jeudi, janvier 13, 2011

 

Épargne obligatoire: Québec dit non au rapport de Claude Castonguay

ARTICLE DE LA PRESSE CANADIENNE

« Épargne obligatoire : Québec dit non au rapport de Claude Castonguay »

Le gouvernement Charest rejette du revers de la main la proposition de l'ex-ministre Claude Castonguay de rendre obligatoire l'épargne-retraite.

La volonté du gouvernement est d'encourager l'épargne et non d'adopter des mesures contraignantes, a fait savoir aujourd'hui Nicolas Murgia, porte-parole de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet.

La réponse sans équivoque du gouvernement scelle le sort du rapport signé par M. Castonguay rendu public mardi, qui recommande la création d'un régime obligatoire du type REER pour les centaines de milliers de travailleurs privés d'un programme de retraite avec leur employeur.

M. Castonguay juge nécessaire ce mécanisme pour éviter une chute du niveau de vie des travailleurs une fois à la retraite.

Mais Québec a une autre idée dans ses cartons, soit la création d'un régime collectif «multi-employeurs», auquel les PME seraient invitées à souscrire. Des négociations sont en cours avec Ottawa pour mettre en place un tel régime, a confié M. Murgia.

ARTICLE D'ÉRIC DESROSIERS (DEVOIR.COM)

« Un projet mort-né - Québec rejette le REER obligatoire proposé par l'ancien ministre Castonguay »

Québec ferme la porte à l'idée de Claude Castonguay de créer un nouveau régime REER obligatoire pour les travailleurs sans régime de retraite chez leur employeur. Le problème des revenus de retraite au Québec n'empêche toutefois pas ses travailleurs de prendre leur retraite plus tôt que les autres au Canada.

«La volonté du gouvernement n'est pas d'obliger les Québécois à cotiser dans des REER, mais plutôt de mettre en place des outils efficaces pour inciter la population à épargner volontairement», a déclaré hier au Devoir Nicolas Murgia, porte-parole de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale et ministre responsable de la Régie des rentes du Québec (RRQ), Julie Boulet.

Les problèmes de financement du Régime des rentes du Québec (RRQ) «ne sont un secret pour personne», a-t-il poursuivi. Le gouvernement entend d'ailleurs présenter sous peu une mise à jour législative visant à en assainir les bases. On étudie également la possibilité de mettre en place un système multiemployeur qui permettrait à des PME de s'unir pour se doter d'une caisse de retraite commune.

Le gouvernement Charest rejette ainsi la principale recommandation faite mardi par l'ancien ministre libéral et fellow au Centre de recherche en analyse des organisations (CIRANO), Claude Castonguay. Il y rappelait que, faute de régime complémentaire de retraite d'employeurs et de cotisations suffisantes à des régimes enregistrés d'épargne (REER), plus de 60 % des Québécois seront incapables de maintenir leur niveau de vie à la retraite. Il proposait notamment de forcer les travailleurs dépourvus de régime de retraite d'employeurs à cotiser à un nouveau régime REER à partir d'un revenu annuel d'environ 30 000 $ jusqu'à 70 000 $.

Le gouvernement n'était pas le seul à rejeter cette idée hier. «On partage le diagnostic de M. Castonguay, mais on n'est pas d'accord avec sa solution», a déclaré lors d'un entretien téléphonique avec Le Devoir François Rebello, critique du PQ en matière de régime de retraite. La plupart des Québécois qui cotisent actuellement à des REER le font parce que leurs employeurs versent une partie du montant, souvent la moitié, a-t-il expliqué. Il suffirait, pense-t-il, de faire en sorte que cette pratique s'étende à l'ensemble des employeurs pour inciter un plus grand nombre de Québécois à cotiser plus.

La CSN plaidait hier pour un nouveau régime REER obligatoire... pour leurs employeurs. Elle proposait également un relèvement de la couverture offerte par les régimes publics de retraite québécois et fédéral. La FTQ a réclamé à son tour une réforme du RRQ visant «à doubler les revenus des futurs retraités».

Mal aimée Caisse de dépôt

Claude Castonguay s'est également montré très critique à l'égard de la performance de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui a la responsabilité de faire fructifier les fonds du RRQ et de plusieurs caisses de retraite du secteur public. Il souhaiterait que la Caisse soit soumise à une surveillance plus étroite et aurait voulu que les sommes amassées par son régime REER obligatoire soient confiées à d'autres gestionnaires de fonds.

Il s'est encore une fois heurté à un mur à Québec. «Il est vrai que les performances de la Caisse ont été décevantes en 2008, a commenté Catherine Poulin, porte-parole du ministre des Finances, Raymond Bachand. Il devait y avoir un changement de cap, et il a eu lieu», a-t-elle assuré, citant, entre autres choses, les changements au conseil d'administration et dans l'équipe de direction, le renforcement de sa gestion de risque et l'augmentation de sa transparence.

L'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP) s'est dite d'accord avec Claude Castonguay. «Une évaluation objective et transparente de la performance de la Caisse est une priorité afin d'éviter que la catastrophe de 2008 ne se reproduise», a répété sa présidente, Madelaine Michaud.

François Rebello partage cette opinion. Il voudrait aussi que les fonds d'éventuels systèmes multiemployeur ou caisses de retraite régionales soient confiés à d'autres gestionnaires que ceux de la Caisse de dépôt ou ceux des fonds communs de placement, aux frais de gestion exorbitants.

Jeunes retraités québécois

Auteur d'une autre étude l'an dernier sur le travail des aînés, Claude Castonguay se réjouissait mardi de voir les Québécois plus ouverts à l'idée de retarder le début de leur retraite. «C'est l'autre partie de l'équation», disait-il.

Une étude de l'Institut de la statistique du Québec a semblé venir contredire cette perception hier. On y rapportait que près de la moitié (45 %) des nouveaux retraités en 2008-2009 avaient moins de 60 ans. C'est beaucoup plus qu'en Ontario (33 %) ou dans les provinces de l'Ouest (28 %).

Selon l'ISQ, cette forte proportion et cet écart avec le reste du pays s'expliquent notamment par le fait que ces nouveaux retraités québécois comptaient aussi un plus grand nombre de diplômés postsecondaires, de travailleurs à temps plein, de personnes comptant plus de 20 ans de vie professionnelle et d'employés du secteur public que dans les autres provinces, soit autant de facteurs laissant croire qu'ils disposaient de meilleurs fonds de retraite que les autres. On remarque d'ailleurs que la proportion de ceux qui venaient du secteur privé ou qui étaient travailleurs autonomes et qui ont pris leur retraite après 65 ans (70 %) est la même qu'en Ontario.

Il reste tout de même un écart entre les Québécois et les autres Canadiens que ces facteurs n'expliquent pas. «On savait que les retraites se prenaient relativement tôt au Québec, a expliqué hier l'auteur de l'étude, Jean-François Dorion, à la Presse canadienne. Mais de voir que c'est moins de 60 ans, il y a quand même une marge. [...] On suppose que ça ne se prend quand même pas à 50 ans non plus.»

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

À la lumière de ces deux articles, il est clair que Claude Castonguay a mis le doigt sur quelque chose de sensible. Bien que l'on rejette son idée d'une forme de Reer obligatoire, on apprend qu'il existe plusieurs alternatives à son projet:

  • La volonté du gouvernement est d'encourager l'épargne et non d'adopter des mesures contraignantes ; le gouvernement veut ajuster les bases du RRQ. Québec a aussi une autre idée dans ses cartons, soit la création d'un régime collectif «multi-employeurs», auquel les PME seraient invitées à souscrire. Des négociations sont en cours avec Ottawa pour mettre en place un tel régime, a confié M. Murgia.
  • La CSN plaidait hier pour un nouveau régime REER obligatoire... pour leurs employeurs. Elle proposait également un relèvement de la couverture offerte par les régimes publics de retraite québécois et fédéral. La FTQ a réclamé à son tour une réforme du RRQ visant «à doubler les revenus des futurs retraités».
  • L'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP) s'est dite d'accord avec Claude Castonguay : « Une évaluation objective et transparente de la performance de la Caisse est une priorité afin d'éviter que la catastrophe de 2008 ne se reproduise. »
  • Il voudrait aussi, selon le PQ, que les fonds d'éventuels systèmes multiemployeur ou caisses de retraite régionales soient confiés à d'autres gestionnaires que ceux de la Caisse de dépôt ou ceux des fonds communs de placement, aux frais de gestion exorbitants.


Le débat est lancé. Se mettre à résoudre les « vrais » problèmes et trouver les « vraies » solutions est nettement plus gratifiant que ce que l'on voit depuis un bon bout de temps à l'Assemblée nationale. C'est un bon point d'ancrage pour le gouvernement libéral du Québec lorsqu'il est question de meubler le menu législatif d'après les Fêtes. C'est plus rafraîchissant que la pseudo enquête sur l'industrie de la construction. Au moins, c'est du constructif!

Encore une fois, bravo à Claude Castonguay pour avoir su lancer les dés avant tout le monde! On peut ne pas être d'accord avec sa solution, mais sa problématique est bien réelle et nos gouvernants devront se pencher rapidement sur le bobo.

RD

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