mardi, novembre 23, 2010
ACCEPTER DE VIEILLIR ET DE VOIR LES SIENS VIEILLIR
Le vieillissement n'est pas toujours facile à vivre, qu'il s'agisse de soi ou de l'entourage proche. Pourtant, on rencontre des vieillards pleins de sérénité et dont le visage rayonne... L'essentiel est sûrement de ne pas se replier sur soi-même.
« À notre époque où augmente de plus en plus le nombre de personnes âgées dans la société, il nous faut changer notre regard sur la vieillesse, dont on ne retient trop souvent que les côtés négatifs même si l'on sait que, à moins de mourir jeune, on n'y échappera pas. Il s'agit d'apprendre à « bien vieillir », sans se tromper sur le sens de cette expression.
À tout âge, quand on vit des moments très durs, on peut s'en sortir grâce à une grande force de caractère, ou bien on peut sombrer.
« L'homme porte en lui l'enfant qu'il a été et le vieillard qu'il sera un jour ». J'aime cette phrase parce qu'elle nous dit que, quel que soit l'âge, ce dernier n'efface pas la personnalité de chacun.
Ce qui est grave, c'est que dans notre société « jeuniste », on a encore des chances, si les apparences physiques sont sauves et les activités « branchées », d'être considéré comme un senior dynamique. Mais, lorsque les marques du temps se voient de plus en plus sur le visage, la silhouette, la démarche, et que certaines activités doivent être réduites ou abandonnées, on risque de glisser peu à peu dans la catégorie des marginalisés : on est à l'étape de la vieillesse avec ses pertes et son inéluctable issue, à plus ou moins long terme, qu'est la mort.
Cette vieillesse donc, la société, l'entourage proche, parfois, ne veut pas la voir : on se bouche les yeux, on met tout cela dans un coin car, finalement, on ne veut pas entendre parler de la mort. Et c'est naturel, on n'a pas à culpabiliser d'avoir ces réactions premières, c'est humain.
La question est de parvenir à admettre que la mort est inévitable et qu'elle peut frapper à tout âge. Il ne nous faut pas « faire l'autruche », la mort fait partie de la vie. Si nous parvenons à admettre cela, je crois que nous pourrons, en face de la vieille personne diminuée, voir non plus uniquement la dégradation apparente, mais ce que cette personne est au fond d'elle-même : quelqu'un qui, comme nous, a peur de mourir, quelqu'un qui, comme nous, a vécu une enfance, une jeunesse, un âge adulte, quelqu'un qui, comme nous, a besoin d'être en relation, d'être aimé et compris. Nous serons deux êtres humains l'un face à l'autre, celui qui est en face de moi est mon frère en humanité.
Et alors la vieille personne qui, parfois, ne pouvait plus se voir non plus elle-même parce qu'elle se sentait en quelque sorte exclue de la communauté humaine, alors cette personne, peut-être, aura moins tendance à se réfugier dans son monde qui n'est déjà plus le nôtre, elle se sentira reconnue comme l'un de nous, partageant la même humanité. Même si elle ne peut plus vivre comme avant, elle aura l'essentiel, la communication toujours possible, même si elle est non verbale, avec des frères en humanité. Ainsi, si l'état de la personne le permet, elle pourra peut-être, alors que le physique diminue, faire grandir en elle le spirituel et apporter beaucoup de sagesse à son entourage.
C'est un long cheminement, cela ne se fait pas d'un coup de baguette magique et il est normal que cela n'aille pas de soi. Il y aura, au cours de ce cheminement, des hauts et des bas, mais celui-ci ne se fera pas sans la personne concernée ni sans l'empathie de l'entourage.
Aussi faut-il faciliter le rapprochement intergénérationnel : il s'agit de vivre tous ensemble avec ce que chacun, à la place qui est la sienne, peut apporter aux autres et recevoir des autres. Il est important de ne pas creuser le fossé entre les générations, il est important de faciliter leurs échanges. Non seulement pour que les personnes « âgées » ne soient pas isolées, mais aussi parce qu'elles peuvent apporter beaucoup aux jeunes, comme les jeunes peuvent leur apporter beaucoup.
Il est urgent de ne plus cacher la maladie, la vieillesse, la mort : il faut en parler, les jeunes en ont besoin pour se construire, pour faire face aux épreuves qu'ils pourront rencontrer quand ils seront adultes, pour accepter notre condition humaine, pour accepter la vieillesse lorsque, pour eux, elle viendra aussi. Il s'agit, si les facultés le permettent, de vivre jusqu'au bout ce que l'on a à vivre. Ainsi, plus il avance en âge, plus l'homme est appelé à ne garder que l'essentiel (et c'est beaucoup !) : ce qui le différencie de l'animal.
En conclusion, accepter de vieillir n'a rien à voir avec la résignation. « Vieillir c'est grandir, et grandir c'est vieillir ». Plus on grandit et plus on sait que « l'essentiel est invisible pour les yeux », et plus on rencontre l'Humain dans toute sa profondeur. L'important est de rester ouvert à la relation. »
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RD
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