vendredi, mars 18, 2011

 

Le tsunami gris, un défi, pas un fardeau


 Même si le vieillissement de la population constitue un défi pour la société québécoise, les aînés sont loin de représenter un fardeau, insistent les spécialistes.


« La vieillesse n’est pas seulement synonyme de prise en charge. Je ne veux pas minimiser, mais, dans les faits, quand les parents sont dans le troisième âge, ils aident beaucoup plus leurs enfants que l’inverse », explique le professeur en anthropologie et médecine sociale Éric Gagnon.

Il souligne que les grands-parents gardent fréquemment leurs petits-enfants, qu’ils aident leurs enfants à rénover leur maison et qu’ils leur donnent même de l’argent.

« Il ne faut pas voir les personnes âgées comme des personnes dépendantes qui reçoivent de l’aide parce que pendant la plus grande partie de la vieillesse, entre 60 et 75 ans, ce sont plutôt eux qui vont donner beaucoup », a-t-il ajouté.

Le chercheur signale que c’est seulement au quatrième âge, lorsque les aînés en sont aux dernières années de leur vie et qu’ils perdent leur autonomie, que la tendance est inversée.

Il ajoute que les personnes âgées ne constituent pas un bloc monolithique, précisant que l’on reconstitue les mêmes inégalités sociales à la retraite que lors de la vie active.

« Certains n’auront que leur petite pension fédérale et vivront dans le demi-sous-sol d’un bloc appartement vétuste, alors que d’autres passeront la moitié de l’année dans le Sud », illustre M. Gagnon.

Puis, outre les ressources financières, le réseau social est aussi un facteur déterminant dans la réussite de la retraite, ceux qui ont des enfants à proximité et qui ont pu conserver des amis ayant bien entendu moins de chance de vieillir dans la solitude.
 
Support familial

« L’augmentation de l’espérance de vie signifie des liens avec nos parents qui durent plus longtemps et donc qui deviennent plus importants et significatifs », avance aussi Éric Gagnon, selon qui les Québécois devront réfléchir au rôle qu’ils entendent jouer à l’égard de leurs parents vieillissants.

Sans craindre une désaffection massive, la chercheuse Marie Beaulieu estime que la réalité vécue par bien des familles encourage peu le support aux aînés.

« Avec les deux conjoints qui travaillent et la multiplication des familles monoparentales, il ne reste pas beaucoup de temps pour les vieux parents et pour faire la petite visite sur semaine qui permet parfois de découvrir bien des choses », a-telle déploré.

Tant Mme Beaulieu que M. Gagnon estiment donc que des « ajustements sociaux » sont à prévoir, alors que le vieillissement de la population façonnera de plus en plus les rapports familiaux. « Ce n’est pas normé socialement ce que l’on doit faire pour ses parents, alors ça crée une grande disparité et une grande insécurité parce qu’on ne sait pas jusqu’où on peut compter sur ses enfants, et les enfants ne savent pas non plus jusqu’où ils doivent aller », a résumé le professeur.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Les liens parents-enfants sont évolutifs d'une génération à l'autre. Si le foyer familial était froid et peu rassembleur, il est vraisemblable que les enfants rendus adultes vont faire leur vie sans se préoccuper outre mesure de leurs parents. Dans le cas contraire, les gestes d'entraide viennent naturellement et spontanément parce qu'il y a un sentiment d'appartenance très fort qui s'est maintenu depuis les premiers moments de la vie. Un parent qui donne énormément à ses enfants, habituellement a un retour d'ascenseur du même ordre, sinon plus...

RD 

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