mardi, septembre 14, 2010

 

Débat public sur l'euthanasie: «ma mort m'appartient»

Article de Sara Champagne, La Presse

Des témoignages tragiques et vibrants sont venus donner un autre ton au débat public sur l'euthanasie, qui s'est ouvert à Montréal.

Une famille a raconté comment Laurent Rouleau, atteint de sclérose en plaques, s'est battu en vain afin d'avoir de l'aide pour mourir avant de se tuer avec une arme à feu, en juin dernier. Et ce en toute connaissance de cause, a dit sa conjointe.

Une dame, qui mène une bataille sans espoir contre le syndrome dégénératif musculaire post-polio, aujourd'hui contrainte au fauteuil roulant, a pour sa part raconté à quel point elle se soucie davantage de sa qualité de vie que de sa prolongation. Elle projette ultimement de se rendre à Zurich accompagnée d'une amie afin de mettre fin à sa vie.

«Ma mort m'appartient, a dit avec aplomb Nicole Gladu, âgée de 65 ans, qui affirme que chaque souffle est pour elle un effort conscient. À défaut d'avoir notre mot à dire sur notre conception, point de départ de vie, j'estime que nous devrions assumer nos responsabilités jusqu'à la fin de celle-ci, notre mort, qui nous attend depuis notre naissance.»

La conjointe de Laurent Rouleau, Sylvie Coulombe, accompagnée de ses enfants, a pour sa part expliqué que son conjoint souffrait depuis 15 ans, et que pour lui il était hors de question de finir ses jours dans un carcan. «En plus de la douleur de l'âme, a-t-elle dit, il souffrait physiquement: spasmes incessants, nuits blanches, nausées et étourdissements. Et les effets secondaires des médicaments étaient insupportables», a-t-elle ajouté.

Après deux ans de démarches, et après avoir songé à se rendre en Suisse, là où le suicide assisté est légal, l'homme qui souffrait d'une maladie dégénérative a finalement mis fin à ses jours derrière sa maison. Il a attendu d'être certain de mourir avant de contacter le 911.

Sa famille a expliqué qu'il a dû passer par un processus légal, en plus de se soumettre à des consultations avec son médecin traitant et un psychiatre, avant d'obtenir le droit de refuser une chirurgie pour le maintenir en vie. Il est finalement mort au bout de 14 heures auprès de sa conjointe.

Tant Mme Gladu, qui dit avoir savouré chaque seconde de sa vie active, que la famille Rouleau, estiment qu'il faut décriminaliser le suicide assisté, en le balisant, et en privilégiant l'euthanasie médicale. Avec un testament biologique. Ils s'entendent aussi pour dire que les médecins devraient avoir un rôle à jouer. Et ils s'entendent pour dire qu'on ne peut pas former un médecin qui ne veut pas le faire par conscience. Ces témoignages tranchent avec le Conseil catholique de langue anglaise qui a livré un plaidoyer pour des meilleurs soins de vie, en écartant complètement l'euthanasie.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Pas besoin d'en dire plus!

RD

Libellés :






<< Home

This page is powered by Blogger. Isn't yours?