vendredi, janvier 11, 2013

 

Vieillir dans la dignité ou avoir un bon fonds de pension


 

 (Article de Jean-Jacques Samson, Journal de Québec, 11 janvier 2013)

Le dossier très peu sexy des régimes de retraite sera à l’avant-plan du débat politique au Québec en 2013.

Le rapport du comité d’experts présidé par M. Alban D’Amours et mis sur pied à la fin de 2011 pour étudier l’avenir des régimes de retraite est fort attendu. Ceux des municipalités accusent un déficit actuariel de 5 milliards de dollars. Le gouvernement du Québec doit soutenir en partie les régimes de retraite des employés des villes de Montréal et de Québec avec les impôts et les taxes des travailleurs qui souvent n’ont même pas un régime de retraite. Cette injustice doit cesser.

Les employés du secteur public devront bien accepter un jour un relèvement de leurs cotisations et un report de l’âge de la retraite.

Du côté du secteur privé, les entreprises sont nombreuses à chercher à se défaire des régimes de retraite à prestations déterminées. Quelque 15 % des 3,9 millions de détenteurs d’un emploi au Québec jouissent d’un tel régime qui met leurs rentes à l’abri des aléas du marché boursier. La faiblesse des taux d’intérêt et la prolongation de l’espérance de vie mettent en péril la pérennité de ces régimes.

Une bonification du régime des rentes auquel participent tous les travailleurs s’inscrit aussi à l’intérieur du nouveau contrat social qui ressortira de ce vaste chantier, en 2014 vraisemblablement, après une large tournée d’information et de consultation. L’objectif est d’en arriver à une refonte de la Loi sur les régimes complémentaires de retraite. Ce dossier complexe est maintenant piloté sur le plan politique par la ministre du Travail, Agnès Maltais, responsable de la Régie des rentes du Québec.

Sujet sensible

L’affrontement sur cette question entre le maire Régis Labeaume et les syndicats des employés municipaux de Québec montre bien à quel point le sujet est sensible. Les employés, tant du privé que du public, s’accrochent à leurs acquis. Ils font porter aux employeurs la responsabilité des déficits actuariels en raison des congés de cotisation qu’ils ont pu prendre dans les périodes de vaches grasses.

C’est un raccourci trop facile, qui ne tient pas compte de l’alourdissement des charges des régimes en raison de la modification des courbes démographiques et de la faiblesse des taux d’intérêt.

La sécurité financière à la retraite inquiète par ailleurs de nombreuses personnes qui appréhendent la perte de leur revenu de travail.

Enfin, parce que la retraite est affaire de planification, les modifications aux règles du jeu sont toujours étalées sur de longues périodes, même si le problème budgétaire causé par les régimes de retraite à prestations déterminées étrangle actuellement les organisations qui en remorquent.
Pour toutes ces raisons, ceux qui visent des virages en épingle se leurrent.

Glisser dans la pauvreté

Beaucoup trop de personnes glissent dans la pauvreté au cours de la dernière étape de leur vie, après avoir pourtant sué au travail toute leur vie pour un revenu qui suffisait tout juste pour joindre les deux bouts. C’est le sort de cette catégorie de gens qu’une réforme du système de retraite doit améliorer en priorité. Ces personnes ont acquis tout autant que les syndiqués du secteur public le droit de vieillir dans la dignité.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

La faiblesse des taux d'intérêt actuels ne devrait pas durer éternellement. Il était prévu par la Banque du Canada que les taux d'intérêt commenceraient à monter dès cet automne. Mais pour diverses raisons (alignement des taux canadiens avec la Banque centrale américaine, l'impact sur le marché immobilier, le coût des hypothèques, l'endettement des consommateurs,...), tout a été arrêté.

La politique monétaire du gouvernement canadien de restreindre la hausse des taux d'intérêt ne pourra pas toujours se poursuivre. Le capital doit être raisonnablement rémunéré sinon l'épargne va baisser et les investissements ou immobilisations de toutes sortes n'auront pas lieu ou seront réduits, faute de capitaux disponibles.

À partir du moment où les taux d'intérêt vont remonter à un niveau normal, le renflouement des régimes de retraite ou des fonds de pension devrait graduellement se produire. Et, cela devra être pour bientôt, sinon ce sera la catastrophe.

RD    





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