lundi, août 02, 2010

 

Repousser L’ÂGE DE LA RETRAITE, une solution viable?

« Repousser l'âge de la retraite, des mesures timides malgré l'état d'urgence » ?

Article de Karine Gagnon, Journal de Québec, 2 août 2010

À l'heure où plusieurs pays d'Europe repoussent l'âge légal de la retraite, certains jusqu'à 68 ans, le débat demeure entier au Québec et les mesures sont jugées plutôt timides malgré l'état d'urgence qui se fait sentir.

« Ça se fait en France, en Grèce et ailleurs, mais ce n'est pas parce qu'il y a des politiciens qui prennent des décisions courageuses, c'est parce qu'ils sont au bord de la faillite, parce qu'ils n'ont pas le choix, analyse Germain Belzile, directeur de la recherche à l'Institut économique de Montréal. Nous, on n'est pas encore tout à fait rendus à ça, mais on s'en va vers ça, c'est pas compliqué. »

La question du recul de l'âge de la retraite fait effectivement place à des débats houleux dans toute l'Europe depuis plusieurs mois, de nombreux pays étant confrontés à l'augmentation de leurs dettes et déficits publics. La Commission européenne a même ouvert un débat public sur la question, estimant que l'âge moyen de la retraite devra être relevé de 65 à 70 ans d'ici à 2060, histoire de maintenir les pensions à leur niveau actuel.

Trop rigides

Au Canada, le gouvernement Harper a annoncé, cet été, qu'il songe à annuler la retraite obligatoire à 65 ans pour les employés fédéraux. On souhaite également rendre le marché du travail plus attrayant pour les aînés. Au Québec, certaines mesures ont été mises de l'avant par le gouvernement ces dernières années.

Certaines de ces mesures favorisent la retraite progressive. Il est entre autres devenu possible de varier sa rente en tenant compte des jours travaillés. Il faut toutefois demeurer chez le même employeur.

« On a pris des petites mesures que l'on a favorisées, qui ont été relativement efficaces, mais les vraies mesures tardent à venir », évalue le démographe Jacques Légaré, professeur émérite à l'Université de Montréal.

« On remarque qu'on a eu des avancées de faites, mais probablement qu'il y a encore place à beaucoup d'autres avancées pour rendre ça plus populaire, plus accessible, moins rigide », observe Mathieu Laberge, directeur de projet et économiste au Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO).

Coauteur du rapport La longévité, une richesse, publié en janvier, M. Laberge précise que si rien n'est fait pour inciter le recul de l'âge de la retraite et que rien ne bouge dans l'économie québécoise, on se dirige vers une période critique, de 2013 à 2025. On commencera alors à perdre des travailleurs, ce qui freinera la croissance économique.

Sentiment d'urgence

« Oui il y a un sentiment d'urgence, dit M. Laberge, car 2013 en termes d'économie, c'est demain matin. » Ce dernier évalue toutefois que la réflexion au Québec est assez avancée par rapport à d'autres provinces.

« On est rendus à l'étape où il faut agir, on est déjà en retard », considère pour sa part Jean-David Tremblay-Frenette, président de Génération d'idées, organisme sans but lucratif et non partisan qui a pour mission de représenter les intérêts de la Génération X et des jeunes. C'est comme si on avait une diversion présentement avec les finances publiques et qu'on occultait cette question. »

Il en va beaucoup de l'opinion publique, selon M. Belzile. « Quand les gens comprendront qu'il y a un véritable danger et qu'on s'en va dans un mur, les ajustements se feront », dit l'économiste, estimant que la dynamique politique actuelle rend cela extrêmement difficile.

Une population qui vieillit au Canada

Personnes de 80 ans et plus : 1,3 million en 2009; 3,3 millions en 2036

Entre 2015 et 2021, il y aura plus d'aînés de 65 ans et plus que de jeunes de 14 ans et moins

La proportion des gens en âge de travailler va passer de 70 % à 60 %

En 2011, les premiers boomers auront 65 ans

En 2031, la totalité des boomers aura 65 ans et plus

*Source : Statistiques Canada

Pénurie de main-d'oeuvre au Québec

D'ici 2018, 1,3 million d'emplois à combler

De ce nombre, 80 % seront vacants en raison de départs à la retraite

En 1966, huit travailleurs pour un retraité

D'ici 2040, deux travailleurs pour un retraité

*Source : gouvernement du Québec

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Le côté positif de cet article, c'est celui de relancer de front le débat sur la question de repousser l'âge de la retraite ou non. Le côté négatif, c'est de présumer que les SENIORS au Québec sont prêts à reprendre plus ou moins obligatoirement le collier et faire un retour sur le marché du travail.

Dans la plupart des analyses économiques, on ne voit pas d'études sociologiques qui permettent d'évaluer l'impact de cette mesure sur les personnes qui sont sur le point de prendre leur retraite. Les Québécois « babyboomers » ont réussi une élévation marquée des taux de scolarisation et leur début de carrière s'est déroulé au moment de la Révolution tranquille. On est sorti de la grande « Noirceur » au Québec sur tous les plans, y incluant le religieux.

À cette époque, les conditions existentielles n'étaient pas les mêmes qu'aujourd'hui. Si on a un Québec moderne tel que l'on voit présentement, c'est grâce à cette génération de travailleurs qui très souvent ont « gagné » leurs études et n'ont pas lâché les cordeaux depuis. Maintenant qu'ils ont accumulés un fonds de pension et des biens pour leur vieux jours, on leur dit, en bref, que s'ils ne se sacrifient pas un peu beaucoup pour la nouvelle donne économique dépassée 2011, la croissance économique va chuter et ils en seront les grands responsables.

En outre, le poids des contributions gouvernementales au plan du RRQ et de la santé, deviendra trop lourd à supporter pour les jeunes travailleurs qui occuperont le marché du travail. Alors, il faut changer les lois pour forcer en quelque sorte le maintien des aînés au travail. Une belle salade en perspective!

D'abord, posons-nous la question fondamentale suivante ? Pourquoi y-a-t-il eu chute de la natalité au Québec depuis la Révolution tranquille?

En 1976, l'élection du Parti québécois devait aboutir à la création d'un pays. Ce ne fut pas le cas et ne le sera probablement jamais! Qui a assumé le coût de cette utopie?

Les femmes ont envahi le marché du travail et ont réduit la taille de la famille à une peau de chagrin. Bravo!

La progression de l'économie québécoise et l'accroissement du niveau de vie ont été des priorités tout au long de ces décennies. Pour aboutir où?

Demandez à un jeune ce qu'il ferait s'il devait payer le prix de ses études ? Pour lui, c'est impensable. Tout est pratiquement gratuit. Or, on a présentement des taux de diplômation très faibles, notamment à la fin du Secondaire.

En plus d'avoir de moins en moins de jeunes à former, on débouche sur une main-d'œuvre qui ne croit plus à la plus-value de l'investissement dans le capital humain.

Revenons à nos moutons! Par définition, la hausse de la productivité, c'est obtenir une production par travailleur beaucoup plus élevée. Et le facteur clé qui le permet, c'est l'utilisation des technologies ou les rendements qui y sont associés.

L'adéquation entre main-d'œuvre qualifiée et la hausse de l'usage des technologies est fondamentale. Qu'est-ce qui le permet : la réponse est simple, c'est la formation ou, comme on dit généralement, l'éducation.

Les couples du Québec qui n'ont pas fait suffisamment d'enfants pour faire augmenter le taux de natalité et le taux de remplacement des générations, sont-ils coupables de quelque chose? Faut-il penser à un mouvement de balancier (de grandes familles avant les années soixante et l'enfant unique ou presque après les années 70) ? C'est un choix de société, comme disait un loustic. Finalement, il faut vivre avec!

Alors quoi faire? Les réponses sont fort simples :

  1. Il faut être moins intensif en main-d'œuvre dans tous les secteurs de l'économie et favoriser l'apport technologique sous toutes ses formes. La création d'emplois axée sur la valeur ajoutée au plan technologique et du savoir-faire amène généralement des salaires élevés et une croissance économique marquée et soutenue, dans tous les secteurs de l'économie;
  2. Changer la manière de créer de la richesse; c'est beau la vertu des environnementalistes, mais des barrages hydroélectriques, c'est payant et une fois construits, ça génère énormément de revenus sans être intensif en main-d'œuvre. Et, c'est de l'énergie propre.
  3. Restructurer le marché de l'emploi; il y a des emplois non comblés et non spécialisés qui doivent disparaître ou évoluer (automatiser les caisses enregistreuses, par exemple)
  4. Favoriser la formation sous toutes ses formes ; rien ne remplace une « tête » bien faite et bien formée. L'Éducation, c'est ce qui a permis le « Québec moderne » et c'est aussi ce qui va sauver son économie. En autant que la population le comprenne bien et à temps.
  5. Profiter de l'expérience et de l'expertise des SENIORS ; les jeunes peuvent faire des bonds de productivité considérables s'ils sont « coachés » par des gens à la fine pointe dans leur métier ou profession, même s'ils sont à la retraite.
  6. Arrêter de vivre au-dessus de nos moyens, comme société ; dès maintenant, le gouvernement devrait réviser ses multiples programmes et ses tarifications selon le critère suivant : avons-nous les moyens de se le payer?

Voilà, au moins 6 moyens, des plus simples, qui changent la donne et on n'a pas besoin de changer l'âge normal de la retraite entre 60 et 65 ans. Selon moi, l'analyse que l'on fait du problème et de ses solutions est complètement fausse.

Que fait la France, malgré ses gains historiques sur le plan social ? Un projet de loi adopté le 13 juillet qui fait passer l'âge de la retraite de 60 à 62 ans. d'ici 2018. On est encore loin de notre bon 65 ans!

VIVE LA RETRAITE POUR CEUX QUI L'ONT BIEN MÉRITÉE!

RD

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