lundi, décembre 18, 2006
Divorcer après 60 ans n'est plus un acte exceptionnel.
Je vous propose un article d’olivier Razemon paru sur Internet le 5 septembre 2006 dans le site de lemonde.fr qui nous apprend qu’en France « DIVORCER APRÈS 60 ANS N’EST PLUS UN ACTE EXCEPTIONNEL ».
Divorcer après 60 ans n'est plus un acte exceptionnel.
« Selon l'Institut national d'études démographiques (INED), le nombre des divorces des couples de plus de 60 ans a doublé depuis 1985. Le gynécologue Sylvain Mimoun, qui reçoit de nombreux seniors dans son cabinet parisien, l'a observé : la séparation d'un couple de sexagénaires était "exceptionnelle" il y a quinze ans et elle est devenue, année après année, "rare, pas fréquente puis occasionnelle". "Je ne serais pas surpris que la tendance s'accélère", affirme-t-il.
Le sexologue lyonnais Gérard Ribes explique ce phénomène par la place grandissante de l'individu dans la société. "La génération qui a fait Mai 68 a renoué avec sa jeunesse. Elle cherche un nouvel épanouissement personnel. Les couples ont le sentiment d'avoir fait leur travail de parents, et leur position de grands-parents est désormais solide. Le contrat a été honoré", explique-t-il.
Dans un premier temps, cette redécouverte de la liberté a amené les jeunes retraités à pratiquer des sports et à voyager. Souvent à l'aise sur le plan financier et disposant de temps, ils veulent continuer à profiter de la vie. La période de la retraite ne revêt plus la même signification qu'il y a quinze ou vingt ans. "C'était le temps du repli.
Aujourd'hui, c'est celui du déploiement", estime M. Ribes. Et puis la société a évolué. Le mariage, lien social par excellence, ne constitue plus une valeur aussi solide. Les médias parlent plus volontiers des personnes seules. A ces raisons sociologiques s'ajoute une explication économique : les femmes, qui hésitaient à demander le divorce parce qu'elles y perdaient leur statut social et leurs ressources, sont mieux protégées et hésitent moins à se séparer de leur mari.
"Les personnes plus âgées sont rattrapées par la vie", résume le psychiatre et thérapeute de couples parisien Philippe Brenot, qui constate qu'en dépit d'une proportion élevée de divorces la durée moyenne du couple est aujourd'hui bien supérieure à ce qu'elle était autrefois. "Au Moyen Age, on vivait en moyenne seize ans ensemble et, au XIXe siècle, vingt-cinq ans. Aujourd'hui, un jeune couple détient une espérance de vie de soixante ans. Mais peut-on vivre soixante ans ensemble ?" À cette question, le docteur Brenot répond sans hésiter "non", parce que, explique-t-il, "le couple subit des forces centrifuges, que les liens affectifs évoluent et que la vie est faite de rencontres".
L'ennui est souvent à l'origine de la séparation. "La vie quotidienne devient difficile, indique le docteur Mimoun. L'homme, une fois à la retraite, se retrouve à la maison, sur le terrain de la femme." Ils ont chacun leurs habitudes, ne rangent pas de la même manière... Le docteur Brenot attribue également beaucoup de séparations à la "violence". Pas seulement la violence physique, mais aussi "celle des mots, qui s'est banalisée dans le couple", ou encore celle du "silence" que l'un inflige à l'autre. L'alcoolisme ou l'infidélité, le plus souvent du fait de l'homme, constituent d'autres causes de séparation, tout comme la sexualité, ou plutôt son absence. "50 % des couples de sexagénaires n'ont plus de relations sexuelles", constate le docteur Brenot.
Six fois sur dix, c'est la femme qui demande le divorce - une proportion d'ailleurs identique pour toutes les générations. Si elle n'est pas à l'origine de la séparation, la femme est souvent "moins étonnée" que l'homme, qui, lui, "tombe des nues", indique le docteur Brenot. C'est en milieu urbain, constatent tous les praticiens, que les séparations interviennent le plus fréquemment. "En ville, on est plus individualiste, on est moins soumis à l'adversité et on craint peu les regards du voisinage", analyse le docteur Mimoun, qui observe par ailleurs que la tendance à la séparation des couples âgés concerne aussi bien les homosexuels que les hétérosexuels. "Les homosexuels ont exactement les mêmes problèmes que les autres : le quotidien, le caractère, les luttes de pouvoir au sein du couple", explique-t-il.
À 60 ans, la séparation est-elle plus difficile à vivre qu'à 30 ans ? Tout dépend de sa construction mentale, affirme le docteur Brenot. "Le monde adulte se caractérise par la rencontre et la rupture : changements de travail, séparations, déménagements. Quand on a compris que la vie est faite de ces séquences, on accepte plus facilement un divorce", précise-t-il.
À la suite d'une séparation, tous ne reconstruisent pas un couple. Si deux ex-époux demeurent seuls, des retrouvailles sont envisageables, après un temps de latence, parfois grâce aux petits-enfants. D'autres vivent un nouvel amour. Désormais, explique le docteur Brenot, "la société accepte qu'on puisse être amoureux à tous les âges de la vie. Dans les années 1970, on était amoureux à 20 ans et, ensuite, c'était considéré comme subversif, tout simplement parce que les gens étaient jaloux". Les plus réticents à l'affichage de cet amour demeurent les enfants. "Ils n'arrivent pas à accepter que leurs parents puissent avoir une sexualité", indique M. Ribes. »
Qu’en est-il au Québec? Plus que partout ailleurs, les valeurs sociales ont changé dans la Belle Province au point où le nombre de couples en union de fait se rapproche dangereusement de celui des couples mariés. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que les séparations sont beaucoup plus faciles dans une union de fait que dans le cadre du mariage conventionnel qui, lui est régi par un cadre légal rigide et contraignant. Dans le cas de l'Union de fait, il n’y a pas de divorce, simplement un départage des biens accumulés par chacun.
Avec l’arrivée des baby-boomers à la retraite, où l’on retrouve proportionnellement plus d’unions de fait, on devrait s’attendre, AU MINIMUM, aux mêmes tendances que l’on observe en France chez les 60 ans et plus.
RD
Divorcer après 60 ans n'est plus un acte exceptionnel.
« Selon l'Institut national d'études démographiques (INED), le nombre des divorces des couples de plus de 60 ans a doublé depuis 1985. Le gynécologue Sylvain Mimoun, qui reçoit de nombreux seniors dans son cabinet parisien, l'a observé : la séparation d'un couple de sexagénaires était "exceptionnelle" il y a quinze ans et elle est devenue, année après année, "rare, pas fréquente puis occasionnelle". "Je ne serais pas surpris que la tendance s'accélère", affirme-t-il.
Le sexologue lyonnais Gérard Ribes explique ce phénomène par la place grandissante de l'individu dans la société. "La génération qui a fait Mai 68 a renoué avec sa jeunesse. Elle cherche un nouvel épanouissement personnel. Les couples ont le sentiment d'avoir fait leur travail de parents, et leur position de grands-parents est désormais solide. Le contrat a été honoré", explique-t-il.
Dans un premier temps, cette redécouverte de la liberté a amené les jeunes retraités à pratiquer des sports et à voyager. Souvent à l'aise sur le plan financier et disposant de temps, ils veulent continuer à profiter de la vie. La période de la retraite ne revêt plus la même signification qu'il y a quinze ou vingt ans. "C'était le temps du repli.
Aujourd'hui, c'est celui du déploiement", estime M. Ribes. Et puis la société a évolué. Le mariage, lien social par excellence, ne constitue plus une valeur aussi solide. Les médias parlent plus volontiers des personnes seules. A ces raisons sociologiques s'ajoute une explication économique : les femmes, qui hésitaient à demander le divorce parce qu'elles y perdaient leur statut social et leurs ressources, sont mieux protégées et hésitent moins à se séparer de leur mari.
"Les personnes plus âgées sont rattrapées par la vie", résume le psychiatre et thérapeute de couples parisien Philippe Brenot, qui constate qu'en dépit d'une proportion élevée de divorces la durée moyenne du couple est aujourd'hui bien supérieure à ce qu'elle était autrefois. "Au Moyen Age, on vivait en moyenne seize ans ensemble et, au XIXe siècle, vingt-cinq ans. Aujourd'hui, un jeune couple détient une espérance de vie de soixante ans. Mais peut-on vivre soixante ans ensemble ?" À cette question, le docteur Brenot répond sans hésiter "non", parce que, explique-t-il, "le couple subit des forces centrifuges, que les liens affectifs évoluent et que la vie est faite de rencontres".
L'ennui est souvent à l'origine de la séparation. "La vie quotidienne devient difficile, indique le docteur Mimoun. L'homme, une fois à la retraite, se retrouve à la maison, sur le terrain de la femme." Ils ont chacun leurs habitudes, ne rangent pas de la même manière... Le docteur Brenot attribue également beaucoup de séparations à la "violence". Pas seulement la violence physique, mais aussi "celle des mots, qui s'est banalisée dans le couple", ou encore celle du "silence" que l'un inflige à l'autre. L'alcoolisme ou l'infidélité, le plus souvent du fait de l'homme, constituent d'autres causes de séparation, tout comme la sexualité, ou plutôt son absence. "50 % des couples de sexagénaires n'ont plus de relations sexuelles", constate le docteur Brenot.
Six fois sur dix, c'est la femme qui demande le divorce - une proportion d'ailleurs identique pour toutes les générations. Si elle n'est pas à l'origine de la séparation, la femme est souvent "moins étonnée" que l'homme, qui, lui, "tombe des nues", indique le docteur Brenot. C'est en milieu urbain, constatent tous les praticiens, que les séparations interviennent le plus fréquemment. "En ville, on est plus individualiste, on est moins soumis à l'adversité et on craint peu les regards du voisinage", analyse le docteur Mimoun, qui observe par ailleurs que la tendance à la séparation des couples âgés concerne aussi bien les homosexuels que les hétérosexuels. "Les homosexuels ont exactement les mêmes problèmes que les autres : le quotidien, le caractère, les luttes de pouvoir au sein du couple", explique-t-il.
À 60 ans, la séparation est-elle plus difficile à vivre qu'à 30 ans ? Tout dépend de sa construction mentale, affirme le docteur Brenot. "Le monde adulte se caractérise par la rencontre et la rupture : changements de travail, séparations, déménagements. Quand on a compris que la vie est faite de ces séquences, on accepte plus facilement un divorce", précise-t-il.
À la suite d'une séparation, tous ne reconstruisent pas un couple. Si deux ex-époux demeurent seuls, des retrouvailles sont envisageables, après un temps de latence, parfois grâce aux petits-enfants. D'autres vivent un nouvel amour. Désormais, explique le docteur Brenot, "la société accepte qu'on puisse être amoureux à tous les âges de la vie. Dans les années 1970, on était amoureux à 20 ans et, ensuite, c'était considéré comme subversif, tout simplement parce que les gens étaient jaloux". Les plus réticents à l'affichage de cet amour demeurent les enfants. "Ils n'arrivent pas à accepter que leurs parents puissent avoir une sexualité", indique M. Ribes. »
Qu’en est-il au Québec? Plus que partout ailleurs, les valeurs sociales ont changé dans la Belle Province au point où le nombre de couples en union de fait se rapproche dangereusement de celui des couples mariés. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que les séparations sont beaucoup plus faciles dans une union de fait que dans le cadre du mariage conventionnel qui, lui est régi par un cadre légal rigide et contraignant. Dans le cas de l'Union de fait, il n’y a pas de divorce, simplement un départage des biens accumulés par chacun.
Avec l’arrivée des baby-boomers à la retraite, où l’on retrouve proportionnellement plus d’unions de fait, on devrait s’attendre, AU MINIMUM, aux mêmes tendances que l’on observe en France chez les 60 ans et plus.
RD