jeudi, septembre 30, 2010
Le Barreau pour un encadrement légal de la fin de vie
Dans la version abrégée du mémoire que le Barreau déposera à la Commission spéciale de l'Assemblée nationale du Québec sur la question de mourir dans la dignité, dont Radio-Canada a obtenu copie, l'association soutient que la loi québécoise devrait faire état de l'existence ce choix, en y incluant une procédure bien définie.
Le Barreau du Québec y va notamment des recommandations suivantes :
- Reconnaître le droit d'un majeur apte, ainsi que d'un majeur inapte qui a exprimé des volontés à cet effet alors qu'il était apte, de requérir une assistance médicale pour mettre fin à leur vie, dans des circonstances bien encadrées, pour des situations exceptionnelles;
- Adopter une procédure dans la Loi sur les services de santé et les services sociaux, pour encadrer ce processus de choix de fin de vie.
Le Barreau du Québec précise que « le caractère sacré de la vie » doit demeurer une valeur dominante dans le système de santé et dans la société. Il estime toutefois qu'« il demeure toujours un certain nombre de cas où les soins palliatifs ne permettent pas de soulager le patient, ou encore des cas où le patient souhaitera les interrompre ou ne pas les recevoir du tout. Ce choix du patient devrait pouvoir être respecté ».
Pour ce qui est de la procédure qui pourrait être incluse dans la loi, le Barreau en définit les paramètres de façon très stricte :
- Il devrait s'agir d'une situation exceptionnelle, soit une maladie incurable ou une maladie risquant d'entraîner la mort dans les six mois suivant le diagnostic;
- La souffrance du patient devrait être démontrée par une évaluation médicale approfondie;
- Le consentement du patient et ses circonstances devraient être évalués par un psychiatre;
- Une personne majeure inapte devrait avoir émis sa directive pendant qu'elle est en mesure de le faire. Dans le cas contraire, personne ne pourrait demander l'euthanasie en son nom;
- La demande du patient devrait être effectuée par écrit et signée en présence de deux témoins qui n'ont pas d'intérêt dans cette décision;
- Le médecin traitant ferait le suivi de cette demande, analyserait le dossier et vérifierait surtout si le patient « maintient sa volonté telle qu'exprimée initialement et répétée après un délai de 15 jours ».
Le Barreau recommande également un suivi par le coroner, après chaque décès survenu à la demande d'un patient, pour s'assurer du respect intégral de la procédure inscrite dans la loi.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Le Barreau reconnaît les cas extrêmes d'individus en fin de vie qui auraient le droit, suite à leur demande expresse, d'exiger que l'on mette fin à leurs souffrances et à leur vie. C'est déjà un pas énorme que de reconnaître qu'il y a des situations où la médecine est impuissante à soulager le patient et qu'il est du devoir des soignants de répondre aux attentes exprimées, dans un cadre légal de procédures bien déterminées.
On pourrait peut-être envisager le problème comme suit : quand une personne est en train de mourir irrémédiablement dans des souffrances innommables, c'est que le corps de la personne n'a plus les qualités de vie ou la vitalité qu'il avait auparavant. Il est malade au point où la vie va de toute façon se retirer dans un laps de temps très court. Demeure-t-il un être humain à part entière puisque son état est en train d'empirer au point où la vie va s'évacuer de son corps.
C'est un peu beaucoup le débat de l'embryon que l'on veut faire avorter : cet embryon a tout ce qu'il faut pour devenir un être humain en chair et en os, en bonne santé, et pourtant, il est légal de l'avorter à la demande de la mère, pour des raisons qui souvent ne sont pas valables. L'individu « embryon » perd son droit à l'existence et à une vie bien remplie du fait que l'on permet son avortement. Une situation où l'éthique est mise à rude épreuve!
Dans le cas de l'euthanasie, il s'agit d'une extinction graduelle de la vie qui reste à vivre. L'accélérant que l'on donne au malade en phase terminale, sur approbation de son médecin et avec le plein consentement du patient lui-même, dans des circonstances extrêmes de douleur et de souffrance, peut être perçu comme un acte d'humanité et de respect face à la vie, qui doit prendre fin de toute façon.
C'est un cycle bien naturel que celui du renouvellement des générations. Nous mettons des enfants au monde pour qu'ils nous survivent. Dans le processus, nous écoulons jusqu'à extinction nos jours de vie, pour ne pas dire de survie. Selon moi, il serait plus naturel d'aider quelqu'un à quitter la vie parce qu'elle est rendue à son terme plutôt que de l'empêcher de s'épanouir par une nouvelle naissance.
C'est un débat qui porte à réfléchir et qui ne sera pas facile à trancher!
RD
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