mardi, octobre 19, 2010

 

Québec s'allie au privé pour bonifier les services aux proches aidants

L'initiative conjointe entre le gouvernement québécois et la famille Chagnon permettra la mise en place d'un vaste réseau de guichets uniques pour les proches aidants.

Article de Louise-Maude Rioux Soucy, le devoir.ca, 16 octobre 2010

Après les enfants, les aînés. Le gouvernement Charest s'allie de nouveau à la famille Chagnon dans le but cette fois de briser l'isolement des proches aidants. L'initiative publique-privée permettra la mise en place d'un vaste réseau de guichets uniques très attendus dans ce milieu en mal des ressources.

La formule publique-privée en a fait tiquer plusieurs au départ, mais elle a fini par rallier une majorité d'organismes, qui croient à la nécessité de bonifier et de mieux organiser les services destinés aux proches aidants. Trois régions ont officiellement plongé hier, les Laurentides, la Montérégie et le Bas-Saint-Laurent, qui auront chacune à donner une personnalité unique à leur Carrefour de soutien aux aidants.

Pour la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, c'est là le fruit d'une longue réflexion ayant suivi la consultation sur les conditions de vie des aînés qu'elle a tenue en 2007. «J'ai semé une graine et je suis aujourd'hui en train d'en voir la tige», s'est-elle réjouie. Le succès aurait été impossible sans l'appui de la famille Chagnon, a insisté hier la ministre Blais.

Ces carrefours ont en effet été mis en place par L'Appui pour les proches aidants, qui gère le fonds de 200 millions de dollars annoncé l'automne dernier par Québec (150 millions) et Sojecci II ltée (50 millions), la société de gestion de la famille Chagnon. André Chagnon, qui avait auparavant concentré ses énergies sur les enfants, a fait valoir hier la nécessité de «changer la culture du Québec à l'égard de ses aînés et de ceux qui en prennent soin».

Lui-même proche aidant auprès de son épouse souffrant de la maladie d'Alzheimer, André Chagnon a salué la gestion «ordonnée et intelligente», pleine de «sagesse» de ce projet qui en est encore à ses premiers balbutiements. Sa mise en place aura toutefois soulevé des questionnements et quelques grincements de dents, convient le directeur général de L'Appui, le Dr Michel Boivin.

Des craintes

Plusieurs organismes ont en effet dit craindre une pression indue de la part du partenaire privé. Le Parti québécois, qui partageait leur crainte, a obtenu que le projet de loi soit remanié afin d'éviter des dédoublements ou la mise à l'écart de certains organismes. «Il n'aurait pas fallu que le fonds crée un réseau parallèle», a résumé hier la porte-parole de l'opposition officielle en la matière, Lisette Lapointe. Celle-ci a dit par ailleurs croire beaucoup à la formule remaniée, qui a déjà fait «ses preuves avec les carrefours jeunesse-emploi».

Tout sera fait dans les règles, a promis encore hier le Dr Boivin. «J'ai rencontré [les organismes protestataires]. Je les ai écoutés. Je me suis ajusté. Après tout, ce sont eux qui offrent des services. Pas moi.» Il en fait la promesse formelle: les régions auront toute l'autonomie nécessaire. Pourvu bien sûr qu'elles restent fidèles au mandat premier des carrefours. «Si une région dit: "on aimerait que chaque aidant ait un revenu individuel", et bien ça, ça n'est pas notre mandat.»

Concrètement, les trois premiers carrefours lancés hier auront cinq mois pour élaborer un programme de services de soutien sur mesure pour leur région. Si tout va bien, les premiers services seront offerts dès février prochain, note le Dr Boivin. «De façon assez unanime, on note trois principaux besoins [chez les proches aidants]. Qu'on les écoute, qu'on les reconnaisse et qu'on les informe. Ils ont aussi besoin de répit et de soutien.»

L'Appui prévoit lancer six autres carrefours en 2011 et boucler la boucle en 2012 avec les neuf restants. Le Parti québécois espère que le gouvernement ne s'arrêtera pas en si bon chemin. «Ce programme répond à un réel besoin, mais il y en a tellement d'autres qui sont tout aussi pressants sur le front des soins et des services à domicile au Québec», a rappelé hier Lisette Lapointe.

Au Québec, on estime à 300 000 le nombre de personnes qui remplissent le rôle d'aidants auprès d'aînés.

RD

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