samedi, décembre 09, 2006
Que reste-t-il que nos valeurs familiales?
Il y a ceux qui vivent comme leurs parents et reproduisent le même modèle. Ou à peu près. Et il y a ceux qui vivent dans la société éclatée d’aujourd’hui.
Je connais bien le modèle traditionnel de la famille puisque j’y ai vécu mon enfance au Québec. Il était fait soit d’une famille nombreuse ou un plus restreinte qui atteignait souvent les cinq enfants. Le travail du père et la cadence imposée par les rites religieux catholiques étaient déterminants dans l’établissement du rythme de vie de la famille typique québécoise. Les vacances étaient réduites au minimum.
Avec la réforme de l’Éducation dans les années 60, l’importance de terminer un bon diplôme s’est imposée avec le temps. Les filles ont commencé à s’instruire autant que les gars. Graduellement, les mœurs à l’américaine se sont imposés à l’intérieur des foyers québécois. La télévision et la radio diffusaient autant les émissions à caractère local que les meilleures émissions et hits produits par la culture américaine Par exemple, Elvis Presley était autant une vedette au Québec que partout en Amérique. Ed Sullivan Show était suivi à la chaîne française avec une cote d’écoute comparable aux téléromans issus du Patrimoine québécois, comme Séraphin ou « un homme et son péché ».
L’émancipation des femmes a réellement pris son envol dans les années 70 lorsqu’elles ont envahi graduellement le marché du travail, remplaçant les religieuses dans les hôpitaux et les maisons d’enseignement. De nouveaux métiers ont pris de l’ampleur comme les tâches de secrétariat, le travail de techniciennes, etc. À l’heure actuelle, les inscriptions féminines à l’université dépassent celles des hommes dans nombre de facultés. Allez comprendre pourquoi! Ainsi, les études supérieures, une chasse gardée des hommes au Québec, sont devenues l’apanage de la gente féminine. On explique ce phénomène par un désengagement des jeunes québécois face aux études, contrairement à leurs contreparties féminines qui, elles, y ont trouvé une façon d’améliorer leur sort.
Tout cela et, bien d’autres facteurs du genre, ont bouleversé les habitudes de vie. Parmi les plus importants, il faut mentionner le retrait progressif de la pratique religieuse et la laïcisation de la société québécoise. Grâce à la contraception, les femmes ont pu mieux contrôler les naissances et devenir maîtres de leur matrice, mettant fin à l’ère des familles nombreuses. Les mariages se sont fait attendre et les gens furent de plus en plus nombreux à profiter d’une forme de liaison sans lien juridique, l’union libre. La famille formée d’un couple début trentaine avec un seul enfant est devenue monnaie courante.
Aussi, le divorce, jusque-là difficile à obtenir et faisant partie des exceptions, devint une pratique acceptée et de plus en plus répandue, avec comme résultante principale l’apparition ou la formation de la famille reconstituée. Maintenant, l’enfant pouvait, dans de nombreux cas, avoir une mère naturelle divorcée ou séparée et il devait s’habituer à un nouveau père qui avait eu, lui aussi, des enfants avec une autre femme. Ou, d’autres combinaisons du même genre.
Les facteurs nationalistes allait avoir une importance déterminante sur le plan politique, mais aussi de la famille. En effet, dès le début des soixante, avec des racines qui remontaient principalement à l’époque de l’abbé Lionel Groulx, le mouvement nationaliste québécois allait s’affirmer avec la Révolution Tranquille. Cette montée nationaliste allait se poursuivre jusqu’à aujourd’hui, avec la tenue d’au moins trois référendum sur la question de la séparation du Québec du reste du Canada. Cette aspiration à devenir indépendant changea les mentalités et créa un attentisme, voire une forme de précarité dans l’établissement d’une famille auprès des nouvelles générations. S’ajoutèrent en même temps les incertitudes créées par deux crises économiques majeures, celle de l’été 81 et celle de fin 89.
Par ailleurs, la croissance démographique a commencé à ralentir drastiquement dès le début des années 70, avec l’apparition d’un faible taux de natalité qui s’est instauré à demeure, ne permettant même pas aux générations actuelles de se renouveler.
Aujourd’hui, le mariage est d’abord civil, religieux si demandé et, inclut les gens de même sexe. L’union libre prend de plus en plus d’importance comme forme acceptée de lien marital et les ruptures de couple sont devenues monnaie courante. En fait, un très grand nombre d’unions, quelles qu’en soient la forme et la durée, finit par une séparation.
Peut-on parler encore de traditions familiales après tous ces bouleversements de l’institution du mariage et des naissances. Chaque nouveau couple, face à des situations familiales extrêmement divergentes, est devant un choix personnel, où l’improvisation est de mise. Alors, on parle plutôt d’accommodements et de reliquats de traditions où l’on mélange, particulièrement dans le temps des fêtes, un soupçon de religieux, un peu des traditions d’autrefois comme le dîner des fêtes ou l’arbre de Noël décoré de beaucoup de jouets modernes comme les Nintendo ou les Playstations, les cellulaires, etc.
Nous vivons présentement une ère de matérialisme avancée, une lente remontée des naissances ou un retour à l’importance de l’enfant dans le couple. Les conditions économiques étant meilleures, les gens du Québec sont portés davantage à procréer, dans un monde que l’on voit plus stable et mieux départagée. Ce qui est loin d’être le cas ailleurs dans le monde.
En somme, le Québec retrouve un peu beaucoup de sa sérénité d’autrefois où la grande table familiale rurale accueillait toute la parenté, à tout bout de champ ou lors des célébrations religieuses importantes. Seulement, les nouvelles familles d’aujourd’hui sont beaucoup moins nombreuses, toute proportion gardée, vu les effets dévastateurs de la dénatalité. Le couple est individualiste, la famille de référence des deux côtés n’étant plus un lieu de rassemblement comme autrefois. C’est un nouveau modèle de famille qui s’installe, qui possède une meilleure vision de ce qui est bon ou pas bon pour le couple.
Est-ce pour le meilleur ou le pire? L’avenir le dira!
RD
Je connais bien le modèle traditionnel de la famille puisque j’y ai vécu mon enfance au Québec. Il était fait soit d’une famille nombreuse ou un plus restreinte qui atteignait souvent les cinq enfants. Le travail du père et la cadence imposée par les rites religieux catholiques étaient déterminants dans l’établissement du rythme de vie de la famille typique québécoise. Les vacances étaient réduites au minimum.
Avec la réforme de l’Éducation dans les années 60, l’importance de terminer un bon diplôme s’est imposée avec le temps. Les filles ont commencé à s’instruire autant que les gars. Graduellement, les mœurs à l’américaine se sont imposés à l’intérieur des foyers québécois. La télévision et la radio diffusaient autant les émissions à caractère local que les meilleures émissions et hits produits par la culture américaine Par exemple, Elvis Presley était autant une vedette au Québec que partout en Amérique. Ed Sullivan Show était suivi à la chaîne française avec une cote d’écoute comparable aux téléromans issus du Patrimoine québécois, comme Séraphin ou « un homme et son péché ».
L’émancipation des femmes a réellement pris son envol dans les années 70 lorsqu’elles ont envahi graduellement le marché du travail, remplaçant les religieuses dans les hôpitaux et les maisons d’enseignement. De nouveaux métiers ont pris de l’ampleur comme les tâches de secrétariat, le travail de techniciennes, etc. À l’heure actuelle, les inscriptions féminines à l’université dépassent celles des hommes dans nombre de facultés. Allez comprendre pourquoi! Ainsi, les études supérieures, une chasse gardée des hommes au Québec, sont devenues l’apanage de la gente féminine. On explique ce phénomène par un désengagement des jeunes québécois face aux études, contrairement à leurs contreparties féminines qui, elles, y ont trouvé une façon d’améliorer leur sort.
Tout cela et, bien d’autres facteurs du genre, ont bouleversé les habitudes de vie. Parmi les plus importants, il faut mentionner le retrait progressif de la pratique religieuse et la laïcisation de la société québécoise. Grâce à la contraception, les femmes ont pu mieux contrôler les naissances et devenir maîtres de leur matrice, mettant fin à l’ère des familles nombreuses. Les mariages se sont fait attendre et les gens furent de plus en plus nombreux à profiter d’une forme de liaison sans lien juridique, l’union libre. La famille formée d’un couple début trentaine avec un seul enfant est devenue monnaie courante.
Aussi, le divorce, jusque-là difficile à obtenir et faisant partie des exceptions, devint une pratique acceptée et de plus en plus répandue, avec comme résultante principale l’apparition ou la formation de la famille reconstituée. Maintenant, l’enfant pouvait, dans de nombreux cas, avoir une mère naturelle divorcée ou séparée et il devait s’habituer à un nouveau père qui avait eu, lui aussi, des enfants avec une autre femme. Ou, d’autres combinaisons du même genre.
Les facteurs nationalistes allait avoir une importance déterminante sur le plan politique, mais aussi de la famille. En effet, dès le début des soixante, avec des racines qui remontaient principalement à l’époque de l’abbé Lionel Groulx, le mouvement nationaliste québécois allait s’affirmer avec la Révolution Tranquille. Cette montée nationaliste allait se poursuivre jusqu’à aujourd’hui, avec la tenue d’au moins trois référendum sur la question de la séparation du Québec du reste du Canada. Cette aspiration à devenir indépendant changea les mentalités et créa un attentisme, voire une forme de précarité dans l’établissement d’une famille auprès des nouvelles générations. S’ajoutèrent en même temps les incertitudes créées par deux crises économiques majeures, celle de l’été 81 et celle de fin 89.
Par ailleurs, la croissance démographique a commencé à ralentir drastiquement dès le début des années 70, avec l’apparition d’un faible taux de natalité qui s’est instauré à demeure, ne permettant même pas aux générations actuelles de se renouveler.
Aujourd’hui, le mariage est d’abord civil, religieux si demandé et, inclut les gens de même sexe. L’union libre prend de plus en plus d’importance comme forme acceptée de lien marital et les ruptures de couple sont devenues monnaie courante. En fait, un très grand nombre d’unions, quelles qu’en soient la forme et la durée, finit par une séparation.
Peut-on parler encore de traditions familiales après tous ces bouleversements de l’institution du mariage et des naissances. Chaque nouveau couple, face à des situations familiales extrêmement divergentes, est devant un choix personnel, où l’improvisation est de mise. Alors, on parle plutôt d’accommodements et de reliquats de traditions où l’on mélange, particulièrement dans le temps des fêtes, un soupçon de religieux, un peu des traditions d’autrefois comme le dîner des fêtes ou l’arbre de Noël décoré de beaucoup de jouets modernes comme les Nintendo ou les Playstations, les cellulaires, etc.
Nous vivons présentement une ère de matérialisme avancée, une lente remontée des naissances ou un retour à l’importance de l’enfant dans le couple. Les conditions économiques étant meilleures, les gens du Québec sont portés davantage à procréer, dans un monde que l’on voit plus stable et mieux départagée. Ce qui est loin d’être le cas ailleurs dans le monde.
En somme, le Québec retrouve un peu beaucoup de sa sérénité d’autrefois où la grande table familiale rurale accueillait toute la parenté, à tout bout de champ ou lors des célébrations religieuses importantes. Seulement, les nouvelles familles d’aujourd’hui sont beaucoup moins nombreuses, toute proportion gardée, vu les effets dévastateurs de la dénatalité. Le couple est individualiste, la famille de référence des deux côtés n’étant plus un lieu de rassemblement comme autrefois. C’est un nouveau modèle de famille qui s’installe, qui possède une meilleure vision de ce qui est bon ou pas bon pour le couple.
Est-ce pour le meilleur ou le pire? L’avenir le dira!
RD