dimanche, mai 31, 2009

 

Un cri d’alarme pour le bien-être des aînés


Québec : une société qui ne valorise pas ses aînés
Ariane LacoursièreLa Presse

Aline Charles est professeure d'histoire à l'Université Laval. Elle étudie le traitement réservé aux aînés au cours des siècles. Selon elle, le Québec a développé une perception négative de la vieillesse à la fin du XIXe siècle.
«Auparavant, la vieillesse était valorisée, explique Mme Charles. Très peu de gens devenaient vieux. Ceux qui le faisaient étaient vus comme des gens exceptionnels, dit-elle. Les sociétés qui avaient beaucoup d'aînés montraient qu'elles avaient le dessus sur la mort.»
Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Dans la dizaine de résidences visitées par La Presse au cours des derniers mois, tous les employés s'entendaient pour dire qu'au moins 80% de leurs résidants ne reçoivent jamais de visite et sont littéralement abandonnés. «Les familles ne sont pas présentes. Les résidences doivent offrir l'accompagnement et les soins», confirme la directrice générale de l'Association des résidences et CHSLD privés du Québec, Mariette Lanthier.
Point de vue de Colombe Dufour
« Un traitement infantilisant et contrôlant! »

À la ministre responsable des aînés Marguerite Blais) - La ministre responsable des aînés a accordé tout récemment un montant approximatif de 300 000$ à l'organisme Docteur Clown!

En tout premier lieu, je ne doute pas des compétences de cet organisme. Cependant, je suis blessée pour toutes les personnes institutionnalisées pour qui se faire offrir un seul plat de résistance est en soi très infantilisant et contrôlant. En effet, le message que reçoivent ces personnes et même le public est: nous croyons que seule la présence de cet organisme peut distraire les personnes malades et cela jette aussi une douche froide sur nous, qui peut-être un jour, aurons à subir le même sort!
Dans un centre de soins de longue durée, il y des «représentants» de toute une société; des personnes comme vous et moi, vos parents, vos amis, qui dans leur vie active ont occupé une profession, un métier, des gens de toutes cultures. Ces gens, à l'arrivée du grand âge ou d'une maladie dégénérative se voient forcés de faire le deuil de tout à petit feu. Pour certains, lors de leur prise en charge, ils peuvent vivre encore des années dans un milieu hospitalier. Alors donc, après les médicaments, les soins d'hygiène, de quoi ont-ils besoin pour «passer le temps»?
Tout comme nous «dehors» et libres, d'avoir un milieu de vie où ils peuvent continuer à «grandir» dans la compréhension de leur propre vie. Ils ont besoin de pouvoir s'épanouir dans ce qu'ils sont, au-delà de leur condition physique et mentale. Pour ce faire, être respectés et avoir un droit de parole leur est nécessaire.
Voilà maintenant près de 23 ans que je les visite avec mes chansons, mes ateliers musicaux thématiques et je m'adapte encore à chaque jour. Ceux qui m'invitent en général sont les personnes responsables du service des loisirs en place dans l'établissement (récréologues, techniciens en loisirs, éducateurs spécialisés, etc.), qui s'évertuent tant bien que mal avec les budgets qu'ils ont, à offrir des activités adaptées aux personnalités et états de santé de leurs résidents.
Ils fonctionnent avec un profond respect et sont sujets à un code d'éthique conçu pour les clients (note : je déteste le mot usager utilisé en ce moment pour désigner les personnes en institution). Avec l'aide d'un comité de bénévoles (à certains endroits), ainsi que du comité des résidents qui habitent l'institution (représentant les personnes malades du même lieu), tous travaillent à mettre en place une panoplie d'activités différentes à proposer. Une «assiette diversifiée» pour une «société institutionnalisée».
Que faites-vous en général pour «passer votre temps»? Vous aimez lire, regarder la télévision, écouter la radio, jouer au bingo, écouter un concert, danser, chanter, goûter un mets différent, apprendre un nouveau jeu de société, jouer aux cartes, profiter du silence, prier, écrire, apprendre un texte, dessiner, peindre, cultiver des fleurs, jardiner, vous réunir entre amis, voir votre animal préféré, et pourquoi pas à l'occasion la surprise d'un Docteur Clown, etc..?
Eux aussi ont des goûts multiples! La vie continue. Comme nous, ils ne savent pour combien de temps.
Alors, je ne suis pas ministre des Aînés, mais si je l'étais, je préférerais que le titre soit : ministre de l'Être humain respectable et respecté. Je proposerais ceci :
Avec 300 000$ ou plus?

- Aider les CHSLD à se munir d'un département de loisirs pour soutenir un milieu de vie sociale favorisant ainsi un meilleur moral tout en contrant l'isolement.
- Former davantage les intervenants dans une meilleure compréhension des états psychologiques et émotionnels qu'impose la maladie.
- Voir à ce que chaque endroit ait un «Comité des résidents» garant du droit de parole en impliquant les familles.
- Favoriser la création d'un comité de bénévoles (aussi à chaque endroit) afin d'assister le service des loisirs, de faire des visites aux personnes malades comme les 2500 grands coeurs de l'oeuvre Le Noël du Bonheur le font depuis 46 ans.
- Et sûrement bien d'autres choses.
Savoir que votre ministère favorise une seule activité pour satisfaire une société entière est bien frustrant. Et, ça l'est d'autant plus pour tous ceux qui depuis des lunes déploient leurs efforts dans le but d'élargir leurs compétences afin de mieux s'adapter aux personnes qu'ils aiment desservir!
Colombe Dufour
Auteure compositrice interprète, elle fait aussi du spectacle et des ateliers thématiques depuis près de 23 ans auprès des personnes institutionnalisées. Elle est également auteure de l'approche : Se soutenir en paroles et en musique (ateliers offerts aux personnes en CHSLD ainsi que dans quelques écoles primaires et secondaires).
RD
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dimanche, mai 24, 2009

 

L’euthanasie en débat : un dossier de plus en plus actif


UN DOSSIER QUI DEVIENDRA DE PLUS EN PLUS D’ACTUALITÉ avec le vieillissement accéléré de la population.
SITE INTERNET : La vie des idées.fr
En Europe, 40 à 50 % des décès résultent d’une décision médicale. L’accélération de la fin de vie peut revêtir diverses formes : interruption du traitement, arrêt de la nutrition et de l’hydratation, administration massive de sédatifs et, pratique assimilée en France à un homicide et donc interdite, injection de produits létaux. Ce qu’on appelle l’euthanasie (la « bonne mort », en grec) et qui concerne, dans la conscience collective, les patients incurables désireux d’être assistés dans un suicide, cache en fait une pluralité de gestes, de décisions, de réflexions irréductibles à ces cas particuliers. À l’opposé, les soins palliatifs visent à accompagner sereinement un patient jusqu’à ses derniers instants.
Le fait d’autoriser des médecins à donner la mort, fût-ce dans l’intention de soulager des souffrances insupportables, suscite la réticence, voire le scandale. Plus largement, le débat sur l’euthanasie embrasse la manière dont, aujourd’hui, on finit et veut finir sa vie. Si on doit l’une des premières réflexions au philosophe Francis Bacon, au début du XVIIe siècle, les récents progrès de la médecine ont rendu ce questionnement plus aigu, la prolongation de la vie n’assurant pas nécessairement les conditions d’une existence autonome. Doit-on reconnaître aux hommes un droit de mourir, dans un sursaut d’ultime liberté, ou doit-on se borner – la tâche est déjà énorme – à soigner, aider, accompagner, entourer les personnes les plus vulnérables, celles qui bientôt ne seront plus ?
Alors que la loi Leonetti de 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie est remise en cause, La Vie des Idées a souhaité contribuer à clarifier un débat à la fois éthique, médical et philosophique qui engage la liberté et la dignité humaines. Au-delà de la souffrance des patients et des proches, c’est à la société tout entière d’engager le « travail du trépas », selon l’expression du psychanalyste Michel de M’Uzan.
Au sommaire :
La mort, le patient et le chercheur, par Marie Gaille [07-04-2009]
Force de la vulnérabilité, par Marie Gaille [07-04-2009]
La prise en charge des malades en fin de vie, par Ruth Horn Une comparaison entre l’Allemagne et la France
Peut-on distinguer euthanasie active et euthanasie passive ? par Marta Spranzi
Et prochainement, dans ce dossier :
La fin de vie à l’hôpital : une approche éthique de la fragilité, par Emmanuel Hirsch
RD
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samedi, mai 23, 2009

 

Êtes-vous devenu sage en prenant de l'âge ? (livre)


Voici un livre dont on dit beaucoup de bien!
Les éditions Leduc.s viennent de publier un ouvrage particulièrement savoureux intitulé Êtes-vous devenu sage en prenant de l'âge ? Proverbes, citations, histoires drôles, répliques célèbres, vies d’écrivains… une promenade de fraîcheur, d’humour, d’optimisme, de sagesse inspirée. En somme, drôle et profond. A lire… et à relire.
Et si, en devenant vieux, on devenait plus heureux. Drôle d’idée ? Loin s’en faut ! La jeunesse de l’esprit appartient à ceux qui prennent de l’âge. Actifs, passionnés, après 60 ans, la vie, la vraie, celle de la fantaisie et de la raison, commence enfin. À vous le plaisir du temps. Car avant on en manque. Après 60 ans, on le savoure. Fini le stress… À vous le bonheur. Alors voici comment cultiver son jardin et la sagesse, cueillir les fruits du passé, sans nostalgie, apprendre ou réapprendre à profiter du temps présent et de l’amour. Comme le soulignent les auteurs dans leur introduction : « il fut un temps où l’on était vieux à quarante ans, et même à trente pour une femme. Aujourd’hui, les sociologues s’accordent pour fixer la vraie entrée dans la vieillesse à soixante-quinze ans. Cela ne vaut pas, bien sûr, pour les jeunes aux yeux de qui l’on est toujours vieux, comme dans les pièces de Molière, à partir de quarante ans. Cela ne vaut pas non plus pour tous les milieux et tous les pays. Le regard sur la vieillesse a changé. Elle n’est plus regardée comme une période strictement calamiteuse, mais comme un moment où, grâce au progrès de la médecine et des techniques, on a enfin le pouvoir d’être libre et de satisfaire quelques envies. Les seniors sont, pour la plupart d’entre eux, des gens ayant de l’allant et qui contribuent au dynamisme du pays. Ce livre, derrière son apparente disparate, a une unité. Il a pour but de faire rire et réfléchir. Il est sous-tendu par l’idée qu’une vieillesse bien vécue, lorsque le corps le permet, peut être le meilleur moment de la vie. Comment d’autres ont pris ce tournant ? Ce qu’ils en ont pensé. Quels conseils donnent-ils ou quels principes peut-on tirer de leurs exemples ? Toute modestie mise à part, cette compilation sur ces questions contient plus de sagesse et d’esprit que nombre de pesants traités. Notre mérite, en dehors de quelques réflexions personnelles, aura tenu à dénicher ce qui a été bien dit et bien pensé. Nous souhaitons que le lecteur se dise qu’avec un peu de temps et de la suite dans les idées, il aurait pu en faire autant. Nous souhaitons même, qu’avant d’avoir terminé de lire ou de zapper cet ouvrage, il s’y mette, commençant par utiliser les pages restées blanches, puis achetant un cahier ou, comme il est de son temps, ouvrant un dossier dans l’ordinateur. Bonne lecture et bonne écriture ».
Salmigondis de Schopenhauer (extrait du livre)

• Tant que nous sommes jeunes, nous nous imaginons que les événements et les personnages importants et riches de conséquences pour notre vie feront leur apparition dans notre existence avec tambour et trompette ; dans l’âge mûr, un regard rétrospectif nous montre qu’ils s’y sont tous glissés sans bruit, par la porte dérobée. •Ainsi, nous pouvons dire que pendant l’enfance la vie se présente comme un décor de théâtre vu de loin ; pendant la vieillesse, comme le même vu de près.
LES AUTEURS
Paul Desalmand est un homme de livres. Il est l’auteur d’une cinquantaine d’ouvrages dont S.O.S. Citations aux Éditions Leduc.s et dirige plusieurs collections. Carmela di Martine, mère de trois enfants, a été durant toute sa carrière professeur des écoles dans des zones d’éducation prioritaire. Êtes-vous devenu sage en prenant de l'âge ?
De Paul Desalmand & Carmela di Martine Editions Leduc.s
Collection : GUIDE PRATIQUE
Format : 13 x 19,3 cm Pages : 160
ISBN : 978-2-84899-305-8
Prix : 12.90 euros

RD
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dimanche, mai 17, 2009

 

L’ ÂGISME : « Étranger dans sa propre maison »


De gauche à droite: Dr. André Davignon et M. Jean-Louis Lévesque, lors d’une récente conférence à L’UQAM intitulé : « Immigrant dans son propre pays »
Journaliste: Louise-Maude Rioux Soucy

Édition du Devoir du samedi 27 et du dimanche 28 octobre 2007
ARTICLE DU DEVOIR :
« L'Observatoire vieillissement et société pourfend l'âgisme qui mine la société québécoise »
N.B. Le Dr André Davignon a fondé l'Observatoire vieillissement et société avec le Dr Yves Joanette et le géographe Jean-Pierre Thouez, en 2003.
Les aînés drainent les ressources du réseau de la santé, ruinent les systèmes de retraite et ne comprennent rien aux techniques de travail modernes, encore moins aux nouvelles technologies. Cette description paraît caricaturale et bourrée de préjugés? C'est pourtant le genre de discours qu'entend tous les jours le Dr André Davignon depuis son poste privilégié à l'Observatoire vieillissement et société. Invité à titre d'expert hier à la consultation publique sur la condition des aînés, il a pourfendu ce mal insidieux, qui touche maintenant toutes les sphères de la société.
Rencontré plus tôt cette semaine au restaurant Chez Lévêque, où il a ses habitudes, l'ancien cardiologue à l'hôpital Sainte-Justine ne mâche pas ses mots. «L'âgisme, à mon sens, s'apparente au racisme. C'est un sentiment de répugnance ou d'hostilité, ouverte ou latente, véhiculé par une population qui s'inspire des préjugés et des stéréotypes environnants.» Le hic, c'est que l'âgisme au Québec est en voie de devenir un sport national. «On a parfois l'impression d'être des citoyens de seconde classe. Dans le réseau de la santé, à 80 ans, on ne demande même plus au patient si on le réanime ou pas si ça tourne mal. Ce n'est pas rentable.» Ce strict calcul médical l'enrage. D'autant qu'à trop vouloir décortiquer les infimes subtilités des maux liés au vieillissement, le Québec est en train de passer à côté de l'essentiel. Selon lui,
l'approche scientifique conventionnelle ne suffit tout simplement plus à embrasser le phénomène du vieillissement, qui est beaucoup plus global et complexe. «Au lieu de travailler sur le diabète des petits vieux, par exemple, qui n'est pas très différent de celui des autres adultes quand on y songe, pourquoi ne pas se concentrer sur l'aspect social du vieillissement?», demande le Dr Davignon, qui invite les commissaires de cette consultation publique à recommander à Québec de légiférer en ce sens... et vite.
Selon l'Observatoire, le point de départ d'un tel changement passe d'abord par l'apprentissage, talon d'Achille des aînés. Les personnes âgées ont en effet développé des compétences d'auditeurs, mais elles ne se voient plus comme des créatrices de connaissances. À tort, croit le Dr Davignon, qui juge qu'il faudrait paradoxalement apprendre aux aînés à... apprendre! «La sagesse des seniors n'est plus à chercher seulement dans le souvenir du passé, qui est indispensable, certes, mais aussi dans la capacité de rendre conviviale la culture d'un tout autre avenir», lit-on dans ce mémoire, qui rêve de voir les aînés devenir «des enclaves du futur dans le présent», selon l'heureuse expression du scientifique Joël de Rosnay. Apprendre reste en effet le plus sûr antidote contre le vieillissement, explique le Dr Davignon. Il est en fait l'absolu contraire de l'âgisme, qui infantilise et diminue ceux qui en sont la cible, non sans souvent miner leur santé mentale et physique au passage. Le chercheur est bien placé pour le savoir, lui qui a fait les frais de cette attitude à maintes reprises, une expérience douloureuse dont il garde d'ailleurs des souvenirs amers. Une deuxième chance Tout commence en 1998, alors que le cardiologue décide de profiter des départs massifs à la retraite proposés par un gouvernement désireux de dégraisser le réseau public de santé, avec les conséquences désastreuses que l'on sait. Avec son épouse, le Dr Davignon se prépare alors à un long séjour en Europe, question d'adoucir la transition. Mais une semaine avant leur départ, sa femme succombe dans ses bras d'un trouble cardiaque. «Ce fut une période très difficile, raconte l'ancien cardiologue. Du même coup, je voyais la fin de mes liens affectifs et de mes liens professionnels. J'avais l'impression d'être immigrant dans mon propre pays.» Secoués par l'adversité, ses anciens collègues et plusieurs connaissances coupent les ponts, faute de temps bien souvent, mais aussi faute de savoir quelle attitude adopter avec le veuf et retraité de fraîche date, qu'on essaie maladroitement de ménager.
Toutes ces coupures mèneront le chercheur à une dépression sévère. «Avec la dépression, c'est tout le système immunitaire qui tombe, raconte le Dr Davignon. J'allais mal, je ne faisais plus d'exercice. Je mourais à petit feu. Plusieurs personnes âgées vivent ce genre de descente aux enfers. Mais il faut le dire, ce n'est pas un passage obligé, c'est l'âgisme de notre société qui jette de l'huile sur le feu.» Et cette attitude se combat. Le Dr Davignon, lui, a choisi le bénévolat pour arme de défense.
En quelques semaines, sa vie a pris une tangente tout autre. Il a d'abord rencontré l'amour en s'inscrivant à un programme d'échange avec des immigrants. Puis, il a recommencé à travailler, bénévolement cette fois, en fondant l'Observatoire vieillissement et société avec le Dr Yves Joanette et le géographe Jean-Pierre Thouez, en 2003. « Avec l'Observatoire, je me suis donné, en quelque sorte, une deuxième chance.» Tourné vers l'avenir, cet observatoire vise le «bien vieillir» en aidant la prise de réflexion individuelle et collective. Il a ses quartiers au centre de recherche de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, où ses vigies universitaires braquent leur lunette sur des aspects bien précis du vieillissement, comme l'apprentissage, la mobilité, la sécurité ou le travail.
Mais cet outil unique, qui a aussi ses aises sur Internet, a du mal à se faire entendre. «L'Observatoire est un outil unique au monde et c'est un problème car, lorsqu'il s'agit d'obtenir des subventions, il n'entre pas dans les petites cases», convient le Dr Davignon. Le monde universitaire lui-même accuse quelques lacunes sur ce point. La santé sociale des aînés est en effet encore un domaine en friche dans les facultés qui préconisent plutôt la bonne vieille recherche fondamentale, déplore-t-on à l'observatoire.
Le milieu du travail devra aussi faire sa part. Sur ce point, le Dr Davignon montre directement du doigt l'organisation du travail qui, plutôt que d'aplanir les différences intergénérationnelles, les accentue. Aux yeux de l'Observatoire, il ne fait d'ailleurs aucun doute qu'avec quelques aménagements, la question de l'âge pourrait ne plus avoir à se poser dans les milieux de travail. À terme, cela pourrait même être vrai pour toutes les sphères de la société, rêve tout haut le Dr Davignon.
RD
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Lutte contre l’âgisme : le Québec se mobilise pour ses aîné-e-s


L’âgisme, vous connaissez?

L’âgisme regroupe toutes les formes de discrimination, de ségrégation, de mépris fondés sur l’âge.
Selon le Glossaire du site "Stop Discrimination", publié par l'Union Européenne, l'âgisme est un "préjugé contre une personne ou un groupe en raison d'âge". La citoyenneté européenne confère le droit à la protection contre la discrimination en raison d'âge. Selon l'Article 21-1 de la Charte des droits fondamentaux de l'Union Européenne, "Est interdite toute discrimination fondée notamment sur (...) l'âge"[].
Définition de l'Observatoire de l'âgisme en France
L'âgisme est à l'âge ce que le sexisme est au sexe, le racisme aux "races", etc.
Si le terme âgisme faisait, lors de sa création (en 1969, aux États-Unis, par le gérontologue Robert Butler), surtout référence aux discriminations touchant les personnes âgées, il est employé aujourd’hui quel que soit l’âge des personnes qui en sont victimes. De nombreuses manifestations de l’âgisme touchent en effet les jeunes.
À l'instar de certaines formes de racisme ("les Noirs sont... "), de xénophobie ("tous les étrangers sont... ") ou de sexisme ("les femmes sont... "), l’âgisme repose le plus souvent sur des stéréotypes généralisants et caricaturaux : "les vieux sont tous conservateurs... " ; "les jeunes sont tous violents... " ; "les plus de 50 ans sont technophobes... " ; "les jeunes sont inconstants...", etc.
D’autres types de préjugés peuvent aisément conduire à des formes particulières d’âgisme. Entre autres le "jeunisme", qui estime que les personnes jeunes sont plus aimables et possèdent plus de qualité que les personnes âgées, ou le "gérontocratisme", qui établit comme principe que les personnes âgées sont plus qualifiées que les jeunes pour occuper le pouvoir.
Parmi les manifestations les plus inquiétantes de l’âgisme contemporain, les discriminations dans le domaine de l’emploi (trentenaires jugés "trop jeunes", quadragénaires jugés "trop vieux"), de l’accès à la formation continue (plus difficile dès la quarantaine), de l’accès à certaines aides (une personne handicapée de plus de 60 ans disposera de moins d’aide qu’une personne handicapée de moins de 60 ans) ou à certains soins (par exemple, temps d’attente aux urgences beaucoup plus long pour les personnes très âgées ; certains services hospitaliers refusant des personnes malades à cause de leur âge).
Lutte contre l’âgisme : le Québec se mobilise pour ses aîné-e-s

Compte-rendu de la journée de réflexion organisée le 19 mars 2009 à Montréal par l’Observatoire Vieillissement et Société
Ah, « ces retraités qui dépensent l’argent des jeunes travailleurs ! »… « Ces vieux de 55 ans qui voudraient encore travailler »… « Ces vieux malades qui envahissent les hôpitaux »… Qui n’a pas déjà entendu ces propos de la bouche d’un proche ou à la lecture d’un quotidien ? Pourtant peu de personnes ont conscience qu’il s’agit de propos discriminants. Cette discrimination porte un nom : l’âgisme. Le 19 mars dernier, les spécialistes de la question se sont retrouvés au Québec pour une journée de réflexion organisée à Montréal par l’Observatoire Vieillissement et Société . Études à l’appui, de nombreux stéréotypes sur l’âge ont été dénoncés et démontés. Le ton n’était pas à la victimisation des aînés, mais davantage à la mobilisation pour donner aux 300 participants, aînés, bénévoles, professionnels et étudiants, des armes pour lutter contre l’âgisme.
« Imaginons un instant que les aînés se mettent en grève… » c’est par ce clin d’œil que la ministre québécoise de la Famille et des Aînés Marguerite Blais a ouvert le débat, invitant le public et les intervenants à mesurer le rôle des aînés dans le fonctionnement de la société, à travers le travail, le bénévolat ou l’aide apportée au sein des familles.
Bouc-émissarisation des vieilles personnes
Les stéréotypes sur la vieillesse fréquemment employés dans la langue courante ont été pointés du doigt par l’écrivain et chercheur Jérôme Pellissier. Comment est représenté le vieillissement démographique de la population ? Habituellement comme une « marée grise », un « tsunami démographique », une « menace » pesant sur le pays. Jamais comme une bonne nouvelle. Pourtant une société sans vieilles personnes serait surtout… une société où l’on mourrait jeune. Il y a 200 ans, 60 % des personnes de 20 ans étaient orphelines. Aujourd’hui une famille peut compter jusqu’à cinq générations.
Les personnes à la retraite sont souvent représentées, dans nos sociétés, par deux stéréotypes aussi caricaturaux l’un que l’autre. D’un côté, la figure du senior aisé de 60-70 ans, présenté comme oisif et égoïste, ne vivant que pour ses loisirs. De l’autre, la « personne âgée dépendante », après 80 ans, dépeinte comme forcément malade et démente, devenue tout à coup une « charge » pour la famille, un « poids » pour la société. Le Monde illustrait sa une du 1er décembre 2008 « Le bonheur est-il réservé aux sexagénaires ? » par un dessin de Plantu clairement âgiste. On y voyait représenté d’un côté un « senior » riche, heureux et oisif, dérangeant une foule de jeunes chômeurs qui « voudraient bosser ». Pourquoi ces représentations alors qu’on sait qu’une très grande partie des retraités vit dans une situation de pauvreté ? Peut-être justement pour masquer cette réalité de pauvreté ou pour masquer l’importance du rôle des retraités dans les activités associatives ou dans l’aide au sein des familles, sujets moins médiatiques. Ces stéréotypes sont inquiétants car ils ont en commun d’être accusateurs envers un groupe d’âge. Cela ressemble à une bouc-émissarisation d’un groupe de personnes ayant en commun un seul critère, l’âge, mais pointé comme coupable à lui seul de tous les maux de la société.
La comédienne québécoise Béatrice Picard a aussi dénoncé ces stéréotypes en s’en amusant et en rappelant les nombreuses expériences positives du vieillissement. C’est aussi sous l’angle humoristique qu’un des aînés membre de l’Observatoire Vieillissement et Société, s’était déguisé en mi-jeune /mi-vieux. Baskets, jogging, casquette d’un côté, costume, cravate, cheveux gris de l’autre, ce « clown » déambulait auprès des participants avec un message simple : jeunesse et vieillesse cohabitent en tout être humain, à tout âge. Seul l’âgisme est à l’origine de l’opposition radicale entre l’enfant et la personne âgée.
Agisme au travail
Martine Lagacé, docteure en psychologie sociale et professeure en communication, a démontré les coûts de l’âgisme au travail pour l’individu, l’entreprise et la société. Le milieu du travail est un terrain particulièrement favorable aux stéréotypes et croyances âgistes. Un avis partagé par Marcel Mérette, professeur de Science économique à l’Université d’Ottawa, venu présenter les résultats d’une étude singulière. Une simulation économique a permis d’évaluer l’impact sur le PIB d’un retrait hâtif et non voulu de travailleurs âgés de 60 à 64 ans. Pour l’année 2008, si le taux d’activité des 60-64 ans avait été de 60%, le PIB aurait connu une augmentation de 0,98%. Un autre scénario du modèle envisage une projection en 2020, en intégrant les changements démographiques mais en appliquant un taux d’activité des 60-64 ans constant : le PIB connaîtrait alors une baisse de -1,2%.
Agisme à l’hôpital
Au niveau médical, les questions de maltraitance font souvent la une des média. La discrimination peut prendre des formes moins visibles. Marie Jeanne Kergoat en a cité quelques exemples. Une personne âgée ressent une douleur. Elle pourra s’entendre dire « c’est normal, c’est l’âge » et les troubles de la douleur ne seront pas dépistés… Gériatre, M.J. Kergoat a cherché à comprendre les causes de l’âgisme à l’hôpital. Le modèle biomédical y règne : les professionnels viennent y travailler en raison du caractère aigu et de la technicité des soins offerts, voire du prestige et de la rémunération. Or qu’y trouvent-ils ? Des personnes âgées, atteintes de maladies chroniques, souvent difficiles à traiter car atteintes de poly-pathologies et ayant besoin d’une récupération plus longue. En résulte un décalage entre le désir de ceux qui offrent les soins et les attentes des personnes qui viennent s’y faire soigner : « les malades qu’on rencontre ne sont pas ceux que l’on voudrait rencontrer ». Ce décalage peut être à l’origine de pratiques âgistes. Tout comme le fonctionnement même d’un hôpital : les services sont spécialisés et la durée de séjour restreinte. Repenser l’organisation de l’hôpital et la formation des professionnels est donc capital. Et selon M.J. Kergoat, cela passe par une loi, étape essentielle dans la lutte contre tous les « ismes ».
Agisme scientifique
Le géographe de la santé Jean Pierre Thouez a endossé le rôle de critique de la recherche scientifique, en mettant en garde le public contre l’âgisme dans la littérature scientifique. La nomenclature en classes d’âges présente souvent le groupe « âgé » comme « les 70 ans et plus », ou « 65 ans et plus », à l’inverse des classes d’âge inférieur, plus étroites. Cette vision large de la vieillesse empêche d’avoir une connaissance fine et nuancée des personnes ayant plus de 65 ou 70 ans.
Un certain nombre de préjugés concernant les capacités physiques et mentales des personnes âgées ont été mis à mal par le professeur de psychologie à l’Université du Québec à Montréal et chercheur Louis Bherer. Au-delà d’exemples de personnes vieillissantes ayant réalisé des exploits intellectuels ou sportifs, le chercheur a rappelé l’existence d’études montrant l’impact de l’activité physique sur la longévité (deux ans de hausse d’espérance de vie en moyenne). Selon lui, bien plus que l’âge, c’est la sédentarité qui peut être un facteur discriminant, une activité physique régulière favorisant l’intégrité des fonctions cérébrales. Autre coupable : nous-mêmes ! Un cerveau qui s’autodévalue fonctionne moins bien. C’est donc l’autodévaluation liée à son âge, souvent intériorisée par les personnes vieillissantes qui peut aussi entraîner un moins bon fonctionnement du cerveau.
Auteure : Joséphine Loock,Chercheuse sur la perte d’autonomie au Québec.
Journée de réflexion organisée le 19 mars 2009 par l’Observatoire Vieillissement et Société.Avec le soutien de l’Institut Universitaire de Gériatrie de Montréal et du Ministère de la Famille et des Aînés.


RD

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mardi, mai 12, 2009

 

Je croyais que vieillir...


UN PETIT POÈME QUI RASSURE ET QUI EST TEINTÉ D'OPTIMISME!
Craignant chaque saison, les années, le tapage,Le grand vent et la pluie, l'esprit qui se dégrade, Je croyais que vieillir me rendrait bien maussade,Les cheveux clairsemés, les rides au visage.
Et puis je m'aperçois que vieillir n'a pas d'âge,Qu'il ne faut point gémir, au contraire chanter, Et même à petits pas les jours ont l'avantageD'être beaux et trop courts quand ils sont limités.
Je croyais que vieillir c'était le ciel tout gris,Le printemps sans les fleurs, les lèvres sans sourire,Les fêtes sans chansons, les arbres rabougris,Un livre sans histoire, un crayon sans écrire.
Et puis je m'aperçois que vieillir rend bien sage, Que je vis chaque instant sans penser à demain,Que je ne compte plus les années de mon âge,Peu importe le temps, le crayon à la main.
Je croyais que vieillir transformerait mon âme, Que je ne saurais plus contempler les étoiles,Que mon coeur endurci n'aurait plus cette flamme Qui transforme la vie lorsque le ciel se voile.
Et puis je m'aperçois que les plus belles roses Fleurissent à l'automne et sous mes yeux ravis,Je respire très fort ce doux parfum que j'ose Garder pour embaumer l'automne de ma vie.

Auteur inconnu
RD
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