samedi, janvier 29, 2011

 

Les personnes âgées, l’or gris des promoteurs

Article de Jean-François Cloutier, Canoë.ca, 28 janvier 2011

Avec le retrait relatif du secteur public des soins de longue durée, les résidences pour personnes âgées représentent un nouvel Eldorado pour les promoteurs privés. La Caisse de dépôt et placement du Québec a pris le train elle aussi, elle qui vient d’acheter une nouvelle résidence dans l’ouest de Montréal.

La Caisse, à travers une filiale immobilière, a fait récemment l’acquisition d'une résidence de 266 logements pour personnes âgées à Lachine au coût de 30,8 millions de dollars.

Selon Eddy Savoie, président des Résidences Soleil, les fonds de pension investissent de plus en plus dans les résidences pour gens du bel âge, ce qui mène à une relative abondance de l’offre, du moins dans le créneau des résidences entièrement privées destinées à une clientèle fortunée.

«Dès que des organisations comme les fonds de pension voient un secteur qui se porte bien, elles sont tentées d’investir dedans. Malheureusement, elles oublient parfois qu’il faut un cœur pour diriger ces résidences », dit-il.

M. Savoie ajoute que des promoteurs ont tendance à s’endetter lourdement pour construire de nouvelles résidences, ce qui entraîne un impératif de résultats à court terme. «Contrairement à eux, nous ne sommes pas surhypothéqués», mentionne-t-il.

Pénurie ailleurs

Parallèlement à cela, il faut noter une pénurie de résidences dans le secteur des ressources intermédiaires d’hébergement, où des promoteurs commencent aussi à s’activer, selon Jacques Fournier, responsable du dossier santé à l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées.

Les ressources intermédiaires d’hébergement représentent une forme de partenariat public-privé où le gouvernement paie une somme à des promoteurs pour qu’ils hébergent des personnes âgées semi-autonomes qui n’ont pas les moyens de se payer une résidence purement privée.

La baisse du nombre de place en CHSLD a accentué la demande pour ce genre de produit, signale M. Fournier.

La présidente de l’Association des ressources intermédiaires, Martine Castonguay, souligne que de grands acteurs s’impliquent désormais dans ce marché fragmenté où l’offre peine à répondre à la demande.

Alors que traditionnellement le nombre de lits dans était limité dans les résidences, on voit de plus en plus de méga-ressources intermédiaires, particulièrement dans la région de Montréal.

«À Montréal, on est rendu à des établissements de 200 lits. Ça s’explique par la rareté des espaces et le coûts des terrains», mentionne Mme Castonguay.

M. Fournier se montre inquiet de cette évolution. Il souligne que la petite taille des établissements conférait un aspect humain aux ressources intermédiaires. Il ajoute que l’appétit de profit des promoteurs peut les entraîner à rogner sur certaines dépenses, en ce qui a trait aux soins prodigués ou à l’encadrement de personnes vulnérables.

«Au lieu d’avoir deux agents de sécurité pendant la nuit, un promoteur va n’en garder qu’un. Il est arrivé que l’agent s’endorme et qu’une personne âgée meure pendant la nuit», dit-il.

M. Fournier tient à préciser que la grande majorité des ressources intermédiaires sont bien tenues. «80% des établissements sont très corrects. Il y en a peut-être 20% qui posent problème, mais 20%, ce n’est quand même pas rien. Si on vous disait que 20% des restaurants à Montréal sont insalubres, vous réagiriez comment?», demande-t-il.

RD

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