mardi, octobre 19, 2010
Les Québécois prennent leur retraite plus tôt que les Ontariens
Non seulement les Québécois prennent-ils leur retraite plus tôt que les Ontariens, mais ils ont l'intention de continuer d'agir ainsi. De plus, lorsqu'ils prendront leur retraite, ils veulent dans des proportions plus élevées quitter définitivement le marché du travail plutôt que de travailler à temps partiel.
Une récente étude publiée par l'Institut de la statistique du Québec sur les intentions des travailleurs âgés de 50 ans et plus quant à leur retraite démontre à quel point les Québécois sont différents des Ontariens à ce chapitre.
Les actuaires et les spécialistes qui dispensent des conseils sur les finances personnelles auront beau dire depuis des années que la fameuse «liberté 55» ne se concrétisera que pour quelques privilégiés, les Québécois continuent souvent de nourrir cet espoir.
L'étude réalisée par Luc Cloutier et Jean-François Dorion révèle, par exemple, que 35% des Québécois de 50 à 54 ans déclarent qu'ils prendront leur retraite avant d'avoir 60 ans, alors que moins de 24% des Ontariens du même âge pensent ainsi.
À l'opposé, plus de 40% des Ontariens de 50 à 54 ans prévoient ne prendre leur retraite qu'à 65 ans ou même plus tard, contre seulement 22% des Québécois du même groupe d'âge.
Les Québécois ont « une volonté marquée de quitter hâtivement le marché du travail, alors que les Ontariens affichent au contraire une nette propension aux départs plus tardifs », écrivent les auteurs.
Pourquoi?
Ils ont cherché à savoir pourquoi les travailleurs québécois se distinguaient ainsi de leurs collègues ontariens. Trois facteurs principaux sont ressortis, a expliqué en entrevue à La Presse Canadienne un des auteurs de l'étude, Luc Cloutier, analyste en statistiques du travail.
«On a moins d'immigrants au Québec, donc plus de personnes qui sont nées ici. Ces gens-là, quand ils sont nés ici, ont une expérience de travail plus longue, donc sont plus susceptibles d'avoir de bonnes conditions pour prendre leur retraite», avance d'abord M. Cloutier.
Ensuite, le Québec a un taux de présence syndicale plus élevé que l'Ontario, « ce qui est associé à des régimes de retraite plus généreux en termes de sortie hâtive » du marché du travail, ajoute-t-il.
De plus, comme les travailleurs au Québec ont plus de stabilité en emploi, donc plus d'ancienneté, ils sont plus susceptibles d'avoir de meilleurs régimes de retraite, relève M. Cloutier.
Les travailleurs québécois sont aussi plus intéressés que leurs collègues ontariens à quitter définitivement le marché du travail quand ils prendront leur retraite.
Ainsi, chez les travailleurs québécois de 50 à 54 ans, après la retraite de l'emploi actuel, 46% planifient un retrait complet du marché du travail, alors que 43% ont l'intention de demeurer sur le marché du travail à temps partiel.
Les travailleurs ontariens du même âge ne sont que 33% à vouloir se retirer complètement du marché du travail et plus de 55% à vouloir travailler à temps partiel.
Mesures inadéquates?
Les chercheurs ont aussi découvert qu'il existe « une véritable inadéquation entre les aspirations des travailleurs désirant prolonger leur carrière et la possibilité de le faire à temps partiel ou encore selon des heures de travail flexibles ».
Certains milieux de travail offrent moins souvent ce genre de mesures transitoires aux travailleurs âgés, « en particulier ceux où se trouvent les hommes et le secteur privé », ont remarqué les chercheurs.
Ils rappellent que « le prolongement de la vie active des travailleurs plus âgés constitue une option largement débattue, en particulier en Europe où de nombreux départs à la retraite sont prévus ».
En 2008, soit l'année analysée, il y avait au Québec un peu plus d'un million de travailleurs âgés de 50 ans et plus, alors qu'on en comptait 1,7 million en Ontario.
RD
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