mardi, avril 03, 2007

 

Les nouveaux retraités : Quoi faire pour une vieillesse meilleure?

J’ai lu récemment un livre intitulé « Les nouveaux retraités ». Les auteurs en sont Marguerite Hogue-Charlebois et Raymond Paré (Édition Fides, 1998, 191 pages). Cet écrit n'est pas parmi les plus récents, mais certaines parties du volume demeurent tout à fait d'actualité.

Quand on prend sa retraite, la première chose que l’on veut faire, c’est s’assurer d’une bonne retraite, tant sur le plan physique que mental, surtout qu’elle dure le plus longtemps possible, dans les meilleures conditions souhaitables.

Les règles pour y arriver sont souvent simples et à la portée de tout le monde. Mais, il faut les découvrir à temps et les appliquer à sa propre vie. En feuilletant ce volume, un certain nombre de passages me sont apparus très intéressants comme lignes directrices pour les nouveaux retraités. J’ai retenu les deux sections suivantes :


1) FACTEURS FAVORABLES À UNE VIEILLESSE MEILLEURE


2) L’IMPORTANCE DE POURSUIVRE SON DÉVELOPPEMENT


1) FACTEURS FAVORABLES À UNE VIEILLESSE MEILLEURE


L’organisme qui vieillit normalement conserve, jusqu’à un âge avancé, la capacité de s’adonner à des activités physiques multiples et variées telles la marche, la danse, la natation et certains travaux manuels.

Beaucoup de recherches démontrent qu’un certain niveau de mobilité physique est un facteur déterminant du bon vieillissement. Plus spécifiquement :

− Que la satisfaction face à la vie est significativement reliée au maintien ou au changement du niveau d’activité physique;
− Que les sociétés qui permettent aux personnes âgées de continuer à travailler et à jouer un rôle dans la société sont celles qui favorisent le mieux leur épanouissement.

Le phénomène physiologique du vieillissement est en interdépendance avec l’environnement socioculturel. Plusieurs facteurs ont pour effet d’accélérer le vieillissement et d’en accentuer les symptômes et les malaises, soit le stress intense et soutenu qui est associé à des conditions de travail pénibles (travail trop exigeant, épreuves personnelles et familiales, pauvreté), soit l’usure précoce due à un manque d’hygiène tant mentale que physique.

En définitive, les malaises causé par le vieillissement proviennent à la fois du bagage génétique de chaque personne, du type de carrière ou de métier qu’elle a exercé, de son habitat, de son éducation, de ses loisirs, de sa façon de vivre, de son équilibre psychique.

De plus en plus d’aînés sont conscients qu’il est important d’adapter certaines habitudes de vie à leur évolution physiologique, et c’est ainsi que les aînés canadiens boivent moins d’alcool, fument moins et ont amélioré leurs capacités physiques plus que tout autre groupe d’âge.

Des études indiquent encore que la longévité est en relation étroite avec l’estime de soi. Celle-ci s’acquiert grâce à des activités comportant des éléments de :

Plaisir : comme aînés, avons-nous du plaisir à faire telle ou telle activité (physique, culturelle, sociale) ?
Capacité : sommes-nous aptes à réaliser des activités qui répondent à nos intérêts?
Appartenance : sommes-nous soutenus par un groupe (famille « élargie », milieu social, association) ?
Liberté : avons-nous la possibilité de choisir la plupart de nos activités?

Le comportement psychologique

Les étapes de la crise

La vieillesse se présente comme une situation existentielle de crise, résultant d’un conflit intime expérimenté par l’individu entre son aspiration naturelle à la croissance et le déclin biologique et social consécutif à son avancement en âge. Le défi de la vieillesse réside dans l’art de bien vieillir qui consiste à résoudre cette « crise ontologique ».

Encore peut-on observer qu’une telle crise n’apparaît pas chez nombre d’aînés, particulièrement chez ceux qui s’adonnent à des activités stimulantes et créatrices. La conservation de la santé et de la forme physique se révèle très importante mais ne constituent pas en soi « la solution de la crise de la vieillesse ». Il faut y trouver la satisfaction d’atteindre la maturité. C’est pourquoi la vieillesse peut être considérée comme un échec ou une réussite selon qu’elle est vécue comme une période de stagnation puis de régression ou comme une période de développement. Il faut faire en sorte que l’aspect de la croissance l’emporte sur celui du déclin, compte tenu (Erikson) que la maturation de la personnalité doit se poursuivre pendant le cycle entier de la vie, la vieillesse étant la dernière étape d’un processus de développement qui serait incomplet sans elle.

Il s’agit donc d’une attitude positive qui conduit non pas à la résignation et au désespoir, mais à la dignité, à la satisfaction que procure un sentiment de parachèvement. La vieillesse est considérée et vécue comme le point d’arrivée d’un processus de croissance initié au début du cycle de la vie; ce point d’arrivée est l’émergence et l’actualisation de toutes les dimensions de la personnalité désormais intégrée en un tout original et unique. La composante essentielle, c’est l’acceptation du cycle de sa propre vie comme quelque chose d’unique, c’est la perception de la dignité de la vie.

Les principaux dangers (Jacques Laforest) qui menacent la sérénité du processus de vieillissement :

− D’abord, la crise d’identité personnelle qui consiste en une détérioration de l’image de soi et empêche de garder le sentiment de sa propre continuité à travers les pertes liées au processus du vieillissement (problèmes de santé, mise à la retraite et perte d’un rôle social, incidents de toute nature qui affectent l’image de soi). À cet égard, la réminiscence, activité courante et utile des personnes âgées, est souhaitable dans la mesure où elle permet de percevoir l’unicité de sa personnalité, d’avoir une perspective d’ensemble et de trouver ainsi le « fil conducteur de sa vie » ;
− Puis, la crise d’autonomie, qui résulte d’une détérioration de l’identité personnelle et d’une attitude d’abandon du pouvoir de décision. Il s’agit ici d’une crise d’autonomie d’ordre psychique, différente en soi de la perte d’autonomie physique, bien que le déclin de l’organisme puisse y contribuer;
− Enfin, la crise d’appartenance est ultimement un retrait du courant de la vie et une mort sociale. Cette crise se traduit par l’ennui, la solitude et par un désintérêt complet de la vie.

Des attitudes positives


Plusieurs recherchent démontrent que le développement de certaines attitudes se révèlent fort positives pour assurer un meilleure vieillissement :

La capacité d’adaptation au changement se révèle parfois plus grande chez les aînés;
Les activités sociales, qui encouragent à sortir de la routine, et qui amènent à prendre des initiatives et à être actifs favorisent un vieillissement réussi;
La capacité de lier des relations chaleureuses, de pouvoir échanger affection et tendresse constitue un dynamisme positif.

La santé physique est un élément primordial, mais ne suffit pas à elle seule. L’état d’esprit est tout aussi important et comporte plusieurs éléments :

La motivation
− La confiance en soi
− Un bon moral
− La prise en charge de soi
− La capacité d’établir des rapports sociaux
− La curiosité et la capacité d’apprendre
− La souplesse d’esprit

De même, certains dynamismes s’améliorent avec l’âge :

− La capacité de donner un sens global à son existence;
− La disposition à demeurer optimiste et à être heureux;
− Une plus grande aptitude à intégrer les diverses composantes du moi et à découvrir un sens global à l’existence;
− La propension à vivre davantage dans le présent et à manifester plus de tolérance et plus de courage.

En considérant la problématique de la personne vieillissante à la lumière de la psychologie du moi, on considère deux types de personnes âgées, sur une échelle allant du plus grand équilibre aux déséquilibres graves, et cela en rapport avec plusieurs critères :

· Personne âgée dont le moi est intégré :

Relation aux autres comme objets séparés du moi.
Moi établi ; les buts et les idéaux de la jeunesse se sont transformés avec les temps; sagesse; créativité; acceptation de la finitude et de la mort; réserve d’estime de soi et de confiance.

Regret devant la diminution des capacités, mais compensation dans les forces du moi; capable de deuil; peut tolérer le sentiment de rage ou de tristesse quand ses buts sont contrariés.

Goût de partager son expérience avec les plus jeunes; sens de l’humour; capacité de tolérer les pertes, d’avoir de la peine sans perdre le respect ou l’estime de soi.

· Personne narcissique vieillissante

Vacillation de l’estime de soi; hypocondrie; dépendance extrême dans les autres pour maintenir l’estime de soi; etc.

Une plus grande stabilité des fonctions mentales

Les fonctions mentales se révèlent moins vulnérables chez les personnes vieillissantes, malgré un léger déclin dans les performances aux teste de psychomotricité et aux tests sensoriels.

On sait maintenant, par diverses recherches expérimentales que :

· Il n’y a pas de relation entre l’âge et la capacité d’apprendre, d’évoluer, de s’adapter et de changer, ces aptitudes variant beaucoup plus en fonction de la personnalité que de l’âge;
· La production scientifique ne commence à décliner de manière prononcée que vers 70 ans et celle des experts, pas avant 80 ans; les artistes connaissent un déclin prononcé après 70 ans;
· Par l’exercice, les personnes âgées peuvent améliorer significativement leur vivacité mentale et leur mémoire.

2) L’IMPORTANCE DE POURSUIVRE SON DÉVELOPPEMENT


La capacité de réfléchir sur ce que nous vivons éveille la conscience, multiplie nos ressources.

L’éducation qui s’entend en termes de construction du « soi » donne des outils conceptuels pour articuler la pensée sur l’expérience de la vie et la comprendre. Elle permet de saisir l’histoire des humains et n’est jamais un acquis figé des « savoir ». Le savoir-être nourri par l’éducation aiguise la curiosité, ouvre l’esprit à la soif du beau, du bon et du vrai. En d’autres mots, l’éducation nourrit la conscience morale et spirituelle.

Jeune, l’intelligence sert à acquérir des connaissances, à apprendre à s’équiper pour la vie. À l’âge mûr, elle est pratique, savoir-faire. Nous nous servons de nos connaissances, surtout pour la vie au travail. Au troisième âge, l’intelligence vise à approfondir, à intégrer le savoir au pourquoi. Ce processus dynamique devient conscience et transcendance, i.e. sortir du « soi », individualiste.

L’éducation après 50 ans permet de saisir l’essentiel et favorise l’aptitude à vivre plus profondément et à s’engager plus humainement. L’aîné goûte probablement mieux qu’un jeune le pathos d’un roman, la vérité d’un poème, les subtilités de la musique.

L’éducation devient un moteur de l’évolution. La personne qui refuse le pouvoir de la parole, de l’agir, de l’engagement s’endort. Peu à peu ses désirs et ses projets lui échappent. Les pertes d’autonomie se font plus rapides et plus visibles. L’indice de satisfaction envers la vie s’en trouve diminué.

Souvent plus vulnérables, les aînés sont la cible des marchands de rêves, ou attirés par une sécurité payée à fort prix dans des maisons de retraite qui ne répondent pas toujours à leurs attentes.

Le défi des aînés consiste à faire de l’éducation continue une partie intégrante de leur vie sur les plans individuel, social et collectif. Il est entendu que cette volonté d’apprendre conduit à de multiples voies en dehors de la formation institutionnelle et peut trouver sa satisfaction dans des lectures, des activités d’apprentissage de toutes sortes et des relations enrichissantes, voilà le mandat que tout être humain doit se donner jusqu’à la fin de sa vie.

En définitive, les aînés qui s’actualisent bien, qui développent inlassablement leur potentiel mûrissent et s’épanouissent davantage. Ils présentent plusieurs indices fondamentaux de l’ « art du bien vieillir » :

· Les personnes qui s’actualisent bien vivent sereinement le temps que leur donne la retraite et font preuve de créativité dans la manière d’organiser leurs activités;
· Ces personnes âgées sont satisfaites de leur passé et elles ont une attitude positive vis-à-vis de l’avenir; elles ne condamnent pas la société, bien que ses valeurs puissent différer des leurs;
· Elles n’ont pas peur de mourir; elles sont très actives sur tous les plans : physique, intellectuel et social;
· Elles aiment le contact avec les autres et entretiennent des relations enrichissantes;
· Elles trouvent, dans les valeurs, l’assise du sens qu’elles donnent à l’existence;
· Elles acquièrent une certaine sagesse en s’attachant aux valeurs les plus essentielles de l’existence humaine, valeurs qui confèrent un sens profond à la vie.

Des aînés actifs

Pour demeurer actifs, les aînés doivent apprivoiser leur vieillissement à mesure qu’il se fait plus marqué. Encore faut-il qu’ils apprennent à composer avec les défis qui sont particuliers à cette étape de la vie. Ainsi vieilliront-ils « en beauté ».

Vieillir est un art qui oblige à s’adapter à des transformations d’ordre individuel, physique, culturel et social. Il est impératif de s’adonner à des activités qui apporteront pouvoir, plaisir, liberté et sentiment d’appartenance à un lieu, à une famille, à un groupe.

L’isolement est à fuir, car il mène à l’ennui, à la dévalorisation de soi, au « mal de vivre ».

Pour chacun et sur divers plans, des valeurs ont été acquises par l’expérience, d’autres valeurs sont à acquérir. Cependant, l’être humain a une dimension sociale incontournable. On apprend et on s’épanouit au contact des autres. On apprend à « bien vieillir » avec et par les autres. Le danger du « mal vieillir » surgit de l’isolement et de la négation de ses besoins d’expression, de contribution, d’influence et de l’absence d’un sens à la vie.

Que voilà de bonnes recettes de vie! Il n'y a plus qu'à passer aux actes et à « bien vieillir en beauté et en sagesse ».

RD

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