dimanche, janvier 20, 2013

 

Et si les vieux créaient leurs propres maisons de retraite ?



Voici un article paru récemment en Europe et qui s'insurge contre les grandes résidences pour personnes âgées. Il y a lieu de se poser des questions face à nos propres coutumes.

 (Une maison avec des coeurs)

Ils sont actifs, bien dans leur tête… et ont une aversion viscérale pour les maisons de retraite. Loin d’être gâteux, les nouveaux vieux entendent retrouver leur liberté. Pour leurs vieux jours et se sentir paisibles, ils veulent de nouvelles formes d’hébergements. Et surtout, ne pas passer par les organismes spécialisés.

De nombreuses maisons de retraite ne donnent pas envie : infantilisation, perte d’indépendance, moral qui flanche, prix exorbitants… Pour neuf Français sur dix, il est préférable de vieillir à son domicile, selon un sondage OpinionWay, publié le 6 avril, par l’Observatoire de l’intérêt général.

Mais chez soi, le vide peut aussi devenir un compagnon d’infortune.

Source de l'information : Article de Magali Sennane, Le Nouvel Observateur, août 2012
http://www.rue89.com/2012/08/06/et-si-les-vieux-creaient-eux-memes-leurs-maisons-de-retraite-234354


L’idée


La nouvelle génération de personnes âgées a donc eu l’idée de se regrouper et de vivre ensemble. Le concept existe depuis plusieurs années en Europe du Nord. Il a, depuis, dépassé les frontières. Ce type de colocations version troisième âge commence à se développer en France. Plus qu’un simple logement, ces cohabitations s’inscrivent dans un vrai projet de vie, sur le long terme. Ancienne psychosociologue ayant vécu en coloc’, Christiane Baumelle, 71 ans, a conçu avec son association La Trame, les Cocon3s (pour solidaire, senior, solo). L’organisme aide les seniors à créer des unités de vie collective :
« On veut se gérer entre nous et apporter nous-mêmes une réponse à la solitude. On se sent mieux dans une maison habitée. Les maisons de retraite, tout le monde y va les pieds devant ! »
Sept cocons ont déjà éclos un peu partout en France, depuis leur création en 2007.

Passer son annonce sur Le Bon Coin

Jean-Marie Jarnac, 68 ans, vit en colocation avec deux femmes de 73 et 65 ans, dans les Pyrénées. Enthousiaste, il n’y voit que des avantages :
« On loue une maison de 360 m² pour 330 euros par mois. Mais surtout, depuis un an, nous partageons nos vies. Ça nous a ouvert d’autres perspectives, c’est exaltant ! Il n’y a pas de routine. Il ne faut pas croire qu’on reste tous les trois à jouer au Scrabble ou à faire du macramé, on a plein d’activités, ensemble ou pas ! »
Jean-Marie et ses colocataires se sont trouvés grâce à une annonce passée sur Le Bon Coin. Deux rencontres collectives et quelques mois plus tard, ils emménageaient ensemble.

L’habitat groupé, entre femmes

À Montreuil, en banlieue parisienne, une bande de femmes aux caractères bien trempés a opté pour l’autogestion. Surnommées les Babayagas, elles ont misé sur l’habitat groupé. Un projet imaginé en 1995 par Thérèse Clerc, 85 années à peine perceptibles et toujours féministe dans l’âme. La maison des Babayagas doit se terminer en septembre. Les 25 logements seront répartis sur un immeuble de six étages : 21 pour les « Babas » et quatre, réservés à des jeunes. Le rez-de-chaussée de 127 m² sera entièrement destiné aux équipements sportifs, au matériel informatique et à l’Université du savoir des vieux (Unisavie).

Pour le moment, si les « Babas » vivent toujours dans leurs logements respectifs, elles se retrouvent toutes les semaines pour prendre leurs décisions de façon collégiale par rapport à leur future habitation. Entre leurs apparentes petites vacheries et les blagues qui n’arrêtent pas de fuser, l’ambiance est très conviviale. Pour Thérèse Clerc, cette maison a aussi une vocation militante :
« Nous avons choisi les femmes, parce qu’elles sont les plus pauvres et les plus seules. Elles sont extrêmement faibles dans la vieillesse. Déjà que les femmes sont les invisibles de la société, vieilles, elles deviennent les invisibles des invisibles. »
Aucune n’appréhende la vie en communauté. « Au pire, on a prévu l’arsenic », s’amusent les Babas. Plaisanteries à part, elles s’accordent toutes pour dire qu’elles rient énormément et ont hâte d’emménager.

Ce qu’il reste à faire

Les seniors qui s’engagent dans cette aventure ont souvent une forte personnalité et apprennent à leurs dépens que parfois, « l’enfer, ce sont les autres ». Accrochages et étincelles font aussi partie du menu quotidien. Certaines communautés implosent. Christiane Baumelle a même publié, en janvier dernier, le « Manuel de survie des seniors en colocation » (éd. Tournez la page, janvier 2012). Et son association a lancé, depuis trois mois, un service de médiateurs, qui suivent et accompagnent les candidats. :
« Il faut se poser des questions sur sa capacité à vivre en communauté et à créer des liens. Ce n’est pas la maison qui fait que ça fonctionne ou pas, c’est le groupe. »
Bien que le phénomène prenne de l’ampleur en France, il est difficilement quantifiable. Du côté de Cocon3s, une dizaine d’autres coloc’ sont en gestation. Pour l’instant, les femmes sont plus nombreuses à s’intéresser à la question. Les mentalités évoluent doucement. Certains seniors se disent séduits par l’idée, mais ne l’envisagent pas tant qu’ils se sentent autonomes. Erreur stratégique, estime Jean-Marie :
« C’est quelque chose qui s’organise à l’avance. Il ne faut pas attendre. »
Et trouver des habitants n’est pas facile. Jean-Marie déplore « l’absence de site attrayant, gratuit et bien fait, avec des informations pertinentes », qui recenserait toutes les offres. Lui et ses colocataires peinent d’ailleurs à trouver leur quatrième cohabitant. Avis aux amateurs…

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Il n'est pas certain que nous ayons expérimenté, au Québec, toutes les formules gagnantes pour les Seniors. Quand on regarde ailleurs, on s'aperçoit qu'il existe de nouvelles formes de résidences, plus personnalisées, plus proches du chez soi habituel et que les Seniors peuvent se prendre en main, même dans les cas de personnes semi-autonomes.

À nous, de se réveiller et d'agir pour notre plus grand bien!

RD

 

Des résidences pour aînés sabreront les services personnels



(Article de Tommy Choinard, La Presse, 18 janv. 2013)

Ci-contre, résidence pour personnes âgées semi-autonomes, Laval)

Des résidences pour personnes âgées autonomes s'apprêtent à éliminer des services pour éviter d'être sous le coup de nouvelles normes plus sévères et coûteuses.

Le gouvernement Marois doit adopter sous peu un nouveau règlement pour encadrer les quelque 2000 résidences pour aînés du Québec. Ce règlement instaurerait officiellement, pour la première fois, deux catégories de résidences: pour personnes âgées autonomes et semi-autonomes. Les normes sont plus sévères pour la deuxième catégorie, notamment en vertu du Code du bâtiment et pour ce qui est du nombre d'employés.

Seules les résidences pour personnes semi-autonomes seraient autorisées à offrir des «services d'assistance personnelle». Ces services vont de la distribution de médicaments à l'aide pour l'alimentation, l'hygiène ou l'habillage. Il n'est pas question de soins infirmiers. Il s'agit plutôt, par exemple, d'aider une personne âgée à se mettre des gouttes dans les yeux ou à enfiler des bas de soutien.

Or, de 85 à 90% des résidences pour personnes autonomes offrent ce type de soins à l'heure actuelle, selon Yves Desjardins, président du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA). 

Elles deviendraient du jour au lendemain des établissements pour aînés semi-autonomes, en vertu du nouveau règlement. Selon M. Desjardins, les normes qui s'y appliqueraient feraient augmenter les loyers et aggraveraient les ennuis financiers de plusieurs résidences.

Des propriétaires veulent donc mettre fin aux services d'assistance personnelle pour éviter d'être classées dans la catégorie «semi-autonomes». «Il y en a qui vont le faire parce que c'est beaucoup plus coûteux d'être semi-autonome. Un propriétaire de quatre résidences en Abitibi, de 635 unités, a déjà décidé de le faire», a indiqué M. Desjardins.

Transfert aux CLSC 
Les aînés qui souhaitent obtenir des services d'assistance personnelle devront se tourner vers leur famille ou les CLSC. Or, ces derniers sont débordés. Et ils négligent les personnes qui habitent dans des résidences, accuse M. Desjardins. «On l'a dit au gouvernement: si vous nous mettez ça trop serré, vous risquez d'avoir le problème. Mais il vit avec le risque et pense qu'il n'y aura pas de problème. Jusqu'à maintenant, on nous dit qu'il n'y aura pas de changements[au règlement]», a-t-il ajouté.

La protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, a dénoncé elle aussi le fait que les résidences pour personnes âgées autonomes ne pourraient plus offrir de services d'assistance personnelle. «Est-ce à dire qu'une personne habitant cette catégorie de résidence pour aînés devra déménager dès qu'elle aura besoin d'un peu d'aide pour se souvenir des heures de repas? Ou simplement pour mettre ses bas le matin?», se demande-t-elle dans un avis transmis au gouvernement l'an dernier. Elle recommande à Québec de revoir la définition des catégories. De son côté, le RQRA propose de s'inspirer d'autres provinces canadiennes et de créer trois catégories (autonomes, soins légers et soins lourds) qui auraient des normes propres.

Le nouveau règlement découle de la loi que le gouvernement Charest a adoptée pour améliorer la qualité des services dans les résidences pour aînés. La première mouture du règlement a été déposée - mais pas adoptée - par les libéraux le 30 mai. Le gouvernement Marois a repoussé l'adoption du règlement, prévue en novembre. Une source confirme que le dossier a été abordé lors de la réunion du Conseil des ministres, mercredi. Il devrait de nouveau en être question à la réunion du 30 janvier. Au cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, on a refusé de commenter l'affaire.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Un dossier à suivre attentivement. À première vue, on pourrait porter le jugement suivant : c'est donc difficile d'agir correctement et de copier ce qui se fait de mieux ailleurs, surtout dans la province voisine de l'Ontario !!!!

Notre bourgeoise de Première Ministre n'aura sûrement pas besoin d'habiter ce genre de résidences et de faire la distinction entre résidences pour personnes âgées autonomes et semi-autonomes. Mais, à l'âge où elle est rendue (65 ans), il pourrait lui arriver des « choses » comme le reste du monde ordinaire. Après tout, elle est entrée dans la période de l'âge d'or, depuis quelques années déjà.

RD

jeudi, janvier 17, 2013

 

Mourir dans la dignité pour tous les Québécois


 


(Article de Charles Lecavalier, Journal de Québec, 15 janvier 2013)


Les patients atteints d’Alzheimer pourront se prévaloir de l’aide médicale à mourir, selon des experts mandatés par Québec pour assurer la légalité des recommandations de la commission Mourir dans la dignité.

De décision unanime, les députés membres de la commission ont pourtant exclu les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer pour recevoir une aide médicale à mourir. Ils ne fermaient toutefois pas complètement la porte pour l’avenir.

Me Jean-Pierre Ménard, président du comité qui a accouché, mardi, d’un rapport de plus de 400 pages sur la question, a souligné qu’il n’est pas question d’ouvrir la porte au «suicide assisté» et que ses travaux portent uniquement sur l’interruption de soin en «fin de vie.»

Par ailleurs, une personne pourra formuler à l’avance une «demande d’aide médicale à mourir» devant un notaire et deux témoins. Cette demande ne pourra pas être antérieure de plus de cinq ans à une demande de «sédation palliative terminale» par exemple.

À partir de ce moment, le médecin traitant et le consultant «n’auront pas à s’assurer que la décision n’est pas générée par une maladie mentale», mais l’imminence du décès devra être évidente.

Projet de loi cette année

La ministre déléguée aux Services sociaux, Véronique Hivon, «souhaite» légiférer sur la question avant l’été. À tout le moins, un projet de loi devrait être déposé cette année.

La pratique existe déjà dans l’ombre et la ministre veut l’encadrer. Durant la conférence de presse, M0e Ménard a d’ailleurs dénoncé les situations ou des personnes vulnérables qui n’ont pas donné leur consentement préalable pourraient recevoir une sédation terminale.

Il demande par contre une meilleure reconnaissance des droits de refuser des soins médicaux pour éviter l’acharnement thérapeutique.

Véronique Hivon a le «sentiment que le consensus social est très fort» sur la question. Elle estime avoir toute la latitude par rapport à Ottawa pour légiférer sur la question.

Assise juridique

L’ancien gouvernement avait commandé ce rapport pour s’assurer qu’Ottawa ne pourrait contester une loi éventuelle, puisque le droit criminel relève d’Ottawa. Selon Mme Hivon, ce rapport fait la preuve que Québec a une assise juridique pour légiférer.

En mars 2012, la commission parlementaire spéciale sur la question de mourir dans la dignité avait recommandé au gouvernement de permettre et d’encadrer l’aide médicale à mourir, sous certaines conditions

RD

vendredi, janvier 11, 2013

 

Vieillir dans la dignité ou avoir un bon fonds de pension


 

 (Article de Jean-Jacques Samson, Journal de Québec, 11 janvier 2013)

Le dossier très peu sexy des régimes de retraite sera à l’avant-plan du débat politique au Québec en 2013.

Le rapport du comité d’experts présidé par M. Alban D’Amours et mis sur pied à la fin de 2011 pour étudier l’avenir des régimes de retraite est fort attendu. Ceux des municipalités accusent un déficit actuariel de 5 milliards de dollars. Le gouvernement du Québec doit soutenir en partie les régimes de retraite des employés des villes de Montréal et de Québec avec les impôts et les taxes des travailleurs qui souvent n’ont même pas un régime de retraite. Cette injustice doit cesser.

Les employés du secteur public devront bien accepter un jour un relèvement de leurs cotisations et un report de l’âge de la retraite.

Du côté du secteur privé, les entreprises sont nombreuses à chercher à se défaire des régimes de retraite à prestations déterminées. Quelque 15 % des 3,9 millions de détenteurs d’un emploi au Québec jouissent d’un tel régime qui met leurs rentes à l’abri des aléas du marché boursier. La faiblesse des taux d’intérêt et la prolongation de l’espérance de vie mettent en péril la pérennité de ces régimes.

Une bonification du régime des rentes auquel participent tous les travailleurs s’inscrit aussi à l’intérieur du nouveau contrat social qui ressortira de ce vaste chantier, en 2014 vraisemblablement, après une large tournée d’information et de consultation. L’objectif est d’en arriver à une refonte de la Loi sur les régimes complémentaires de retraite. Ce dossier complexe est maintenant piloté sur le plan politique par la ministre du Travail, Agnès Maltais, responsable de la Régie des rentes du Québec.

Sujet sensible

L’affrontement sur cette question entre le maire Régis Labeaume et les syndicats des employés municipaux de Québec montre bien à quel point le sujet est sensible. Les employés, tant du privé que du public, s’accrochent à leurs acquis. Ils font porter aux employeurs la responsabilité des déficits actuariels en raison des congés de cotisation qu’ils ont pu prendre dans les périodes de vaches grasses.

C’est un raccourci trop facile, qui ne tient pas compte de l’alourdissement des charges des régimes en raison de la modification des courbes démographiques et de la faiblesse des taux d’intérêt.

La sécurité financière à la retraite inquiète par ailleurs de nombreuses personnes qui appréhendent la perte de leur revenu de travail.

Enfin, parce que la retraite est affaire de planification, les modifications aux règles du jeu sont toujours étalées sur de longues périodes, même si le problème budgétaire causé par les régimes de retraite à prestations déterminées étrangle actuellement les organisations qui en remorquent.
Pour toutes ces raisons, ceux qui visent des virages en épingle se leurrent.

Glisser dans la pauvreté

Beaucoup trop de personnes glissent dans la pauvreté au cours de la dernière étape de leur vie, après avoir pourtant sué au travail toute leur vie pour un revenu qui suffisait tout juste pour joindre les deux bouts. C’est le sort de cette catégorie de gens qu’une réforme du système de retraite doit améliorer en priorité. Ces personnes ont acquis tout autant que les syndiqués du secteur public le droit de vieillir dans la dignité.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

La faiblesse des taux d'intérêt actuels ne devrait pas durer éternellement. Il était prévu par la Banque du Canada que les taux d'intérêt commenceraient à monter dès cet automne. Mais pour diverses raisons (alignement des taux canadiens avec la Banque centrale américaine, l'impact sur le marché immobilier, le coût des hypothèques, l'endettement des consommateurs,...), tout a été arrêté.

La politique monétaire du gouvernement canadien de restreindre la hausse des taux d'intérêt ne pourra pas toujours se poursuivre. Le capital doit être raisonnablement rémunéré sinon l'épargne va baisser et les investissements ou immobilisations de toutes sortes n'auront pas lieu ou seront réduits, faute de capitaux disponibles.

À partir du moment où les taux d'intérêt vont remonter à un niveau normal, le renflouement des régimes de retraite ou des fonds de pension devrait graduellement se produire. Et, cela devra être pour bientôt, sinon ce sera la catastrophe.

RD    

This page is powered by Blogger. Isn't yours?