours. Elle porte sur l'art de « vieillir ».

C'est une émission de qualité, qui mérite d'être réentendue plusieurs fois en vue de bien s'approprier les propos traités par les invités qui sont de marque. Je retranscris ici le résumé de l'émission tel que l'a fait Radio-Canada sur son site Internet. N'oubliez pas de vous rendre y écouter les extraits audio. Ça vaut la peine!


Pour retrouver le site Internet de Radio-Canada

http://www.radio-canada.ca/radio/emissions/document.asp?docnumero=17281&numero=1663

Date et heure de diffusion

[Le mardi 24 janvier 2006, de 20h à 22h]

L’interviewer

Serge Bouchard

Les invités

· Michèle Charpentier, professeure à l’École de travail social de l’UQAM, spécialisée en gérontologie sociale et en droits des personnes âgées. Elle a publié, aux Presses de l’Université du Québec, en 2002 : Priver ou privatiser la vieillesse? Entre le domicile à tout prix et le placement à aucun prix.

· Serge Gauthier, professeur titulaire au Département de psychiatrie, de neurologie, de neurochirurgie et de médecine de l’Université McGill. Directeur de l’unité de recherche sur la maladie d’Alzheimer au Centre McGill d’études sur le vieillissement.

· Antonine Maillet, la citoyenne illustre. Auteure de La Sagouine, de Pélagie la Charrette qui lui a valu le Goncourt en 1979. Sa dernière œuvre, Le temps me dure, a été publiée en 2003.


Résumé de l’émission

Dans notre société, non seulement nie-t-on le vieillissement, non seulement ne veut-on pas vieillir, mais on fait tout pour arrêter le temps et combattre la nature. Serge Bouchard en discute avec ses invités.

La vieillesse est-elle un naufrage?

Serge Bouchard s’inspire de Charles de Gaulle pour poser la question à ses invités. La complice de Serge Bouchard, Ariane Émond, a choisi de faire partie de cette émission. « Je suis une gérontophile depuis mon tout jeune âge. » Serge Gauthier estime qu’on met trop souvent l’accent sur les aspects négatifs du vieillissement, alors qu’il y a de belles choses à vivre. « Les dernières années, celles où on approche de la mort, sont souvent difficiles parce qu’on est rarement en bonne santé », admet Michèle Charpentier. Elle nuance ses propos puisque la vieillesse s’étend, aujourd’hui, de 60 à 100 ans. Ce sont des années qui sont aussi très riches! Antonine Maillet répond d’abord par une boutade : « Quand on sait nager, ce n’est pas un naufrage! » Elle poursuit. « Ceux qui aiment vivre vont vouloir que leur vieillesse soit vivante, tout en étant conscients qu’ils s’approchent de la mort. »

Quelques réflexions

Qu’est-ce qu’un humain? C’est la conscience, c’est le temps, c’est la liberté. Finalement, être vieux, c’est savoir vieillir. Dans notre société essentiellement centrée sur le présent, on nie le vieillissement, on nie l’existence des vieux. Non seulement on ne veut pas vieillir, on fait tout pour arrêter le temps et combattre la nature. On n’utilise plus la vieillesse comme une donnée précieuse et utile à notre communauté. On voit le vieux comme un dégénéré, qui n’est plus bon à rien. On est tellement obsédé par l’Alzheimer, qu’on est convaincu que les vieux n’ont aucune mémoire. On n’y a donc plus recours. On ne les croit plus, puisqu’on les imagine complètement dépassés par les événements.

La perte de la mémoire

La sagesse qu’on attribuait aux vieux du village, qui vivaient d’ailleurs avec leurs enfants, a disparu. On a perdu la référence, la mémoire. On nie le contenu. La parole du sage est niée. On ne s’intéresse plus à sa mémoire. Le dialogue est brisé, on parle au vieux en paternaliste, comme si c’était un enfant... Bref, on n’accepte pas la transformation du corps qui, on le croit, a détruit l’esprit. Mais où effectivement peut-on tracer la ligne? Quand un spécialiste déclare-t-il la fin cognitive? Malgré la diminution cognitive, peut-on dire qu’il y a encore une possibilité de rencontre avec l’autre?

La tradition

Être vieux, c’est une construction culturelle qu’on détruit. Les vieux ne sont plus beaux comme traditionnellement ils l’ont été. On les trouve rebutants. On ne veut plus s’en approcher. Les Amérindiens, toutes cultures confondues, ont toujours eu un culte où ils idolâtraient les vieux. Les anciens résolvaient la déchéance en les laissant mourir. Le vieux annonçait lui-même sa fin et on amorçait le rituel de l’abandon.

EXTRAITS SONORES (se rendre sur le site de Radio-Canada). Voir l'adresse Internet au début de l'article :

Vieillir, première partie[Écoutez l'extrait audio »]00:52:31


Vieillir, deuxième partie[Écoutez l'extrait audio »]00:53:31


Voilà! J'espère que vous y trouverez des réponses intéressantes à vos préoccupations courantes et futures.


RD

vendredi, octobre 27, 2006

 

Des projets pour se garder jeune.

Il y a une chose que l’on réalise tout d’un coup quand on prend sa retraite: c’est que l’on a du temps devant soi, beaucoup de temps. L’autre réalité, c’est quoi faire de ce temps disponible pour faire en sorte que l’on manque finalement de temps.

Avant de partir à la retraite, on a fait beaucoup de projets, pleins de projets. Tant que l’on ne met pas l’épaule à la roue, ce ne sont que des rêves irréalisés. Et pour les traduire dans la réalité de tous les jours, il faut se donner des conditions gagnantes.

Une étape indispensable à franchir, c’est celle d’un premier grand repos prolongé. Tous les gens que je connais et qui ont pris leur retraire en même temps que moi, ont dû se débarrasser du stress accumulé avec les années de travail. Les conflits laissent leurs marques, les efforts au travail pour répondre aux attentes laissent des traces, le poids des ans vient s’y ajouter, pour ne pas ajouter les épreuves de la vie, que ce soit une perte de santé, d’un proche ou d’autres événements négatifs qui viennent miner notre appétit de vivre.

La première année à la retraite, c’est le moment des transitions vers une nouvelle façon de vivre. À ce que je sache, personne n’y échappe. Il y a les petits travaux de rénovation qui nous absorbent, mais il y a aussi la découverte que l’on peut changer sa vie et repartir à nouveau dans des avenues inexplorées jusque-là. Le mot clé est « projet ».

Combien de choses avons-nous pensé faire et que nous n’avons pas fait? Une foule, un grand nombre de choses. Des banalités comme des rêves fous. Il y avait toujours un obstacle, un imprévu ou un empêchement. Maintenant que nous sommes à la retraite, il y a lieu de regarder quels sont nos conditions gagnantes pour mettre en valeur ces projets et les réaliser le plus rapidement possible. C’est là que se trouve notre nouveau souffle de vie, notre espoir d’avoir un avenir, de se perdre comme avant dans les bonnes choses de la vie.

L’hygiène de vie à la retraite est faite de tout un ensemble de projets, des grands comme des petits, qui nous viennent à l’esprit et qui nous gardent jeunes. Ce peut être d’abord de se remettre en forme, d’améliorer sa condition physique par une meilleure alimentation et du repos, plein de repos.

Ensuite, l’organisation de son environnement personnel. Faire du ménage ou faire des rénovations amène un sentiment de bien-être et de confort. On se sent à nouveau utile. Faire du sport, quel que soit le sport en question, amène de la fatigue, mais aussi une bienfaisante récupération. Une cure de sommeil, après beaucoup d’exercices, fait disparaître les rides et raffermit les muscles. Changer d’horizon, en faisant des petits voyages ou des excursions, génère des idées de changements, introduit de nouvelles connaissances, développe de nouveaux goûts, etc. Tout doit être orienté pour conditionner notre humeur générale vers un état de satisfaction, à tous les moments du jour, semaine après semaine, mois après mois.

Alors, l’âge n’a plus d’importance parce que l’on se sent toujours très jeune, du moment que l’on a un projet à réaliser devant soi. C’est l’avenue que j’ai prise et je me sens de plus en plus en forme et optimiste quant à mon avenir. Peut-être va-t-il m’arriver des contretemps, des coups durs ou des déceptions? Alors, j’aurai toujours d’autres projets dans ma tête pour réorganiser ma vie et m’ajuster pour que la vie soit encore belle à nouveau. C’est ce que j’espère tous les jours qui passent.

RD

mercredi, octobre 25, 2006

 

Le départ d’une conjointe après plus de 24 ans de vie commune.


Le départ d’une conjointe après presque 25 ans de vie commune est une dure épreuve. Comment ça arrive? Souvent, c’est une surprise pour le conjoint quitté : il n’a pas vu venir, est trop occupé à gérer le stress et/ou le quotidien au travail, n’a pas eu le temps de prendre du recul, il prépare sa retraite, la pression exercée par un ou plusieurs événements imprévu(s), un étranger d’âge mûr qui courtise sa fille de 18 ans, la maladie qui a changé la personnalité de sa conjointe. Toutes sortes d’autres raisons pourraient être évoquées.

Le résultat net, c’est le bris du lien d’amitié et d’affection intime entre les deux personnes en couple et finalement, le déchirement du lien familial. C’est une catastrophe, évidemment! Pour la personne qui vit une telle situation du jour au lendemain, que ce soit au féminin ou au masculin, et qui ne l’a pas désirée, cela demande une grande force de caractère pour passer au travers. D’autant plus que la personne qui laisse son conjoint cherche à régler ses comptes, surtout des frustrations ou des insatisfactions qu’elle gardait bien cachées à l’intérieur d’elle-même, qui ont gâté sa vie et détruit son couple. Avait-elle le droit de le faire? C’est son droit, diront certains complaisants, mais certainement pas à n’importe quel prix. Et surtout pas en rejetant la bonté, la tendresse et les attentions de son conjoint. Parce que celui qui est quitté avait droit à des égards et méritait des explications. Mais, c’est généralement tout le contraire qui arrive : il devra encaisser des réactions et des comportements de mesquinerie et de méchanceté, lui qui pensait que ses efforts et ses attentions étaient appréciés à leur juste valeur. À tout le moins, il aurait dû avoir une chance de faire valoir son point de vue, savoir exactement où il avait tort ou pourquoi le bateau avait coulé. Mais, cela ne se passe habituellement pas comme ça. À la guerre comme à la guerre! Il n’y a pas de place pour les pacifiques et les parlementaires. On tire dans le tas, quels que soient les dégâts ou les gâchis qui en résultent. On réparera après.

Personne n’est parfait. Mais, l’autre personne, celle qui a préparé son départ de longue main, qui se pare de toutes les grâces et de tous les mérites, sait, au fond d’elle-même, qu’elle a joué gros jeu et qu’elle n’a pas été correcte dans ses démarches. Pour tout camoufler, elle simule, elle ment, elle invente des histoires, lance des accusations de toutes sortes, méprise l’autre, son ancien compagnon de vie. Il n’y a pas de place pour la Vérité et le retour sur soi.

Ce genre d’événements n’est pas de l’histoire ancienne. C’est de plus en plus courant dans notre société gavée par l’abondance et le confort matériel et ça arrive dans les jeunes couples comme dans les couples plus âgés.

Est-ce un phénomène de civilisation, d’absence de valeurs morales ou tout simplement de l’opportunisme individuel? Difficile à départager!

Chose certaine, quand soudainement, on voit son conjoint ou sa conjointe, changer drastiquement de comportement, sans raison valable, qui perd le respect de l’autre, alors, on ne sait plus quoi faire et avec raison. Il y a des personnes qui ont déjà vu de telles situations arriver et qui absorbent relativement bien le choc, sachant bien que la chaloupe de sauvetage est bien arrimée à l’arrière du bateau. Pour d’autres, plus fragiles, cela peut signifier l’effondrement de leur personnalité et le commencement de la fin de leur bonheur sur terre. Toutes les situations intermédiaires sont aussi possibles.

Finalement, que doit-on penser des séparations du genre? Il y aura certainement des effets boomerang et un prix à payer pour rejeter celui qui avait de la bonté dans le coeur et plein de tendresse dans ses attentions de tous les jours. Il n’y a pas de bonheur dans la dureté et le manque de générosité au plan des sentiments. Avec le temps, celui qui a été quitté retrouvera sa quiétude et reformulera ses aspirations pour atteindre à nouveau, la joie de vivre. Mais, pour l’autre personne, celle qui a fait fi de tout ce qu’elle a reçu, elle perdra ce qu’elle pensait avoir donné et vivra avec du monde qui lui ressemblent et qui agiront de la même manière avec elle. C’est ce que l’on voit arriver le plus souvent!

La personne quittée gardera en mémoire l’image de l’autre personne, celle qu’il pensait avoir aimé. Il pourra préserver ainsi tous ses beaux souvenirs et avoir l’impression de pouvoir à nouveau retrouver un jour d’autres bonheurs du même genre.

RD

mercredi, octobre 18, 2006

 

Être à l’écoute des autres, une vraie façon d’apprendre la vie sous toutes ses coutures.

Nous avons été longtemps sur les bancs d’école, mais nous n’avons pas tout appris dans les maisons d’enseignement. L’école de la vie nous a apporté tout autant. Chacun d’entre nous avons vécu des expériences particulières, que ce soit au travail ou à la maison, face à la maladie ou à la détresse des autres, des joies et des peines. Cet enrichissement est là, gravé dans notre mémoire et si on ne le partage pas, il n’aura servi à rien, sauf peut-être à nos proches ou à nos amis les plus intimes.

Mais, quand est-ce que l’on a terminé d’apprendre? Jamais! Tous les jours qui passent sont une occasion de s’intéresser à tout ce qui se passe dans l’actualité, de faire de nouveaux apprentissages, d’accomplir de nouvelles activités,... C’est dans les échanges entre eux que les hommes et les femmes apprennent le plus, en partageant le souvenir de toutes sortes d’accomplissements et d’émotions ressenties face aux diverses expériences de la vie.

Pour celui qui sait être à l’écoute des autres, il y a énormément à apprendre de ce que l’on a pu vivre tous et chacun d’entre nous. Un premier exemple concret. Intéressé par tout ce qui touche la peinture, je m’arrêtai récemment pour regarder des gens en train de travailler des toiles dans une exposition d’art tenue dans un gros centre d’achats près de chez moi. N’étant guère familier avec toutes les techniques de la peinture, j’examinai attentivement les tableaux exposés ou en cours d’exécution. Mieux, je me mis à converser avec plusieurs des artistes présents et me fis expliquer comment ils procédaient pour réaliser leurs oeuvres. La conversation s’enclencha vite sur toutes sortes de sujets connexes à leur travail et à leur façon de voir la vie de tous les jours. Tellement, que je fis plus d’une visite aux personnes rencontrées. En peu de temps, j’appris aussi les rudiments du pastel, les techniques de base pour cadrer un paysage et j'en oublie. N’est-ce pas merveilleux!

Au cours de l’été dernier, j’ai fait régulièrement du patin à roues alignées (roller skating) sur les pistes asphaltées des Corridors des Cheminots et du littoral à Québec. J’ai eu l’occasion de rencontrer toutes sortes de gens, des plus jeunes comme des plus âgés que moi. Dans ces échanges impromptus, j’ai pu comparer ma vision des choses avec celle des autres. Je me souviens notamment avoir rencontré une personne âgée de 77 ans qui avaient subi plusieurs pontages et qui faisait des dizaines de kilomètres en bicyclette, toujours très alerte et endurant. Rien ne l’aurait empêché de poursuivre sa randonnée malgré son grand âge. Il avait accompli beaucoup de choses dans sa vie; il avait notamment été le premier grand dessinateur des tours de transport hydroélectrique, un réseau qui s’étire dans toutes les régions du Québec. Et, après notre brin de conversation, il était reparti en pédalant allégrement comme un champion, en poursuivant son petit train-train de vie. Une grosse leçon pour une personne comme moi qui est au début de la soixantaine.

Je pourrais raconter une multitude d’autres anecdotes du même genre. Chacune des personnes rencontrées, à sa manière, m’a apporté un élément de nouveauté personnalisée dans la conversation et réciproquement. C’est ça qui est finalement si enrichissant!

RD

mardi, octobre 17, 2006

 

La tranquillité de l’esprit, une vertu associée à la retraite.

Le jour où j’ai pris ma retraite, j’ai senti qu’un poids venait de m’être enlevé des épaules. Pourquoi? Simplement, ce jour-là, j’ai réalisé que, désormais, je serais mon seul maître, après Dieu, comme on dit généralement.

Dès que je quittai le marché du travail, plusieurs choses allaient changer dans ma vie. D’abord, plus aucune obligation de suivre un horaire quelconque. Je pouvais me lever à l’heure qui me plaisait et me coucher quand cela faisait mon affaire. Toute une nouveauté! Quand notre vie a été réglée par les horaires de l’horloge de la société humaine, c’est un superbe cadeau que de pouvoir faire ce que l’on veut de son temps.

Si le départ à la retraite a bien été préparé et que les efforts d’une vie au travail peuvent enfin être récompensés par des rentes adéquates, on s'aperçoit que les soucis de gagner sa vie au quotidien s’estompent rapidement.

Un autre aspect intéressant de la question, c’est le fait de sortir du stress quotidien, de se dégager de nos vieilles habitudes en ce qui a trait au travail et à ses contraintes. Cela se traduit, après quelques mois de retraite, par la tranquillité de l’esprit qui s’installe graduellement en nous. Celle-ci vient répondre à un besoin profond de prendre son temps, de faire les choses comme elles viennent et de s’aventurer dans les tâches routinières à notre rythme et ordonnées à notre façon.

Est-ce l’âge qui nous pousse à rechercher la tranquillité sous toutes ses formes ou une certaine forme de sagesse face au bourdonnement de la vie qui nous entoure? Difficile à répondre parce que je viens à peine de terminer ma première année de retraite.

J’ai dû toutefois me reposer pendant plusieurs mois pour commencer à sentir les bienfaits de la retraite et découvrir la joie des petites besognes à accomplir. Le départ à la retraite constitue, à mon avis, un grand stress, au même titre que le départ d’un conjoint, de la mortalité d’un parent, etc. Il y a une période d’adaptation à respecter.

En fait, c’est une nouvelle phase de la vie qui commence. Ce désir d’avoir la paix, d’éviter les confrontations et de se simplifier la vie, tout en gardant un beau sourire pour tout le monde, est omniprésent. On pourrait même dire que cela devient une nécessité. Après avoir vécu intensément, impliqué dans toutes sortes de travaux et d’expériences, il arrive un moment où l’on désire s’arrêter, prendre une pause et repartir en marchant à une autre cadence. La Terre continue de tourner à la même vitesse, même si l’Homme accélère la cadence de ses activités. On se demande alors pourquoi nous nous sommes, toute une vie, laissés mener par cette course effrénée de la modernité.

Regardez les enfants, par exemple. Ils courent toute la journée et vont au bout de leurs forces, jusqu’à ce qu’un sommeil profond les enveloppent pour un autre lendemain tout aussi turbulent. Je me rappelle très bien que comme parent, je devais tempérer les ardeurs de mes deux enfants. Je faisais partie de la règle et j’étais loin d’être une exception en la matière. Aujourd'hui, je les regarde faire comme moi, quand j'étais jeune adulte. C'est la vie qui se poursuit, dirait-on!

Durant ma vie d’adulte, j’ai vu beaucoup de luttes d’affirmation de soi et d’ambition, en vue de réussir sur le plan professionnel, pour se tailler une place, comme on dit, dans la société. Aujourd’hui, tout cela me paraît futile et désuet. On s’aperçoit finalement que la grandeur chez l’homme est ailleurs et que souvent, elle doit attendre le nombre des années pour s’épanouir.

En vieillissant, il est clair que l’on gagne sur certains plans et que l’on perd sur d’autres. Comme on ne peut revenir en arrière, il semble qu’il vaut mieux accepter graduellement de changer de décor et de passer à une autre scène du théâtre de la vie. Le fait de vivre de nouvelles émotions est gratifiant, surtout si elles sont bien adaptées à notre contexte de retraité. C’est un gage de nombreuses années de confort et de bien-être personnel.

La tranquillité de l'esprit, quel que soit la forme qu’elle prenne, fait partie des vertus associées à la retraite. Ce sentiment nous rapproche du confort d’une existence respectant notre condition humaine et nous donne à chaque instant un parfum d’éternité. Comme ont découvert de grands philosophes, le futur se conjugue d’abord au présent.

RD

samedi, octobre 14, 2006

 

Le manque de temps : quelle catastrophe!

Je suis à la retraite depuis la fin de juillet 2005. Croyez-le ou non, je manque de temps. J’ai débuté ma retraite en faisant toutes sortes de travaux autour de la maison. Je ressentais un immense besoin de repos, loin du stress quotidien du travail. Je dormais beaucoup. Je prenais aussi tout mon temps pour faire mes activités de loisirs.

Et les jours se sont succédés, les uns après les autres. L’automne a passé comme par enchantement. J’avais fait le projet de m’acheter des skis de fond pour l’hiver. Ce que je fis dès les premières neiges. Encore une nouvelle activité qui venait s’ajouter à Internet, le cinéma, le piano, les jeux sur ordinateur, la lecture, le magasinage, le ménage quotidien, la bouffe, la lessive, les promenades dans les centres d’achat, et j’en passe et j’en oublie.

Les premiers beaux jours du printemps arrivèrent plus vite que je ne l’espérais. C’était la première fois depuis des décennies que je pouvais contempler la succession des jours, avec un soleil qui prenait rapidement de la vigueur, en allongeant dans le temps la durée de ses rayons.

Maintenant que j’étais maître de ma destinée, tout allait trop vite à mon goût. Je voulais que le temps s’arrête de passer et que les jours soient plus longs. J’achetai le kayak de mes rêves lors d’une exposition sportive et il fallut attendre les beaux jours pour me promener sur la rivière Saint-Charles qui coule à quelques kilomètres de chez moi. L’été fut l’occasion de prendre l’air tous les jours, beau temps mauvais temps. Le sentiment d’insouciance et de liberté sans fin commençait à m’habiter. Les journées de chaleur me donnaient l’impression de flotter dans l’air. Je me disais que c’était ça l’euphorie de prendre sa retraite pendant que l’on pouvait en profiter.

Après une année de repos, je réalisais graduellement que je me sentais bien et en meilleure forme. Rapidement, je mis une sourdine sur les souvenirs désagréables du passé pour me tourner résolument vers l’avenir. Parce que j’avais désormais encore un avenir devant moi. Cet avenir était conjugué de plus en plus au présent. Je ne regrettais pas le passé; il y a eu de grandes joies dans ma vie comme de grands malheurs. Mais, tout change et on ne peut retourner en arrière, sauf en évoquant des souvenirs qui, finalement, ne valent pas le temps présent, le temps à vivre au quotidien.

L’été 2006 a passé allégrement, sans grand souci, ni préoccupation. Après avoir monté une remise à l’arrière du terrain, le reste du temps a été partagé dans de nombreuses activités du genre ordinateur, natation, kayak, patins à roulettes, de petits voyages d’une journée dans des coins ensoleillés de la Province, etc. J’avais toutes sortes de projets dans la tête et je commençai à réaliser que je manquais de temps. Je voulais aller à la pêche, faire de la peinture, découvrir de nouveaux horizons et quoi d’autres encore. Hélas, oui! Je manquais de ce précieux et indéfini temps qui passait à la vitesse de l’éclair, les nuits prenant d’assaut les jours qui s’écoulaient en laissant des traces dans le temps.

Sur les pistes cyclables, je rencontrais des gens comme moi qui n’avaient que du bon temps devant eux. En faisant de l’exercice, ils se maintenaient en forme et se montaient une banque de temps. L’âge n’était plus un souci pour nombre d’entre eux car certains voguaient vers le grand âge. Pourtant, le pied forçait toujours sur la pédale et les muscles du corps se raidissaient pour maintenir la cadence. Je jasais avec plusieurs et toujours le même constat : la plupart de ces personnes avaient des lueurs dans les yeux, une vie bien remplie derrière eux et ils gambadaient comme des gamins après avoir subi des pontages et des revers de toutes sortes. Mais, ils se gardaient toutes sortes de petits bonheurs quotidiens. Car c’est là le secret de toute existence : ce sont ces petits bonheurs quotidiens qu’il faut vivre à tout prix.

En me comparant avec ces gens-là, je me disais qu’il y avait un avenir pour les Vieux de mon temps. Après de longues conversations sur tout et rien, eux aussi, se rendaient compte qu’ils manquaient de temps pour réaliser leurs projets de tous les jours. Je n’étais donc pas tout seul à penser comme ça.

Alors, je me dis qu’il faudra ménager mon temps parce qu’il s’écoule à la vitesse de l’éclair, tellement je suis accaparé par la vie de tous les jours.

Déjà l’automne qui s’envole et il faudra se préparer pour l’hiver. J’espère qu’il me restera encore du temps pour prendre le temps de respirer le bon air froid en faisant à nouveau du ski de fond sur les pistes avoisinantes. Et la vie continue,...

Bonne automne à tous!

RD

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