dimanche, mars 27, 2011

 

Fin des audiences de la Commission sur la question de mourir dans la dignité


Le député de Jacques-Cartier Geoffrey Kelley et la députée de Joliette Véronique Hivon, respectivement président et vice-présidente de la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité.


La dernière journée des audiences de la Commission parlementaire spéciale sur la question de mourir dans la dignité s'est achevée à Québec, mardi, le 22 mars 2011. Au cours des derniers mois, la commission aura suscité une participation exceptionnelle.

La commission itinérante a tenu 29 jours d'audiences dans huit villes du Québec. Plus de 230 personnes et organismes ont été entendus et 325 mémoires ont été déposés.

Aussi, 6750 personnes ont rempli le questionnaire en ligne de la commission.

La Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité aura permis de recueillir le point de vue des Québécois sur les questions de l'euthanasie, du suicide assisté, de la sédation terminale, du refus de traitement et de l'acharnement thérapeutique.

Les trois quarts des participants à la commission étaient des citoyens venus faire des suggestions et livrer des témoignages parfois émouvants.

Les participants ont entre autres demandé que les soins de fin de vie soient mieux définis et que ce qui pourrait devenir le droit de demander à mourir soit encadré.

Les deux coprésidentes de la commission, Maryse Gaudreault et Véronique Hivon, devront maintenant amorcer le travail de rédaction. La commission n'a pas dégagé de consensus clair. Toutefois, les coprésidentes disent avoir bien saisi les préoccupations des Québécois. « En matière de refus de traitement, d'arrêt de traitement, de voir si cette notion d'autonomie doit être poussée plus loin, et jusqu'à une aide médicale à mourir, ou si le caractère sacré de la vie, la préservation de la vie à tout prix doit continuer à avoir le haut du pavé », mentionne Véronique Hivon.

Les deux coprésidentes remettront leur rapport cet automne.

RD

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vendredi, mars 18, 2011

 

Système de santé québécois : la population sondée


Article de Johanne Roy, journal de Québec, 3 mars 2011

L’Institut de la statistique du Québec mène deux vastes études auprès de la population afin de connaître son point de vue sur l’accès aux soins, l’utilisation des urgences et l’efficacité des soins.

C’est la première fois que l’on sonde la population québécoise sur ces questions de manière aussi étendue et pointue, signale Rosanna Baraldi, chargée de projet à l’Institut.

Pas moins de 60 000 Québécois de 15 ans et plus, choisis au hasard dans toutes les régions, seront contactés par téléphone d’ici la fin de l’année. La plupart de ces personnes recevront au préalable une lettre les informant que l’Institut communiquera avec elles.

La première étude porte sur l’expérience de soins de santé et de services sociaux, tandis que la deuxième concerne les limitation d’activités, les maladies chroniques et le vieillissement.

Les informations recueillies permettront d’ajuster les services offerts en fonction des besoins de la population, tout en tenant compte des réalités locales.

La participation à ces études est volontaire, mais très importante, souligne-t-on. La Loi sur l’Institut de la statistique du Québec garantit la confidentialité de tous les renseignements recueillis.

Les coûts liés à la collecte de données sont évalués entre 40 $ et 45 $ par entrevue. « C’est un montant raisonnable en enquête », souligne Mme Baraldi. Les résultats sont rendus publics au cours du premier trimestre de 2013.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Un État moderne sait évaluer les besoins de ses citoyens. Le Québec s'assume de mieux en mieux et il est probable que nous en sortirons tous gagnants en termes de quantité et de qualité des soins et services à la population, à la lumière de ces études. Bravo!

RD

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Le tsunami gris, un défi, pas un fardeau


 Même si le vieillissement de la population constitue un défi pour la société québécoise, les aînés sont loin de représenter un fardeau, insistent les spécialistes.


« La vieillesse n’est pas seulement synonyme de prise en charge. Je ne veux pas minimiser, mais, dans les faits, quand les parents sont dans le troisième âge, ils aident beaucoup plus leurs enfants que l’inverse », explique le professeur en anthropologie et médecine sociale Éric Gagnon.

Il souligne que les grands-parents gardent fréquemment leurs petits-enfants, qu’ils aident leurs enfants à rénover leur maison et qu’ils leur donnent même de l’argent.

« Il ne faut pas voir les personnes âgées comme des personnes dépendantes qui reçoivent de l’aide parce que pendant la plus grande partie de la vieillesse, entre 60 et 75 ans, ce sont plutôt eux qui vont donner beaucoup », a-t-il ajouté.

Le chercheur signale que c’est seulement au quatrième âge, lorsque les aînés en sont aux dernières années de leur vie et qu’ils perdent leur autonomie, que la tendance est inversée.

Il ajoute que les personnes âgées ne constituent pas un bloc monolithique, précisant que l’on reconstitue les mêmes inégalités sociales à la retraite que lors de la vie active.

« Certains n’auront que leur petite pension fédérale et vivront dans le demi-sous-sol d’un bloc appartement vétuste, alors que d’autres passeront la moitié de l’année dans le Sud », illustre M. Gagnon.

Puis, outre les ressources financières, le réseau social est aussi un facteur déterminant dans la réussite de la retraite, ceux qui ont des enfants à proximité et qui ont pu conserver des amis ayant bien entendu moins de chance de vieillir dans la solitude.
 
Support familial

« L’augmentation de l’espérance de vie signifie des liens avec nos parents qui durent plus longtemps et donc qui deviennent plus importants et significatifs », avance aussi Éric Gagnon, selon qui les Québécois devront réfléchir au rôle qu’ils entendent jouer à l’égard de leurs parents vieillissants.

Sans craindre une désaffection massive, la chercheuse Marie Beaulieu estime que la réalité vécue par bien des familles encourage peu le support aux aînés.

« Avec les deux conjoints qui travaillent et la multiplication des familles monoparentales, il ne reste pas beaucoup de temps pour les vieux parents et pour faire la petite visite sur semaine qui permet parfois de découvrir bien des choses », a-telle déploré.

Tant Mme Beaulieu que M. Gagnon estiment donc que des « ajustements sociaux » sont à prévoir, alors que le vieillissement de la population façonnera de plus en plus les rapports familiaux. « Ce n’est pas normé socialement ce que l’on doit faire pour ses parents, alors ça crée une grande disparité et une grande insécurité parce qu’on ne sait pas jusqu’où on peut compter sur ses enfants, et les enfants ne savent pas non plus jusqu’où ils doivent aller », a résumé le professeur.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Les liens parents-enfants sont évolutifs d'une génération à l'autre. Si le foyer familial était froid et peu rassembleur, il est vraisemblable que les enfants rendus adultes vont faire leur vie sans se préoccuper outre mesure de leurs parents. Dans le cas contraire, les gestes d'entraide viennent naturellement et spontanément parce qu'il y a un sentiment d'appartenance très fort qui s'est maintenu depuis les premiers moments de la vie. Un parent qui donne énormément à ses enfants, habituellement a un retour d'ascenseur du même ordre, sinon plus...

RD 

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11 millions $ pour éviter l’isolement des aînés au Québec


Marguerite Blais, ministre responsable des Aînés, annonce au café du Monument-National à Montréal le dimanche 6 mars 2011, un investissement pour les conditions de vie des aînés du Québec.  

La ministre des aînés Marguerite Blais souhaite augmenter le quotidien des aînés et briser leur isolement social. Le gouvernement va verser un total de 11 millions $ à 170 organismes de la province œuvrant auprès de cette population.

Quatre millions $ seront notamment injectés dans une trentaine d’organismes venant en aide aux personnes âgées dans la métropole.   

Lors d’un point de presse dimanche, Mme Blais a rappelé que 50 % des aînés de 75 ans sont encore propriétaires de leur domicile et qu’il faut «maintenir nos aînés dans un environnement qui favorise le vieillissement».

«Les aînés peuvent avoir un sentiment d’inutilité. Les organismes font énormément de prévention sur le terrain pour leur éviter de se retrouver à l’hôpital ou dans des situations de désinsertion sociale», a-t-elle déclaré.

Selon elle, les personnes âgées ont davantage besoin d’être stimulées pour éviter «le suicide, la prise de médication, la prise d’alcool et le repli sur soi».

Le président du Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU), Pierre Blain, compte utiliser sa part du financement pour faire valoir les droits des usagers du réseau de la santé, entre autres dans les CHSLD et les résidences privées.

«Il y a beaucoup de personnes âgées qui ne sont pas au courant de leurs droits. Est-ce que les gens veulent un seul bain par semaine? Je ne pense pas,» a-t-il illustré.

Des membres du RPCU recevront d’ailleurs de la formation sur la maltraitance ou encore la fraude pour renseigner les aînés, ce qui leur permettra d’ «améliorer leur qualité de vie», a jugé M. Blain.
Par ailleurs, il croit qu’il faut faire «une distinction des soins de santé et qu’il faut réfléchir avant d’atteindre 75 ans parce qu’il est là notre problème».

La semaine dernière, Québec avait annoncé un investissement de 150 millions $ pour un plan de services intégrés pour les personnes âgées et l’élaboration de la politique «Vieillir chez soi», qui devrait voir le jour au courant de l’année 2012.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Retenons surtout la phrase suivante de la Ministre responsable des Aînés : « IL FAUT MAINTENIR NOS AÎNÉS DANS UN ENVIRONNEMENT QUI FAVORISE LE VIEILLISSEMENT »

RD

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Notre PM, M. Charest et le pouvoir gris au Québec




Article de Donald Charette, directeur du bureau politique, journal de Québec, 4 mars 2011

Le gouvernement Charest est sur une bonne lancée. Exit l’affaire Bellemare-Charest et la commission d’enquête sur la construction; Lucien Bouchard s’occupe des gaz de schiste. Il ne reste plus qu’à démontrer à la population qu’on s’occupe de ses besoins.

Le discours inaugural avait laissé entrevoir des « gestes de proximité ». C’est exactement ce qu’a fait hier le gouvernement en dévoilant sa politique pour les aînés. Cent cinquante millions de dollars dès cette année et 200 millions les années subséquentes qui serviront à des ressources intermédiaires et à des centres d’hébergement de longue durée.

Tout le milieu social réclame depuis des années de rehausser les budgets pour permettre aux gens en perte d’autonomie de vivre à la maison et d’éviter d’être placés en institution.

Québec a annoncé hier 200 places en unités de récupération, 800 places en centre d’hébergement, alors que 15 000 personnes de plus auront du soutien à domicile. La nouvelle a été accueillie avec un soupir de soulagement par le réseau social et même la CSN a salué ce « pas dans la bonne direction ».

Le gouvernement n’a pas lésiné sur les moyens et, outre le premier ministre, trois ministres — Yves Bolduc (Santé), Marguerite Blais (Aînés) et Dominique Vien (Services sociaux) — ont participé au dévoilement de Vieillir chez soi.

Depuis des années, le pouvoir public a privilégié les mesures pour les jeunes familles et a poussé la natalité avec une politique de conciliation travail-famille. Cela a donné les garderies à 7 $ et une politique de congés parentaux extrêmement avantageuse, dont n’ont jamais pu rêver les boomers maintenant accablés de tous les péchés du monde par les générations montantes. La semaine dernière, Jean Charest parlait de la conciliation travail-retraite.

Il suffit d’observer les courbes démographiques et de lire sur le phénomène du tsunami gris pour comprendre que les gouvernements doivent s’occuper de cette cohorte de citoyens qui quitteront en rangs serrés le marché du travail. Le pouvoir gris est déjà là.

Par ailleurs, on constate que notre société traite plutôt mal ses aînés et que les structures ne sont pas là ou ne sont pas suffisamment financées pour leur garantir une fin de vie paisible.

Plus de 6 000 personnes végètent sur une liste pour être placées dans un CHSLD! Quiconque a eu à s’occuper de ses parents ou de proches en perte d’autonomie est frappé par la rareté et la cherté des ressources. Le choix se fait entre un placement privé onéreux ou ajouter un nom sur la liste d’attente du public. Les résidences offrent des services à la carte et la note est salée, au point souvent de faire fondre ce que les gens ont pris une vie entière à épargner.

Les gouvernements réagissent avec une lenteur désespérante aux mouvements sociaux. Le renversement démographique au Québec est fort documenté et des signaux ont été envoyés depuis longtemps. Quant au rapport de la commission sur les aînés, voilà plus de trois ans qu’il a été déposé.
Il faudra bientôt prendre des décisions impopulaires, hausser les contributions à la Régie des rentes pour éviter que la caisse ne se vide, peut-être repousser l’âge de la retraite, comme cela s’est fait en Europe, trouver la façon de garder des gens au travail, freiner l’exode des « jeunes » employés de l’État qui partent avant tout le monde. Ça, c’est plus difficile que d’investir des millions.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Effectivement, le gouvernement du Québec a subi des attaques de l'Opposition, dont les assises étaient plus que faibles. Pendant ce temps, les vraies problèmes s'accumulent et les vraies solutions ne sont pas mises en place. Il faut admirer notre PM et son équipe qui ont su passer à travers leur propre tsunami personnel, sans y laisser leur peau. Ça aussi, c'était champion!

RD

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Tsunami gris : l'État-providence québécois joue son avenir

 L'État-providence joue son avenir

Le vieillissement de la population menace le modèle québécois d'État-providence, estime le professeur d'anthropologie et de médecine sociale, Éric Gagnon.

En 2007, les dépenses de santé pour les personnes âgées étaient de 10 094 $ en moyenne par personne, contre 1 644 $ pour les moins de 65 ans.

 Le spécialiste de l'Université Laval signale que depuis toujours, les Québécois ont maintenu des relations électives avec leurs parents âgés, profitant des meilleurs moments en leur compagnie tout en rejetant la responsabilité des soins sur l'État.

Avec la multiplication des aînés, M. Gagnon se demande pendant combien de temps le gouvernement pourra encore combler tous les besoins.

«L'idéal de liens dans lequel on vit repose sur nos attentes à ce qu'il y ait toujours des employés de CLSC, par exemple, pour donner les bains ou habiller les aînés en perte d'autonomie. Or, la grande inconnue des 20 prochaines années, c'est jusqu'où on va pouvoir se payer des services, personne ne le sait», a-t-il résumé.

Il indique que déjà, des familles québécoises sont confrontées aux limites de la générosité de l'État.

«Du seul fait des finances publiques et du manque de personnel, parce qu'il ne manque pas seulement des infirmières, mais surtout des préposés aux bénéficiaires et des auxiliaires, l'idéal de relations basé sur la sociabilité et non les tâches à faire, on ne l'atteint pas toujours», a indiqué Éric Gagnon, ajoutant que «c'est l'avenir de l'État-providence qui est en jeu».

Pas tous en CHLSD

Le professeur n'entretient pas une vision fataliste du vieillissement malgré tout.

Même si une récente étude de l'Institut national de santé publique conclut que le nombre d'aînés ayant besoin de soins de longue durée doublera au Québec d'ici 2031, et triplera dans certaines régions, Éric Gagnon estime que la plupart s'en tireront plutôt bien.

«Tout de même, c'est une minorité de gens qui vont finir leur vie dans les CHSLD, ceux qui sont en lourde perte d'autonomie. Dans beaucoup de cas, nous allons finir dans des appartements pour personnes semi-autonomes, avec services c'est certain, mais pas tous dans des CHSLD.»

Au moment de publier son étude, le directeur adjoint de l'INSPQ, Robert Choinière, avait plaidé pour une révision de l'organisation des soins de longue durée.

«Le vieillissement entraînera des répercussions considérables sur les dépenses reliées aux soins à domicile et aux soins continus fournis dans les établissements», avait-il écrit dans le document publié en mai 2010.

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jeudi, mars 17, 2011

 

Nos vieux en résidence, s'en occupe-t-on adéquatement?

Article de PATRICK LAGACÉ, La Presse, 11 mars 2011


« Peut-être qu'on se fiche des vieux »

Il y a quelque chose qui cloche dans les résidences qui prennent soin de nos vieux. Quand on n'en oublie pas un dans un bain bouillant, on suspend les bains parce que le personnel est en vacances. Les petites négligences qui tuent la dignité succèdent aux cas de négligence qui, parfois, tuent tout simplement.

Et le cas de Muriel Rougeau? On ne sait pas trop.

Quelque chose, dans le système, a forcément cafouillé. Quelque part entre le 22 décembre à 20h et le 23 à 1h, Mme Rougeau, 92 ans, s'est levée de son lit comme elle le faisait parfois. L'alarme qui devait avertir le personnel qu'elle venait de se lever n'a pas sonné. Elle est tombée, se fracturant le nez et le poignet. Elle a passé une période indéterminée au sol avant qu'on ne la trouve, souffrant le martyre, en sang.

Les photos donnent mal au coeur. On dirait que Mme Rougeau a été battue par un boxeur fou. Sa fille, Suzanne Dagenais, ne veut pas partir en guerre contre le CHSLD. Elle est trop triste et consacre ses énergies à assurer à sa mère une fin en douceur.

Interrogé par ma collègue Ariane Lacoursière, qui n'en finit plus d'exposer dans La Presse les dérapages dans le système des soins étatiques et privés donnés aux personnes âgées, le CHSLD estime que tout cela n'est qu'un bête accident.

Comment le CHSLD le sait-il? Tout simple: il a fait enquête...

Un CHSLD qui fait enquête sur ses propres agissements ou manquements, voilà qui fait disjoncter le juriste et sociologue Louis Plamondon, qui est à la cause de la vieillesse telle qu'elle se vit au Québec ce que Steven Guilbeault est à la cause environnementale.

«L'attitude générale dans le système, quand une personne âgée meurt dans un CHSLD, c'est que ce n'est pas grave, dit le président de l'Association de défense des droits des retraités. On semble se dire: «Ce n'est pas grave s'il est mort, il serait mort de toute façon, il était vieux.» Mais je le dis: il y a chaque année 70 morts à cause de négligence dans le réseau.»

Louis Plamondon ne parle pas à tort et à travers. Il a étudié les rapports d'enquête du Bureau du coroner des années 2005, 2006 et 2007 sur la mort de personnes âgées dans le système. Bon an, mal an, les coroners recensent 70 morts attribuables à des négligences du personnel, «des négligences à divers degrés».

«Or, là-dessus, dit Louis Plamondon, combien pensez-vous qu'il y a eu d'enquêtes de la police? Aucune!»

Il a lui-même porté plainte à la police, il y a quelques jours, pour une mort survenue dans une résidence publique de Montréal. Maurice Gibeau, 84 ans, qui souffrait de problèmes pulmonaires, a appelé à l'aide en tirant sur la sonnette de sa chambre, en décembre 2009. Le préposé de garde cette nuit-là n'a jamais répondu. Il avait débranché les alarmes pour pouvoir dormir. Il n'avait pas fait ses rondes nocturnes, alors que M. Gibeau devait être visité aux deux heures. Tous ces faits ont été mis au jour dans l'enquête du coroner.

Il y a, dans le réseau, une culture de la tolérance vis-à-vis des négligences à l'égard des personnes âgées, observe Louis Plamondon. Il parle carrément d'«âgisme» - de la discrimination basée sur l'âge, comme le sexisme ou le racisme. Dans Vie et vieillissement, Plamondon a publié un article sur la vieillesse au Québec: «L'âgisme meurtrier». Un extrait:

«Comment interpréter le fait que, tel que prévu par la Loi des coroners, les personnes décédées dans des centres de réadaptation pour les déficients intellectuels, des centres jeunesse, des garderies, des prisons et des lieux de garde sont obligatoirement signalées au coroner, et que les aînés souvent vulnérables qui décèdent dans des établissements et dans les résidences ne font pas, ceux-là, obligatoirement l'objet d'un signalement au coroner, qui décide ou non d'enquêter?»

M. Plamondon a porté plainte à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse pour discrimination envers les personnes âgées dans la Loi sur la recherche des causes et circonstances des décès, qui encadre le travail des coroners. En décembre dernier, la Commission a émis un avis sur la question. En gros, elle a dit: il n'y a pas de discrimination, mais il y a de la discrimination!

La Commission estime que la loi n'est pas discriminatoire au sens la Charte des droits, mais elle recommande quand même qu'elle soit changée «afin d'élargir aux CHSLD, aux ressources intermédiaires et aux résidences pour personnes âgées» l'obligation d'aviser le coroner quand un pensionnaire meurt entre ses murs. Ensuite, comme en Ontario, c'est le Bureau du coroner qui décide s'il y a lieu d'enquêter. Pas le CHSLD ou la résidence concernée.

Il y a quelque chose qui cloche dans les résidences qui prennent soin de nos vieux. Peut-être parce qu'il y a quelque chose qui cloche dans la société, dans notre attitude vis-à-vis de la vieillesse. Peut-être parce qu'à la fin, collectivement, on s'en fiche un peu.

 RD

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jeudi, mars 03, 2011

 

Québec investit des millions pour les soins des aînés



Les investissements de Québec serviront à développer le soutien à domicile, des services de récupération fonctionnelle, des ressources intermédiaires et des soins aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.

Québec investira des millions de dollars au cours des prochaines années pour améliorer les soins aux aînés, selon l'annonce par le premier ministre Jean Charest.


Pour l'année 2011-2012, le gouvernement versera 150 millions $. La somme grimpera à 200 millions $ par année, à compter de 2012-2013.

Les investissements serviront à développer le soutien à domicile, des services de récupération fonctionnelle, des ressources intermédiaires et des soins aux personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer.

Les sommes apporteront davantage de soutien aux régions les plus touchées par le vieillissement, soit Laval, Lanaudière, Laurentides et la Montérégie.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, affirme qu'en bout de ligne, cela contribuera même à désengorger les urgences des hôpitaux en y libérant des lits actuellement occupés par des personnes âgées.

Soins aux aînés: Québec sort son chéquier

 (Québec) Le gouvernement Charest injectera au moins 50 millions supplémentaires par année dans les soins destinés aux personnes âgées au cours des trois prochaines années, surtout dans le but de les maintenir à domicile le plus longtemps possible. Ces sommes pourraient être substantiellement bonifiées en cours de route, a appris La Presse.

Il réalisera ainsi l'un des engagements de son discours d'ouverture de la session parlementaire, la semaine dernière. Il avait alors promis un «plan de services intégrés aux personnes âgées». «Ce plan comporte plusieurs volets: davantage de soutien à domicile, davantage de places en convalescence, davantage de places en ressources intermédiaires et en soins de longue durée», avait-il dit.

Le gouvernement n'annoncera vraisemblablement pas d'investissements en immobilisation, donc pas question d'ouvrir de nouveaux CHSLD. Il misera surtout sur le soutien à domicile en augmentant les services donnés par des infirmières, des physiothérapeutes et des ergothérapeutes, par exemple.
Québec créera des places en ressources intermédiaires (RI), en plein essor depuis quelques années. Les RI sont des résidences privées qui accueillent des aînés qui ont besoin de moins de trois heures de soins par jour (les CHSLD sont réservés aux personnes les moins autonomes). Supervisées de façon constante (mais pas par une infirmière), les RI sont liées par contrat avec un centre de santé et de services sociaux (CSSS) qui fournit les services professionnels.

Les centres de réadaptation recevront du financement afin d'accueillir plus de personnes âgées en convalescence. Le but: libérer des lits dans les hôpitaux et, par conséquent, décongestionner les urgences.

En 2008-2009, 418 millions  ont été consacrés aux services à domicile et 1,7 milliard à l'hébergement en CHSLD. 176 000 aînés reçoivent des soins à domicile chaque année.

Il faudra toutefois patienter avant que le gouvernement ne dévoile un autre plan, aussi attendu, destiné à améliorer la qualité des services aux aînés dans les résidences privées. Un projet de loi et un règlement seront déposés bientôt.

Comme La Presse l'a déjà indiqué au cours des derniers mois, Québec entend créer un processus d'inspection propre aux résidences privées, qui ne sont pas soumises aux «visites d'appréciation de la qualité» comme les CHSLD. Québec a abandonné l'idée d'étendre ces visites aux résidences privées au motif que ce serait trop lourd et coûteux. C'est pourquoi il est en train de mettre au point un processus d'inspection distinct.

La vérification des antécédents judiciaires dont font déjà l'objet les membres des conseils d'administration et les propriétaires de résidences s'appliquera aussi aux employés.

Les critères en matière de formation du personnel seront revus. Actuellement, les résidences privées sont obligées d'avoir en poste, 24 heures sur 24, une seule personne qui détient une formation en réanimation cardiorespiratoire, en secourisme et en déplacement sécuritaire des aînés. Un ratio d'employés formés devrait être fixé en fonction du nombre de pensionnaires. Depuis mai 2008, Québec a entre les mains un rapport qui lui recommande d'obliger tous les employés et propriétaires à avoir une formation.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Enfin, le gouvernement du Québec annonce une politique de maintien à domicile, bien intégrée avec les services d'hébergement et les soins de santé, en réponse aux besoins pressants exprimés par les aînés qui veulent rester le plus longtemps possible chez eux, dans leur logement, dans leur milieu de vie, ...

C'est un bon pas en avant de la part du gouvernement Charest et de la ministre responsable des aînés, Mme Marguerite Blais. Bravo!

RD

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