Comme La Presse l'a révélé au cours des derniers jours, les services étaient tellement déficients dans cette résidence privée que le CSSS Jeanne-Mance, dans un geste rare, a résilié le contrat du Pavillon Marquette et a placé les 14 personnes âgées ailleurs.
Ces aînés étaient dans un état lamentable lorsque le CSSS a fermé la résidence en novembre. Plusieurs étaient affamés et malpropres au point d'avoir des « champignons dans les sous-vêtements », comme l'indique un document interne obtenu par La Presse. Certains avaient été privés de leurs médicaments, de leur courrier ou même de leurs chèques de pension, des documents trouvés dans les tiroirs des responsables du Pavillon Marquette.
« Nous ne pouvons tolérer qu'une situation comme celle-ci se reproduise. C'est pourquoi j'ai demandé à mon sous-ministre le déclenchement immédiat d'une enquête indépendante pour faire la lumière sur ce qui s'est passé au Pavillon Marquette », a affirmé la ministre Vien par voie de communiqué hier.
Québec examinera également le processus d'attribution des places en ressources intermédiaires (RI) « afin de s'assurer qu'il n'y ait pas de failles ».
Un propriétaire connu
Déjean Victor, personnalité bien connue dans la communauté haïtienne, était le propriétaire du Pavillon Marquette. Il a eu de nombreux démêlés avec la justice en 2010. Selon la FADOQ, le gouvernement doit analyser plus étroitement les antécédents des propriétaires de résidences pour aînés. Elle demande au gouvernement de « consacrer les ressources humaines et financières requises pour éviter que la certification ne se limite à l'émission d'un papier sans contrôle ultérieur ».
La Fédération de la santé et des services sociaux, affiliée à la CSN, s'est dite « consternée » par les conditions de vie pathétiques des pensionnaires du Pavillon Marquette. « Malheureusement, c'est une autre preuve du laisser-aller gouvernemental des dernières années qui impose aux aînés un double standard, selon qu'ils sont hébergés dans le secteur privé ou dans le secteur public. On le redit: il faut que l'État reprenne en main ses responsabilités à l'égard des aînés », estime sa présidente, Francine Lévesque.
Le milieu se défend
La directrice générale de l'Association des ressources intermédiaires d'hébergement du Québec, Martine Castonguay, assure que les services offerts dans la grande majorité des ressources intermédiaires sont de qualité et que plusieurs mesures de contrôle sont en place pour s'en assurer. Elle déplore que des cas comme celui du Pavillon Marquette fassent de l'ombre à toute l'industrie.
Le président de l'agence de santé de Montréal, David Levine, estime que le fait que le CSSS Jeanne-Mance ait fermé le Pavillon Marquette prouve que le milieu est contrôlé. Des « lacunes très importantes » avaient été observées dès février 2010, précise-t-il. Le CSSS a ensuite entrepris une évaluation des services, ce qui a mené à la fin du contrat en novembre.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
C'est au niveau du processus d'émission de la certification des établissements que l'État doit intervenir. Il faut appliquer des règles strictes, bien publicisées, connues et aussi des vérifications périodiques ou impromptus pour faire en sorte que les résidents aînés aient une garantie que leurs droits soient respectés comme tout citoyen ordinaire.
Il y a au Québec une Régie du logement qui arbitre les relations entre propriétaires et locataires depuis de nombreuses années. Pourquoi ne pas y ajouter un autre mandat : celui de protéger les locataires Seniors ou âgés, avec des mécanismes de surveillance et de contrôle de qualité des logements?
Chose certaine, il faut trouver une solution et agir vite!
RD