dimanche, janvier 28, 2007

 

L’immortalité (5) : finalement, l’homme peut-il jouer à DIEU ?

En octobre 1999, Jacques Dufresne, un philosophe québécois de grande renommée, prononçait une conférence à Sherbrooke. Dans le cadre d’un congrès de l'ASTED, (Association pour l'avancement des sciences et des techniques de la documentation), il abordait le triptyque délicat de l’immortalité, de la technologie et du millénarisme.

Pour terminer cette série d’articles sur l’immortalité, je vous présente de larges extraits de cette conférence. On y trouve de nombreuses réponses à notre dernière interrogation : « finalement, l’homme peut-il jouer à DIEU ? »

Technologie et millénarisme

« Un fait qui ressort maintenant, c'est que parmi les savants américains dont on parle le plus en ce moment ceux qui sont à la fine pointe de la recherche sur l'IA (l'intelligence artificielle) et sur la VA (la vie artificielle), un grand nombre n'ont pas caché leur credo millénariste. Selon Marvin Minsky, la PCO (personne en chair et en os) n’est qu’un « bloody mess of organic matter ». L’avenir, l’immortalité ne sont sûrement pas de ce côté.

La sociologue Sherry Turkle note que les adeptes les plus enthousiastes de l’IA (intelligence artificielle) sont persuadés qu’une fois capables de penser par elles-mêmes et dotées d’une super-intelligence, les machines vont se libérer de leurs liens avec l’organisme humain, et par là accéder à l’immortalité.

La liste des grands prophètes de cette immortalité post biologique et numérisée est déjà longue. J. Doyne Farmer, l’un des fondateurs du mouvement VA (vie artificielle) intégré depuis au mouvement IA (intelligence artificielle), ne manque pas d’audace dans ses prédictions : « D’ici cinquante à cent ans, un nouveau type d’êtres vivants aura vraisemblablement émergé. Ces organismes seront artificiels en ce sens qu’ils auront à l’origine été conçus par des êtres humains ; ils pourront cependant se reproduire et évoluer vers des formes de vie différentes de ce qu’ils étaient à l’origine. Selon toute définition raisonnable de la vie, ils seront des êtres vivants. Ils évolueront toutefois d’une façon particulière. Le processus évolutif étant devenu conscient, il sera beaucoup plus rapide que par le passé » (cité par Sherry Turkle in « The Second Self », New York, Simon and Shuster, 1984, p. 353…) »

Earl Cox, gourou de l’IA, explique dans « Beyond Humanity : Cyber revolution and Future Mind » que nous vivons le déclin de la civilisation et l’aube de la super-civilisation robotique. Nous allons transférer le contenu de nos esprits dans ces vaisseaux créés par nos enfants mécaniques… Libérées de notre fragile forme humaine, ces intelligences humaines artificielles vont transcender les timides concepts de déité et de divinité tenus aujourd’hui pour vrais par les théologiens.
Daniel Crevier, autre spécialiste réputé de l’IA, soutient quant à lui, en s’appuyant sur l’Ancien et le Nouveau Testament, que l’immortalité numérique n’est pas incompatible avec le dogme chrétien de la résurrection des corps. « Il est certain, écrit-il, que l’information et l’organisation constituant notre esprit auront besoin d’un quelconque support. Le Christ est ressuscité dans un nouveau corps ; pourquoi ce nouveau corps ne serait-il pas une machine » (Daniel Crevier, « The tumultuous History of the search for Artificial Intelligence », New-York, Basic Books, 1993, pp 278-80…)

Voilà peut-être le fin mot de la cyber-théologie. Dans « The Age of Mind, Transcending the Human Condition through Robots », Hans Moravec, de l’Université Carnegie-Mellon, décrit avec précision les mécanismes de la nouvelle apothéose : « Il est facile d’imaginer comment la pensée humaine pourrait se libérer de ses liens avec un corps mortel. De même, explique-t-il, que l’on peut transférer un processus de traitement de données d’un ordinateur à un autre, de même on pourrait transférer l’activité intellectuelle d’un esprit humain à un ordinateur (cité par David F. Noble, op. cit., p. 162…) ». Moravec va même jusqu’à décrire l’intervention chirurgicale consistant à greffer le cerveau humain sur un ordinateur. Au fur et à mesure que le cerveau s’affaiblirait avec l’âge, l’ordinateur prendrait le relais pour remplir ses principales fonctions. Et ainsi, à condition que l’on fasse suffisamment de copies de ce logiciel personnalisé, son propriétaire d’origine serait pratiquement assuré de l’immortalité.

« Les religions, écrit de son côté Michael Benedikt, président de Mental Tech inc., sont nourries par le ressentiment que nous éprouvons à l’égard de nos corps boueux, limités, et ultime tricherie, mortels. La réalité, c’est la mort. Si seulement nous le pouvions, nous pourrions aller de par la terre, sans jamais quitter nos maisons, vaincre sans périls, goûter aux fruits de l’Arbre sans être punis, convoler chaque jour avec des anges nouveaux, entrer au paradis, échapper à la mort (cité par David F. Noble, op. cit., p. 159…) »

Y a-t-il beaucoup de savants contemporains plus sérieux et plus généralement respectés que John von Neuman, le père de l’ordinateur ? Il faut savoir qu’au moment où il s’est consacré à la cause de la guerre nucléaire préventive, il a commencé à soupeser les similitudes logiques entre la vie et la machine, et à développer une théorie des automates cellulaires capables de se reproduire. Cette théorie constitue la base des recherches actuelles en VA (cité par David F. Noble, op. cit., p. 166…)

Au-dessus de Von Neuman, parmi ceux que l’on considère comme les prophètes du nouveau super-monde, il y a un homme, qui fut aussi célèbre comme théologien que comme savant : Teilhard de Chardin. Au milieu du présent siècle, le théologien Teilhard de Chardin a créé le mot noosphère pour désigner l’univers d’information en train de se constituer, avec l’aide des moyens techniques, au-dessus de ce qu’on appelait déjà la biosphère. Pour beaucoup de gens, la noosphère et le virtuel constituent une même nébuleuse parée de tous les prestiges : ceux du réel aussi bien que ceux du spirituel de jadis. Le cyborg est la symbiose entre cette nébuleuse et le corps humain.

Teilhard compte des disciples nombreux et enthousiastes parmi les pionniers d’Internet. Le plus influent d’entre eux est le cyber-cowboy John Perry Barlow. Ce que Teilhard a dit, estime Barlow, peut se résumer en une phrase simple : « Le but de toute évolution ayant eu lieu jusqu’à ce jour est la création d’un organisme collectif de l’esprit ». Pour Barlow, Teilhard est le grand prophète du Cyberespace. Et il commente : « L’idée que le cerveau de chacun puisse s’intégrer à un réseau formé de tous les autres cerveaux, ne pouvait qu’avoir des implications théologiques pour le mystique hippie que je fus cité par Gundolf F. Freyermuth, in Die Welt, 28 mars 1998… ». « A globe, clothing itself with a brain ». Cette traduction anglaise d’une pensée de Teilhard est l’équivalent d’un mantra pour de nombreux internautes californiens.

L’évolution, selon Teilhard, n’est pas un phénomène purement biologique qui s’expliquerait par le hasard et la nécessité. Les phénomènes ont leur dehors et leur dedans. Le dedans de l’évolution c’est l’esprit, un esprit qui oriente les transformations des êtres vivants vers un degré de perfection sans cesse plus élevé. Au degré le plus élevé, Teilhard associe des mots tels que point oméga, plérôme, milieu divin. Alors que les évolutionnistes les plus audacieux avaient à peine osé imaginer un animal encore plus raisonnable, plus évolué que l’homme, Teilhard prédit un nouveau type d’évolution, une évolution de la conscience dans la noosphère, un nouveau milieu lui-même plus évolué que la biosphère dont il est issu. L’ensemble des cerveaux humains réunis par des moyens de communication assurant la simultanéité des échanges constitue la noosphère.

Le marxisme a été un millénarisme, dont les grands prêtres ont aussi pactisé allègrement avec le pouvoir, tout en obtenant du peuple qu’il renonce à tout bonheur présent, sinon à sa vie même, pour préparer les lendemains qui chantent. Et que dire des mille ans du troisième Reich ! Nous découvrons…que le progressisme libéral et démocratique poursuit les mêmes fins.

Tel est le puissant courant par lequel nous sommes emportés vers l'immortalité terrestre et qui en attendant fait de nous des croisés de la religion cathodique… Il n'est pas facile de nager contre un tel courant caractérisé non seulement par le culte de la technologie, mais aussi par le prix que l'homme a dû payer pour réussir sur ce plan : la désincarnation, la montée du formalisme et par ce mal du siècle que Sifneos appelle l'alexythimie et qu'il définit comme « a condition of limited fantasy and emotional life », un état caractérisé par l'appauvrissement de l'imaginaire et de l'affectivité.

Le remède que propose Noble me paraît être d'une portée bien limitée. Après avoir reconnu que l'utopie millénariste a été pendant longtemps un puissant facteur de réel progrès, il constate que la convergence millénaire de la technologie et de la transcendance a survécu à l’utilité historique qu’elle a pu avoir dans le passé. Au fur et à mesure, conclut-il, que notre entreprise technologique prend des proportions terrifiantes, il devient plus essentiel de la détacher de ses fondements religieux. À force de poursuivre l’impossible, on risque de détruire la bonne vie encore possible. C'est à cette bonne vie que Noble nous invite. Plutôt dit-il que de nous entêter à coup de myriade de milliards, à créer des villes dans l'espace et à vouloir donner l'immortalité sur terre à des hommes qui n'y trouverait qu'un incurable désespoir, pourquoi dit-il ne luttons-nous pas plus efficacement contre la pauvreté, pourquoi ne préférons-nous pas le petit bonheur d'occasion, le moindre moment d'un bonheur souhaité à cette vaine et froide éternité…

Noble, hélas, réduit la transcendance au paradis millénariste. L'idée grecque d'une immortalité à laquelle on accède par la purification et l'idée chrétienne d'un royaume de l'amour n'est pas de ce monde, lui semblent totalement étrangères. L'hédonisme et l'altruisme unidimensionnels qu'il propose n'ont guère plus de sens que le paradis millénariste qu'il dénonce avec raison.

Il faut répondre à la question suivante: comment se fait-il que ce soit dans les pays dominés par la religion du Dieu incarné que les hommes se sont désincarnés au point de considérer leurs corps comme une machine et de désirer s'immortaliser sur un disque dur. On peut voir là un prétexte pour tourner le dos à cette religion. J'y vois plutôt une raison de tenter de la retrouver après sept ou huit siècles d'éloignement. »

CONCLUSION

Il est clair que nous restons toujours seuls face à notre destin individuel. L’immortalité est loin d’être un acquis pour l’espèce humaine si la Foi religieuse ne fait plus partie intrinsèque de notre existence terrestre. Par ailleurs, la marche continue de l’humanité vers plus de savoirs et de connaissances peut nous réserver de grandes surprises dans le futur. Pourvu, évidemment, que nous adoptions des comportements qui assurent la pérennité de l’humanité composée de races d’hommes fort diversifiées, ayant des croyances religieuses différentes et des liens culturels multiples.

Les bonds fulgurants de la Science dans les deux derniers siècles sont garants de nouvelles découvertes dont les tenants et aboutissants nous sont inconnus pour l’instant. Nous apprenons lentement à équilibrer Raison et Passion, après des millénaires de lutte contre l’obscurantisme sous toutes ses formes. Finalement, dans l’intervalle, ne vaudrait-il pas mieux apprendre à composer avec notre environnement terrestre ?

L’humain, qui comprend son destin tragique de devoir tirer sa révérence un de ces jours, devrait se donner les moyens et les conditions de bien s’assumer dans les derniers moments de son existence. Tout devrait être mis en œuvre pour préserver son bonheur au quotidien, du premier jour de la vie jusqu’à son tout dernier.

À cet égard, les moyens ne manquent pas. Mais, ce sont les mentalités et les croyances religieuses qui font obstacles à ces nouvelles avenues. Autant il est maintenant accepté que l’on puisse enfanter sans douleur, autant il devrait être possible d’aspirer dans les derniers moments de la vie, à un rite de passage basé sur l’extase plutôt que la souffrance ou la douleur. Ce dernier moment de conscience devrait être perçu comme une forme de nirvana qui nous donne l’illusion du paradis sur terre, une forme de cocktail de bonheur ultime en hommage à la vie humaine.


Ce passage à trépas, planifié par les hommes pour les hommes, dans le respect des désirs de tous et chacun, devrait être mis au point en priorité, avant de trouver la solution ultime à l’immortalité de l’âme ou la fontaine de Jouvence. Au lieu de continuer à rester passifs, face aux diktats de la Nature comme nous le faisons maintenant, la plupart du temps…

RD

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jeudi, janvier 25, 2007

 

L’immortalité (4) : un point de vue philosophique…

Poussons la réflexion un peu plus loin à l'aide d'un article TRÈS INTÉRESSANT, relativement récent et qui fait le POINT sur la question de l’immortalité de l’homme. Il s'intitule « Immortalité : l’ultime conquête de la liberté » et a été écrit par le professeur David Nicholas en 1991 (et édité en français le 6 mars 2003).

http://www.immortalite.fr/doc/spip.php?article14

Source : Publication originale anglaise dans les « Cultural Notes de la Libertarian Alliance » (UK) en 1991.

« Le fait toujours répété de la mort rend en fin de compte tout discours sur la liberté futile. Des conceptions courageuses de la liberté qui acceptent passivement la certitude de la disparition personnelle sont, de plus en plus, perçues comme une rhétorique creuse. Les dieux nous ont déserté et nos excuses malines pour oublier sont usées. Dans nos cœurs nous savons qu’il y a un problème réel dans notre condition, et pourtant, confrontés au caractère inéluctable de notre destin, nous reculons devant les conséquences évidentes : se sauver ou périr.

Le vide qui approche

Ayant perdu la perspective d’une survie par intervention surnaturelle, l’homme laïc occidental est traumatisé. De plus en plus la vie semble absurde, et la peur de la mort et du rien est juste sous la surface de notre conscience quotidienne. (1) Bien que les structures et les institutions de la croyance religieuse subsistent, leur fonction est désormais largement sentimentale et cérémoniale. Ceux qui croyaient se sont enfuis, au profit du supermarché spirituel post-psychédélique, dans une recherche affolée de nouvelles réponses au problème de la mort. Un des prophètes modernes de l’immortalisme, Alan Harrington, défend que l’anticipation de la mort est maintenant le plus important des facteurs, pris isolément, qui déterminent le comportement humain.(2)

Les effets sont subtils mais on ne peut pas s’y tromper. En limitant notre horizon à une simple vie humaine, le vide qui approche ajoute une urgence et un désespoir dans nos projets. Il y a une accélération palpable, une sensation de manque de temps. On considère parfois qu’il s’agit d’une réponse à la menace d’une extermination massive suite à une conflagration nucléaire ; mais la mort d’un grand nombre est une abstraction : la mort est seulement compréhensible au niveau individuel où on en fait l’expérience. Dans tous les cas, les soucis quant aux modalités de notre départ sont réduits à pas grand chose face à la certitude grandissante que rien n’y fait suite. Sans la perspective de continuité, la vision est tronquée, et le court-terme domine dans un monde fébrile. Nos soucis concernant l’avenir commencent à disparaître avec la vraisemblance de notre disparition. Et pourtant, pour éviter l’effondrement émotionnel, nous sommes conduits à mettre en place des stratégies de défense.

« Nous mourons avant de mourir »

Une réponse commune est d’éluder notre destin en cherchant des distractions qui nous aident à réduire notre impression de séparation : « sexe, drogue et rock’n’roll », comme dit la chanson. On se jette dans le travail ou dans le jeu ; dans la conformité ; on vit les systèmes et les croyances d’autres personnes. Par des actions en commun et la chaleur organique de la foule, nous parvenons à une forme d’immortalité collective dans laquelle on se fond, mais à un prix élevé. En devenant littéralement « absents », notre précieux ego voué à se dissoudre dans la mort est délibérément déconstruit avant terme. Comme le dit Harrington, nous « mourons avant de mourir », et « on se suicide à crédit ». (3) Tragiquement, en sacrifiant notre ego rationnel, nous détruisons la seule vraie clé de notre salut. D’autres ragent devant la mort. Réduits à une apparence fugitive dans l’arène de la vie, des hommes désespérés recherchent des manières toujours plus bizarres d’ériger des monuments à leur existence. Le tueur en série, l’assassin, le sniper sur le sommet du toit et le pirate de l’air solitaire disent tous : « Ne m’oubliez pas. Tuez-moi s’il le faut mais ne m’oubliez pas. » Des réponses faites par des hommes plus « sophistiqués » semblent profondes mais, comme elles laissent notre condition inchangée, elles sont tout aussi futiles.

Prendre une pose subtile (« Un homme qui a peur de la mort n’a jamais vraiment vécu ») ou faire des jeux mots (« La mort n’existe pas vraiment ») sont des attitudes qui peuvent faire illusion. Mais au milieu de la nuit, seul dans le vide, le fataliste malin veut ce que nous voulons tous : la survie. N’ayant pas le courage de se rebeller ouvertement, il est conduit à se reposer sur des notions toujours plus diluées et indirectes de continuité. L’ersatz habituel « d’immortalité », à savoir la survie par sa descendance, a enfanté une variante : la survie par les gènes. Ainsi, Richard Dawkins dans Le gène égoïste défend l’idée que la seule fonction d’un corps humain est de promouvoir la survie de notre ADN. (4) Le développement final de cette ligne de pensée est que le corps est, en dernière analyse, pure Énergie et en conséquence indestructible : la mort apporte simplement un changement de forme : de tels sophismes peuvent sembler attirant à certains, sur un mode désincarné, mais ils ne peuvent que retarder notre assaut sur le seul vrai ennemi, qui est notre disparition personnelle.

L’immortalité physique personnelle

Un autre groupe, qui professe une préoccupation pour l’enquête scientifique dépassionnée, mais qui présente une impulsion religieuse à peine voilée, s’accroche aux vestiges du dualisme cartésien. Mais tandis que la science met de mieux en mieux en évidence la base physique du comportement et de l’expérience, ils battent une perpétuelle retraite, traquant le « Dieu des Trous ». Tout élément tendant à confirmer une activité mentale « indépendante », aussi peu substantielle qu’elle soit, conduit à considérer celle-ci comme le dernier refuge de l’âme, et de l’espoir d’une immortalité incorporelle. La parapsychologie offre une source fertile d’exemples.

Le sceptique James Randi, cité par John Taylor dans « La science et le surnaturel » [Science and the Supernatural] (5), commentant la façon dont un groupe de PhD en physique, chimie et mathématique, pouvaient atteindre des conclusions aussi contraires à leur science, écrit : « Parce que j’ai vu ce que des hommes adultes sont prêts à faire pour satisfaire un profond désir de croire. » Et même, en supposant que ces personnes aient raison, pouvons-nous vraiment concevoir comment une immortalité incorporelle pourrait être satisfaisante ? Tous les éléments suggèrent que la personnalité se développe avec le corps et est inséparable de lui. Comme l’a écrit Wittgenstein : « Le corps humain est la meilleure image de l’âme humaine. » (6) Ce que nous voulons est l’immortalité physique personnelle, rien de moins ; survivre en tant qu’unité psychosomatique, avec tous nos souvenirs, pensées, espoirs et désirs intacts.

La dissolution de la vie dans le néant

Les grands problèmes de la mort et de la survie étaient autrefois l’affaire des philosophes et des théologiens. Mais ni les uns ni les autres n’ont été épargnés par la diffusion du scepticisme, et tous deux se sont repliés sur des problèmes plus étroits. La philosophie académique a largement abandonné la métaphysique, en faveur d’une obscure analyse du langage, et l’église a tourné son attention vers des questions plus banales, sociales, et œcuméniques. La mort à présent semble quelque chose à ignorer, ou à accepter comme la grande donnée. La philosophie, selon Montaigne (7), consiste à apprendre à mourir. D’après Alan Harrington, c’est précisément parce qu’elle enseigne l’acceptation de la mort, que son utilité a atteint son terme : « La philosophie qui accepte la mort doit elle-même être considérée comme morte. » (8)

Seuls les existentialistes sont parvenus au plus près d’une compréhension fondamentale de la mort et de sa signification. Ceux qui s’expriment en tant qu’athées et sont habituellement et à juste titre considérés comme les plus purs représentants de l’école reconnaissent le paradoxe central : que la nécessaire liberté impliquée par l’absence de dieu est niée par la dissolution de la vie dans le néant. Ainsi Heidegger défend que, pour vivre de façon authentique, nous devons regarder bien en face et constamment la limite fixée par la mort, et accepter l’anxiété que cela apporte. La doctrine de la « mauvaise foi » de Sartre joue un rôle similaire, démasquant nos stratégies d’illusion, et nos tentatives d’éviter une réaction personnelle à la mort. Par exemple, en nous trouvant à nous-même un sens en tant que partie de quelque abstraction déifiée comme « l’Humanité », ou « la Nature », plutôt que d’accepter que nous devons seuls décider le sens de notre vie et de notre mort. Camus proteste contre « l’inachèvement de la vie humaine, exprimée par la mort », rejette le désespoir et lance un appel à la rébellion contre les conséquences implicites de la disparition : « Si rien ne dure alors rien n’est justifié. » (9)

Bien que les existentialistes aient offert une analyse particulièrement lucide, ils ne pouvaient en fin de compte défendre qu’une forme d’acceptation stoïque de notre condition ; sans éluder l’anxiété qu’elle implique, mais apparemment sans posséder le moyen de la défier. Même l’appel à la rébellion de Camus, bien qu’admirable, reste impuissant. Peut-être que les existentialistes étaient piégés dans une phase de transition, où la science avait miné la vision du monde religieuse, mais pas encore commencé à offrir ses propres solutions.

Dans les limites de la spéculation pratique

Si Camus a raison et que la mort est le vrai ennemi, alors ça n’est pas la vie après la mort que nous voulons, mais la fin de la mort elle-même, au moins comme conséquence inévitable d’être né. Qui relèvera alors le défi, contre le sens commun ? La plupart des penseurs « sérieux », bien qu’agités par les mêmes impératifs émotionnels que n’importe qui, évitent toute discussion publique de ce sujet, si ce n’est sur un ton moqueur. On voit ainsi, par exemple, des couvertures médiatiques occasionnelles des mouvements de cryonie ou d’extension de la vie, qui présentent ces mouvements sans entrer un seul instant en matière. Un chercheur main stream qui s’aventure dans cette zone est rapidement marginalisé comme excentrique, et ridiculisé par ses collègues. Comme Thomas Kuhn l’a montré, la science est loin d’être le processus purement rationnel et systématique qu’elle prétend être. (10)

Heureusement, un petit (mais grandissant) groupe de chercheurs hérétiques et d’auteurs spéculatifs défient les paradigmes actuels, et fournissent une plate-forme pour une discussion légitime de ce domaine. Ils défendent, avec une confiance croissante, que la science et la technologie peuvent fournir ce que la religion promettait autrefois ; le rêve immémorial d’immortalité peut ne pas avoir été infondé, mais seulement avoir dépendu davantage de la foi que des faits. Le progrès scientifique a maintenant commencé à permettre que l’immortalité personnelle soit, au moins, ramenée dans les limites de la spéculation pratique.

La fiction scientifique (« science-fiction » ou SF), fidèle à sa fonction révolutionnaire de remise en cause des paradigmes, a longtemps fourni un espace où explorer des réponses scientifiques au problème de la mort.

L’immortalité et la longévité extrême sont des motifs récurrents dans la SF, qui a exploré tant les aspects mécaniques que les implications sociales et psychologiques. L’éditeur et critique de SF Peter Nicholls, étudiant ce domaine, a fait la remarque que « dans certaines histoires, l’immortalité est le début de possibilités sans limite, dans d’autres, elle représente la stagnation ultime et la fin de l’innovation et du changement ». (11) Mais il y a de façon générale une reconnaissance que de tels thèmes exercent un pouvoir constant, étant typiques de l’esprit prométhéen propre au genre. Bien que parfois critiquée comme « évasion », il se pourrait que la SF aide en réalité à préparer le terrain pour une évasion littérale de la mort.

« Dans ce royaume nous sommes rois »

L’écrivain éclectique et philosophe néoexistentialiste Colin Wilson (12) a toujours montré un fort intérêt pour ce sujet. Dans sa vision très positive du potentiel qu’a l’homme à évoluer vers un statut divin par l’extension de sa conscience, l’extension de sa durée de vie apparaît comme une conséquence. Wilson a reconnu que dans son roman « Philosopher’s Stone », il a essayé d’écrire, comme son mentor Shaw dans « Back to Methusalah », une « parabole de longévité ». (13) Shaw ne peut tolérer aucune limite aux possibilités humaines. Il rejette les concepts religieux d’imperfectibilité et de prédestination (de même que le concept scientifique de déterminisme biologique). Wilson a une même motivation, mais dans une étude de ses romans, l’écrivain Nicolas Tredell (14) remarque une importante différence d’attitudes entre les deux hommes. Pour Shaw, une vie plus longue engendre une conscience plus grande ; pour Wilson une conscience plus grande engendre une vie plus longue. Ainsi, pour Wilson, la longévité est un but légitime en lui-même, dont il suggère qu’il sera atteint par un acte de volonté. Tant Wilson que Shaw semblent être d’accord que l’homme, d’une certaine façon, choisit la mort, souvent par manque d’un projet global, et par une disposition à accepter une vie passive à un niveau « animal ». Pour Wilson, ceci est réversible lorsque les hommes développent un projet d’évolution. En soutien à cela, il affirme même que les philosophes, les scientifiques et les mathématiciens ont, comme groupe, une plus longue espérance de vie que les poètes, les artistes et les musiciens.

Alan Harrington, auteur de « The Immortalist », un traité philosophique clé pour le mouvement d’extension de la vie, se rebelle lui aussi contre toutes les formes de déterminisme, mais il conduit ce rejet à sa conclusion logique : « La mort est une contrainte sur l’espèce humaine et elle n’est plus acceptable. » (15) Son projet est double : d’abord, nous débarrasser des mythes protecteurs et des stratégies psychologiques que nous utilisons pour éviter le fait central de l’existence : que nous mourons absurdement et disparaissons dans le néant. Ensuite : nous encourager à croire qu’à travers la science, non seulement nous pouvons, mais nous devons, construire notre propre divinité. Célébrant l’avenir de l’Homme Non-Naturel, Harrington cite Bertrand Russell en l’approuvant : « Nous sommes nous-mêmes les arbitres ultimes et irréfutables de la valeur, et dans le monde de la valeur, la Nature n’est qu’une partie. Ainsi, dans ce monde, nous sommes plus grands que la nature... Dans ce royaume, nous sommes rois et nous avilissons notre royauté si nous nous inclinons devant la nature. » (16)

Un traitement pour la maladie de la mort

Sur un plan pratique, bien qu’elle n’ait pas été annoncée comme telle, la route vers l’immortalité est déjà engagée. La technologie médicale continue à étendre notre compréhension de la mort clinique, à tel point qu’il n’y a plus d’accord universel sur ce que le terme signifie. Des transplantations multiples d’organes promettent de remplacer des parties de plus en plus importantes de nos corps avec des équipements artificiels, offrant la possibilité de repousser la mort de façon presque indéfinie.

Par le génie génétique, l’homme pour la première fois a les moyens d’influencer consciemment l’évolution biologique. Ainsi, si divers organismes ont des durées de vie naturelles différentes, sous l’influence significative de facteurs génétiques, alors des gènes différents ou modifiés pourraient permettre une vie plus longue. Il s’ensuit que si, comme certains le conjecturent, le vieillissement est dû à une accumulation d’erreurs dans la réplication de l’ADN, alors en théorie au moins du matériel sain et nouveau pourrait être inséré dans les cellules génétiquement défectueuses.

De nombreux individus en bonne santé témoignent des bénéfices que peuvent offrir des traitements d’extension de la vie, visant à ralentir et même à renverser le processus de vieillissement. Le régime, l’exercice et le rejet de styles de vie provoquant des dommages évidents, ont tous un rôle à jouer. De l’aide nous vient de la gérontologie, spécialement sur le plan de la nutrition. Roy L. Walford (17), un professeur de pathologie à UCLA, et ses collègues ont montré qu’en limitant fortement la prise de calories chez les rats, on obtenait une augmentation significative de la durée de vie. Walford pense qu’une approche similaire pourrait être suivie chez les êtres humains, et il suit lui-même un tel régime.

L’influence du mental sur la santé est bien attestée. Et en ce qui concerne spécifiquement le vieillissement, il semble qu’il y ait une forte composante culturelle qui joue. Les gérontologues sociaux remarquent que l’âge n’est pas seulement physique, mais aussi social. On attend des gens qu’ils se comportent d’une certaine manière qui correspond à leur âge, mais la plupart des comportements attendus ne sont reliés à aucun processus biologique, et ils varient considérablement à travers les sociétés et les périodes de l’histoire.

Étiqueter un individu comme « ancien » ou « senior », si c’est incorporé dans son image de lui-même, peut fonctionner comme une prophétie autoréalisante. Le déclin attendu en performance et en santé apparaît alors, confirmant la description originale. David Lewis, dans son livre « Life Unlimited » (18), envisage les remises de montre en or et autres rituels de passage à la retraite comme les équivalents occidentaux des malédictions aborigènes et vaudou. Lorsqu’un tel symbolisme est profondément enraciné dans une culture, ses effets sur la santé physique et mentale peuvent être profonds. Voir le vieillissement, au moins en partie, comme une construction sociale, c’est commencer à le mettre sous notre contrôle.

Ainsi, la bataille pour vaincre le vieillissement et la mort est engagée, bien que d’une façon fragmentée et diverse. Des gérontologues modestes dans des institutions respectables font des progrès solides quoique peu spectaculaires, et vont dans le même sens que l’aile radicale du mouvement, les défenseurs de la cryonie et de la suspension cryonique, et ceux qui spéculent sur le stockage mécanique des personnalités humaines : « l’âme électronique ». Tous sont en dernière analyse engagés dans le même projet bien que, sans consensus pour l’instant sur les causes du vieillissement, il manque à cette branche un principe unificateur, et comme Harrington l’observe, elle attend son Einstein. (19)

Peut-être que, avant que la science réponde plus complètement à ce défi, nous devons, comme le prétend Lyall Watson (20), rompre le lien culturel rigide entre la mort et la permanence en considérant la mort simplement comme une maladie, et pour cette raison comme quelque chose de provisoire, et parfois guérissable. Une fois que ce changement de paradigme a été réalisé, il ne sera pas plus « contraire à la nature » de rechercher un traitement pour la vieillesse et la mort que pour la maladie.

Devenir des dieux

Nous savons que nous devons le faire et que l’effet sera profond. Jonathan Schell, dans « Le destin de la terre » (21), bien que discutant de l’humanité dans son ensemble, n’en fait pas moins écho à notre projet : « En agissant pour sauver l’espèce, et repeupler l’avenir, nous échappons à l’isolement claustrophobique d’un présent voué au néant, et ouvrons le chemin d’un espace plus grand. » Avec la création d’un avenir ouvert pour les hommes individuels, nous donnons plus d’espace pour la réflexion et la sagesse. Shaw avait vu cela dans Mathusalem et Walford croit qu’un monde avec une population active de bi-centenaires ne serait pas seulement plus sage mais moralement meilleur, plus sain, avec un meilleur contrôle des passions humaines. Il y a peu de doute que les hérétiques vont commencer à occuper le terrain, que nous allons grandir et rechercher l’immortalité de la seule façon qui vaille.

C’est la science, l’intellect et l’analyse qui seront notre salut, pas le mysticisme. Dans les mots d’Harrington : « Nous pouvons seulement créer nous-mêmes notre affranchissement de la mort, pas prier pour lui... Ayant inventé les dieux, nous pouvons devenir dieux. »

Notes

1. Albert Camus, « The Rebel (L’Homme révolté) », Penguin Books, Harmondsworth, Middlesex, 1962, p. 30.
2. Alan Harrington, « The Immortalist », Sphere Books Ltd., London, 1979.
3. Ibid., p. 11, p. 129.
4. Richard Dawkins, « The Selfish Gene », Oxford University Press, Oxford, 1976.
5. John Taylor, « Science and the Supernatural », Granada Publishing Ltd., London, 1981, p. 171.
6. Ludwig Wittgenstein, « Philosophical Investigations », traduit par G. E. M. Anscombe, Basil Blackwell, Oxford, 1968, Part 11 (iv), p. 178.
7. Michel de Montaigne, cité dans Peter Burke, Montaigne, Oxford University Press, Oxford, 1981, p. 66.
8. Harrington, op. cit., p. 170.
9. Camus, op. cit., p. 73.
10. Thomas S. Kuhn, « The Structure of Scientific Revolutions », University of Chicago Press, 1970.
11. Peter Nicholls, «The Encyclopaedia of Science Fiction », Granada Publishing Ltd., London, 1981, p. 307.
12. Comme beaucoup des idées de Colin Wilson, ses vues sur la longévité et l’immortalité sont fréquemment répétées dans ses écrits prolifiques. Pour ce qui nous occupe, voyez en particulier Bernard Shaw : « A Reassessment », Hutchinson & Co. Ltd., London, 1969, p. 259 and 294.
13. George Bernard Shaw, « Back to Methusalah », Penguin Books, Harmondsworth, Middlesex, 1939.
14. Nicolas Tredell, « The Novels of Colin Wilson », Vision Press Ltd., London, 1982.
15. Harrington, op. cit., p. 3.
16. Ibid., p. 217.
17. The Mail on Sunday, « The Birth of Bionic Man », April 15, 1984. On trouvera un développement constituant un livre entier de la vision de Walford dans Maximum Life Span, W. W. Norton & Co., New York, 1983.
18. David Lewis, « Life Unlimited : Maximum Performance After 40 », Methuen, London, 1987.
19. Harrington, op. cit., p. 268.
20. Lyall Watson, « The Romeo Error », Coronet Books (Hodder & Stoughton), London, 1976, p. 47.
21. Jonathan Schell, « The Fate of the Earth », Pan Books, London, 1982, p. 172.
22. Harrington, op. cit., p. 21, p. 203.

RD

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mercredi, janvier 24, 2007

 

L’immortalité (3) : les différentes approches.

L’évolution des croyances et leurs consolidations sous forme de doctrines religieuses, a servi d’assises à la plupart des civilisations humaines, dans toutes les parties du monde et ce, depuis le début de l’humanité. La recherche de l'immortalité a souvent été un important levier qui a mobilisé des générations d'hommes perdus dans leur univers terrestre.

Devons-nous en rester là ? Si la plupart des dogmes religieux ont été définis dans des temps lointains, par exemple, dans les premiers siècles du Christianisme, gardent-t-ils toute leur pertinence ou sont-ils à ce point vrais que rien ne peut les remettre en question ? Jusqu’au XIXe siècle, on croyait que l’Homme avait été créé à l’image de Dieu, tel que l’enseignait la Bible. Or, les dernières découvertes en anthropologie nous donnent la preuve que l’homme est non seulement un produit de l’évolution, mais qu’il partage un ancêtre commun avec tous les primates. Dieu n’a sûrement rien à voir avec tous ces stades évolutifs.

L’immortalité est bien mal servie par toutes ces découvertes qui montrent combien nous sommes intimement liés à tout ce qui est vivant sur cette terre. En fait, nous sommes semblables aux autres mammifères et possédons des dons hérités de cette évolution qui nous sont propres. Voilà la grande réponse à nos angoisses existentielles. Cela nous donne-t-il des liens privilégiés avec Dieu lui-même, créateur de toute vie sur terre ? Pour ceux qui ont la Foi religieuse, il semble qu’il faille répondre par l’affirmative. Pour les autres, le mystère demeure entier.

L’approche traditionnelle religieuse

Immortalité, existence infinie de l'âme après la mort physique

« La doctrine de l'immortalité est commune à de nombreuses religions ; cependant, elle prend des formes différentes selon les cultures, allant de la disparition définitive de l'âme à sa survie finale et à la résurrection du corps. Dans l'hindouisme, l'objectif personnel final est l'absorption dans l'« esprit universel ». La doctrine bouddhiste promet le nirvana, l'état de bonheur absolu atteint par la disparition totale de la personnalité. Dans la religion de l'Égypte ancienne, l'accès à l'immortalité dépendait de l'appréciation divine de la valeur de la vie d'un individu. Dans la mythologie grecque, l'âme poursuivait son existence dans le royaume souterrain de l'Hadès.

Dans le christianisme, l'islam et le judaïsme, l'immortalité promise est d'abord celle de l'âme. Le christianisme et l'islam se distinguent du judaïsme en affirmant qu'après la résurrection du corps et un jugement général de toute la race humaine, le corps sera réuni à l'âme afin de recevoir sa récompense ou de subir sa punition. Dans l'eschatologie juive, la résurrection de l'âme aura lieu lors de l'avènement du Messie. »

Source : "immortalité." Microsoft® Encarta® 2007 [CD]. Microsoft Corporation, 2006.

Voilà ce que nous offre en bref l’approche religieuse traditionnelle. Tout est fondé sur la Foi. Ainsi, La foi chrétienne repose sur la doctrine de la résurrection du Christ : « Si le Christ n'est pas ressuscité, notre foi est vaine », écrivit saint Paul (1er épître aux Corinthiens, XV, 13-19).

Les interprètes chrétiens du dogme de la résurrection, théologiens et exégètes, se demandent si la résurrection concerne tous les êtres vivants, ou seulement les êtres humains, ou encore les seuls chrétiens et si elle est déjà accomplie et réalisée dans le Christ, ou si elle ne surviendra qu'à la fin des temps. Ce débat a été rouvert récemment par le théologien catholique allemand Hans Urs von Balthasar.

D’autres façons d’aborder l’immortalité de l’homme

Depuis toujours, l’homme ne cesse de rechercher ce qui le rendrait éternel. De multiples questions restent sans réponse, telle que : « Pourquoi vieillit-on ? »

Des pistes d’interprétation intéressantes :

http://www.immortalite.fr/doc/?pas=10

« Grâce à de nombreuses améliorations en matière d’hygiène et d’alimentation, l’espérance de vie des êtres humains s’est considérablement accrue durant le dernier siècle. »

« Espérance de vie. De 25 ans en 1740, elle atteint plus de 80 ans en 2006 (84 ans pour les femmes, 77 ans pour les hommes) selon l’INED. Elle augmente actuellement de trois mois par an. Au Japon, elle est de 82 ans. »

« Doyens. La doyenne de l’humanité a été pour un laps de temps l’Américaine Elizabeth Bolden, 116 ans. Une des doyennes des Français, Simone Capony, a atteint 112 ans. Jeanne Calment, morte en 1997 à 122 ans 5 mois et 14 jours, détient le record de longévité humaine démontré par un acte d’état civil. »

« S’ils ne visent pas l’immortalité, la grande majorité des biogérontologues s’entendent cependant sur la pertinence de chercher à ralentir le processus de vieillissement. Ne serait-ce que pour subir à plus petites doses les effets de l’immense tsunami humain que fera déferler sur le monde industrialisé tous ces baby-boomers devenant vieux en même temps. »

« La mort ne devrait pas être notre ennemie. La fragilité et la souffrance le sont. Ce qu’il faut viser, c’est d’augmenter le nombre d’années de vie en santé. »

« Le cocooning, un environnement sans stress, est en effet un facteur déterminant de longévité. »

« Trois thèmes sont à mettre en évidence : "La sécurité, c’est-à-dire la prévention ou la détection des situations graves comme les chutes ou les malaises ; le maintien d’un contact social, indispensable à l’estime de soi ; l’instauration d’un lien médical permanent." TÉLÉASSISTANCE ET ROBOTIQUE »

« Nos sociétés obnubilées par le culte de la jeunesse assument toujours aussi mal leur vieillissement. "Vivre, c’est naître et mourir. Il faut l’accepter. On constate que les personnes qui vivent le plus longtemps sont celles qui n’ont pas peur de mourir." Le chercheur constate également qu’"il y a encore beaucoup à faire pour développer le rôle social des personnes âgées et gommer la rupture entre vieux et jeunes". »

« Reste l’éternelle question de l’éternité : jusqu’à quel âge pourra-t-on vivre demain ? L’idée d’un seuil physiologique est aujourd’hui battue en brèche. "Nous n’avons pas de connaissance scientifique sur les paramètres de la durée de vie"... Cette méconnaissance alimente les fantasmagories. Aux limites de la science-fiction et des avancées médicales, des esprits éclairés évoquent, par la transplantation successive de pièces de rechange sur les corps malades, la transformation progressive au long de la vie de l’homme en une sorte de cyborg inusable. Encore faut-il en avoir l’envie. »

Régénérer le corps humain pour contrer le vieillissement

« Des taoïstes au futurologue Ray Kurzweil en passant par Alexandre le Grand et le philosophe Bacon, la quête de la fontaine de Jouvence suscite depuis longtemps l’espoir d’une vie éternelle. Récemment, les nouvelles technologies sont venues se substituer au mythe. Pour certains scientifiques, le vieillissement doit désormais être envisagé non comme une fatalité mais comme une maladie.

Chercheur respecté, Aubrey De Grey appartient à un courant marginal — mais en forte croissance — de la biologie qui refuse l’inéluctabilité du vieillissement.

Si le XXe siècle est parvenu à ajouter des années à l’espérance de vie (qui est passée de 48 à environ 78 ans), le XXIe ambitionne lui d’ajouter de la vie aux années, permettant de mourir en quelque sorte en bonne santé... Un changement de perspective que dénonce Aubrey De Grey, pour qui notre vision du vieillissement « imprégnée de fatalité » nous empêche de développer un traitement adéquat.

Afin de « guérir » le vieillissement, Aubrey De Grey veut éradiquer les « phénomènes destructeurs » qui se produisent dans le corps, des dommages cellulaires liés à l’âge, qu’il a identifiés. Ils seraient au nombre de sept :

la liste d’Aubrey De Grey :

- les mutations qui modifient la séquence de l’ADN des chromosomes et qui peuvent causer le cancer ;
- les mutations de mitochondries ;
- les résidus, comme les radicaux libres, produits par les cellules endommagées ou mortes ;
- la sénescence des cellules, qui cessent à un moment de se diviser ;
- les agrégats extra-cellulaires comme l’amyloïde, une des causes de la maladie d’Alzheimer ;
- les liens extra-cellulaires, qui diminuent l’élasticité des tissus ;
- l’atrophie et la mort cellulaire.


Or, pour chacun de ces phénomènes, De Grey entrevoit, grâce aux nanotechnologies, à la robotique ou aux biotechnologies, une solution déjà existante ou se profilant à l’horizon. A ses yeux, le traitement du vieillissement ressemblera à un grand bricolage génétique. Il sera administré tous les dix ans à un individu. Cela permettra de remettre son horloge biologique à zéro et de vivre ainsi « très, très longtemps ».

L’approche par les moyens palliatifs

Cette approche est plutôt la mienne. Elle laisse notre destin personnel entre nos mains, entre humains qui vivent les mêmes réalités.

Si la vie doit avoir une fin et on la veut la plus lointaine possible, peut-être devrait-on apprendre à mieux apprivoiser la mort dans le futur ! Après tout, lorsque nous nous endormons chaque soir, nous perdons la conscience d’exister et nous n’en faisons pas une maladie.

On entend souvent parler, évidemment de façon très discrète, des soins palliatifs, une thérapeutique qui ne guérie pas, mais qui atténue les souffrances d’un patient en phase terminale d’une maladie incurable. Avons-nous été à la limite de nos connaissances dans ces domaines ? La réponse est non. Il y a des tabous, souvent d’origine religieuse, qui ne se transcendent pas ou que l’on préfère ignorer. L’euthanasie fait partie de ces réalités.

La souffrance et la douleur sont deux maux complémentaires que nous souhaitons éviter à tout prix. En maîtrisant ces deux terreurs, beaucoup d’angoisse et de peurs pourraient disparaître du quotidien des malades ou des grands événements malencontreux de la vie.

La recherche d’un bien-être à l’infini tout au cours d’une vie est sûrement une forme d’immortalité puisque le présent serait fait d’éternels petits bonheurs ou de malheurs avec des conséquences réduites à leur plus simple expression. Encore faut-il que les guerres cessent, que les conflits entre humains disparaissent, que la Justice règne et que l’équité sociale prévale, … etc. Pour l’instant, c’est verser dans l’utopie pure.

Préparer les conditions qui font en sorte que tous les événements de la vie soient perçus par les humains comme normaux et en faciliter les rites de passage, voilà une avenue qui redonnerait à la vie tout son sens : du début de la vie au dernier souffle de l’existence. C’est ce sur quoi les tribus primitives mettaient l’accent et ce dont on a oublié la valeur ou la teneur.

RD

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dimanche, janvier 21, 2007

 

L’immortalité (2) : l’homme, un mammifère pas tout à fait comme les autres…

En premier lieu, il y a un fait qui saute aux yeux et qui mérite considération avant d’aborder plus directement le problème de l’immortalité. Il faut prendre conscience de l’originalité de l’homme, de l’énorme différence métaphysique qui le sépare de l’animal. Les prouesses de l’intelligence, son mode d’opération particulier le différencie largement des autres êtres vivants.

Essayons de mettre en évidence ce qui caractérise tout particulièrement l’homme :

Source : http://www.profbof.com/

« Le « sens » de l’invisible, cette ouverture spontanée et presque trop facile sur des réalités non sensibles, (âmes, esprits, dieux, forces, fantômes, etc.…) qui échappent totalement à l’ordre de la sensibilité.

La réflexion. Le sens du Je. Le retour sur soi. L’intelligence se retourne sur elle-même pour se regarder fonctionner, s’interroger sur elle-même, sa nature, ses lois de fonctionnement …

L’abstraction ou l’extraction du résidu « pensable » de toutes sa gangue sensible et matériel, en l’arrachant à toutes ses conditions matérielles pour en faire une idée, pour permettre les envolées d’un Platon et de bien d’autres qui n’ont pas le même talent.

Au-delà de toute possibilité des sens, la possibilité propre à l’intelligence de transcender à la différence de l’animal, son propre temps vécu, de penser spontanément un passé qui échappe actuellement à toute sensation possible (l’homme animal historien) et de penser tout aussi spontanément à une existence possible et même inévitable au-delà de sa propre existence (l’homme animal spécialiste de la science fiction).

L’homme en tant qu’animal éthique. Être capable de connaître l’utile, l’agréable, le bon, le désirable avec notre équipement de connaissance animale, en tant que mammifères. En sus, « par-dessus ces instincts si essentiels l’homme s’invente des « codes éthiques », des normes qu’il considère comme « des biens » qui transcendent et vont souvent à l’encontre de tous nos appétits d’ordre sensible qui habituellement nous servent quand même assez bien.

Homme à la poursuite de l’idéal… tout ce qui est pensé comme idée prend un caractère d’absolu ou d’infini... C’est le grand moteur de toute l’activité humaine et le fondement de tous les progrès faits par l’humanité…

L’homme transcende ses propres sensations. À la différence de l’animal, il s’intéresse à ce qui est au-delà des apparences… L’intelligence de l’homme est dominée par certains principes qui l’amènent à chercher, au-delà des simples sensations, les causes de toutes choses. Un autre ressort des mythes, des sciences, des philosophies, des religions; autant de pratiques exclusives à l’homme et dont on ne trouve aucun simulacre, ni ombre ou soupçon dans le monde animal.

À la différence de l’animal qui est limité par le champ d'action et la portée de chacun de ses sens, l’homme les domine tous, va au-delà et s’INTERROGE sur ce qui est… même si ce n’est pas de l’être visible, de l’être audible, de l’être odorant, épeurant, etc.

Résumons-nous. Cet être dont l’opération essentielle, est de dominer et de transcender les limites de la connaissance animale et de la matérialité ne peut-il pas exister indépendamment de la matière et échapper aux conditions de la matérialité ?… »

« Tout ceci pour en arriver à dire que la croyance en l’immortalité, bien que invraisemblable au plan de la nature animale de l’homme, a besoin pour se consolider de s’insérer, de s’intégrer dans un cadre philosophique beaucoup plus vaste ou pour d’autres dans le cadre d’une foi religieuse plus englobante.

À l’origine des choses, de toutes choses finies, y a-t-il tout simplement le néant (un monstre d’impuissance) ou la matière ou un être qui serait être par lui-même, intelligence absolue, principe et fin de toutes choses, Acte pur pour Aristote, Bien Absolu pour Platon, Être suprême pour les philosophes, sens et principe de l’évolution, Dieu pour les religions sous les milliers de noms qu’on lui a donnés, de A à Z, de Allah à Zeus, sous les milliers de formes ou représentations, du triangle à la trompe d’éléphant. »

L’immortalité et l’évolution de la vie sur terre

Un article plein de saveur et d’humour de Michel de Pracontal intitulé « L’éternité, c’est simple comme une bactérie » qui avance ce qui suit :

« … Lecteur, je vous en conjure, fermez tout de suite ce journal et répétez trois fois après moi : « Je vais mourir dans une heure d’une rupture d’anévrisme indétectable et incurable, et en plus le lave-vaisselle est plein. » Bien. Vous voilà un peu moins décontracté. On peut parler sérieusement. Pour un esprit sérieux, la mort est l’ultime certitude, le destin indépassable de toute créature, la loi universelle du vivant, etc. Eh bien, pas si sûr. Le plus courant, le plus banal, dans le monde vivant, n’est pas la mort mais l’immortalité ! C’est un connaisseur qui l’affirme : Claude Gudin, spécialiste de physiologie végétale, auteur d’une guillerette « Histoire naturelle de la mort » (1) qui bouscule pas mal d’idées reçues : « Aussi drôle que cela puisse paraître, au niveau de la cellule, la mort n’est pas inéluctable tant que les conditions de vie sont favorables », écrit notre homme.

Il y a 3 ou 4 milliards d’années, il n’y avait ni bêtes ni bestioles, pour ne pas parler d’humains. La Terre était peuplée d’archéobactéries, des êtres élémentaires constitués d’une cellule sans noyau. Ces procaryotes vivaient une sorte d’éternité dans un paradis tiède et salé, l’océan primitif : « La cellule grandissait en taille et en volume puis, sans mourir, se divisait en deux cellules filles, qui s’individualisaient, grandissaient, engendrant à leur tour deux cellules (2, 4, 8, 16, 32) jusqu’à la saint glinglin [.]. » Cette « immortalité congénitale » a duré mille fois le règne des dinosaures et cent mille fois celui du genre Homo. Voilà qui rend modeste. L’éternité, c’est simple comme une bactérie.

Si rien n’avait changé, si l’océan était resté la saumure paradisiaque des débuts, la planète serait encore une grosse boule verte tapissée de bactéries immortelles (mais non académiques). Mais de réchauffements en glaciations, de nuages de poussières en voiles gazeux, de multiples péripéties ont bousculé le cours tranquille de l’existence primitive. Les plus pleutres des bactéries ont réussi à se mettre à l’abri et à sauvegarder le mode de vie simple des origines. D’autres, plus audacieuses ou moins chanceuses, ont été contraintes de se bouger le cul (pour parler au figuré). Pour survivre, elles se sont dotées de parois protectrices, se sont associées en colonies, sont devenues cannibales. Elles ont regroupé leurs gènes dans un noyau et sont devenues des eucaryotes, qui ont engendré les êtres pluricellulaires et finalement les plantes et les animaux (je résume).

Ainsi donc, après 2,5 milliards d’années de tranquillité, l’histoire se corse. Complications majeures, le sexe et la mort, Eros et Thanatos entrent en scène 1 milliard d’années avant Freud. Au hasard de leurs batifolages, deux eucaryotes en viennent à fusionner et à mélanger leurs gènes. Il en résulte une nouvelle bactérie, un peu différente. Le processus, répété des milliards de fois, aboutira à l’extraordinaire diversification du vivant. Dans ce monde en mouvement apparaît une étonnante invention : le « suicide » cellulaire, qui affecte une partie des cellules d’une colonie, entraînant sa métamorphose. Vivre devient de plus en plus intéressant. Au prix de l’éternité initiale.

Le suicide des cellules programmé dans leurs gènes a été appelé « apoptose » par les biologistes, d’un mot grec qui désigne la chute des feuilles en automne. L’apoptose joue un rôle crucial dans la vie des organismes évolués. Nous lui devons d’avoir le nez au milieu de la figure, des bras et des jambes, bref d’avoir forme humaine. L’apoptose est le sculpteur du vivant, elle travaille en creux, retire la matière en trop : « Si nous avons des doigts aux mains, c’est parce que les cellules qui joignaient les futurs doigts ont été condamnées à mort », explique Gudin. Ce progrès a façonné la silhouette de tout un chacun, y compris celle de Sophie Marceau, quand même plus gracieuse que celle d’une méduse. Mais tout se paie : le système impose que chaque type cellulaire de l’organisme soit programmé pour disparaître à un moment donné. Ce qui condamne l’organisme entier.

Un seul moyen d’échapper à la fatalité : « déprogrammer » les cellules. C’est ce qui se produit dans une tumeur cancéreuse, qui n’est rien d’autre qu’une prolifération anarchique de cellules « immortalisées ». Bien sûr, on peut toujours rêver d’avoir le beurre et l’argent du beurre, l’éternité sans le cancer. Mais, au prix où est la margarine, est-ce bien raisonnable ? »

Le message de la Science sur l’homme, selon Jean Rostand

Jean Rostand, célèbre biologiste français, a publié en 1938, un texte sur l’Homme qui mérite que l’on s’y arrête sérieusement. Il l’a appelé : « LE MESSAGE DE LA SCIENCE ». On y retrouve l’essentiel de ce que la science expérimentale peut dire sur celui-ci si elle est fidèle à sa méthode.

« Comme tout animal supérieur, l’homme est un agrégat de plusieurs trillions de cellules, dont chacune représente un assemblage de molécules diverses. En fin de compte, il apparaît comme un édifice prodigieusement complexe d’électrons, qui doivent à la forme particulière de leur groupement le singulier privilège de pouvoir affirmer leur existence…C’est dans cette pellicule (l’écorce du cerveau) que se produisent les réactions chimiques et les transformations d’énergie qui donnent lieu à ce que nous appelons la conscience, et dont nous ne savons rien, sinon qu’elle est indissolublement liée à ces réactions et à ces transformations. C’est là que se préparent les plus hautes manifestations de l’esprit : le génie de Newton, les angoisses d’un Pascal….

Il semble bien du reste, que cette pensée ait pour seule fonction d’assister au jeu de la machine qu’elle a l’illusion de commander. L’acte dit volontaire se réduit vraisemblablement à une résultante de réflexes, et sans doute, l’homme qui réfléchit, qui calcule, qui délibère n’est-il pas moins assujetti dans la dernière de ses démarches au même titre que la chenille qui rampe vers la lumière ou que le chien qui répond par un flux de salive au coup de sifflet de l’expérimentateur. Les plus graves décisions morales, où l’homme attache tant de prix, apparaissent alors comme de purs effets des stimulations sociales, et quand il croit se soumettre librement aux impératifs sacrés qu’il croit s’être choisi, il n’est qu’un automate qui agit conformément aux intérêts du groupe dont il fait partie.

D’où vient l’homme ? Sa formation fut rigoureusement fortuite. Accident entre les accidents, il est le résultat d’une suite de hasards, dont le premier et le plus improbable fut la genèse spontanée de ces étranges composés du carbone qui s’associèrent en protoplasme…. Sa naissance ne faisait pas partie d’aucun programme cosmique. Les processus aveugles et désordonnés qui l’ont conçu ne recherchaient rien, n’aspiraient à rien, ne tendaient vers rien, même le plus vaguement du monde. Il naquit sans raison et sans but comme naquirent tous les êtres, n’importe où. La nature est sans préférence et l’homme, malgré tout son génie, ne vaut pas plus pour elle que n’importe laquelle des millions d’autres espèces que produisit la vie terrestre… D’une lignée animale, qui ne semblait en rien promise à un tel destin, sortit un jour la bête saugrenue qui devait inventer le calcul intégral et rêver de justice. Certes, à se souvenir de ses origines, il a bien sujet de se considérer avec complaisance. Ce petit fils de poisson, cet arrière neveu de limace, a droit à quelque orgueil de parvenu.

Un jour, en ce minuscule coin d’univers, sera annulée pour jamais la pitoyable et falote aventure du protoplasme. Aventure qui déjà, peut-être, s’est achevée sur d’autres mondes. Et partout soutenue par les mêmes illusions, créatrices des mêmes tourments, partout aussi absurde, aussi vaine, aussi nécessairement promise dès le principe à l’échec final et aux ténèbres infinies….

Tel est le message de la science. Il se peut qu’une science toute puissante réussisse, en définitive, à créer ce nouvel homme adapté à l’humain, satisfait de n’être que ce qu’il est, comblé par son destin étroit, guéri de tout rêve qui le dépasse. Mais il se pourrait aussi que l’humanité soit, dans son ensemble, incapable de soutenir la vérité de la science. Vérité ardue, accablante, oppressante… Parmi ses zélateurs eux-mêmes, il en est qui ne s’y rendent point sans détresse. Bien sûr, ils ne peuvent faire autrement que d’y rester fidèles, mais il leur arrive d’envier ceux qui ne sont point empêchés, par la nature de leur esprit, d’en concevoir une autre. »

Source : « La vie et ses problèmes. » 1938. Éditeur Flammarion

RD

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vendredi, janvier 19, 2007

 

L’immortalité (1) : devons-nous croire à l’immortalité de l’homme?

On nomme immortalité le fait d’échapper à la mort et d’exister pour une période de temps indéfinie, voire éternelle. Le terme est synonyme d’éternité ou peut évoquer l’immortalité de l’âme. Il peut signifier aussi une présence éternelle dans la mémoire des hommes.

En fait, la mortalité des hommes est un processus normal et naturel inhérent au fait d’être vivant. Tout cela s’inscrit dans les lois de la Nature. Nous le savons tous, encore plus nous les Séniors qui avons vu tant de gens partir pour l’au-delà. Mais sommes-nous capable de changer cette dernière destination, si on peut l’appeler ainsi ou de l’envisager autrement ?

Depuis les tout débuts de l’humanité, l’homme a cru à la survie après la mort : Qu'est-ce qu’il peut bien y avoir dans l’intelligence de l’homme, dans la perception qu’il a de lui-même, pour que aussi spontanément, facilement et universellement il en arrive à cette conviction, malgré toutes les dénégations sensibles?

Les explications faciles que l’on donne parfois vont de l’expérience du rêve ou simplement un cas particulier de « wishful thinking », de cette propension si généralisée à prendre ses désirs pour la réalité. L’homme primitif aurait, à ce qu’on dit, conçu cette possibilité de survie ou de vie différente à partir de l’expérience du rêve qui lui paraissait mystérieuse. Ainsi, ceux qui ont déjà vécu, qui sont bien morts, continuent d’exister de façon bien spéciale, peuplent nos souvenirs et nos rêves.

Tous, en tant qu’individu, nous aspirons à l’immortalité. Pour ceux qui ont la Foi, les religions révélées offrent des réponses qui peuvent calmer les appréhensions face à la fin de notre existence terrestre. « Le paradis à la fin de vos jours », disait-on couramment autrefois, à l’occasion des fêtes de noël. Mais voilà, le doute s’est installé : on ne croit plus qu’il y a un ciel et un enfer. Notre monde matérialiste s’appuyant sur la Science et la Technologie ne laisse plus guère de place à la Foi.

Nous savons aussi très bien que les êtres vivants, quels qu’ils soient, ont une limite d’âge à laquelle ils ne peuvent échapper. Dans la nature, la lutte pour la survie est présente partout et rarissimes sont les espèces qui peuvent atteindre le Grand âge, comme nous. En fait, c’est une lutte de tous les jours. Les animaux faibles ou ceux qui sont les plus âgées, ceux qui se défendent mal ou les jeunes rejetons deviennent la proie de toutes sortes de prédateurs. Par ailleurs, le fait d’être un prédateur ne garantit pas non plus une survie assurée à ces derniers car ils doivent être en mesure de capturer leurs proies pour survivre, sinon ils meurent, eux aussi, faute de pouvoir assouvir leur faim et d’être en mesure de défendre leur territoire. Dans la Nature à son plus vrai s’établit alors un équilibre où seuls les plus aptes à survivre réussissent à procréer la génération suivante qui assurera finalement la survie de l’espèce.

L’homme, un être vivant qui s’est éloigné de la Nature

Au cours des deux derniers siècles, nous avons appris beaucoup de choses sur l’espèce humaine. Grâce aux découvertes de l’archéologie et de l’anthropologie, nous savons avec certitude que des ancêtres moins développés nous avaient précédés. Nous sommes des mammifères et rien ne nous distingue vraiment des Grands Singes au plan de la physiologie ; nous avons les mêmes organes : le foie, les reins, le cœur, l’estomac, un cerveau, etc. Si nous nous sentons différents, c’est que l’agencement de nos gènes a finalement fait de nous des cousins éloignés plutôt que des propres parents de ces primates. Nous avons surtout un cerveau avec une capacité de conscience et une intelligence qui dépassent celles de toutes les autres espèces vivantes. C’est ce dernier trait qui a fait de nous les maîtres de la planète Terre, au point d’être capables même de la faire disparaître.

Alors, nous, est-ce que nous nous sommes sortis de la jungle et de cette implacable lutte pour la survie ? Oui, nous vivons en société et avons créé notre propre environnement de survie. Nous avons aussi progressé énormément dans la compréhension de la génétique et dans la mise au point de recettes pour assurer notre longévité.

Non, la survie des hommes est toujours en péril, car il suffirait de faibles changements dans l’environnement pour mettre en danger les plus de cinq milliards d’hommes et de femmes qui habitent actuellement la terre. Notre horizon temporel, en tant qu’espèce, n’est pas assuré. En fait, l’immortalité n’est pas garantie pour l’humanité ou l’ensemble des hommes. Surtout pas au rythme où l’homme modifie son environnement naturel.

Et l’immortalité des Séniors là-dedans

La problématique de la vie humaine étant posé dans ses grandes lignes, il y a lieu de regarder subséquemment quels genres d’immortalité peuvent être envisagés pour les hommes d’aujourd’hui et de demain.

RD

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samedi, janvier 13, 2007

 

La quête du bonheur (3) : COMMENT L’ATTEINDRE OU LE TROUVER ?

Des pistes pour trouver le bonheur

Les recettes du bonheur sont multiples et chacun d’entre nous est à la recherche de son propre bonheur, quel que soit son âge.

En m’amusant avec les moteurs de recherche, (notamment Google) j’ai trouvé un Portail Internet sur le bonheur. En le consultant, je me suis rendu compte que c’était une façon tout à fait moderne de poursuivre la démarche que j’avais entreprise : celle de me renseigner sur le bonheur. Comme il n’y a pas de limite aux formes existentielles du bonheur, je ne peux que vous recommander cette piste qui devrait vous permettre de cheminer encore plus loin dans les multiples voies du bonheur.


Site sur l’art du bonheur :

http://www.artdubonheur.com/


Que le bonheur soit avec nous!


RD

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mercredi, janvier 10, 2007

 

La quête du bonheur (2) : DISCOURIR SUR LE BONHEUR.


Toute notre vie d’humain est tournée vers la recherche du bonheur. Mais, encore faut-il savoir précisément de quoi l’on parle.

De nombreux philosophes anciens, principalement grecs, se sont penchés sur cette question et sont arrivés à des réponses surprenantes qui sont toujours vraies même après plus de deux millénaires. Vraisemblablement, l’être humain d’aujourd’hui n’a pas tant changé que ça. En fait, il est resté essentiellement le même, sauf qu’il est plus organisé socialement et technologiquement. Il s’est beaucoup enrichi au plan des connaissances et surtout, il a appris au cours des siècles à mieux se connaître.

L’apport des grecs

Le meilleur discours sur le bonheur revient à Aristote dans son ouvrage intitulé « Éthique à Nicomaque », constitué de dix livres, qui entend traiter des principaux aspects du bonheur. On peut sans aucun doute le considérer comme l’une des deux bases (l’autre étant le message biblique judéo-chrétien) sur lesquelles l’éthique occidentale s’est construite.

BONHEUR,VERTU et PLAISIR

Voici, en gros, ce qu’affirme Aristote sur le bonheur :

L’observation des opinions communes révèle que le bonheur apparaît comme le « souverain Bien » ; mais quant à savoir ce qu’il est, chacun a son point de vue. Le bonheur de l’Homme dans la Cité (« l’animal politique ») est communautaire. Il est ce « qui suffit à l’homme pour être heureux ». Le Bien est donc la finalité de nos actions et consiste dans « une activité de l’âme en accord avec la vertu ».

La vertu est l’habitude « de décider préférentiellement [...] un juste milieu, relatif à nous et rationnellement déterminé comme le ferait l’homme prudent ». C’est notre désir d’aboutir à nos fins qui commande notre raisonnement.

De même, la « maîtrise de soi » face aux « passions » (affections, sensations et émotions) participe à la vertu, permettant d’atteindre « le juste milieu » (par exemple, le courage est un « juste milieu » entre lâcheté et témérité). Aristote en vient ainsi à évoquer la justice, qui est « une disposition qui rend les hommes aptes à accomplir les actions justes ».

Le plaisir est activité et fin et peut être considéré à son tour comme le souverain Bien (le philosophe le constate et l’affirme).

Mais, c’est Épicure qui est le philosophe qui nous semble le plus près du plaisir comme objet de bonheur. En fait, la thèse fondamentale de l’épicurisme présente le plaisir comme le bien suprême et le but ultime de la vie.

Les grandes idées sur le bonheur exprimées par Épicure

« La doctrine éthique enseignée par Épicure prône essentiellement la quête du bonheur, à laquelle on peut accéder en valorisant des qualités morales telles que l’amitié et l’entraide. Fondé sur la frugalité, le désintérêt du politique, l’égalité, le système philosophique épicurien proclame enfin le droit de philosopher, accordé à tout un chacun, qu’il soit homme, femme, riche, pauvre ou esclave.

L’éthique épicurienne est fondée sur la justice, l’honnêteté, l’amitié, la prudence ou la recherche de l’équilibre entre le plaisir et la douleur.

Le plaisir est la fin vers laquelle doit tendre toute existence, et cette fin peut être vérifiée empiriquement. Il est donc question pour le sage de chercher les moyens pour y parvenir, de manière à vivre « comme un dieu parmi les hommes ».

Maintenant, comment peut-on définir le bonheur?

Selon l’encyclopédie Wikipedia, « Le bonheur (étymologiquement la bonne fortune ; entendre dans "fortune" : ce qui arrive de bien ou de mal) est un état durable de plénitude et de satisfaction, état agréable et équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, l'inquiétude et le trouble sont absents. »

« Le bonheur reste cependant ambigu à décrire dans la mesure où il est toujours subjectif, particulier à chaque conscience et empirique, soumis aux aléas de la fortune et aux changements imprévisibles de l'humeur, donc un état temporel ; en tant que tel, le bonheur ne saurait se réduire à un concept : c'est une expérience vécue, une intuition sensible, une signification que chacun peut donner à sa vie sous la forme d'une approbation générale de la vie considérée comme globalement satisfaisante. »

« On peut tenter de distinguer quatre sortes de satisfactions liées au bonheur :


Le bonheur suppose une harmonie et un équilibre qui nécessitent la satisfaction des besoins et la réalisation des désirs essentiels. »


Car il existe une hiérarchie des besoins chez les humains que nous sommes. Par exemple, si nous avons mal quelque part ou nous n’avons pas bien mangé, nous ne serons pas à l’aise pour discourir du bonheur et de ce qu’il comporte. Autrement dit, nous devons satisfaire certains besoins élémentaires avant de se préoccuper de besoins secondaires comme les besoins d’estime des autres.

La pyramide des besoins est une théorie élaborée à partir des observations réalisées dans les années 1940 par le psychologue Abraham Maslow sur la motivation.

La liste des besoins : (par ordre de priorité ou d’importance)

1e = Besoins physiologiques
2e = Besoins de sécurité

3e = Besoins de reconnaissance et d'appartenance sociale
4e = Besoins d'estime
5e = Besoins d'accomplissement personnel

« Le bonheur se distingue du plaisir par son caractère spirituel et global, alors que le plaisir est une satisfaction généralement corporelle et localisée. Il se distingue de la joie en tant que cette dernière est un état plus dynamique et transitoire que le bonheur. La félicité, ou béatitude, est un bonheur parfait. »

Genèse du bonheur

« L'être humain, en tant qu'animal, dispose de deux moyens primitifs pour déterminer les rapports qu'il entretient avec le monde : le plaisir et la douleur. Par ces moyens, nous jugeons de l'utile, de l'agréable et de la souffrance et du nuisible.

Avant de percevoir le monde comme objet d'analyse, nous le sentons donc comme un lieu de vie agréable ou menaçant. Nos émotions et nos passions, mis en forme par les valeurs de notre civilisation, découlent de ce rapport à partir duquel nous extrapolons ou imaginons l'idée de bonheur et l'idée de malheur. »

Bonheur et modernité

Les sociétés de consommation : l'idéal publicitaire du bonheur : dans toute société, il y a au moins un idéal de bonheur qui dépend moins de la satisfaction subjective réelle que de la conformité d'un être humain à cet idéal. Socialement, un individu n'est pas heureux, il est jugé heureux. Dans le cas des sociétés modernes occidentales, le bonheur a pris une dimension économique qui n'est en fait pas nouvelle : le bonheur mesuré par la quantité des objets consommés se voyait déjà dans la Rome décadente.

Poser la problématique du bonheur pour les 60 ans et +

Pour nous, les gens qui ont dépassé les premiers pas de la soixantaine, c’est une question qui nous apparaît cruciale parce que nos choix de bonheur se restreignent. À titre d’exemples, les plaisirs des sens s’amenuisent avec l’âge et les abus ne sont pas indiqués dans le quotidien. La précarité et la longévité sont deux notions qui rendent les faits et gestes de la vie moins sûrs et plus aléatoires. On parle alors d’un univers de petits bonheurs bien vécus dans le présent plutôt que de joies et plaisirs extrêmes.

Tout cela, à une époque où l’hyperactivité compulsive nous fait souvent oublier si ça vaut la peine de poser tel ou tel geste. Finalement, nous devons nous interroger sur la finalité de nos entreprises quotidiennes en nous invitant à confronter celles-ci à une seule et même question : est-ce que cela nous rend heureux?

RD

mardi, janvier 09, 2007

 

La quête du bonheur (1) : LA PRISE DE CONSCIENCE.

La recherche du bonheur : une réalité de tous les jours

Qu’est-ce que l’on a tous en commun depuis l’enfance? C’est la quête du bonheur. Pourtant, combien de gens sont heureux dans leur vie de tous les jours? Au fur et à mesure que l’on avance en âge, cette question est toujours importante et devient même pressante.

Quand on est tout jeune, un rien nous rend heureux comme malheureux. Les émotions sont plus fortes et plus difficiles à contrôler à l’adolescence. Avec le développement du corps et de l’esprit, les choses se compliquent. La montée des hormones mâles et femelles amène un sentiment d’absolu dans tout ce que l’on vit.

À l’âge adulte, les sentiments semblent s’équilibrer avec le rationnel et la réalisation de ses aspirations. La famille à élever, les exigences du monde du travail et les obligations du quotidien absorbent toute notre énergie.

Plus on vieillit, plus tout nous semble éphémère. On se rend compte que les choses changent malgré nous. On perd le contrôle sur un grand nombre de situations.

Qu’est-ce qui nous apparaît important à chaque jour et de plus en plus en vieillissant : c’est le sentiment de vouloir durer. On constate que les lieux que l’on habite change peu et que ce sont les gens qui évoluent. Plus le temps passe, plus les connaissances de longue date deviennent des fantômes, des reliquats de souvenirs très souvent anecdotiques. Les retours en arrière peuvent être pénibles, surtout si l’on se remémore des souvenirs traumatisants.

La contrepartie qui s’offre à nous, c’est le présent et toutes ses nouveautés. Il est certain que jamais plus nous n’aurons vingt ans, mais même dans la soixantaine, la vie garde toute sa saveur et ses petits bonheurs.

Les aménagements pour développer de petits bonheurs

La personne qui vieillit et qui se regarde dans le miroir, a un sentiment d’impuissance. Son intérieur ne semble plus correspondre à l’image que lui renvoie le miroir. Elle a le sentiment d’avoir vu beaucoup de choses et d’avoir réalisé toutes sortes d’expériences. Et, graduellement, s’installe un nouveau rythme de vie, celui des « belles années » où l’on aspire à un univers absent de préoccupations, tout en vivant sur ses acquis et en prenant le temps de bien faire les choses. C’est la compensation que l’on recherche face aux pertes de jeunesse que le temps nous oblige à assumer.

Le temps de récupération à l’effort physique et nerveux est plus long et plus difficile. Quand la fatigue s’installe, on doit s’allonger plus longtemps pour redevenir en forme. Et quand on est à nouveau alerte, c’est le sentiment de la jeunesse retrouvée qui reprend le dessus. Comme si l’âge n’était plus un facteur aggravant.

Je me rends compte avec beaucoup de netteté de l’importance de prendre le temps de récupérer face à tout ce qui peut nous arriver au quotidien. On aime prendre les choses au compte-goutte. Un petit agenda pour chaque jour nous suffit, avec peu de risque et beaucoup de temps pour le réaliser. Alors qu’autrefois, on voulait tout faire à la fois, là, on préfère regarder aller les choses et relever de petits défis.

Quand on respecte ce rythme de vie, la quête du bonheur nous semble toujours possible. Les sujets de préoccupations changent. On veut moins de conquêtes féminines ou masculines, mais plus d’amitié pour échanger et parler de tout et de rien.

On ne veut plus assumer de grandes responsabilités concernant les enfants ou la famille, mais on voudrait toujours se sentir utile et en demande. Dans le fond, on pense plutôt à se retirer de la circulation pour laisser la place aux autres, les plus jeunes, nos enfants et ceux des autres.

Le fait de pouvoir disposer de soi-même et surtout de son temps nous redonne un sentiment de liberté qui nous ramène à notre tout jeune âge. Dans le fond, vieillir n’est pas une si grande calamité, pourvu que l’on prenne les bons côtés de la vie et que l’on soit en mesure de se gâter soi-même et de faire de même pour notre entourage.

Il faut se mettre dans la tête qu’une grande partie de notre vie s’est évaporée en fumée parce que notre agenda du temps ne nous appartenait pas.

Dans les derniers mois avant la retraite, je sentais un profond besoin de me la couler douce, de ne plus avoir à affronter de nouveaux défis ou de nouveaux apprentissages en vue de satisfaire les exigences du travail. Le sentiment de la réalisation de soi au travail n’était plus là. Et je suis passé en phase retraite.

La quête du bonheur dans la soixantaine

Finalement, la quête du bonheur dans la soixantaine, semble être une question de petites choses que l’on réalise à sa vitesse, sans dépasser ses limites et toujours en respectant ses capacités de récupération. Alors, tout nous apparaît aller pour le mieux parce que le quotidien n’est pas rempli d’obligations et de difficultés à surmonter. Les petits bobos sont alors plus supportables et la vie semble nous sourire à nouveau.

Dans un prochain article, j'ai l'intention de résumer le fruit de mes recherches et d'en connaître plus sur la quête du bonheur car sans bonheur, la vie me semble difficile à affronter. Je veux aussi en savoir plus sur les moyens de le garder quand on franchit le cap de la soixantaine.

RD

jeudi, janvier 04, 2007

 

Des faits divers méritant une attention spéciale.

Au cours de mes lectures sur l’actualité, j’ai relevé trois faits divers qui méritent une attention toute spéciale :


Elle accouche de jumeaux à… 67 ans!
AFP
Barcelone, Espagne

L'Espagnole, qui est devenue à 67 ans la mère la plus âgée au monde, est en bonne santé ainsi que ses jumeaux, a annoncé jeudi à l'AFP une porte-parole de l'hôpital Sant Pau de Barcelone. La mère, qui tient à garder l'anonymat, et ses enfants, un garçon et une fille, évoluent «favorablement» et vont «bien», a déclaré la porte-parole sans être en mesure de donner une date pour leur sortie de l'hôpital. Les jumeaux, qui pesaient chacun 1,6 kg à la naissance, ne sont plus sous couveuse depuis mardi soir, a ajouté la porte-parole de Sant Pau.

Source : Cyberpresse.ca, 4 janvier 2007


Bon pied, bon œil à 100 ans

Rome (AFP)

Un centenaire italien ayant bon pied, bon œil, a renouvelé son permis de conduire en passant haut la main l’examen médical obligatoire pour pouvoir continuer à conduire sa Fiat 500, rapporte l’agence Ansa. Giovanni Viglione, de Rovereto, dans le Val de Trente, vit seul et fréquente assidûment les cours d’aquarelle de l’Université du temps libre de sa commune. Ancien dessinateur industriel, il a fêté son centième anniversaire, mardi, entouré de ses quatre enfants, neuf petits-enfants et six arrière-petits-enfants.

Source : Journal de Québec, 4 janvier 2007-01-04


Des garderies pour les aînés à Calgary

Presse Canadienne

La semaine prochaine, cinq entreprises de Calgary ouvriront de nouvelles garderies non pas pour les enfants mais, cette fois, pour les parents âgés. Victoria Sopik, une des responsables de ce nouveau service de garde, affirme que les travailleurs des années 2000 ne doivent pas seulement prendre soin de leurs enfants mais aussi de leurs parents. Selon un rapport publié en novembre dernier par Statistique Canada, en 2002, 1,7 million de personnes adultes prodiguaient des soins à 2,3 millions d'aînés dont plusieurs présentaient des limites sur le plan physique. De ce groupe, qui prodigue des soins aux aînés, 21 pour cent ont dit que la tâche était si considérable qu'ils pensaient à se retirer plus tôt du monde du travail afin de prendre soin de leurs parents. Ces nouveaux services de garde pour les parents âgés viendraient alléger la tâche de leurs enfants qui doivent concilier le travail et la famille.

Source : Matinternet, Le 4 janvier 2007

Qui aurait pu imaginer! Maintenant, dépassé les 60 ans, tout est possible. On peut enfanter à nouveau, conduire son auto à 100 ans ou tout simplement retourner en enfance et se faire prendre en charge à la garderie. C'est le monde à l'envers!

RD

 

Gardez votre matière grise en éveil!

L’activité intellectuelle est trop souvent négligée au niveau des activités courantes des Séniors. Je suis d’accord avec la Société Alzheimer du Canada qui affirme qu’il faut, à tout prix, maximiser l’usage que l’on fait de notre cerveau pour se garder en santé mentale et éviter des maladies du genre Alzheimer.

Avoir un blog à soi est une activité qui va dans ce sens et je trouve ça inspirant parce que cela nous fait faire le point sur une foule de sujets, en plus de nous forcer à faire des recherches et des lectures un peu partout sur Internet. C’est une bonne gymnastique intellectuelle que je recommande à n’importe quel Sénior.

Voici l’article en question :


« La Société Alzheimer du Canada est convaincue de la possibilité de prévenir cette maladie dégénérative de plus en plus répandue au pays.

Elle constate toutefois que les Canadiens ne savent pas toujours ce qu'il faut faire pour maximiser le fonctionnement de leur cerveau, même s'ils sont conscients de l'importance de le garder en santé.

Cette constatation est fondée sur les résultats d'un sondage dévoilé récemment, et qui a été mené auprès de 1800 Canadiens sur leurs habitudes de vie et la santé de leur cerveau.

Près de 80 % des personnes interrogées ont déclaré que la santé du cerveau était tout aussi importante que la santé physique. Toutefois, la vaste majorité des répondants ont énuméré seulement la forme physique et les saines habitudes alimentaires pour décrire une personne en santé.

En effet, seulement 5 % d'entre eux ont évoqué la vie sociale ou intellectuelle active parmi les caractéristiques d'une personne en santé.

La Société Alzheimer du Canada formule quatre recommandations pour garder son cerveau en santé :

· le mettre au défi à l'aide de jeux ou en changeant la façon d'exécuter une tâche courante ;
· maintenir une vie sociale active ;
· adopter un mode de vie sain ;
· protéger sa tête lors d'activités sportives ou récréatives.

Pour sa campagne nationale de sensibilisation 2007, la Société a d'ailleurs choisi le thème « Faites marcher votre cerveau, il a besoin d'exercice ».

Sans prétendre que ces réflexes de précaution sont de nature à éviter la maladie, la Société Alzheimer du Canada rappelle que certaines études récentes démontrent que les gens peuvent faire des gestes et des choix qui sont susceptibles de diminuer leur risque d'en être atteint. »

Source : Radio-canada.ca, 2 janvier 2007

Terrible maladie! Quand on peut l'éviter en faisant de la gymnastique intellectuelle, rien de plus facile. Il s'agit de s'y mettre tôt et de simplement bien profiter de la vie : lecture, blog, cinéma, jeux d'ordi, sorties, musique, etc. , en plus de l'exercice physique, de la bonne bouffe et d'un bon régime de vie. Je pense que le message est clair.

RD

 

Rester en santé pour travailler durant sa retraite.

Cet article basé sur un récent sondage me laisse songeur. D’abord, parce que lorsque l’on prend sa retraite, c’est pour quitter le marché du travail et ne pas s’y accrocher à coup de travail à temps partiel. Ensuite, l’âge à laquelle on prend sa retraite est déterminant dans ce choix. Comme les incitations pour garder le monde au travail vont pleuvoir, il y a lieu de se poser la question alternative suivante : pourquoi ne pas adopter la simplicité volontaire si nos revenus ne nous permettent pas tout le luxe d’antan?

« Rester en santé pour travailler durant sa retraite. »

Winnipeg (PC)

« Un bon nombre de Canadiens comptent sur le maintien en bonne santé pour continuer à travailler lorsqu’ils auront atteint l’âge de la retraite. Un sondage Décima révèle que :

- 58 % des travailleurs canadiens prévoient exécuter un certain type de travail à la retraite tandis que seulement 23 % des retraités actuels sondés en ont fait autant après avoir pris leur retraite.

- Les Canadiens de la génération des baby-boomers sont ceux qui envisagent le plus de continuer à travailler après leur retraite, à 65 %. Par ailleurs, 56 % des répondants pensent ne pas avoir suffisamment d’argent pour vivre s’ils arrêtent de travailler complètement, mais 30 % des répondants affirment que la possibilité de maintenir des relations serait un des avantages de continuer à travailler une fois à la retraite.

L’étude menée pour le groupe financier Investors confirme par ailleurs que la planification financière est entreprise tard dans la vie. Bien que les Canadiens déclarent envisager de prendre leur retraite à 61 ans, en moyenne, 42 % des répondants retraités disent ne pas avoir commencé à penser sérieusement à leur retraite avant d’avoir 50 ans.

Le sondage a été réalisé du 20 au 30 octobre 2006 auprès de 2 170 Canadiens. La marge d’erreur est de 2,2 %, 19 sur 20. »

Source : Journal de Québec, 4 janvier 2007

Finalement, tout cela demeure un choix individuel.

RD

mercredi, janvier 03, 2007

 

La révolution de l’espérance de vie.

Parmi les sujets qui apparaissent les plus importants pour les jeunes Séniors, il y a le fait que l’on est de plus en plus nombreux à se rendre à un âge avancé. Pourquoi en est-il ainsi? À ce propos, j’ai déniché un article de Frédéric Albrecht qui fait à mon sens, le tour de la question.

En le lisant, j’ai réalisé que j’étais un chanceux dans ma malchance. Le fait de vieillir n’était plus aussi traumatisant qu’autrefois. Plus même, vu le nombre d’années qui se sont rajoutées en moyenne (accroissement de la longévité), nous sommes devenus les premiers grands champions de l’humanité au plan de l’allongement de l’espérance de vie.

Source : (http://www.vivre100ans.fr/vieillissement/maladie/revolution1.htm)

La révolution de l’espérance de vie

« L'espérance de vie était de 47,5 ans au début du siècle, elle tourne aujourd'hui aux alentours de 80 ans… Les faits sont là. Dans la quête de la longévité, nous avons gagné en moins d'un siècle plus qu'en des millénaires… Pourquoi ?

Notre planète connaît aujourd'hui une véritable révolution démographique. De 3 milliards d'habitants en 1950, nous sommes passés à 6 milliards en 1999, et nous serons probablement 11 milliards en 2025. Mais surtout, l'un des faits les plus marquants est l'explosion du nombre des plus âgés et l'accroissement prévu de leur part dans la population mondiale. En France, sur les 60 millions d’habitants que compte le pays, 20% ont plus de 60 ans. Dans 50 ans, cette proportion atteindra 35%. Les plus de 75 ans auront triplé, les plus de 85 ans auront quadruplé…

Vivre sa vie jusqu’au bout

L’espérance de vie était de 47,5 ans au début du siècle, elle tourne aujourd’hui aux alentours de 80 ans… Les faits sont là. Dans la quête de la longévité, nous avons gagné en moins d’un siècle plus qu’en des millénaires… C’est une véritable révolution que nous vivons actuellement. Nous assistons, dans les pays industrialisés tout au moins, à une nouvelle donne : l’homme vit sa vie jusqu’au bout. Pourquoi aujourd’hui ? Le 20ème siècle a été riche de progrès : dans la première moitié du siècle, nous avons gagné des années d’espérance de vie grâce à la baisse de la mortalité infantile ; dans la seconde moitié, c’est l’explosion de l’espérance de vie des personnes âgées de plus de 65 ans qui a nous a permis d’avoisiner aujourd’hui les 80 ans.Il pourrait y avoir 3 types d’explications à ces années gagnées : génétiques, comportementales ou environnementales. Au niveau génétique, le consensus scientifique est formel : nous n’avons pas, en un siècle, subi de mutations génétiques, l’homme d’aujourd’hui a les mêmes chromosomes que l’homme du Moyen-âge ! De la même manière, l’explication ne vient pas non plus d’un bouleversement comportemental : notre façon d’interagir avec le monde n’a pas fondamentalement évolué.

Un environnement propice

Tout s’explique donc par l’environnement… Au cours du 20ème siècle, celui-ci s’est profondément modifié. Dans la notion d’ « environnement », il faut entendre à la fois les progrès médicaux (vaccins, antibiotiques, traitements des cancers), mais aussi économiques ou sanitaires : tout-à-l’égout, eau potable, lutte contre la pauvreté, instruction des mères, etc. Ces changements majeurs ont amélioré notablement notre santé, celle de nos enfants (longtemps, un enfant sur deux mourait avant l’âge de 10 ans) et de leur mère (dangereux post-partum !), celle, aujourd’hui, de nos aînés. Car la lutte contre les maladies de l’âge avance, et on peut en ce début de 21ème siècle faire son jogging matinal à 70, 75 ou 80 ans !

Dans les pays industrialisés, l’âge au décès le plus élevé augmente aussi. Mais cela ne signifie pas nécessairement que la longévité humaine augmente ! Car plus le nombre de personnes vivant jusque 90 ans est grand, plus, à chances de survie égales, est grande la probabilité qu’au moins une personne atteigne 95, 100, 105 ans ! Comme le précise M. Robine, « si l’espérance de vie atteignait 100 ans, 83% des petites filles nées en 2000 atteindront 90 ans, 58% arriveront à 100 ans, 20% à 110 et 1% à 120 ans ».

En deux mots, l’espérance de vie a augmenté, mais l’espérance de vie sans incapacité aussi. En 10 ans, entre 1981 et 1991, les femmes de 65 ans ont gagné 1,8 an d'espérance de vie et 2,3 ans d'espérance de vie sans incapacité ; les hommes 1,6 an d'espérance de vie et 1,3 an d'espérance de vie sans incapacité. Pour les femmes comme pour les hommes, l'accroissement de l'espérance de vie s'est accompagné d'une augmentation de la part de la vie vécue sans incapacité indiquant pour la France, une compression de la morbidité aux âges élevés.C’est-à-dire que les années gagnées sont de bonnes années ! »

Enfin, nous sommes rendus à la croisée des chemins pour un avenir meilleur et prolongé de la vie humaine, pour ceux d'entre nous qui ont accès aux meilleurs niveaux de vie sur cette planète. Il n'en est pas de même pour tous malheureusement.

RD

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