vendredi, septembre 25, 2009
Une définition de la médecine anti-âge
Voici comment le Dr Claude DALLE définit la médecine anti-âge. Il est le Président de l'association française d'anti-aging (AFAA).
Nous sommes une des premières générations de l'humanité à pouvoir prendre en charge efficacement notre vieillissement et pouvoir agir réellement sur ses composantes, tant physiques (par notre apparence externe et le fonctionnement interne de nos organes) que mentales et psychiques : la médecine anti-âge est là pour cette prise en charge.
Son essor a commencé grâce à quelques pionniers en Europe et aux U.S. il y a une dizaine d'années (Klatz, Hertoghe,...).
Face à l'allongement de la durée de vie devenu inexorable et rapide (on gagne 3 mois sur une année de vie actuellement !), avec l'aide aussi des progrès fantastiques de la médecine et des connaissances, il devenait nécessaire et indispensable de coordonner les actions possibles sur le vieillissement. Finalement ce défi posé à l'humanité n'est plus seulement celui de la durée de vie mais surtout celui de la qualité de ces années. Si l'hygiène de vie nous a fait gagner 10 ans et les antibiotiques environ 10 ans aussi , l'hormonologie peut nous donner encore une grande dizaine d'années à elle seule.
La prochaine révolution sera la thérapie génique. Notre temps est au centre d'une phase clé pour la santé. Si les médecins esthéticiens ont beaucoup fait avancer la qualité de notre apparence extérieure, il nous est possible d'augmenter notre bien être en jouant sur nos équilibres internes. Nous y gagnons pour nous mêmes, notre environnement familial et de travail. La médecine anti-âge est au centre des préoccupations de la médecine car elle est non seulement curative mais surtout préventive, à un haut degré. Elle détecte nos désordres dès leurs débuts, alors que la médecine traditionnelle traite les pathologies quand elles sont installées. Quand nos carences n'ont pas encore de traduction clinique, elles ont par contre déjà un impact sur notre métabolisme et une trace humorale qui peut être repérée. C'est à ce signal débutant que la médecine anti-âge s'intéresse.
Nous devons traiter tôt nos patients pour qu'ils conservent le maximum de leurs facultés.
Une autre particularité de la médecine anti-âge est la prise en charge du patient par lui même. Il est actif au sens plein du terme. Il est attentif à lui même et veut prendre en charge son futur, corriger sa sénescence. Le vieillissement est un processus complexe, multifactoriel.
Mais quand commence cette dégradation ?
Probablement dès 25 ans, pour la majorité des êtres humains ; 25 ans est notre summum !
Plusieurs théories de la sénescence coexistent et elles sont toutes complémentaires. Nos cellules somatiques disparaîtront, totalement. Seules nos cellules germinales sont immortelles. Citons parmi ces théories, celles qui touchent nos gènes : 80% de notre génome serait composé de rétrovirus endogènes, qui codent encore...et nous fragilisent.La théorie des mutations génétiques est connue : nos gènes sont altérés par de nombreux facteurs, (oxydation, UV, virus, bactéries...). La réparation se fait de moins en moins bien. Citons celle du vieillissement programmé avec la disparition des « bouts de chromosomes » à chaque division. C'est la célèbre théorie des télomères. Nous pourrons peut être bientôt recréer ces télomères et probablement rapprocher nos cellules de l'immortalité ! Rappelons également la théorie de la diminution de nos capacités immunologiques (le thymus a perdu 80% de sa masse à 70 ans), la théorie de l'accumulation des déchets (métaux lourds par ex.), celle de la production des radicaux libres qui oxydent notre corps, à chaque repas, à chaque exercice physique intensif par exemple.
La production de radicaux libres engendre le stress oxydatif, processus majeur du vieillissement, par altération de nos protéines et altération de notre génome.
Deux grands systèmes oxydatifs agissent :
exogènes (virus, bactéries, génotoxiques) et liés à notre environnement (xéno biotiques comme les pesticides et les insecticides qui peuvent se comporter comme des hormones)
endogènes, par les systèmes de défense cellulaire.
Pour équilibrer le plateau et faire la balance oxydative nous disposons de 2 moyens de lutte antioxydants :
enzymatique (peroxydases,catalases, oxydases)
non enzymatique (vit A, B, C, E) carotène, flavonoïdes, Cu, Zn, Se...
La sénescence se caractérise par une désadaptation fonctionnelle progressive. C'est le concept de fragilité.
La réaction de l'individu, de l'organe, de la cellule est inadaptée. La compensation n'est plus efficace. Ceci entraîne un déficit des équilibres internes. Un bon exemple est la réaction au stress. La sécrétion de cortisol, en vieillissant, est plus longue et plus forte, inadaptée dans son amplitude. Elle est plus catabolisante aussi, plus destructrice. Ainsi une des grandes caractéristiques du vieillissement est que les hormones catabolisantes (avec en tête le cortisol) ont leur sécrétion beaucoup moins diminuée que les hormones anabolisantes (hormone de croissance, testostérone, estrogènes...). Il en résulte un déséquilibre.
Le différentiel entre les deux types d'hormones se creuse progressivement : on peut dire que l'on se « consume ». De cet hypercorticisme latent découle : immuno-suppression, hyperglycémie, hyperlipidémie, ostéoporose...
Dans la sénescence, nous constatons tous une diminution de la masse maigre au profit d'une augmentation de la masse grasse, une diminution de l'eau corporelle ainsi qu'une diminution de la force musculaire. Le niveau des auto-anticorps augmente considérablement et cette dysimmunité touche de nombreuses glandes endocrines.
COMMENT AGIR PAR LA MEDECINE ANTI-AGE ?
1) Bien sur, par l'équilibre de notre alimentation, qui est probablement un élément central de lutte.
Celle-ci doit être suffisamment riche en vitamines (A, C, E, B, K...) et en micro-nutriments (Zn, Fe, Se, Cu) qui intéressent tant le fonctionnement de nos chaînes enzymatiques et nous abritent du stress oxydatif. Il faut souligner ici qu'un bilan de stress oxydatif déséquilibré doit donner lieu à un traitement pour corriger le risque cardiovasculaire et le risque de cancer. Cependant la prudence, voire l'absence de traitement semble nécessaire devant un bilan normal, sinon nous prenons le risque d'être oxydant !
Appauvrir notre quantité de sucres : ceci est trop connu pour en parler, sachant d'autant plus qu'une campagne « low carb » débute en France.
Equilibrer en W3 et maintenir un rapport W6/W3 proche de 5, alors qu'actuellement nous avons 10 ou plus. Ces W3, que nous ne pouvons pas synthétiser, doivent donc venir de notre alimentation (huile de colza et d'olive, poissons gras...).
Limiter l'acide arachidonique contenu dans les viandes, générateur d'inflammation.
Limiter les produits laitiers :
Les pays plus forts consommateurs de lait ont le plus de cancer du sein et de maladies cardiovasculaires (Finlande, Norvège). L'inverse est vrai aussi ! (Chine, Japon). Les plus forts consommateurs de laitages ont aussi le plus de fractures ! Les dérivés du lait favorisent grandement les mycoses, qui, elles, sont consommatrices de certaines hormones, comme la progestérone.Finalement, notre alimentation doit de rapprocher de celle de nos ancêtres du paléolithique ! C'est à dire limiter les protéines grillées en tout genre, qui contiennent des benzopyrénes, hautement cancérigènes, limiter aussi les graisses saturées. Enrichir nos repas en fibres, fruits, légumes, dont le potassium et la charge alcaline contrebalancent l'acidité, pour maintenir une homéostasie favorable.
Citons enfin la restriction calorique dont les bénéfices semblent importants sur la longévité.
Maintenir moins 5% en dessous de son poids idéal serait déjà un critère efficace.
2) Dormir ! suffisamment. 7 à 8 heures par nuit.
Ceci préserve notre mélatonine, le meilleur anti oxydant pour notre cerveau.
Ceci préserve aussi notre hormone de croissance sécrétée pendant le sommeil, dont les bénéfices sont immenses : le sommeil paradoxal est le garant de nos circuits de mémoire et l'hormone de croissance est produite dans ce type de sommeil.
Ce sommeil préserve l'activité tonique, limbique, celle du thalamus et de l'hypothalamus.
Il en découle, entre autre, des fonctions immunes optimales, de lutte contre notre environnement (virus, bactéries).
3) Faire de l'exercice physique
Autour de 3 ou 4 heures par semaine, à un rythme adapté en fonction de l'âge, mais dont la durée doit être environ celle-ci, au risque de devenir oxydant si on la dépasse trop.
Cette activité physique maintient les fonctions cardiaques et pulmonaires, facilite la fonction rénale, conserve la masse musculaire et limite la masse grasse.
4) Equilibrer nos hormones
Certaines hormones ont des impacts très puissants sur notre corps. C'est par cette optimisation que nos fonctions seront conservées au mieux.
N'oublions pas que les hormones sont des neuromédiateurs (DHEA, testostérone estrogènes, cortisol...). A ce titre leurs rôles dans l'humeur , la gestion du stress,l'anxiété et la dépression par exemple, sont centraux et nous connaissons maintenant les modulations possibles dans les 4 systèmes cérébraux : Gaba , sérotoninergique, dopaminergique et cholinergique.
La compréhension des balances hormonales est bien meilleure, rapide et efficace.
Que surveiller ?
a) La thyroïde, centrale, orchestrale, régulatrice, qui par correction de ses carences permet de stimuler et de réveiller d'autres glandes. Celles-ci sont « ensommeillées » par le myxœdème (par exemple les surrénales, les ovaires, les testicules).
Selon Barnes, 40% de la population actuelle des pays occidentaux serait en hypothyroïdie ! Cette dernière est réellement une affection sous estimée.
Elle est l'actrice du tonus matinal, elle agit fortement sur l'immunité, et sur l'humeur.
En dehors de son action sur le métabolisme et le cholestérol, son implication dans les pathologies cardiovasculaires, dont coronariennes, est très grande.
b) Les surrénales qui produisent cortisol, DHEA, prégnenolone, aldostérone.
La DHEA est le stéroïde le plus abondant du corps, véritable pro hormone à part entière :
utile pour l'os, l'immunité, les muscles, luttant contre les infections, aidant grandement à restaurer la libido par le biais de la testostérone. Il reste à 60 ans environ 15% seulement de notre taux à 25 ans !
La DHEA est 15 fois plus abondante dans le cerveau qu'ailleurs et l'on sait maintenant qu 'elle y est protectrice de nombreuses fonctions.
Le cortisol ensuite, hormone de survie puisqu' on ne peut pas vivre plus de 24h sans cortisol, est l'hormone de lutte contre le stress .Il participe à la régulation de la glycémie.
Cependant son importance dans la sénescence est surtout liée à son action catabolisante, et à une sorte d'amplification de son rôle négatif.
c) Les hormones sexuelles (estrogènes, progestérone, testostérone, androstenedione) sont indispensables pour maintenir l'humeur, chez l'homme comme chez la femme.
Leurs rôles métaboliques dans le cerveau sont colossaux et ils sont un frein important au vieillissement pour maintenir notre qualité de vie.
Leur effet sur les os et les structures vasculaires sont très forts (ostéoporose, fragilité vasculaire, artérite...).
La testostérone est apparue comme l'hormone de l'amour dans les deux sexes et le maintien de son taux optimal est le garant d'un équilibre.
d) La mélatonine, sécrétée dans le cerveau pendant le sommeil, est la régulatrice de notre horloge biologique. C'est également une hormone parasympathique, donc relaxante.
Elle a une action sur le thalamus, l'hypothalamus et l'hypophyse. Ceci lui confère un rôle de premier ordre sur d'autres hormones qu'elle amplifie (thyroïde, testo, GH) alors qu'elle diminue le cortisol.
C'est un antioxydant majeur, dérivé du tryptophane, via la sérotonine, qui joue un rôle important pour notre température, probablement notre puberté aussi.
C'est probablement un antidépresseur.
d) L'hormone de croissance enfin tant décriée ! et pourtant...
Elle est dite « fontaine de jouvence ».
Elle est essentielle par sa simple action sur de nombreuses hormones qu'elle potentialise (thyroïde augmentée de 30%, testostérone idem...)
Elle améliore la masse maigre de 15% et diminue la masse grasse d'autant.
Son effet sur le mental et la qualité de vie est certainement son effet majeur.
Elle apporte un bien être réel , un confort de vie important.
Elle joue sur les os, l'immunité, l'humeur, la peau, la sexualité.
e) Il faut également parler de la restriction calorique, qui est certainement un facteur d'accroissement de la longévité, par limitation des phénomènes d'oxydation.
Moins de calories empêche la baisse de certaines hormones dont l'hormone de croissance, et semble ralentir l'apparition des tumeurs.
En conclusion, disons que la médecine anti-âge est arrivée à maturité de ses grands axes. Elle permet d'améliorer grandement la qualité de vie de nos patients, pour eux mêmes, par leur aspect physique, leur forme, avec une musculature conservée, un sommeil long et de qualité, une libido certaine et une sexualité enrichissante et très satisfaisante, une optimisation du mental, par son énergie, son humeur, par la restauration et /ou la conservation de la mémoire, la prévention de pathologies.
Cette qualité de vie préservée, que nous voulons tous, est au centre de la médecine anti-âge, avec en premier lieu , la sauvegarde de notre cerveau.
RD
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