lundi, décembre 27, 2010

 

La retraite? Non merci, disent les supers papis

Jean Charton, 86 ans, fondateur et président du conseil Charton-Hobbs, le plus important importateur privé de vins et spiritueux au Canada.

Article de Stéphane Champagne, La Presse, 24 décembre 2010

Ils ont été chefs d'entreprise toute leur vie. Certains d'entre eux ont bâti de petits empires ou figurent carrément sur la liste des plus grandes fortunes du Québec. Ils ont aujourd'hui entre 83 et 92 ans et refusent de prendre leur retraite. Pour ces infatigables travailleurs, les affaires, c'est à la vie, à la mort. Rencontre avec les doyens québécois de l'entrepreneuriat.

Karel Velan l'avoue sans ambages: il va travailler jusqu'à sa mort. Cet homme d'affaires de 92 ans est sans doute le plus vieil entrepreneur encore en poste au Québec. Président du conseil de Velan, un fabricant de robinetterie industrielle qui possède des usines aux quatre coins du monde, M. Velan se rend tous les jours au siège social montréalais de l'entreprise sur le chemin de la Côte-de-Liesse au volant de sa Honda hybride.

Ce Tchèque d'origine est arrivé sans le sou au Canada en 1949. Un an plus tard, il fondait sa propre entreprise, laquelle a enregistré à l'époque des ventes de 180 000$. Soixante ans plus tard, le chiffre d'affaires de Velan frôle le demi-milliard. L'entreprise possède 13 usines sur 3 continents et emploie 1800 personnes (dont 950 au Québec). Elle compte parmi ses clients prestigieux la marine américaine.

Qu'est-ce qui fait courir Karel Velan? L'innovation et le désir de se sentir utile, dit-il. Ingénieur de formation, M. Velan détient 26 brevets pour le développement de purgeurs, valves papillons et autres pièces de robinetterie industrielle. Son dernier brevet remonte à 2001, alors qu'il avait 83 ans. Les week-ends, à sa résidence de Sutton, le nonagénaire passe quelques heures dans son bureau à dessiner des plans.

Passionné d'astrophysique, le vieil entrepreneur a conçu et financé le Cosmolab Velan au parc national du Mont-Mégantic. Il est également à l'origine du pavillon Velan au parc national du Mont-Tremblant.

Une vie de luxe

Jean Charton, lui, est en affaires depuis 62 ans. «Personne ne peut me mettre à la porte», lance-t-il à la blague. À 86 ans, M. Charton est président du conseil de Charton-Hobbs, le plus important importateur de vins et spiritueux au Canada. Il représente entre autres les prestigieuses maisons Moët&Chandon, Banfi et autres Grand Marnier.

M. Charton avoue qu'il s'ennuierait s'il devait cesser de travailler. «Cette entreprise, ce n'est pas seulement mon bébé, c'est ma vie. J'ai la chance de travailler dans un domaine où je rencontre des gens intéressants, des gens de partout dans le monde avec qui je partage une même passion. Pourquoi est-ce que je voudrais arrêter cela?» demande-t-il.

L'entrepreneur a été entouré par des produits de luxe toute sa vie. Avant de se consacrer uniquement aux boissons alcoolisées à la fin des années 90, Jean Charton a été importateur canadien de produits européens haut de gamme. Du parfum aux eaux minérales, en passant par les produits alimentaires et pharmaceutiques. Les marques Lanvin, Bain de Soleil, Bonne Maman et Evian, il connaît.

Encore maintenant, l'homme d'affaires se rend au boulot tous les jours de la semaine. De son bureau de L'Île-des-Soeurs (avec vue imprenable sur le centre-ville de Montréal), Jean Charton s'occupe notamment des budgets de l'entreprise, de publicité, d'analyse financière, des contacts avec les fournisseurs, etc.

Un géant de l'entrepreneuriat

Pharmacien le plus connu au Québec (et sans doute l'un des plus âgés), Jean Coutu ne compte pas prendre sa retraite. «Quand je la prendrai, ce sera une retraite dont on ne revient pas», lance l'entrepreneur de 83 ans qui nous reçoit au siège social de l'entreprise, vêtu de son éternelle blouse blanche.

M. Coutu dit travailler en moyenne six mois par année au sein de la chaîne de pharmacies qu'il a fondée dans les années 60 et qui compte aujourd'hui 17 000 employés. Le reste de l'année, il vaque à d'autres occupations, notamment dans la fondation que sa femme Marcelle et lui ont mise sur pied il y a plusieurs années. Cette fondation verse entre 9 et 12 millions annuellement à divers organismes d'ici et d'ailleurs.

Et parce qu'il demeure propriétaire franchisé de quatre pharmacies, Jean Coutu est encore membre de l'Ordre des pharmaciens du Québec. Sinon, il participe aux décisions de l'entreprise et s'intéresse grandement à ses franchisés. Il tente d'ailleurs de visiter le plus de pharmacies possible pour y serrer la pince des employés, lesquels n'en reviennent pas de rencontrer en personne ce géant de l'entrepreneuriat québécois.

Un pédagogue infatigable

Camille-Joseph Grenier, 85 ans, est président de C.J. Grenier, fabricant québécois de lingerie fine. L'entreprise a été fondée par son grand-père en 1860. Ingénieur de formation, M. Grenier a commencé à travailler pour l'entreprise familiale à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est grâce à lui que la PME connaît à l'époque un essor technologique.

À Montréal, au siège social de l'entreprise, c'est Ève Grenier, la fille de Camille, qui voit au bon déroulement des activités quotidiennes du manufacturier. Mais à l'usine de production de Saint-Jean-sur-Richelieu, M. Grenier est LA référence. Il se fait volontiers pédagogue et guide ses employés lorsque survient un problème.

Sylvie Mills, directrice d'usine depuis 15 ans, ne peut que confirmer la chose. «Il connaît tout, il se souvient de tout. Il partage son savoir. Il nous éduque sur le tas. C'est en quelque sorte notre mentor», dit-elle.

À l'instar de ses collègues âgés, Camille-Joseph Grenier ne voit pas pourquoi il devrait se retirer dans ses terres et regarder le temps passer. «Si je peux me rendre utile comme pour aider à concevoir une nouvelle machine, je m'amuse énormément», dit-il.

Et les femmes dans tout ça?

Pour des raisons sociologiques et historiques, les femmes âgées qui sont toujours en affaires ne courent pas les rues au Québec. Il y en a pourtant. Disparue il y a un an, Jeannine Guillevin Wood est demeurée présidente du conseil de Guillevin International jusqu'à l'âge de 80 ans.

Mme Guillevin Wood a hérité d'une PME de 30 employés à la mort de son premier mari. Au lieu de s'en départir, elle a tout mis en oeuvre pour en faire une grande entreprise de 1000 employés dont elle a été présidente jusqu'à 65 ans. Elle a ensuite vendu ses parts à des intérêts américains pour demeurer présidente du conseil jusqu'à sa mort. Une biographie, intitulée Le parcours singulier d'une femme d'exception et retraçant la vie de la femme d'affaires, vient d'ailleurs de paraître.

Maintenant que les femmes sont de plus en plus présentes dans le milieu des affaires et que leur espérance de vie est supérieure à celle des hommes -, il y a fort à parier qu'on ne verra plus exclusivement que des «papis» en affaires, mais aussi un nombre croissant de «mamies».

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Les exceptions confirment la règle : peu de personnes échappent à une retraite bien méritée!

RD

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samedi, décembre 25, 2010

 

Les aînés ne célébreront pas Noël seuls grâce aux Petits frères des pauvres

(À gauche, Mme Caroline Sauriol)
Les Petits frères des pauvres du Québec s'assureront encore cette année que les personnes âgées ne célèbrent pas Noël seules.

Ainsi, près de 850 aînés québécois de 75 ans et plus recevront la visite d'un bénévole de l'organisme le veille de Noël ou participeront à la fête du 25 décembre.

Selon la directrice générale des Petits frères du Québec, Caroline Sauriol, pour nombre de «Vieux amis», il est important de respecter la tradition de Noël. Et c'est pourquoi l'organisme s'emploie à satisfaire les souhaits de ces personnes âgées en leur offrant non seulement de la compagnie le 24 décembre au soir mais également, un cadeau et un véritable festin de Noël accompagné de vin et de fleurs.

Lorsqu'ils accueillent leur «lutin» de Noël, les personnes âgées ressentent une grande joie, selon Mme Sauriol. Ils sont aussi très reconnaissants de savoir qu'il y a des gens qui pensent à eux.

Les «Vieux amis» pourront également se joindre à la grande fête du 25 décembre. À Montréal, celle-ci est organisée au Sheraton et débutera en matinée. L'hôtel du centre-ville offre gratuitement ses locaux pour l'occasion. Ailleurs dans la province, l'événement se déroule dans divers hôtels.

Les participants seront transportés par des bénévoles avec qui ils partageront un repas une fois sur place. Les aînés pourront également effectuer quelques pas de danse sur les notes jouées par des musiciens embauchés pour l'événement. Une crèche vivante agrémentera également la fête et une messe sera célébrée.

Selon la directrice générale des Petits frères du Québec, la solitude ne touche pas que les personnes âgées à faibles revenus. C'est pourquoi l'organisme s'emploie à accompagner toute personne qui manifeste son désir de profiter d'un peu de chaleur humaine lors des Fêtes et tout au long de l'année.

Les Petits frères du Québec comptent essentiellement sur les dons du public pour financer ses activités. L'objectif n'a pas encore été atteint pour l'année 2010, souligne Caroline Sauriol qui demande à la population de donner généreusement.

L'organisme né en 1962 reproduit l'événement à Pâques, une fête toute aussi importante chez les personnes les plus âgées de la société. Plus de 80 pour cent des aînés à qui il vient en aide sont des femmes qui vivent en majorité sous le seuil de la pauvreté.

« Une société qui ne respecte pas ses aînés est une société qui n'a pas d'identité.»

C'est ce que déclare la ministre québécoise responsable des aînés, Marguerite Blais, en entrevue à La Presse Canadienne. La ministre, qui assiste samedi midi, à Montréal, au repas de Noël des Petits frères des pauvres, estime que les Québécois ont le devoir de permettre aux personnes âgées de vivre dans la dignité, en leur accordant le respect qu'elles méritent.

Dans cette optique, Mme Blais qualifie les Petits frères des pauvres « d'oeuvre humanitaire exceptionnelle et essentielle ». L'organisme accueillera dimanche midi plus de 800 aînés pour des réceptions de Noël, dans plusieurs villes du Québec. Des centaines de bénévoles accompagneront ces personnes âgées, souvent seules ou oubliées par leurs proches.

À Montréal, la fête aura lieu au Centre Sheraton, en présence de la marraine de l'organisme, la comédienne Béatrice Picard.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Je me pose la question suivante : une ou deux grande(s) célébration(s) par année pour les personnes âgées, souvent seules ou oubliées par leurs proches, est-ce suffisant au plan communautaire? Parce que le « quotidien », c'est chaque jour de l'année qui passe. Il y aurait lieu de s'interroger si sur le plan communautaire on en fait assez pour ces personnes démunies ou encore réorienter certains budgets pour que des fêtes ou célébrations aient lieu plus souvent en vue de maintenir cette joie de vivre tout au long de l'année. La vie, ce n'est pas juste Noël, c'est aussi tous les jours de la semaine.

RD

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mercredi, décembre 22, 2010

 

2 millions de dollars aux proches aidants du Québec

Quarante-trois projets communautaires visant à donner du répit aux proches aidants se partageront 2 millions de dollars.

Source : Élizabeth Rancourt, QMI.

Deux millions de dollars ont été accordés par le gouvernement du Québec pour offrir du répit aux proches s'occupant d'un aîné, alors qu'on estime qu'actuellement au Québec, pas moins de 300 000 personnes remplissent ce rôle.

Marguerite Blais, la ministre responsable des aînés a annoncé dimanche, le 19 décembre, lors d'une conférence de presse, que 43 projets d'organismes communautaires œuvrant pour le bien-être des proches aidants se partageront une enveloppe de 2 millions $ par année, durant une période de trois ans.

Avec l'allongement de l'espérance de vie, le nombre de personnes qui vont jusqu'à mettre leur quotidien entre parenthèses pour soutenir un parent malade ou en perte d'autonomie augmente inévitablement.

Les organismes communautaires, qui tiraient la sonnette d'alarme depuis quelque temps déjà, ont accueilli cette aide précieuse avec l'espoir qu'elle ne cessera de grandir. « J'ai hâte que d'autres personnes au gouvernement allument leurs lumières pour subventionner davantage de projets », a déclaré Lili Tremblay, directrice de l'Association lavalloise des personnes aidantes (ALPA), en saluant l'initiative de Marguerite Blais.

Garder un réseau social

Son organisme recevra 240 000 $ sur trois ans, ce qui lui permettra de répondre à davantage de demandes de répit occasionnel. « On considère qu'il est très important pour les proches aidants de ne pas se couper de leur tissu social. Cette aide ponctuelle leur permet d'avoir de temps en temps une journée pour eux, pendant laquelle ils n'ont pas à s'inquiéter », explique Lili Tremblay.

Depuis le début du projet en 2008, l'ALPA a apporté son soutien à 133 familles. 64 dossiers ont été fermés sans avoir pu être traités, car les personnes sont décédées. Elle s'occupe aujourd'hui de 40 foyers et une centaine de demandes sont toujours sur liste d'attente.

Un témoignage touchant

Jacques Lippé, qui se considère lui-même comme un privilégié, fait partie de ceux qui ont pu bénéficier d'une aide de l'ALPA. Accompagné de son épouse, il a tenu à livrer son témoignage. « On a soutenu ma belle-mère pendant plus de deux ans. C'était très éprouvant, ma femme a fait trois pneumonies. L'ALPA nous a permis d'avoir une journée de libre par semaine pour rendre visite à nos enfants et nos petits-enfants », a-t-il confié.

« On oublie souvent de le souligner, mais quand l'alchimie opère entre la personne de l'ALPA et le malade, c'est un gros soutien supplémentaire. Ma belle-mère a pu parler et se confier avec elle, différemment qu'avec sa famille », a-t-il conclu.

Le fonds accordé par le gouvernement viendra entre autres en aide à 17 organismes communautaires sur l'île de Montréal. Parmi eux, on retrouve la Fondation des maladies mentales (664 000 $), la Société Alzheimer de Montréal (240 000 $) et la Société de soins palliatifs à domicile du Grand Montréal (240 000 $).

RD

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samedi, décembre 18, 2010

 

Jean Charest : bilan de l'année 2010

ÉCOUTEZ LE BILAN DE JEAN CHAREST SUR SES PRINCIPALES RÉALISATIONS EN 2010.

Cliquez sur l'adresse suivante : http://www.youtube.com/watch?v=s5IaYYk8vjc

(Il est temps de faire le bilan et de dire les vraies choses à la population québécoise)


COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

En dépit de toutes les attaques partisanes dont il a été l'objet tout au long de 2010, notre PM, Jean Charest a tenu debout et affronté tous ses adversaires de plein fouet. Et, il avait raison de le faire.

Dans ce discours de fin de l'année, Jean Charest nous montre bien le travail constructif qu'il fait pour le mieux-être de ses concitoyens. Il passe sous silence (ou en parle à peine) les crocs en jambe qu'il a subi à l'Assemblée nationale ou encore les critiques virulentes des journalistes intéressés par la Nouvelle plutôt que les Faits, par les sondages d'un jour face à des situations conflictuelles. Sans lui donner son crédit par la suite, en faisant le point ou en montrant les deux côtés de la médaille.

La corruption existe et elle a toujours existé. Le problème est d'en mesurer l'ampleur et TROUVER CEUX qui en profitent le plus. Et, d'appliquer les correctifs nécessaires. Ce n'est sûrement pas notre Premier Ministre, qui vient de perdre un salaire compensateur de 75 000 $ payé par ses pairs du Parti libéral qui est le plus grand gagnant dans cette loterie. Parce que, pour le poste et les responsabilités de PM, le salaire n'est pas à la hauteur. Il faudrait d'urgence remettre les pendules à l'heure. Un excellent cadeau pour notre PM au retour des fêtes!

Mon bilan à moi est le suivant : posons-nous les questions suivantes :

  • Qui est en mesure de mieux nous représenter?
  • Qui est à l'écoute des problèmes de la population?
  • Qui ne fait pas de démagogie et dit les vraies choses?
  • Qui est fiable et a une vision d'avenir réaliste pour le Québec?
  • Qui est difficilement remplaçable comme PM, compte tenu de l'expérience et de l'expertise accumulées, des contacts locaux, régionaux, nationaux et internationaux et de la qualité de gestion exigée par le poste?
  • Qui a l'envergure d'un Jean Charest?
Cherchez-le! Parce que des ressources humaines de cette qualité, ça ne court pas les rues!

Un Joyeux Noël à notre Premier Ministre, Jean Charest et à toute sa famille!

Je lui souhaite de diriger le QUÉBEC encore longtemps pour nous assurer SANTÉ et PROSPÉRITÉ et une forme de PARADIS à la fin de nos jours, pour les Seniors que nous sommes.

Philomage

RD


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Dignité et sécurité pour les aînés actifs du Québec

Les principales initiatives ou mesures du PLQ envers les aînés du Québec

Au cours des 30 prochaines années, le Québec, encore récemment l'une des plus jeunes d'Occident, deviendra rapidement l'une des plus vieilles. Jamais, en nombre absolus comme en proportion de l'ensemble, n'y aura-t-il eu autant de Québécois parvenus à l'hiver de la vie. Pour le gouvernement du Québec, c'est un énorme défi mais aussi une opportunité d'innover et de s'adapter. Le Parti libéral du Québec a su comprendre et anticiper les impacts du baby-boom dans les années 60, et il fera de même pour ce qui s'annonce. Ce n'est pas un hasard si c'est Jean Charest qui, le premier, a créé le poste de Ministre des Aînés.

Si les aînés aux prises avec la perte d'autonomie ont droit à la compassion efficace de la part de leurs descendants, cela ne doit pas occulter le fait que la vaste majorité des aînés sont actifs, mobiles et en bonne santé. Ils prennent soin d'eux, de leurs foyers et de leurs proches, et s'engagent dans le bénévolat et le contact auprès des jeunes. Plusieurs d'entre eux aiment leur travail et leurs collègues, et souhaiteraient prolonger leur séjour sur le marché du travail et transmettre leur savoir-faire aux jeunes, pour peu que notre fiscalité et nos lois ne cessent de pénaliser un tel choix.

Sans ignorer l'importance d'une hausse importante et soutenue de la natalité au cours des trois dernières années, le vieillissement de la population est une réalité à laquelle il faut s'adapter. Cela signifie de soutenir le revenu des aînés, préserver leur accès aux médicaments et aux soins, faciliter leur mobilité, encourager leur passion pour le bénévolat et s'efforcer de tout mettre en œuvre afin qu'ils vivent le plus longtemps possible chez eux, à proximité des soins, des services et de leurs proches. C'est pourquoi le gouvernement libéral a mis sur pied le programme « Villes amies des aînés », et consenti des ressources énormes au maintien à domicile, qui ont cru encore plus vite que l'ensemble des dépenses de santé depuis 7 ans. Pendant cette période, le gouvernement Charest a multiplié les gestes pour améliorer la condition de vie des aînés :

  • Simplification des crédits d'impôt et ressources additionnelles pour l'adaptation de logement et le soutien aux aidants naturels, ce qui s'ajoute aux nouvelles règles fiscales qui permettent le fractionnement du revenu de retraite.
  • Modification au code civil pour garantir le droit d'accès des grands-parents à leurs petits-enfants.
  • Un plan d'action pour lutter contre les abus et la maltraitance envers les aînés.
  • Un plan d'action en cours d'élaboration afin d'encourager la retraite progressive plutôt que la retraite anticipée.
  • La construction, réalisée ou planifiée, de 30 000 nouveaux logements sociaux.
  • L'instauration de la gratuité des médicaments pour les personnes de plus de 65 ans aux revenus modestes.

RD

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vendredi, décembre 17, 2010

 

JOYEUSES FÊTES À TOUS LES SENIORS DE LA TERRE

Qu'est-ce qui fait le plus plaisir à un aîné ou une aînée durant le temps des fêtes? Avec le temps, les cadeaux les plus simples deviennent les plus appréciés.

Pourquoi? Parce que la personne qui vieillit va à l'essentiel. En se perdant dans les plaisirs des Fêtes, l'aîné (e) sent revivre le bon vieux temps, au contact de ses enfants et de ses petits-enfants, en s'appuyant sur le poids des souvenirs de toute une vie.

Bien sûr, autrefois, les choses ne se passaient pas comme aujourd'hui. Mais, les enfants, eux, gardent la même innocence que nous avions et voient dans cette période de festivité, un paradis que nous cherchons à retrouver malgré le nombre des années vécues.

Fêter Noël et la Nouvelle Année, c'est une Tradition à laquelle personne ne veut échapper. C'est une période de relâche où tous et chacun d'entre nous, cherchent à retrouver les beaux moments d'antan, loin des soucis de santé ou des inquiétudes sur ce que sera demain.

Retrouver l'harmonie et la paix intérieure, revoir tous les souvenirs qui se sont accumulés dans nos têtes et caresser ses petits-enfants que l'on voit grandir à vue d'œil, voilà qui fait chaud au cœur. C'est le cycle de la vie qui se répète à l'infini.

Le regard des enfants déballant leurs cadeaux et les cris de surprise et de bonheur de leur part valent toutes les fortunes du monde. C'est le temps des fêtes, période sublime pour remettre les pendules à l'heure en les ajustant sur les meilleurs moments de la vie.

Chacun, à sa manière, refait les gestes des Anciens, ceux que nous avons connus et qui ne sont plus que des personnages figés sur des photographies et dont on se rappelle à peine le nom maintenant qu'ils sont disparus depuis si longtemps.

Peut-on se priver d'une telle période de réjouissance? Certainement pas! Les seniors y gagnent des années de bien-être à ressasser dans leur tête les sourires de tout leur monde en ces jours remplis de bonheur et de festivités.

Joyeuses fêtes à tous, où que vous soyez sur la terre!

Philomage

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jeudi, décembre 16, 2010

 

Être vieux, c'est sérieux.

TEXTE DE SERGE BOUCHARD, ANTHROPOLOGUE

Dans notre monde, je parle de l'Occident, tout est nouveau, tout change; ce qui est jeune est bon, le changement est nouveau, la nouveauté est changeante et qu'on soit humain ou grille-pain, il n'est pas recommandé de vieillir.

Le monde est né d'hier, il commence aujourd'hui et renaîtra demain. Nous parlons naturellement de prévenir les marques du temps, anti-tache, anti-rouille, anti-ride, anti-vieillesse. Sans anti, pas d'espoir. Vieux schnouk, vieux de la vieille, vieux machin, vieille chouette, la mode est à tout sauf à l'ancien.

Si la vieillesse est un naufrage, alors je donne ma langue au chat. La vie ne serait finalement que ce grand voyage de l'absurde où nous traversons périls et océans, déserts et continents pour mieux glisser, ridicules et impotents sur la pente irréversible de la fatalité.

Il est vrai que l'on meurt. Il est encore plus vrai que nous nous amenuisons avec le temps rapport au fonctionnement et aux apparences de notre corps. Mais ce serait bien un comble de laisser aux émotions faciles le soin de traiter de la chose. Et pourtant, la vieillesse en a frappé plus d'un depuis la jeunesse de l'espèce. Des études récentes révèlent que lorsque nous ne mourrons pas, nous vieillissons. J'en connais, décédés un peu tôt, qui aurait tout donné pour vieillir en paix.

Toutefois sur le sujet du vieux, je ne sais pas de sociétés plus mal barrée que la nôtre. Si nous ne sommes pas incompétents, alors nous sommes de mauvaise foi. Nous faisons tout pour dramatiser la vieillesse, tout pour la rapetisser, la rendre déplorable et la disqualifier. Oui, il se cache du "petit" dans notre regard moderne sur le vieux. Petits vieux, petites vieilles qui font des petits dodos, des petits pipis, ils prennent des petites marches, des petites pilules, ils reçoivent de la petite visite, un petit-fils, une petite-fille, ils mangent comme des petits oiseaux et puis meurent comme des petits poulets.

La sensibilité de la durée n'existe tout simplement pas. La valeur du temps s'annule depuis que, dans notre esprit, tout ce qui dure perd des plumes. Il pleurera à chaque ride, il maudira ses cheveux gris, il paniquera au premier mal de dos, au premier signe d'arthrite, celui pour qui la beauté se résume toute entière au look de la jeunesse.

Nul ne sait plus assumer ses pertes de mémoire et plus personne ne sait boiter. Personne ne se vante de son grand âge, la durée n'en impose plus. Nous ne préparons pas notre vieillissement. Nous préparons notre retraite comme on prépare ses vacances mais nul n'envisage réellement sa vieillesse. Nous la nions plutôt, nous la craignons et nous renouvelons les mots pour cacher nos frayeurs : âge d'or, troisième âge et autres inepties. Comme si le mot vieillard était déjà trop vieux.

Je ne dis pas que vieillir est agréable. Mais on meurt à tous les âges, on est malade en été comme en hiver, on déprime à n'importe quel moment de sa vie, les crétins se retrouvent fréquemment et partout dans la colonne de la vie et j'ai connu trop de vieux et de vieilles qui rebondissaient mieux que certains jeunes prématurémennt épuisés pour m'inquiéter sérieusement du temps qui passe.

Je crains la maladie, je crains le gagaïsme, je crains le scandale de la souffrance et de la perte. Mais je ne crains pas mon âge et tous les âges que j'atteindrai. Je me propose d'embrasser chacune des années qui me seront données. Avec une canne en merisier que je lèverai au ciel, je clamerai mon grand âge sur tous les toits de la ville et je serai le premier responsable de ma fierté, si Dieu me prête l'amour et la santé.

Nous devrions respecter nos vieux parce qu'ils sont vieux, un point c'est tout. Les vieux sont des pierres et des monuments, des arbres tutélaires, des âmes sculptées par le temps. Les vieux sont des témoins principaux. Ils représentent le temps passé et ce sont eux, l'histoire. À quatre-vingts ans, ma mère est si belle qu'elle donne à tous les jours un nouveau sens à la notion de dignité.

J'espère ma vieillesse comme j'ai espéré toute ma vie. J'aurai la peau comme une écorce très ancienne, profondément ridée. Je serai honorable mais je serai armé. À la pointe du fusil, je forcerai les jeunes à écouter mes platitudes et jongleries. Et je tirerai un coup de semonce au premier qui me proposera une petite collation, un petit voyage en autobus, voire un petit n'importe quoi. Tous les vieux devraient être armés...

Source : http://www.funfou.com/penserie/vieillir.phtml

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Quel bonheur que de penser que c'est normal de vieillir! En fait, c'est un processus qui débute dès la fécondation. Vieillir, c'est passer à travers tous les âges de la vie. Certains meurent jeunes et n'en voient qu'un petit bout. Peut-on alors parler de « jeunisme »? Évidemment si on les compare à ceux qui atteignent les limites normales de la vie, on a alors tendance à parler d'âgisme. Le mieux, c'est encore de respecter chaque âge de la vie, en gardant dans son for intérieur, toutes les péripéties d'une existence bien remplie qui mérite d'être partagée avec tous et chacun d'entre nous.

RD

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lundi, décembre 13, 2010

 

Repenser la mort comme rite de passage

Richard Lefrançois, Ph.D., professeur associé à l'Université de Sherbrooke, retraité.

Dans son article intitulé « La gestion de la fin de vie dans le creuset de la modernité », ce dernier fait le point sur les nouvelles façons d'approcher la mort au Québec.

Cette réflexion s'inscrit très bien dans le débat actuel suscité par la Commission spéciale sur la question de Mourir dans la dignité.

(Article paru dans le journal La Tribune, 15 novembre 2010)

Consulter aussi son blog au nom évocateur : « Blog gérontologique de Richard » : http://tribune-age.over-blog.com/

TEXTE DE RICHARD LEFRANÇOIS

Dans la tradition chrétienne, novembre est la période pour renouer avec ses proches disparus en vénérant leur mémoire. C'est ainsi qu'au lendemain de la Toussaint, l'Église catholique célèbre des messes solennelles en commémoration des fidèles défunts.

Un peu plus tôt, le 31 octobre, l'Halloween nous parle à sa manière de la mort avec ses déguisements fantomatiques et ses terrains jonchés d'objets macabres. Bien sûr, si cette fête folklorique exalte les Québécois, c'est davantage pour festoyer que pour se recueillir.

Cependant, que signifie cette rencontre du païen et du religieux autour du besoin d'évocation des morts? Malgré cette préférence contemporaine pour les valeurs profanes, se pourrait-il que nous entretenions toujours un rapport au sacré? C'est ce qui semble inspirer nos us et coutumes à l'égard des personnes mourantes et des défunts.

De l'acharnement thérapeutique à l'euthanasie

Cette confrontation des valeurs traditionnelles et modernes se trouve au coeur du débat sur la fin de vie. Rappelons que l'euthanasie, y compris le suicide assisté, vise à provoquer le décès au stade avancé d'une maladie incurable, lorsqu'il y a consentement et que toute possibilité de rémission est exclue. Une approche est d'omettre ou de réduire graduellement les traitements, l'autre d'augmenter progressivement la dose d'analgésiques puissants, au point où elle devient létale.

À l'autre extrême, l'acharnement thérapeutique défie carrément la mort. Suivant cette orientation pro-vie, des soins disproportionnés sont prodigués pour faire reculer l'échéance finale, même au prix d'une déchéance accrue de la personne.

Les soins palliatifs sont la zone grise, la position refuge, bien qu'elle avoisine l'euthanasie. Ils visent à diminuer la souffrance (administration d'antalgiques) et à accompagner le malade et la famille dans le respect, tout en assurant la meilleure qualité de vie, sans accélérer ni repousser la mort.

Or, la position pro-choix gagne du terrain. Les trois quarts des médecins spécialistes cautionnent la pratique de l'euthanasie, tandis qu'elle reçoit l'aval de la population qui perçoit bien la contradiction entre son interdit et sa banalisation effective. Un récent sondage Léger Marketing nous apprend que 71 % des Québécois favorisent sa légalisation.

Cette adhésion massive est révélatrice du changement de mentalité drastique reflétant les valeurs de liberté de choix et d'autonomie. En effet, les jeunes générations, voire les baby-boomers, sont bien informées et converties aux principes de vie promus par l'éthique moderne. Pour abréger leurs souffrances et préserver leur qualité de vie dans le respect et la dignité, elles n'hésiteront pas à renoncer aux traitements jugés inutiles et déshumanisants, même au risque de précipiter l'issue fatale.

Aussi, craignant le déracinement et l'abandon, elles espèrent vivre leurs derniers jours dans la chaleur réconfortante de leur domicile et auprès de leurs proches (55 % selon le sondage Léger Marketing), plutôt que dans la froideur du milieu «in-hospitalier» (25 %).

Les cérémonies mortuaires illustrent aussi la désacralisation progressive des rituels et le désir accru de contrôle exprimés par les familles éprouvées. Les arrangements funéraires préalables et l'acquiescement à léguer son corps à la science en témoignent. Au salon funéraire, le cadre religieux et les protocoles imposés par les entreprises chargées des obsèques sont mis à distance. La présence du prêtre se fait donc plus discrète, son rôle étant partiellement relayé par la famille du défunt.

La mode actuelle commande que l'exposition de la dépouille soit minimale (la mort se cache!) et que la cérémonie mortuaire soit personnalisée. En font foi les hommages rendus par des amis ou des membres de la famille, les présentations visuelles comme les diaporamas ou les vidéos qui rappellent des moments clés de la vie de la personne décédée, ou l'étalage d'objets qui lui étaient chers.

Habituellement, les familles du défunt préfèrent des dons en espèces dédiés à la recherche au lieu des traditionnels arrangements floraux. Finalement, la crémation semble s'imposer aux dépens de l'enterrement.

Démystifier la mort

Notre questionnement sur la mort poursuit inlassablement son chemin. Le Québec joue même un rôle d'avant-garde en matière de réflexion éthique et sociologique sur la place de la mort dans notre culture, le recours aux techniques biomédicales dans les soins et les droits des personnes mourantes.

Le milieu intellectuel québécois enrichit constamment son expertise. L'Université du Québec à Montréal fait oeuvre de pionnier à la faveur de trois programmes de formation et de la publication de la revue Frontières, tous voués aux phénomènes reliés au deuil et à la mort. On retrouve sur la toile L'Encyclopédie sur la mort, une ramification du site Agora tenu par deux intellectuels québécois.

L'étape de la fin de vie n'intéresse pas seulement les spécialistes. Loin de rebuter, elle suscite l'attention grandissante de la population, à en juger d'après le succès qu'ont connu cet été les expositions À la vie, à la mort et DEUILS, présentées au Musée des religions du monde de Nicolet.

S'ajoute l'important débat amorcé récemment sur le mourir dans la dignité dans le cadre de la Commission spéciale sur l'euthanasie et le suicide assisté. Sa notoriété et sa popularité, authentifiées par des sondages, étonnent même les responsables qui prévoient augmenter les séances d'audience. À ce jour, 220 mémoires ont été déposés tandis que des milliers de personnes ont rempli le questionnaire en ligne.

L'ultime défi

En dépit de toutes les ressources médicales, technologiques et humaines destinées à nous accompagner et à nous apaiser à l'approche de la mort, l'idée de notre propre disparition demeure difficile à supporter. Paradoxalement, alors que la vieillesse craint la mort, la jeunesse la défie ou la provoque par la pratique des sports extrêmes ou la conduite dangereuse d'un véhicule. La mort fascine même certains groupes comme les gothiques. Décidément, cette réalité n'a pas de frontières dans l'expérience humaine!

Il n'empêche que l'évacuation du religieux occasionne une perte de sens dans les sociétés laïques. C'est ce qui expliquerait la vogue actuelle du tourisme religieux ou spirituel et l'engouement pour les nouvelles sectes. C'est aussi ce qui expliquerait l'accommodement des cultes mortuaires sacrés et profanes.

Cela dit, il faudra bien un jour s'attaquer au véritable défi: celui d'insuffler un sens au passage de vie à trépas, plutôt que de discourir sur nos actions pour prolonger la vie ou l'écourter.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Qui se souvient de sa naissance, de ce qui s'est passé à ce moment-là? Ce n'est que beaucoup plus tard que nos parents ont pu nous sensibiliser à cet événement. Avec l'apport de la médecine moderne, la naissance d'un être humain est un acte quasi garanti, sans trop de heurts pour la mère, et attendu par les proches comme une bénédiction. Car, c'est une nouvelle vie qui vient de naître et qui va s'épanouir une vie durant. Si l'enfant est normal et bien constitué, c'est une source d'enrichissement sans fin pour les parents et la société toute entière. Mais, la mort ou le décès de cet être humain est un événement de fin de vie, normal aussi, qui peut survenir n'importe quand, à n'importe quel âge, généralement maintenant après une vieillesse prolongée.

Comme tous les autres êtres vivants, l'espèce humaine a une durée de vie limitée. C'est par le renouvellement des générations que l'humanité poursuit sa marche en avant vers un avenir dont on ne connaît pas les tenants et aboutissants. La fin du monde, c'est la fin de la vie sur Terre comme nous la connaissons ou tout simplement, la fin de notre système solaire. Avec les découvertes de la Science, le ciel a pris une toute autre dimension, dont nos sens arrivent à peine à cerner les limites. L'enfer, tel qu'imaginé par Dante, n'a plus sa place puisque tout ce qui existe est énergie et matière, le feu n'étant qu'une réaction chimique pouvant affecter les vivants mais rarement les morts. Nous habitons une planète qui conditionne notre existence et même notre survie. Les discours sur le sexe des Anges n'ont plus leurs places dans notre monde moderne.

Si nous comprenons bien le sens de la naissance d'un enfant, il nous est difficile de comprendre le sens du « passage de la vie à trépas » comme le dit si bien Richard Lefrançois et de le vivre personnellement, individuellement ou collectivement. Nous acceptons sans grande peur de vivre des opérations médicales, qui sont nécessaires pour préserver notre vie. Par contre, nous ne nous donnons pas facilement les moyens d'agrémenter notre fin de vie, avec le minimum de souffrance et d'anxiété. Il y a quelque chose qui cloche dans tout ça?

L'élixir de la jeunesse éternelle étant devenu plus que jamais une utopie, il nous faudra bien inventer l'élixir de la vie éternelle puisque, depuis le Bing Bang, nous sommes de la poussière d'étoiles qui converge vers un point Oméga, comme le laissait entendre Pierre Teilhard de Chardin.

RD

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mardi, décembre 07, 2010

 

Mourir dans la dignité : quelles voies adopter pour les « plus vulnérables »?

Linda Couture, directrice générale de « Vivre dans la dignité »

Article de Claudette Samson, Le Soleil, 4 décembre 2010

(Québec) C'est pour donner « une voix aux plus vulnérables » que le réseau Vivre dans la dignité a vu le jour en juin dernier. Résolument engagé contre la légalisation de l'euthanasie ou du suicide assisté, le mouvement «non partisan» et «non religieux» en appelle à une vaste campagne de sensibilisation et d'information des Québécois avant quelque modification légale en ce sens.

La directrice générale de Vivre dans la dignité, Linda Couture, a suivi de près le déroulement des audiences de la commission. En entrevue téléphonique de son domicile montréalais, elle affirme d'emblée qu'«à la lumière de ce qui se passe ailleurs», notamment en Belgique et aux Pays-Bas, il importe de ne rien précipiter.

La mise en place de balises très strictes pour obtenir une éventuelle euthanasie ne l'ébranle guère, au contraire. Lorsque la loi l'a autorisée en Belgique, dit-elle, les règles étaient claires sur les conditions à respecter, notamment le fait que la demande devait venir des gens concernés. Or, dénonce-t-elle, celles-ci n'ont pas été respectées, et on y discute maintenant de la possibilité d'étendre cette pratique aux personnes souffrant d'Alzheimer ou aux enfants lourdement handicapés.

Alors que les Québécois peinent à dénicher un médecin de famille, elle juge risible de dire que deux médecins seront disponibles pour donner leur avis, que la personne en fin de vie pourra consulter un psychologue, et que l'on donnera le temps nécessaire à la réflexion.

Bien que la mise sur pied de la commission découle à son avis des «pressions» des militants favorables à l'euthanasie, Mme Couture juge que le débat actuel est une bonne chose.

«Ça fait ressortir la grande confusion qui entoure encore cette problématique», dit-elle.

À son avis, bien des citoyens - et même des médecins! - ne savent toujours pas de quoi il est question, mélangeant euthanasie avec arrêt de traitement ou sédation terminale. Une opinion que ne partage pas le président de la Commission sur la question de mourir dans la dignité, Geoffrey Kelley, qui estime que les citoyens font bien ces distinctions.

Le choix des mots

Disant croire à l'importance des mots utilisés, Mme Couture n'hésite pas à utiliser le terme tuer pour parler de l'euthanasie. La condition de gens comme Ghislain Leblond, un homme souffrant d'une maladie neurodégénérative (voir autre texte) qui appréhende la paralysie totale alors que son esprit sera toujours alerte, ne semble guère l'émouvoir.

«Pourquoi sa situation aurait-elle plus de place que celle de Marie-Claude Lemieux [N.D.L.R. : une jeune femme complètement paralysée qui souhaite continuer à vivre]»?

Et que pense-t-elle alors du respect des choix individuels ?

«Si c'est un choix individuel, pourquoi demander à une tierce personne? Le suicide est légal», rétorque la dame.

Est-ce à dire que c'est ce que devrait faire M. Leblond? Mme Couture se reprend, indiquant qu'il y a des options comme «l'arrêt de traitement», ce qui, pour le principal intéressé, n'a aucune portée, puisqu'il n'en reçoit aucun.

«Ce n'est pas juste une question de choix personnel, on n'est pas seul dans la société», défend-elle, en dénonçant l'incongruité qu'elle voit dans le fait de lutter contre le suicide tout en autorisant l'euthanasie.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Il y a une distinction fondamentale à faire entre les soins palliatifs et l'euthanasie : dans le premier cas, les soins palliatifs seront toujours une forme de thérapie de fin de vie qui s'appliquera à la plupart des gens, si besoin est. Dans le second cas, l'euthanasie, on peut logiquement penser que ce ne sera toujours qu'une option terminale d'exception. Les deux options sont évidemment complémentaires et doivent se côtoyer dans une société moderne et laïque comme le Québec. Mourir dans la dignité signifie que notre vie personnelle nous appartient et c'est à la société québécoise (et canadienne) d'harmoniser les règles du jeu pour que tout le monde y trouve son compte, sur le plan éthique, religieusement ou civilement.

Sur le plan des coûts, il n'y a pas de commune mesure entre les soins palliatifs et l'euthanasie. L'euthanasie sera toujours un traitement d'exception et exigera peu de frais, compte tenu qu'il n'y a pas en général d'acharnements thérapeutiques et que les soins médicaux exigés sont minimaux, comparés aux soins palliatifs. Il en serait de même du suicide assisté.

Si l'on considère l'option des soins palliatifs comme étant celle qui va prévaloir pour la plupart des personnes en fin de vie, (et c'est ce qui va sûrement avoir lieu), là la facture va prendre de l'ampleur et se gonfler avec le vieillissement accéléré de la population québécoise. Selon les témoignages reçus à la Commission, on est encore loin d'être capable de répondre à ce besoin criant.

L'important dans tout ça, c'est que tout le monde y trouve son compte, que ce soit les tenants des soins palliatifs, les tenants du suicide assisté ou les tenants de l'euthanasie. C'est en regardant l'expérience des autres pays que l'on pourra être en mesure d'éviter les bourdes toujours possibles dans ce genre de situation. En bout de piste, il faudra ajuster le cadre juridique en vue de permettre aux patients en phase terminale et aux médecins de choisir les options qui conviennent le mieux à la personne impliquée d'abord et à son entourage. Mais, on est encore loin de la fin de ce débat.

À quand la mise au point de « l'élixir de vie éternelle » qui nous fait passer cette épreuve comme un moment d'extase à la toute fin de notre vie ?

RD

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Vibrant débat sur la fin de vie au Québec


La Commission sur la question de mourir dans la dignité est déjà considérée comme celle ayant suscité le plus de participation de la part des citoyens.

Article de Claudette Samson, Le Soleil, 4 décembre 2010

(Québec) Si mourir est la condition la plus universelle qui soit, la façon d'y «parvenir» est une préoccupation plus récente. Et à coup sûr, le Québec fait preuve d'avant-gardisme en engageant le débat aussi largement et démocratiquement, croit Véronique Hivon, députée péquiste et auteure de la motion ayant reçu l'appui unanime de l'Assemblée nationale le 4 décembre 2009.

Les développements technologiques et médicaux ont irrémédiablement changé notre rapport à la mort, en Occident du moins. Cette nouvelle réalité force la réflexion sur ce que l'on veut ou ne veut pas comme individu et comme société. Jusqu'où la vie vaut-elle la peine d'être vécue? demandent certains.

Après l'affaire Sue Rodriguez en 1993 et, plus récemment, les cas très médiatisés de personnes ayant aidé des proches à se suicider ou ayant commis un meurtre sous le motif de la «compassion», la table était mise pour la réflexion, souligne la vice-présidente de la Commission. Celle-ci accordait une entrevue au Soleil cette semaine en compagnie du président de la Commission, le député libéral Geoffrey Kelley.

S'il n'était pas question pour les deux députés de s'avancer sur ce que seront les recommandations du groupe de travail composé d'une quinzaine de membres - «il reste 80 personnes à entendre», dit M. Kelley -, ils sont toutefois à même de faire quelques constats.

Ainsi, la nécessité de développer les soins palliatifs est ressortie avec force.

«On a pris conscience des difficultés et des lacunes», dit le président. Qu'il s'agisse d'aider les gens à mourir à la maison, d'aménager des espaces dans les hôpitaux et les centres d'hébergement, de soutenir ceux qui accompagnent les mourants, les besoins exprimés sont grands.

Mais ce que la Commission aura fait ressortir avec le plus d'intensité est l'opposition entre les tenants et les opposants à l'euthanasie ou au suicide assisté. «Je n'avais pas vu venir ça avec autant d'intensité», admet M. Kelley.

Craintes des opposants

Les craintes des opposants à l'euthanasie sont multiples. Alors que certains appréhendent surtout que cela mette un frein au développement des soins palliatifs, d'autres ont aussi peur des dérives qui pourraient découler d'une telle ouverture. Sous le couvert du «caractère sacré de la vie», quelques-uns ont utilisé des images fortes - tuer, achever les humains, éliminer - pour marquer leur opposition.

De leur côté, les tenants de l'euthanasie rétorquent qu'ils sont eux aussi en faveur de meilleurs soins palliatifs, mais également pour le respect de la liberté de choix de ceux qui refusent de voir leur agonie s'étirer, ou de vivre indéfiniment dans un corps dont ils sont prisonniers.

Souvent émouvants, voire bouleversants, les témoignages sont d'une profondeur de réflexion exceptionnelle, dit Mme Hivon, selon qui «c'est dans les nuances qu'on saisit toute la complexité d'un débat. Ce n'est jamais tout blanc ou tout noir».

Les citoyens au micro

Totalement non partisan (bien que certains opposants y voient cyniquement une commande du Conseil du trésor, histoire de libérer des lits d'hôpitaux plus vite [!]), le processus mis en place a permis à un nombre impressionnant de citoyens de s'exprimer dans un climat serein et respectueux. Encore aujourd'hui, une dizaine de nouvelles personnes remplissent chaque jour le questionnaire en ligne de la Commission.

L'intérêt de la population se manifeste également dans le fait que les trois quarts des mémoires et des interventions sont venus des citoyens plutôt que d'organismes, ce qui est assez inhabituel en commission parlementaire.

RD

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samedi, décembre 04, 2010

 

Les enfants d'Auschwitz, vous en souvenez-vous?




À première vue, ils sont comme les autres: de beaux petits vieux qui portent, au coin des yeux, les traces des années accumulées. Ils lisent, elles tricotent, ils fument la pipe, elles cuisinent des rôtis de boeuf. Seulement, quand ils ouvrent la bouche, des mots comme «camp de concentration», «déportation», «Holocauste» et «gazage» s'échappent. Ils ont vécu des scènes dignes des films de Polanski et de Spielberg, mais leurs histoires, elles, sont bien réelles. Pour que le monde n'oublie pas, sept survivants de l'Holocauste, qui habitent aujourd'hui à Montréal, ont accepté de témoigner.

À gauche, en haut : Rose Katz Buchfuhrer

À droite, en haut : Paul Bard

2e rangée, à gauche : Rose Ickovits Weiss Svarc

2e rangée, à droite : Leslie Vertes

Article de Elyse Gamache-Belisle, Urbania, Cyberpresse, novembre 2010


Thomas Strasser a 83 ans.

L'après-midi, il aime marcher sur Saint-Laurent et s'arrêter prendre quelques bouquins à sa librairie favorite. Pendant de nombreuses années, sa femme et lui ont partagé la passion de la valse, du tango et de la rumba. Cependant, il y a trois ans, cette dernière est décédée. Depuis, il danse moins et ses enfants et petits-enfants sont désormais sa seule raison de vivre.

Quels souvenirs gardez-vous de l'Holocauste?

En 1945, j'avais 18 ans et j'habitais en Hongrie. J'ai été séquestré avec ma famille dans un ghetto de Budapest où les conditions de vie n'étaient pas humaines. Survivre était une préoccupation de tous les instants. Comme les Allemands et les gardes nazis hongrois nous donnaient le minimum de nourriture, j'ai vu des hommes se battre pour un croûton de pain.

Pendant cette période, est-ce que vous vous imaginiez vivre jusqu'à 83 ans?

À l'époque, j'étais un garçon fort. Je savais que je pouvais survivre, mais ça n'a pas été facile. Le plus difficile, c'était d'être séparé des miens. Aujourd'hui, j'ai 83 ans. Je fais du bénévolat au Cumming Jewish Center de Montréal, cinq jours par semaine. J'ai une bonne santé, je conduis encore ma voiture et je marche beaucoup. Enfin, je suis heureux de vivre encore.

Comment avez-vous réussi à surmonter cette épreuve?

Dans la vie, parfois, il faut savoir délaisser le passé pour continuer sa route. Il est impossible de se lever chaque matin avec le poids des souvenirs. C'est trop difficile. Cependant, il ne faut pas oublier complètement.

Qu'aimeriez-vous laisser au monde après votre mort?

Au fil des années, les survivants de l'Holocauste disparaissent les uns après les autres. Quand nous serons tous disparus, qui se souviendra encore de cette triste guerre et de ces pénibles événements? Il est important de passer le flambeau. C'est pourquoi, chaque semaine, je rencontre des groupes d'étudiants de 10 à 16 ans et je leur raconte ma vie, notre histoire. Après ma mort, j'espère qu'ils continueront à passer le message, afin que le monde n'oublie pas et que ça ne se reproduise jamais...

Leslie Vertes a 86 ans.

Sa langue maternelle est le hongrois, mais pendant ses temps libres, il aime écrire des poèmes en anglais dans ses carnets. Il en a plus d'une cinquantaine sur divers sujets, dont sa période de séquestration. Leslie Vertes est un juif hongrois qui a échappé à la mort à plus de quatre reprises pendant la guerre.

Quels souvenirs gardez-vous de l'Holocauste?

En mai 1944, j'ai reçu l'ordre de me présenter dans un camp de travail forcé. Des rumeurs horribles couraient et j'ai préféré me sauver. Un ami qui n'était pas juif m'a prêté ses papiers d'identité pour que je puisse me trouver un petit appartement où me cacher. Un jour, je suis sorti pour échanger quelques vêtements contre de la nourriture. Un soldat a reconnu chez moi des traits de juif et m'a amené à quelques rues de là, près d'un mur où se tenaient une trentaine d'autres juifs et quelques gardes. Après nous avoir placés face au mur, ils ont commencé à tirer sur nous. Nous n'avions commis aucun crime. Nous étions juifs, c'est tout. Atteinte d'une balle, une femme est tombée sur moi. À ce moment, les sirènes pour prévenir la population des raids aériens imminents ont retenti et les gardes se sont sauvés en courant. Quand j'ai relevé la tête, il n'y avait que des corps morts autour de moi. J'ai marché quelques blocs et je suis entré dans la première maison que j'ai vue, qui avait été détruite par les bombes. J'y ai trouvé des vêtements pour hommes propres, je me suis changé et je suis rentré chez moi, extrêmement ébranlé.

Pendant cette période, est ce que vous vous imaginiez vivre jusqu'à 86 ans?

Quand j'étais dans le camp de travaux forcés à Budapest et dans le goulag en Ukraine, je n'avais pas vraiment espoir. La guerre m'a volé mes plus belles années de jeunesse. Après cette période, j'ai refait ma vie. Ma femme et moi avons travaillé très fort pour nous sortir de la pauvreté, nous n'avons jamais demandé la charité ni contracté de prêt. Nous sommes arrivés au Canada et nous y avons élevé notre seul fils. Aujourd'hui, nous sommes très fiers de sa réussite et de nos trois petits-enfants.

Comment avez-vous réussi à surmonter cette épreuve?

C'est impossible, mais raconter mon histoire m'aide beaucoup. Au-delà de la souffrance de mes souvenirs, au-delà des membres de ma famille que j'ai perdus, ce qui importe est surtout que le monde réalise que l'antisémitisme est une menace latente. Qu'aimeriez-vous laisser au monde après votre mort? Je voudrais que le monde se souvienne de moi comme d'un homme travaillant et un bon père de famille. J'espère que les gens vont se rappeler que j'ai travaillé fort pour leur enseigner ce qu'est la discrimination et pour leur faire réaliser que l'Holocauste n'est pas terminé...

Rose Ickovits Weiss Svarc a 90 ans.

Son passe-temps favori est la lecture. Ses meilleurs moments, elle les partage avec ses amies autour d'un thé ou avec sa petite famille, dont elle est très fière. En 1939, Rose, son mari et leur jeune bébé de 6 mois habitaient en Tchécoslovaquie. Leur vie s'annonçait belle. Ils n'étaient pas riches, mais croyaient que la situation changerait. Et elle a changé... pour le pire. Elle est le seul membre de sa famille à avoir survécu à l'Holocauste

Quels souvenirs gardez-vous de l'Holocauste?

Trop de souvenirs. Je ne pourrai jamais tout raconter! En 1943, avec des milliers d'autres juifs, nous sommes montés à plus de 100 dans chaque wagon de train. Je portais mon bébé dans mes bras. Il était si calme. En arrivant à Auschwitz, on pouvait lire sur une clôture en métal : «Arbeit macht frei» ou «Le travail rend libre». Quand nous sommes entrés, nous y croyions, mais nous avons vite compris que c'était l'inverse qui se produisait. Plus nous travaillions fort et plus vite les Allemands nous emmenaient aux fours crématoires! Ma soeur et mon bébé n'ont pas passé la nuit. Dès notre arrivée, ils ont été destinés au gazage par le Dr Mangele, le médecin qui s'occupait de la sélection des déportés. Ça a été la plus longue nuit de ma vie... Le reste, c'est de l'histoire.

Pendant cette période, est-ce que vous vous imaginiez vivre jusqu'à 90 ans?

Dans les camps, nous pensions chaque jour à la mort. Il y avait des histoires horribles qui arrivaient! Je n'imaginais pas survivre à cette guerre. Aujourd'hui, je suis heureuse. Nous avons travaillé fort mon deuxième mari et moi pour arriver au Canada.

Comment avez-vous réussi à surmonter cette épreuve?

Je n'y suis pas parvenue. J'y pense toujours. Il est impossible de passer à autre chose après avoir vécu un tel événement. Aujourd'hui, quand j'entends que des hommes ont posé des bombes dans des pays en guerre, je ne comprends toujours pas. Malheureusement, le monde change peu. Qu'aimeriez-vous laisser au monde après votre mort? Que l'Holocauste n'a été que barbarie. J'aimerais que le monde apprenne de notre histoire et que, dorénavant, les êtres soient plus généreux et plus ouverts aux autres. Nous avons souvent dit «Never again», mais quand je vois ce qui se passe dans le monde, je n'ai pas confiance en l'avenir...

Paul Bard a 89 ans.

Sa passion? Les livres à caractère historique. Avec sa femme, Agneta Bard, ils partagent un petit appartement qui sent les gâteaux chauds. Ils ne sont pas malades, mais ignorent ce que l'avenir leur réserve. Avec les années, Paul devient de plus en plus sensible.

Quels souvenirs gardez-vous de l'Holocauste?

Au début du mois de mai 1942, les Allemands ont créé un ghetto dans chacune des villes de Hongrie. Dans notre ville, 30 000 juifs des environs, dont nous-mêmes, ont été enfermés dans le ghetto. À partir de la mi-mai, ils ont commencé à nous déporter comme du bétail vers Auschwitz. Ils nous disaient que nous allions travailler dans les champs, que nous deviendrions agriculteurs. Nous ne savions pas ce qui nous attendait et nous ne pouvions imaginer ce qui allait se produire. Il n'y a pas de mots pour qualifier ce qui est arrivé. Chaque jour je tente de trouver la réponse à la grande question: pourquoi?

Pendant cette période, est-ce que vous vous imaginiez vivre jusqu'à 89 ans?

Paul : Non. Je n'aurais pas dû survivre... Quand nous arrivions au camp, les Allemands déterminaient qui vivrait et qui mourrait. Si vous étiez un intellectuel, ils vous attitraient les tâches les plus difficiles du camp. En plein hiver, ils envoyaient ces gens-là travailler à l'extérieur avec peu de vêtements. Il leur était impossible de survivre. Comme on m'avait empêché d'aller à l'université quelques années plus tôt à cause de ma religion, j'ai pu dire que j'étais électricien. Ça m'a sauvé la vie! Agneta: Dans l'une de ces sélections, le docteur Mangele a décidé de m'envoyer au four crématoire, simplement parce que j'avais une cicatrice sous le sein droit. Je me suis alors écroulée sur le sol et je me suis mise à pleurer toutes les larmes de mon corps. Au même moment, un homme que je connaissais et qui était dans la rangée des gens qui devaient survivre s'est alors mis à crier mon nom : «Rose!» Il l'a répété dix fois. J'ai levé mes yeux bouffis et, sans réfléchir, je me suis mise à courir pour le rejoindre. Si le docteur m'avait vue en se retournant, je ne serais sûrement plus vivante aujourd'hui...

Comment avez-vous réussi à surmonter cette épreuve?

Un jour, au milieu de la foule à Auschwitz, j'ai rencontré un de mes oncles que je n'avais pas vu depuis longtemps. Je lui ai immédiatement demandé où étaient mes cousins. Les yeux livides, il m'a répondu que des Allemands les avaient tués par balle, sous ses yeux. Mais lui se tenait encore debout ! C'était incroyable. Ce jour-là, j'ai compris que l'on pouvait survivre à tout... C'est la dernière fois que je l'ai vu et je ne pourrai jamais l'oublier.

Qu'aimeriez-vous laisser au monde après votre mort?

Homo Homini lupus. L'homme est un loup pour l'homme. C'est-à-dire qu'il est capable de torturer et même de tuer l'un des siens et même plusieurs. Cependant, il existe aussi de très bonnes personnes. Pendant la guerre, certaines d'entre elles ont risqué leur vie en tentant de cacher des juifs. Il est important de se raccrocher à de tels exemples pour continuer à croire en l'être humain.

Daniella a 72 ans.

Elle aime les oeuvres d'art et les foulards de soie. Dans sa jeunesse, elle était designer de mode et mannequin. Ses créations étaient vendues chez Eaton et Holt Renfrew. Ces temps-ci, Daniella corrige la plus récente version de son livre autobiographique, qui s'intitulera probablement Hidden memories. Elle est l'une des plus jeunes juives ayant survécu à l'Holocauste encore vivante.

Quels souvenirs gardez-vous de l'Holocauste?

Tous les jours, j'y repense. Ça ne m'a pas quittée et ça ne me quittera jamais. Pendant la journée, je souris et je semble heureuse, mais lorsque vient la nuit, des images d'horreur me reviennent en mémoire. Ces souvenirs sont horribles. Je revois ces enfants innocents qui ont été tués et je n'arrive toujours pas à comprendre... Comment est-ce possible de s'en prendre à un enfant?

Pendant cette période, est-ce que vous vous imaginiez vivre jusqu'à 72 ans?

Évidemment que non! Tant d'événements terribles me sont arrivés... c'est presque un miracle d'avoir survécu jusqu'ici. Pendant la guerre, les enfants ne vivaient pas longtemps et comme j'avais quatre ans à l'époque, j'ai failli perdre la vie plusieurs fois. D'autres ont eu moins de chance. Après la guerre, ma famille et moi ne réalisions pas l'ampleur de ce qui s'était passé. De retour dans notre village, un homme s'est approché et nous a raconté comment tous les membres de notre famille avaient été tués. Ma mère ne s'en est jamais remise et mon père n'a jamais voulu en reparler. Je ne dirais pas que nous avons été chanceux, mais presque.

Comment avez-vous réussi à surmonter cette épreuve?

Je suis si heureuse d'être en vie. Souvent, je me dis que je dois en profiter au maximum sinon tous mes efforts pour survivre auront été inutiles. Après de tels événements, relativiser le quotidien devient plus facile...

Qu'aimeriez-vous laisser au monde après votre mort?

J'aimerais apprendre aux gens qu'il est important d'être gentil et respectueux envers les autres. J'aimerais crier au monde entier: «Pourquoi vous ne vous aimez pas ?» Malgré les différences de religion, les êtres humains sont tous les mêmes et les enfants sont tous merveilleux. Pourquoi alors enseigner la haine, la torture, la violence? Si les gens se respectaient, il n'y aurait pas de guerre.

Rose Katz Buchfuhrer a 86 ans.

Jadis, elle aimait cuisiner. Une vraie grand-maman gâteau. Le sourire discret mais honnête, assise dans sa chaise berçante, elle regardait sa famille et en était très fière. Aujourd'hui, Rose souffre de la maladie d'Alzheimer. Elle ne se souvient plus. Elle a même oublié qu'elle est une juive hongroise qui a survécu à l'Holocauste. Sa fille, Stéphanie Svarc, se souvient...

Quels souvenirs votre mère avait-elle gardés de l'Holocauste?

Ma mère parlait rarement de ces événements. Elle racontait ce qui s'était passé avant et après, mais abordait rarement la guerre. Pourtant, elle ne semblait pas en paix avec cette période. Ses souvenirs lui causaient de nombreux problèmes. Elle avait peine à dormir et était très dépressive. C'est sûrement une des causes de sa présente maladie... Cependant, elle a raconté que, après la guerre, quand les Américains ont ouvert les portes des camps, les survivants ne savaient pas où aller. Leur famille avait disparue, leur vie était détruite. Et s'ils essayaient de retourner à la maison, ça pouvait être très dangereux : de nouvelles personnes y habitaient et ne voulaient pas leur rendre la place. C'est pourquoi mes parents ont préféré partir au Canada pour y refaire leur vie.

À cette époque, s'imaginait-elle vivre jusqu'à 86 ans?

Non. Dans les camps, les juifs ne pouvaient pas voir à long terme. Ils souhaitaient seulement continuer de vivre dans les prochaines journées, les prochaines heures. C'était si aléatoire... Heureusement, ma mère était une très jolie femme. Elle est tombée dans l'oeil d'un officier allemand qui lui a probablement sauvé la vie en lui donnant des surplus de nourriture, qu'elle a pu partager avec sa soeur et ses amies.

Comment a-t-elle réussi à surmonter cette épreuve?

Ma mère a toujours été une femme très forte, très fière, mais ça n'a pas été facile. Si elle voulait être heureuse, elle ne pouvait pas continuer d'entretenir des sentiments comme la honte, la vengeance et la colère. C'est pourquoi elle a vécu sa vie en essayant d'être la meilleure personne possible pour les gens qui l'entouraient. Aujourd'hui, elle est encore très forte, malgré tout.

Que croyez-vous qu'elle aimerait laisser au monde après sa mort?

Après sa mort, on se souviendra de ma mère comme d'une femme exceptionnelle, qui a vécu une bonne vie, pour elle et pour les autres. En ce qui concerne l'Holocauste, elle voudrait sûrement que son histoire ne soit pas oubliée. Pour prouver que le long chemin qu'elle a parcouru ne l'a pas été en vain

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

La nouvelle Allemagne se développe, oublie l'horreur de la Deuxième-Guerre mondiale et donne un avenir à son peuple. Il reste malheureusement des lambeaux humains qui ont survécu à l'Holocauste. Comme on peut le voir dans les témoignages ci-dessus, il en a fallu du courage à ces Juifs pour survivre par tous les moyens possibles. Même pour ceux qui sont maintenant rendus dans le grand âge, c'est une période qui ne s'oublie pas, du moins tant qu'ils auront le contrôle de leur mémoire. Ils ont sûrement gardé un regard lointain, pratiquement incapable de jeter un voile définitif sur ce passé douloureux.

Mais, c'est aussi le cas de presque toutes les personnes qui ont vécu et survécu à cette horreur qu'est la guerre. C'est ce que j'ai pu constater moi-même lorsque, en voyage dans les Antilles dans les années 70, j'ai eu l'occasion de diner près d'un officier allemand, conducteur de char dans la forêt des Ardennes en 1945. Personne ne semble être capable de se départir d'un pareil vécu. Quelles histoires exemplaires que ces vies d'hommes et de femmes, face aux pires sévices!

RD

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vendredi, décembre 03, 2010

 

Vieillissement de la population québécoise: un défi mais pas une catastrophe

Des résidences privées sont à développer des offres de service pour garder le plus longtemps possible les personnes âgées, souligne le ministre Yves Bolduc.


Article de Johanne Roy,
Journal de Québec, 3 décembre 2010

Le vieillissement de la population québécoise représente un défi pour le réseau de la santé, mais cela ne sera pas la catastrophe annoncée, affirme le ministre Yves Bolduc.

L'an dernier, les dépenses liées au phénomène du vieillissement ont constitué 1 % des coûts de croissance de 6 % du système de soins, a soulevé hier M. Bolduc, au 4e Forum de l'industrie de la santé de Québec.

« En 1983, les gens restaient six jours à l'hôpital pour une chirurgie de la cataracte (une opération d'un jour, aujourd'hui). Les nouvelles technologies aident à contrôler les coûts et à changer les pratiques », a poursuivi le ministre devant une centaine de gestionnaires de la santé et de partenaires privés du réseau.

Le budget de la santé, à hauteur de 28 milliards, draine 45 % des dépenses gouvernementales. « À la bourse, on serait la 28e plus grande compagnie au monde. La croissance prévue des coûts du système est de 5 % par an, pour les trois prochaines années. On peut y arriver en revoyant nos méthodes », a soutenu le ministre Bolduc.

À l'hôpital Pierre-Boucher, à Longueuil, la révision du processus opératoire a permis d'augmenter de 40 % les chirurgies de la cataracte, avec le même budget et le même personnel.

Chaque matin, le ministre consulte les données sur les urgences, les listes d'attente, les lits disponibles. Tous les directeurs généraux des établissements en sont informés en même temps.

La directrice générale du CHA, à Québec, la Dre Marie Girard, peut en témoigner. « Le ministre met beaucoup de pression. Lorsqu'on ne respecte pas les délais à l'urgence, on reçoit des courriels jour, soir, nuit et fin de semaine! », a-t-elle rapporté.

Selon le ministre, de 20 % à 30 % du travail des médecins spécialistes concernent des patients qui auraient dû être vus ailleurs.

« Si un médecin de famille prend une heure à enseigner à un patient comment contrôler son diabète, il perd son temps, car c'est le rôle de l'infirmière », a-t-il renchéri.

M. Bolduc promet des annonces bientôt pour diminuer la bureaucratie et les frais administratifs. Le ministre veut également tâter le pouls des patients sur leur expérience dans le système de soins et leur degré de satisfaction.

Un patient sur 1 000 est un grand utilisateur des services d'urgence. Dans la région de Québec, on parle de 500 personnes, qu'on est à cibler, afin d'améliorer leur prise en charge.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Selon mon expérience de l'Urgence, il est clair pour moi que le fait qu'il n'y ait pas assez bureaux de médecins ouverts la fin de semaine ou que l'on connaisse mal où ils sont situés et les heures d'ouverture, grossit obligatoirement la population qui se rend à l'Urgence des hôpitaux. Mettez en place des cliniques d'Urgence comme on le fait pour la vaccination en période de grippe et vous verrez les Urgences se décongestionner dans le temps de le dire.

Pour cela, on pourrait transformer certains CLSC en vraie Urgence, avec de l'équipement adéquat et du personnel bien formé (médecins spécialisés en urgence + super infirmières) et aussi mettre les médecins en communication directe avec les Urgences des principaux hôpitaux de la ville de Québec. La télé-médecine, ça existe dans tous les pays fortement industrialisés. Par exemple, on a un patient dont on ne sait quoi faire suite à un accident, on prend contact avec l'Urgence de l'Hôpital et le spécialiste examine à distance le patient et dit quoi faire, sinon on lui amène le patient par hélicoptère ou ambulance. C'est simple et ça ne coûte pas plus cher, vu que l'on possède déjà tous les équipements pour le faire. Dans le cas de simples grippes, coupures ou autres soins mineurs, tout serait réglé en un rien de temps, au lieu d'aller engorger les Urgences des hôpitaux.

Même pour des problèmes complexes, on doit souvent appliquer des solutions simples à partir d'un bon diagnostic de la situation prévalante.

Plus la population va devenir âgée, plus les services de proximité vont prendre de l'importance. Alors, pourquoi ne pas quadriller la Ville dans son ensemble et avoir différentes cibles bien claires au niveau des services de proximité liés à l'Urgence de la situation médicale ou à un soutien de fin de semaine en cas de pépins?

En bout de piste, je pense que le ministre Bolduc a le bon bout du bâton. Il ne lui reste qu'à faire preuve de ténacité et d'audace.

RD

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