jeudi, novembre 05, 2009
Connaissez-vous l’association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité?
Sur la photo, on distingue de gauche à droite, Gilles Lebel, membre du comité de l'AQDMD-Mauricie, Susan Thibaudeau, porte-parole de l'AQDMD-Mauricie, Hélène Bolduc, présidente de l'AQDMD et Dr Marcel Boulanger, anciennement de l'Institut de Cardiologie de Montréal.
Fondée en 2007, l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD), milite pour le droit de chaque personne d'avoir une fin de vie conforme aux valeurs de dignité et de liberté qui l'ont toujours animée et pour que soit respectée sa volonté personnelle.
Le débat sur la décriminalisation de l'aide médicale aux personnes condamnées par la maladie s'étend graduellement dans les régions du Québec. L'AQDMD souhaite remplir ce mandat. Elle croit que seule la pression populaire fera agir le gouvernement fédéral. Surtout, elle refuse d'aborder le sujet en mentionnant le mot « euthanasie ». Il n'est pas question que les médecins aient le droit de vie ou de mort sur leur patient. C'est la personne qui choisit le moment approprié pour partir.
Les deux documents dont l'AQDMD fait la promotion sont : l'importance de signer un testament de vie et un mandat en cas d'inaptitude. Ce dernier document est plus connu. Comme son non l'indique, il mandate une personne de confiance d'agir en notre nom en cas d'inaptitude. L'autre n'a pas de caractère légal, mais il informe nos proches de la façon dont nous voulons vivre nos derniers moments. Il est signé lorsque nous avons toute notre conscience.
Voici le communiqué de presse de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD) du 3 novembre au sujet de la réflexion du Collège des médecins du Québec sur l'euthanasie :
« Nous saluons le courage du Dr Yves Lamontagne qui après avoir mandaté un comité d'éthique a pris une position d'ouverture par rapport à la nécessité de recourir à l'euthanasie, dans certaines situations particulières. Au moins le tabou est levé et la société civile autant que les soignants pourront s'exprimer librement sur ce difficile sujet de la mort et des souffrances de fin de vie. Notre association a clairement défini dans un Manifeste ses principes qui diffèrent sur certains points de ceux exprimés par le Collège des médecins du Québec mais au moins une majorité de la population et le corps médical reconnaissent qu'il y a urgence à agir pour le bien de tous. »
Signée : Hélène Bolduc, présidente de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD)
LE MANIFESTE DE L'AQDMD : (disponible à l'adresse suivante : http://www.aqdmd.qc.ca/page10.php)
Titre du manifeste : « MOURIR DANS LA DIGNITÉ : L'ULTIME LIBERTÉ »
LES PRINCIPES DIRECTEURS DU MANIFESTE DE L'AQDMD
1.- Respect de l'autonomie de la personne
L'autonomie du patient et le respect de l'expression de sa volonté constituent un principe fondamental de l'éthique médicale conforme au droit. Par exemple, aujourd'hui il est couramment admis que toute personne apte à consentir aux soins, peut refuser tout examen et tout traitement, au risque même de mettre sa vie en danger. De même, en vertu du droit au respect de l'autonomie et de la volonté du patient, tout adulte, atteint d'une maladie en phase terminale ou affligé de souffrances insupportables à soulager et dûment renseigné des options de soutien, de traitements et de soins palliatifs, devrait avoir le droit de demander et recevoir de l'aide médicale pour mourir au moment et de la manière qui lui paraissent opportuns. Cette demande d'aide à mourir doit être libre de contraintes et réitérée par une personne lucide et informée. Dans ces conditions, la décision revient au premier intéressé : le malade lui-même.
2.- Mourir selon ses propres valeurs
De nombreuses personnes vivent dignement et courageusement avec des maladies incurables graves ou des handicaps majeurs sans envisager mettre fin à leur vie. D'autres, plus rares, considèrent qu'une totale dépendance et l'impossibilité de jouir de la vie telle qu'elles l'envisagent constituent une indignité. Le concept de dignité est personnel. De même, l'appréciation de la douleur et de la souffrance est subjective et seulement le patient peut témoigner de son caractère intolérable. Cela signifie que l'appréciation finale de sa condition d'existence revient au patient. Là où le droit au suicide assisté ou à l'euthanasie a été dépénalisé, l'expérience démontre que seule une infime minorité des malades en phase terminale s'en prévaudra. Est-ce une raison suffisante pour ignorer le droit de cette minorité?
3.- Importance de la compassion
Face à la dépénalisation du suicide assisté et de l'euthanasie, certains disent craindre que des patients, se considérant comme une charge pour leur entourage, réclament l'aide à mourir. Sentir que l'on devient un fardeau n'est souvent qu'une des facettes de la douleur globale. Ce pénible sentiment, comme de nombreuses études l'ont démontré, résulte d'une faiblesse grandissante qui enlève toute autonomie, une diminution des capacités de se mobiliser, de se vêtir, de prendre soin de soi-même : c'est voir son corps se détériorer sans perspective d'amélioration. La perte même de son identité vide la vie de tout son sens et rend pour certains la vie indigne d'être vécue. La compassion envers ces malades exige la reconnaissance de cette souffrance difficilement traitable et l'on se doit de poursuivre l'accompagnement dans le respect de la volonté et des valeurs du patient.
4.- Soins de fin de vie
Durant les dernières décennies, les soins palliatifs ont fait beaucoup de progrès, en particulier pour le soulagement de la douleur chez les patients cancéreux, mais ils ne peuvent malheureusement pas soulager toutes les douleurs et souffrances de fin de vie de manière satisfaisante.
La souffrance est parfois si grande que les soignants ont recours à la sédation terminale continue dont on sait que la seule issue est la mort. La cessation de l'alimentation et de l'hydratation est également acceptée en soins palliatifs. Si tel est le choix informé du malade, ce sont des manières de mourir tout à fait dignes. Toutefois le mourant, s'il en a manifesté la volonté, devrait avoir l'option d'une mort plus rapide et la loi devrait le lui permettre clairement.
5.- Encadrement de la pratique
La pratique de l'aide à mourir est essentiellement encadrée par la demande libre, éclairée et réitérée du patient, la confirmation de son aptitude à décider et la consultation auprès d'un deuxième médecin. L'efficacité de cet encadrement a été démontrée par l'expérience acquise ailleurs.
6.- Respect d'une autre vision des choses
Une personne peut remettre entre les mains de Dieu sa vie et sa mort: elle peut considérer que toute vie est préférable à la mort même dans les moments extrêmes. Cela mérite le respect. Par contre, nul n'a le droit d'imposer cette vision à tous.
Le respect de l'autonomie et de la volonté du malade, la compréhension du concept de la dignité de chacun et la compassion envers la personne mourante justifient le combat pour la dépénalisation de l'euthanasie et du suicide assisté pour les personnes souffrant de douleurs insupportables qui en font la demande.
Le cadre légal actuel au Canada n'autorise pas cette vision humaniste de la fin de la vie.
C'est un débat de société sur lequel nous devons nous pencher pour envoyer un message clair à nos législateurs
C'est une question de respect, de droit et de justice.
Octobre 2009
RD
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