dimanche, janvier 25, 2009
Vieillir en santé
La grande majorité des maladies chroniques peuvent être prévenues par de simples modifications du mode de vie
En marge de la parution le 28 janvier prochain de leur plus récent ouvrage, intitulé « La Santé par le plaisir de bien manger » (Éditions du Trécarré), les chercheurs Denis Gingras (Ph. D. en physiologie) et Richard Béliveau (Ph. D. en biochimie, professeur à l’UQAM), ont accepté de rédiger une synthèse de leurs travaux pour le Devoir.
Retenons ceci avant tout :
Les cinq (5) règles d’or de la prévention des maladies chroniques :
· Ne pas fumer
· Maintenir un poids normal
· Manger une abondance de produits végétaux, comme les fruits et légumes et les grains entiers
· Être actif physiquement au moins 30 minutes par jour
· Réduire la consommation de produits riches en sucre et en gras, en particulier ceux qui sont ceux qui sont issus de l’industrie de la restauration rapide
Les cinq (5) règles d’or de la prévention des maladies chroniques :
· Ne pas fumer
· Maintenir un poids normal
· Manger une abondance de produits végétaux, comme les fruits et légumes et les grains entiers
· Être actif physiquement au moins 30 minutes par jour
· Réduire la consommation de produits riches en sucre et en gras, en particulier ceux qui sont ceux qui sont issus de l’industrie de la restauration rapide
Le % des maladies chroniques pouvant être prévenues par les 5 changements dans les habitudes de vie.
· 90 % des cas de diabète de type 2
· 82 % des maladies coronariennes
· 70 % des cancers
· 70 % des accidents vasculaires cérébraux
Les explications fournies par ces spécialistes de la santé et de l’alimentation
« L’augmentation spectaculaire de l’espérance de vie qu’on a pu observer au cours du dernier siècle est malheureusement accompagnée d’une hausse parallèle de plusieurs maladies chroniques, en particulier les maladies cardiovasculaires, le cancer, certains désordres métaboliques comme le diabète de type 2, ainsi que les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Responsables à elles seules des deux tiers de tous les décès, ces maladies chroniques constituent le principal défi auquel doit actuellement faire face la médecine moderne, très loin devant certains facteurs de risque qui font régulièrement les manchettes (vache folle, grippe aviaire, listériose…), mais dont l’impact réel sur la santé publique demeure néanmoins beaucoup moins important.
L’influence du mode de vie
On croît souvent que l’apparition de ces maladies chroniques est inévitablement associée au vieillissement, une fatalité à laquelle nous ne pouvons échapper à moins d’être « chanceux » et de posséder des « gènes de Mathusalem » ne sont responsables qu’environ un tiers des cas de longévité exceptionnelle : les deux tiers des personnes qui atteignent un âge avancé tout en conservant une bonne santé le doivent d’abord et avant tout à de saines habitudes de vie.
Cette influence du mode de vie est illustrée de façon spectaculaire par la comparaison du nombre de cas recensés de diverses maladies chroniques dans différentes populations du monde. Par exemple, alors que la mortalité liée aux maladies cardiovasculaires est extrêmement élevée dans la plupart des pays occidentaux et y représentent la principale cause de décès, elle peut être jusqu’à dix fois plus faible dans certaines régions du bassin méditerranéen, ou encore au Japon. Les même différences sont également observées pour le cancer : alors que les femmes des pays occidentaux sont très durement touchées par le cancer du sein, la mortalité associée à cette maladie est cinq fois plus faible chez les femmes asiatiques.
Au pays de Gargantua
Au cours des dernières décennies, le développement accéléré de toute une gamme d’aliments industriels extrêmement riches en sucre ou en gras (boissons gazeuses, aliments de restauration rapide, etc.) a modifié en profondeur les habitudes alimentaires de la population. Ces aliments transformés, dans lesquels le contenu en calories l’emporte sur la qualité nutritionnelle, sont devenus extrêmement populaires non seulement parce que leur contenu en énergie plaît particulièrement à notre cerveau, programmé par l’évolution pour répondre favorablement à la densité énergétique, mais également parce que l’industrie investit des sommes colossales pour la promotion de ces produits.
Malheureusement, la consommation d’aliments surchargés de calories apporte un surplus d’énergie qui est pratiquement impossible à contrebalancer par l’activité physique, surtout à une époque où nous devenons de plus en plus sédentaire, ce qui ne peut que mener à l’embonpoint et à l’obésité. D’ailleurs, il est troublant de constater qu’au Canada, plus des deux tiers des personnes ont actuellement un surplus de poids, une « tendance » lourde qui risque de perdurer, compte tenu de la hausse vertigineuse de l’obésité infantile observée au cours des dernières années, avec pas moins de 25 % des enfants qui ont actuellement un excédent de poids corporel, dont 10 % sont obèses.
Le tabac du XXIe siècle
L’embonpoint et l’obésité sont encore trop souvent considérés comme un problème d’ordre esthétique , dont les conséquences sont d’abord et avant tout psychologiques plutôt que physiques. Cette perception est fausse, car l’obésité représente au contraire une condition médicale sérieuse qui augmente de façon spectaculaire le risque d’être touché par un grand nombre de maladies chroniques graves. Le diabète, les maladies cardiovasculaires, plusieurs types de cancers et la maladie d’Alzheimer sont très souvent des conséquences directes de l’obésité, les résultats visibles des profonds déséquilibres provoqués par l’excès de poids. Cet impact catastrophique du surplus de poids sur la santé n’est pas étonnant : la masse adipeuse n’est pas un tissu inerte ou statique qui ne sert qu’à accumuler le surplus d’énergie de la nourriture. Il s’agit plutôt d’un organe extrêmement dynamique , une glande qui sécrète des quantités importantes d’hormones et de molécules inflammatoires qui influencent le fonctionnement de tous les organes du corps. Par exemple, l’inflammation provoquée par l’obésité est liée au développement de la résistance à l’insuline et à l’apparition du diabète de type 2. Les molécules inflammatoires relâchées près de la paroi des vaisseaux favorisent également le développement de lésions d’athérosclérose, alors qu’au niveau cérébral ces conditions inflammatoires peuvent altérer le fonctionnement des neurones et accélérer l’apparition des maladies neurodégénératives. Enfin, la création d’un climat généralisé d’inflammation chronique augmente considérablement les risques de plusieurs cancers.
Donc, au même titre que nous nous inquiétons (avec raison) de l’apparition d’une excroissance sur n’importe quelle partie de notre corps, la croissance excessive de la masse adipeuse doit être perçue comme la manifestation visible de profondes modifications dans l’équilibre de nos fonctions vitales, le signal de bouleversement s métaboliques aux nombreuses ramifications pour le développement de maladies.
Il existe une grande analogie entre la crise d’obésité actuelle et la situation qui prévalait il y a quarante ans envers le tabac. On savait déjà à cette époque que le tabagisme augmentait de façon importante le risque de cancer du poumon, et ce n’est qu’au prix d’un long travail que nous sommes parvenus à un consensus social quant à la nécessité d’encadrer très sévèrement l’utilisation de ces produits par un resserrement marqué des législations. Les données scientifiques concernant les effets catastrophiques de l’obésité sur la santé sont aussi solides que celles qui existaient à l’époque sur les méfaits du tabagisme. Pourtant, s’il est impossible aujourd’hui d’imaginer une publicité qui vanterait une marque de cigarette à la télévision, nous assistons sans broncher à la mise en marché extrêmement agressive de produits alimentaires hypercaloriques, dont la consommation ne peut que favoriser l’excès de poids. Cette situation est d’autant plus paradoxale que ces publicités visent très souvent les enfants, l’avenir même de notre société, alors qu’on sait que l’obésité infantile hypothéquera leur santé à plus long terme et nous privera par le fait même d’une partie de leur dynamisme et de leur savoir.
Problèmes complexes, solutions simples
Malgré la gravité des effets associés aux maladies chroniques, cette situation est loin d’être irréversible et pourrai t même être rapidement améliorée en appliquant certains principes qui corrigent les principaux excès du mode de vie occidental. En ce sens, il faut absolument tirer profit des immenses progrès réalisés par la recherche qui ont permis d’établir un consensus sur les cinq règles d’or à adopter pour réduire de façon extraordinaire le risque d’être touché par le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, plusieurs types de cancers ainsi que certaines maladies neurodégénératives (Alzheimer). Le potentiel de prévention de ces maladies est phénoménal et il n’est donc pas étonnant que ces recommandations soient formulées par toutes les instances de santé publique, que ce soit l’Organisation mondiale de la santé, les associations médicales contre les maladies du cœur et le diabète, ou encore
les divers organismes de lutte contre le cancer.
En abaissant les aliments à de simples produits de consommation, l’industrie de la malbouffe a réussi à créer un environnement qui banalise l’acte de consommer des aliments très pauvres en nutriments essentiels et dont le seul attribut est d’être surchargé d’énergie. Alors que la préparation et le partage de la nourriture ont de tout temps représenté le ciment essentiel à la cohésion des familles et de la société en général, la consommation accrue de repas déjà préparés ou issus de la restauration rapide a marginalisé ces pratiques et a provoqué l’apparition de comportements asociaux tel que manger dans la voiture, devant le téléviseur ou même en marchant dans la rue. Aussi rentables soient-elles pour l’industrie alimentaire, ces modifications fondamentales du mode de vie entraînent cependant des coûts énormes pour la société en favorisant une surconsommation de ces aliments et l’obésité qui lui est inévitablement associée.
Une façon de contrer les effets néfastes qui découlent de la surconsommation alimentaire est de redéfinir la place qu’occupe l’alimentation dans nos vies, de s’adapter culturellement à la surabondance de nourriture qui nous entoure, non pas en l’utilisant pour manger à outrance, mais plutôt pour explorer de nouveaux horizons culinaires et redécouvrir le plaisir de bien manger. Le monde dans lequel nous vivons regorge de ressources alimentaires extraordinaires provenant des quatre coins du monde et qui possèdent de multiples impacts positifs sur la santé. Il faut célébrer cette beauté et cette richesse, s’imprégner de l’Histoire et de la culture qui ont permis d’atteindre un tel niveau de raffinement. Redécouvrir le plaisir de bien manger, c’est puiser à même la plus formidable expérience jamais réalisée par l’homme, le résultat tangible de notre ingéniosité à améliorer constamment notre quotidien de façon à ce qu’il procure santé et plaisir. Plus qu’un besoin vital, manger est un acte culturel unique, qui témoigne de la relation privilégiée entre l’homme et la nature. Bien manger, c’est célébrer notre humanité. »
RD
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