lundi, août 23, 2010

 

Plus de 70 % des Québécois en faveur de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté

Plus de 70 % des Québécois sont en faveur de la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté, selon un sondage Léger Marketing mené pour le compte du quotidien «The Gazette».

Le Code criminel canadien condamne l'euthanasie, laquelle consiste à administrer une dose mortelle à un patient, ainsi que le suicide assisté, le fait de donner la mort à un malade qui veut mourir. Toutefois, un comité provincial va tâter le pouls de la population sur ces questions, en septembre 2010.

L'an dernier, le Collège des médecins du Québec a dit qu'il était en faveur de l'euthanasie dans le cas d'un patient qui souhaite mourir et dont la mort est imminente ou inévitable.

À la question «Croyez-vous que la décriminalisation de l'euthanasie et du suicide assisté est la chose à faire pour aider les gens à mourir dignement?», 71 % des personnes sondées ont répondu par l'affirmative et seulement 16 % ont dit non. Treize pour cent se sont dits indécis.

Léger Marketing a réalisé le sondage en ligne pour «The Gazette» du 16 au 19 août en utilisant un panel aléatoire de répondants.

Selon Linda Couture, qui a été interrogée par le quotidien anglophone, elle qui a lancé en juin l'organisme à but non lucratif «Vivre dans la dignité», les résultats démontrent que les gens manquent d'information. Ce groupe milite contre l'euthanasie et le suicide assisté et demande au gouvernement du Québec d'en faire plus, notamment, en matière de soins palliatifs.

Mme Couture et «Vivre dans la dignité» disent vouloir susciter une prise de conscience au sein de la population en affirmant qu'il y a une différence entre souhaiter cesser de souffrir et demander de mourir. Plus de 1000 personnes ont rallié les rangs de l'organisme depuis sa fondation au début de l'été.

«Il semble que la perception à propos des gens sous performants – qui sont considérés comme une charge pour la société parce qu'il manque de lits dans les hôpitaux – fait en sorte que nous voulons nous débarrasser d'eux au moment même où ils ont le plus besoin de nous, a déclaré Mme Couture. C'est le symptôme que le système lance la serviette en ce qui a trait aux aînés. Il s'agit de l'abus ultime.»

Les Québécois divisés

Chaque année, 45 % du budget du Québec va à la santé. Le sondage révèle que les Québécois sont divisés à propos des dépenses en soins de santé – 44 % des répondants suggèrent que le gouvernement devrait dépenser davantage pour répondre aux besoins et 40 % des gens croient que les patients devraient couvrir une partie des coûts croissants des services. Les autres, 16 %, se sont dits indécis.

Jean-Marc Léger, président de Léger Marketing, a dit que les résultats reflètent des disparités entre les générations.

«La santé est la plus importante question pour les personnes plus âgées, alors que les plus jeunes ne s'en préoccupent pas tellement, contrairement au chômage, à l'économie, au déficit et à l'éducation», a-t-il indiqué. Les Québécois sont vraiment divisés. Mais, ce qui est clair, c'est que les gens veulent une solution. Ils sont mécontents de la façon dont le système de santé est administré.»

Mme Couture, pour sa part, espère que les considérations financières ne sont pas mises en priorité devant la vie humaine. «La société en général semble penser que parce que nous sommes dans le rouge, il s'agit d'une façon de s'en sortir. Nous ne pouvons pas faire ça. N'éliminons pas les gens, éliminons plutôt le problème. Nous avons besoin de réorganiser nos ressources pour faire en sorte que les gens ont accès à des soins palliatifs.»

Source : Journal de Québec, 23 août 2010

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Il est temps que ce débat reprenne et que la donne soit remise à jour. Les arguments utilisés doivent être confrontés aux besoins des personnes en instance de mourir. C'est primordial! Dans ce dilemme, il existe, d'une part, une volonté individuelle de pouvoir faire ses propres choix de vie ou de mort; ce qui semble naturel dans la perspective où tous et chacun d'entre nous veulent une solution personnalisée dans ces circonstances extrêmes. D'autre part, il y a l'éthique sociale prônée par des personnes bien intentionnées qui veulent un moule ou un cadre d'intervention approprié, qui serait à la portée de tous les citoyens, sans égard à leurs capacités financières et qui s'appliquerait à tous également, quels que soient les désirs de la personne concernée.

Il est certain que la solution adoptée collectivement devra respecter la volonté individuelle. Si on est libre de faire tout ce que l'on veut toute notre vie, à l'intérieur d'un contexte légal, il n'y a pas de raison de ne pas continuer à le faire même lorsqu'il est question de suicide assistée ou d'euthanasie. En revanche, il ne peut y avoir de grandes portes ouvertes permettant à des personnes mal intentionnées de disposer de notre personne comme bon leur semble ou face à des impératifs économiques ou autres. Alors quoi faire ou quoi débattre? J'avancerais ceci comme prémisses à ce débat :

  • Il faut s'appuyer sur l'expérience des pays qui ont légiféré en la matière (Suisse, Pays-Bas, Allemagne, France, États-Unis, etc.). C'est le premier pas à faire.
  • La volonté de la personne mourante et l'état de sa condition physique et psychologique sont des impératifs de première instance.
  • Il faut un cadre d'intervention, souple et adapté à toutes les situations qui se présentent, des pires situations comme des habituelles ou courantes.
  • Nous sommes maintenant dans une société laïque au Québec et la dimension judéo-chrétienne qui a prévalue jusqu'ici doit être dépassée ou remise en question à la lumière des nouveaux moyens de la médecine, de l'éthique pluraliste qui existe dans la société, des remises en question individuelles, de l'expérience des autres pays, …

Selon moi, la fin de la vie ne devrait pas être perçue comme une épreuve finale à franchir avant de trépasser. Au contraire, on devrait faire en sorte que le patient obtienne tous les euphorisants possibles pour faire en sorte qu'il meure dans un relatif confort, tout en se rappelant bien qu'il a eu une belle existence et qu'elle valait la peine d'être vécue. Est-ce trop utopiste que de penser que l'on pourrait mourir, de façon naturelle, sans souffrance et sans angoisse? Nous en avons les moyens dans la plupart des cas. Alors, qu'est-ce que nous attendons pour mettre à jour nos protocoles et permettre à nos proches de passer facilement à travers cette épreuve? Si la personne mourante veut un accélérant, qu'est-ce que ça change en bout de ligne?

Regardons ce que nous avons adopté comme protocole à la naissance! La médecine fait tout ce qu'elle peut (et plus) pour alléger la tâche de la future mère. Toutes les conditions sont réunies pour faire de la naissance un événement heureux, le plus facile et le plus sûr possible. Alors, pourquoi ne pas faire de la fin de vie un événement où nous serions garantis de mourir dans des conditions similaires. Maintenant, personne ne voudrait être opérée sans anesthésiant, comme ça se faisait couramment autrefois. Alors, poser la question, c'est presque y répondre!

C'est un débat à suivre de très près, parce que nous sommes tous concernés, quel que soit notre âge.

RD

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