jeudi, novembre 05, 2009
Le droit de choisir (aide active à mourir)
Le docteur Bernard Senet plaide pour l'aide active à mourir.
Le médecin français Bernard Senet, invité par l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité (AQDMD), a prononcé le 14 avril 2009 une conférence sur le rôle du médecin dans l'accompagnement des malades en fin de vie.
Article de Marie-Josée Montminy, Le Nouvelliste, 15 avril 2009
Photo: Stéphane Lessard
(Trois-Rivières) « Qu'on l'appelle euthanasie, suicide assisté ou aide active à mourir, l'idée d'abréger les souffrances des malades qui en expriment la volonté suscite les débats. Dans un contexte où des cas médiatisés alimentent les discussions, le docteur Bernard Senet a partagé hier sa vision du rôle du médecin dans l'accompagnement des malades en fin de vie.
Le docteur Senet est un médecin généraliste du Sud de la France qui pratique les soins palliatifs en milieu hospitalier depuis 1977. Actif au sein de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité en France, il a été invité à prononcer une conférence à l'Université du Québec à Trois-Rivières par l'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité.
Quatre enjeux sont au coeur de l'argumentation du docteur Senet. Premier principe, le médecin ne doit pas négliger le traitement et la prise en charge de la douleur. Le docteur Senet encourage ses collègues à soulager leurs patients en leur fournissant des médicaments susceptibles de faire une différence dans leur perspective.
Le patient dominé par la douleur peut voir son état s'améliorer si on lui procure les médicaments apaisant sa souffrance physique; sa fin de vie peut alors se dérouler plus sereinement.
En second lieu, souscrivant aux valeurs de l'AQDMD, le docteur Senet s'oppose à l'acharnement thérapeutique, acharnement qui peut se traduire par plusieurs pratiques allant jusqu'à l'hydratation «forcée» d'un patient.
Le troisième principe prôné par l'ADMD appelle au respect des volontés écrites des patients qui revendiquent le droit de se prévaloir d'une «interruption volontaire de vie» comme les femmes ont maintenant le droit de procéder à une interruption volontaire de grossesse.
«Il faudrait que le citoyen puisse disposer de son corps via ses écrits qui parlent pour lui», souhaite M. Senet en comparant les volontés de fin de vie aux clauses testamentaires prévoyant les dispositions d'héritage.
Enfin, et c'est là le point qui génère le plus de controverse, le docteur Senet plaide pour l'autorisation d'aider activement un patient à mourir, à sa demande. «En France comme ailleurs, ça bloque pour obtenir cette dernière étape dans le respect des volontés des citoyens», fait-il remarquer.
«Pourquoi on demande cette capacité d'aide? Parce que ça se fait. Des médecins le font mais ne le disent pas pour ne pas aller en prison! Le fait que ce soit pratiqué et pas dit, ça ne va pas, dans une société démocratique et transparente», commente le médecin de 60 ans.
Cette autorisation des médecins à accélérer la mort des patients qui le demandent passe par la décriminalisation du geste. M. Senet rappelle que des pays comme les Pays-Bas, la Belgique, le Danemark, le Luxembourg ainsi que les États de l'Oregon et de Washington ont déjà légalisé la pratique.
«Aux Pays-Bas, où on a plus de recul, on n'a pas vu d'inflation du taux de décès. On n'a pas vu non plus de conflits ou d'opposition au sein du corps professionnel», témoigne le médecin.
Ouvert aux arguments de membres de son auditoire moins à l'aise avec le concept de l'aide active à la mort, le docteur Senet a insisté sur la primauté de la volonté du patient. «Jusqu'à quel point une période de fin de vie n'est-elle pas une période de vie? a demandé une intervenante à la Maison Albatros. «Oui, mais le citoyen a le droit d'abréger cette période», a rétorqué le conférencier.
L'Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité a été fondée en 2007, et sa section mauricienne est née il y a un an. La conférence du docteur Senet s'est insérée dans la programmation des dîners gérontologiques mensuels du Laboratoire de gérontologie de l'UQTR. »
RD
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