mardi, septembre 14, 2010
Québec : bilan du débat sur l'euthanasie 10 septembre 2010
Outre Montréal, la Commission, qui compte 15 membres issus des 4 partis politiques représentés au Parlement, consultera sept autres villes dont Québec. Parmi les thèmes abordés se trouvent : le refus de traitement, l'euthanasie, l'acharnement thérapeutique, l'arrêt de traitement, les soins palliatifs.
Les citoyens québécois se montrent très intéressés par cette réflexion. Le député Geoffrey Kelley, président de la Commission spéciale, rapporte que celle-ci a déjà reçu 230 mémoires et 60 demandes d'intervention avant le début des audiences. Près de 4000 Québécois ont également répondu à un questionnaire en ligne sur internet sur l'euthanasie et le suicide assisté.
La question de la relation médecin/patient a été plus particulièrement abordée lors de la deuxième journée d'audience le 8 septembre. Les partisans de l'euthanasie ont évoqué la montée des pratiques clandestines pour justifier une légalisation de celle-ci. Mais un grand nombre d'intervenants ont dit leur crainte de voir la profession médicale profondément dénaturée dans le cas d'une légalisation de l'euthanasie. Pour Joseph Ayoub, médecin en soins palliatifs au Centre hospitalier de l'Université McGill de Montréal, "si nous permettons la mort au patient, nous donnons en même temps au médecin le droit de tuer, créant du coup un effritement du rapport privilégié qui existe entre le patient et le médecin, dont la mission est de guérir, de soulager et surtout d'accompagner". Il explique que la solution demeure avant tout "dans l'approche palliative compétente, le respect, l'accompagnement et la tendresse envers ces personnes". Le médecin de famille François Lehmann a appuyé ces paroles en expliquant qu'aucune condition particulière ne justifie l'euthanasie et que les lois déjà en vigueur ne peuvent être changées en fonction de cas exceptionnels qui marquent l'imaginaire collectif : "le danger de dérive est grand. Nous devons réfléchir au phénomène dans son ensemble. Il y a aussi des récits incroyables où la vie triomphe, malgré tout". Pour l'infirmière Hélène Deutsch, "le raccourci vers la mort n'est pas une solution". Elle avertit que "les pressions économiques sur le système de santé, la détresse, la pauvreté, la peur, l'ignorance sont autant de facteurs qui pourraient créer un triste dérapage" en cas d'euthanasie légale.
Le ministre de la santé québécois Yves Bolduc s'est félicité de la qualité des soins palliatifs au Québec et a insisté sur la nécessité d'initiatives citoyennes pour le développement d'un réseau de maisons de soins palliatifs couvrant tout le territoire. Son ministère est prêt à investir si les communautés se prennent en main.
Une fois les audiences publiques terminées, la Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité rédigera un rapport qui sera soumis à l'Assemblée nationale.
RD
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