vendredi, juillet 04, 2008

 

La sexualité chez les aîné(e)s

La sexualité chez les aîné (e)s , peut-on en parler librement? La problématique sur le sujet est jusqu’à maintenant centrée sur la sexualité et les sentiments des personnes âgées vivant en institution. Avec l’arrivée des papy-boomers, la donne change du tout au tout : c’est la génération des baby-boomers qui va repenser les mœurs ou les façons de faire et il est à peu près certain qu’ils ne s’arrêteront pas en chemin. Dans un monde de libres-penseurs, ils vont vouloir vivre selon leurs propres valeurs comme ils l’ont toujours fait.

Une première question qui vient à l’esprit : qu’est-ce qui change avec l’âge? Certains diront beaucoup de choses, d’autres diront que c’est une simple continuité de la vie. En tout cas, dans les sociétés occidentales où la sexualité a toujours fait l’objet de restrictions et d’interdits, tout semble se compliquer dès que l’on devient soi-disant vieux.

La sexualité en institution

En France, l’association Parlons’ans organisait le 22 octobre 2007 un colloque sur la sexualité et les sentiments des personnes âgées en institution. Une journée sur un sujet qui reste tabou : au-delà du plaisir, le désir.

Lors de ce colloque, le Pr. Jean Maisondieu, psychiatre, Médecin chef de l’hôpital de Poissy a présenté le problème de la façon suivante : « Le désir à l’épreuve de la vieillesse » et « La vieillesse à l’épreuve du désir ».

La première notion concerne les « seniors », cette période de la vie qu’il appelle "l’adolescence de la vieillesse" où il faut prouver que l’on est toujours jeune. Les seniors savent que l’on est dans une société où l’on fait les yeux doux à la jeunesse, que l’âge est une infirmité. La sexualité est dans la représentation collective supposée être une activité de jeunes. Il est toutefois reconnu, des enquêtes le confirment : une activité sexuelle reste possible au delà de 70 ans, même si les difficultés sont plus courantes et si la fréquence diminue. Ceci, d'autant qu’atteignent cet âge les acteurs des années 70, ceux qui ont conquis, puis vécu une sexualité épanouie, libérée de la génitalité.

Jean Maisondieu cite à ce propos Simone de Beauvoir "S'interroger sur la sexualité des vieillards, c'est se demander ce que devient le rapport de l'homme à lui-même, à autrui, au monde quand a disparu dans l'organisation sexuelle le primat de la génitalité."

"On ne peut, indique Geneviève Laroque, séparer sexualité et intimité. Mais qu'en est-il lorsqu'on ne peut disposer de la clé de sa chambre ?" Lorsque l'on vit en établissement "est-on encore autorisé à manifester des préférences, à exprimer son désir ou est-on obligé d'avoir une vie plate, aimable, courtoise, insipide, inodore, incolore et insonore ?"

Cette génération a retrouvé la notion de plaisir. Toutefois, poursuit Jean Maisondieu, "En retrouvant cette notion on n'a pas prévu qu'il n'y avait pas que le plaisir mais aussi la question du désir". … ce dernier affirme que notre culture voit mal l'importance de la place de la demande d'amour.

Pour Jean Maisondieu, les personnes âgées, ne se sentant plus objet de désir vont là où il y avait attrait. Cette réflexion n'interroge-t-elle pas, face à certains comportements des malades d'Alzheimer ?

En institution, lieu de vie, de soin et de mort, la question de l'intimité se pose. On est au carrefour d'une ambiguïté où l'on se doit de préserver l'intimité tout en devant l'enfreindre en permanence.

Quelle prise en compte de l'intimité et de la pudeur de l'autre en établissement ?

Qu'est-ce que renvoie à la personne le fait qu'il ne dispose que d'un petit lit ? Lorsque l'on entre dans une chambre en même temps que l'on frappe ?

Pour le Pr.Gérard Ribes du laboratoire de psychologie de la santé et du développement à l'université Lyon 2, sexologue, la personne âgée en institution devient un individu public exposé aux yeux des soignants, de sa famille, de ses enfants. La sexualité se heurte à plusieurs facteurs :

la présence d’un partenaire disponible, le manque d’intimité, la dysfonction érectile chez l’homme, la dyspareunie chez la femme, à des problèmes de santé physiques et/ou psychiques, l'effet iatrogène des médicaments, l'altération de l’image corporelle et à l'activité sexuelle antérieure.

Les établissements doivent se doter d'une stratégie pour répondre à la question de l'intimité et notamment encourager : les opportunités où les résidents peuvent se rencontrer et passer du temps ensemble ; les alternatives à l’expression de la sexualité comme les baisers et se serrer dans les bras, encourager aussi les résidents à cultiver les amitiés et les relations. Des salons de coiffure doivent être à disposition : "on fait d'abord l'amour avec l'image de soi".

Il convient de répondre aux inquiétudes concernant la sexualité des résidents et de favoriser l’accès à des informations concernant la sexualité et le conseil aux résidents intéressés et enfin d'éduquer les familles sur les demandes sexuelles des personnes âgées et les encourager aux caresses, à les tenir dans leurs bras et les embrasser lors des visites.

Les aîné (e)s en amour, ceux qui peuvent aimer à nouveau

"Les amours de vieillesse", il faut les voir à travers des histoires uniques et particulières, qui rendent compte de ce que c’est que d’être vieux et amoureux, amoureux et vieux, de ce sentiment merveilleux qui bouleverse et éclaire la vie. Il ne s'agit pas d'histoires d'amour qui survivent au temps, il s'agit bel et bien de tomber amoureux vieux. Comment ces personnes vivent-elle cette nouvelle vie, comment réagissent leurs proches ? Il est alors question de séduction de tendresse. L’amour est là. L’émotion est intacte, comme à 18 ans.

De la part de personnes ayant vécues ces sentiments, on retient les témoignages suivants :

"Le coup de foudre, on l'a à tout âge"
"Avec cette femme là, j'ai su que je pourrai encore danser le tango renversé"
"On n'avait pas 18 ans mais c'était pareil !"
"Avec Philippe, ça a été une découverte. J'ai même recommencé a être coquette.""Il a tout chamboulé. Ca a été bénéfique"
"L'amour ça ne s'explique pas""C'est beaucoup de tendresse, beaucoup d'amour. Pas la folie qui si on la rencontre ne tient pas... J'ai été tellement heureuse"
"On ne renie rien. On essaie de survivre - indique une personne veuve- et quand on a la volonté de réussir cette survie, peut-être qu'on y arrive".

http://www.agevillage.com/actualite-959-1-Dossier.html

En conclusion, on peut dire avec certitude que l’avenir n’est pas garant du passé sur ce sujet controversé. En fait, tout n’a pas été dit et la liberté d’expression que connaît, par exemple, le Québec nous permet d’envisager le meilleur des mondes pour les personnes qui s’engagent dans cette étape de la vie.

RD

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