mardi, octobre 19, 2010

 

De l’aide pour les aidants naturels

Article de Renée Laurin, Journal de Québec, 12 octobre 2010

Hospitalisation, maladies graves, blessures, peur de cette fin que nous redoutons tous, le tout arrosé de problèmes scolaires et autres petits tourments du quotidien… Tout cela en l'espace d'une semaine et demie. Douze jours à vivre intensément toutes sortes de bouleversements familiaux inattendus avec les émotions à fleur de peau.

C'est court et bien peu de choses quand on y pense. Une goutte d'eau dans l'océan des malheurs du monde. Pourtant, lorsque tout semble vouloir se calmer un peu autour de nous et que l'adrénaline tombe soudain, on constate que, malgré toute notre bonne volonté et notre désir d'aider la traversée nous a demandé une incroyable énergie.

On culpabilise un peu en se disant qu'il y a pire, que nous avons de la chance d'être entourés de frères et sœurs, qui se serrent les coudes et n'hésitent pas à s'entraider, mais la fatigue est là, imprégnée dans nos muscles et notre cerveau.

J'ose à peine imaginer tous ces gens qui s'occupent quotidiennement d'un enfant ou d'un parent malade pendant plusieurs mois, voire des années. Ces hommes et ces femmes qui donnent sans compter vont souvent sacrifier toutes leurs vacances et parfois même leur emploi pour s'occuper d'un proche. Au bout de quelques semaines, quelques mois, parfois plus, ce n'est plus de la fatigue qu'ils ressentent, mais de la détresse psychologique dans bien des cas.

DÉTRESSE CHEZ LES AIDANTS

Sur les deux millions d'aidants naturels recensés au pays, 16% de ceux qui offrent leur soutien à une personne âgée soignée à domicile affirment éprouver de la détresse, selon Statistique Canada. Cette détresse, ai-je lu dans un document préparé par l'Institut canadien d'information sur la santé, s'exprime par de la colère et un sentiment d'impuissance accablant qui les plonge dans un état dépressif. Impossible de continuer à tenir le fort dans cet état. Le placement dans un établissement de santé doit alors être envisagé avec tous les coûts sociaux et moraux que cela comporte.

Cette situation devrait nous préoccuper beaucoup plus, mais comme bien d'autres enjeux sociaux. Il faut souvent attendre d'être touché personnellement pour réagir. Ça viendra bien. La population vieillit, le cancer est devenu la cause de mortalité numéro un au pays et le nombre de personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer progresse progresse chaque année.

Qu'on le veuille ou non, un jour ou l'autre, nous devrons nous occuper d'un membre de notre famille malade ou vieillissant. Et comme nous tardons à mettre nos enfants au monde, nous risquons fort de nous retrouver dans une situation où il faudra gérer la crise d'adolescence de fiston en même temps que notre crise existentielle de la quarantaine et le placement en centre d'accueil de nos vieux parents en perte d'autonomie.

Méchant conflit à l'horizon. À moins, qu'on accepte de se donner tout de suite les moyens pour arriver à vivre cette étape sans y laisser notre peau. Compter sur nos vacances annuelles pour s'occuper à la fois de nos enfants malades, d'un conjoint atteint d'une maladie grave et des besoins de nos parents vieillissants ne suffit pas. Bon, remporter un tel gros lot n'arrive pas tous les jours, mais ça arrive, de plus en plus.

Certains employeurs ont compris l'enjeu qui se dessine et mettent sur pied des programmes d'aide pour faciliter la vie des employés qui doivent s'absenter pour s'occuper d'un proche. Il ne reste plus qu'à répandre la bonne nouvelle dans nos milieux et souhaiter que ces initiatives inspirent d'autres employeurs.

De son côté, le gouvernement canadien offre depuis 2004 un congé de compassion pour s'occuper d'un proche atteint d'une maladie incurable. Sa durée est de six semaines, qui peuvent être partagées entre plusieurs membres d'une même famille.

Le hic, c'est que pour y avoir droit, la personne aidante doit obtenir une attestation médicale démontrant que la personne malade n'a plus que six mois à vire. Qui a vraiment envie de se faire condamner de la sorte ?

Signe des temps, le chef du Parti libéral du Canada, Michael Ignatieff a dévoilé un pan important de son programme électoral en promettant une aide annuelle d'un milliard de dollars pour appuyer les personnes s'occupant d'un aîné en perte d'autonomie ou d'un proche en fin de vie.

Il promet en outre d'offrir une nouvelle prestation d'assurance-emploi de six mois, similaire au congé parental, pour permettre aux Canadiens de prodiguer des soins à leurs proches sans devoir quitter leur emploi. Une attestation médicale serait toujours nécessaire, mais le PLC souhaite trouver une nouvelle formule qui n'obligerait plus les médecins à confirmer l'espérance de vie du mourant.

L'idée est lancée. Il ne reste plus qu'à en débattre pour décider si cet enjeu mérite de faire partie de nos priorités.

Pour en savoir plus sur les aidants naturels et les programmes offerts :

http://bit.ly/akwpug

Nadine Henningsen, présidente, Coalition canadienne des aidantes et aidants naturels, 905-361-3277

Pour obtenir de l'aide :

Regroupement des aidantes et aidants naturels de Montréal, www.raanm.org

Liste des regroupements et associations d'aidants au Québec, http://bit.ly/cwiJHhj

RD

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