lundi, février 14, 2011
Une politique d'intervention intégrée pour les aînés du Québec?
Chronique de Jean-Jacques Samson, Journal de Québec, 9 février 2011
« LES NOUVEAUX MARTYRS »
Le temps est compté pour les vieux. Quand un gouvernement se traîne les pieds pour améliorer le sort des aînés dans le réseau public comme dans le secteur privé, il leur fait subir une fin de vie de véritables martyrs du système.
Les problèmes sont bien documentés depuis longtemps. Manque de personnel, conséquemment des soins et une hygiène de base déficients, malnutrition souvent, temps de présence auprès de chaque personne réduit au minimum. Les besoins en ressources humaines sont énormes, seulement pour fournir les soins de base que commande le respect de la dignité humaine, comme des bains.
Trois ans plus tard
Une large consultation publique sur le sort des aînés a été menée en 2007-2008 par la ministre Marguerite Blais, coprésidée par le docteur Réjean Hébert. Il en est ressorti que la priorité absolue des aînés était de vivre le plus longtemps possible à domicile.
Mais nous avons aussi appris alors que 5 000 personnes attendaient une place dans un Centre hospitalier de soins de longue durée. Autant de nouvelles places ne seraient cependant pas nécessaires si l’État privilégiait une politique intégrée de maintien à domicile. Le docteur Hébert estimait à 500 M$ les investissements à consentir pour développer les ressources de soutien nécessaires.
Au total, ce sont quelques milliards qu’il faudrait injecter dans une politique des aînés afin d’améliorer les services existants et en développer de nouveaux.
Une politique intégrée de maintien à domicile suppose des visites régulières de médecins, infirmières, travailleurs sociaux; l’aménagement physique des résidences des personnes à mobilité réduite; des services de popotes roulantes, d’entretien ménager, etc.
Il faut garantir la continuité de ces services parce qu’on ne pourra pas par la suite abandonner ces personnes, à la première vague de coupes budgétaires venue, comme le gouvernement l’a fait avec les handicapés mentaux désinstitutionnalisés et avec les malades expulsés hâtivement des hôpitaux depuis le « virage ambulatoire ».
De plus, un tel système de maintien à domicile doit être bien arrimé avec celui du placement en centres de longue durée, pour assurer une transition rapide lorsqu’il ne sera plus possible pour ces aînés de rester chez eux.
Donneuses de leçons
Les membres du gouvernement Charest ont endossé avec enthousiasme les conclusions du rapport Blais-Hébert au terme des consultations publiques. Trois ans plus tard, le bilan de l’action gouvernementale dans le sens recommandé est toutefois plus que mince.
Et pour ce qui est des conditions de vie dans les établissements de soins de longue durée, autant de situations révoltantes sont découvertes dans le secteur public que le privé. Le gouvernement n’a même pas terminé l’opération de certification des centres privés, ce qui devait être fait en février… 2009.
Tous les politiciens défilent en période électorale dans les centres de soins de longue durée pour cajoler une vieille quelques minutes devant les caméras et quêter son vote. Le lendemain des élections, l’élu a déjà oublié son nom.
Les ministres Dominique Viens et Marguerite Blais se sont permis de sermonner les propriétaires de résidences privées pour personnes âgées, à la suite des reportages du Journal et de TVA, leur rappelant qu’ils possèdent des entreprises bien particulières.
Quelle arrogance! D’abord, l’herbe n’est pas plus verte dans le réseau public. Deux, qu’elles sermonnent plutôt le ministre des Finances, Raymond Bachand, et la présidente du Conseil du trésor, Michelle Courchesne, avant la présentation de leurs budgets dans quelques semaines.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Je me demande pourquoi le Gouvernement du Québec n'a pas emboîté le pas l'an dernier, en s'inspirant du modèle français ?
Au début de novembre 2010, « Nora BERRA annonce le développement des gérontechnologies à grande échelle »
Alors qu’elle intervenait dans le cadre d’une table ronde ayant pour thème “Financement de la solidarité, faut-il passer de l’APA au Cinquième risque ?” à l’occasion du Congrès de l’Assemblée des Départements de France fin octobre 2010, Nora BERRA a évoqué les volets importants pour la mise en place d’une réforme sur la dépendance.
La Secrétaire d’État chargée des Aînés a ainsi fait part dans son discours de l’importance du “respect du libre choix des français, qui est (…) pour une majorité de nos concitoyens de terminer leur vie chez eux.”
Et de poursuivre : “Alors que bientôt le tiers de notre population nationale sera aînée il nous faudra adapter certaines politiques publiques dans le temps à cette réalité démographique, je citerai naturellement le logement, l’urbanisme, la mobilité, l’inclusion sociale…mais aussi le développement à grande échelle des géronto-technologies selon un modèle économique pertinent qui est en cours d’élaboration.”
Source de l'information :
http://www.gerontechnologie.net/nora-berra-annonce-le-developpement-des-gerontechnologies-a-grande-echelle/311380
Voilà un point de départ qui mérite d'être souligné et adapté aux besoins des seniors ou aînés du Québec. Comme ancien professionnel et fonctionnaire, je peux avancer que le gouvernement du Québec a déjà sous la main toute la main-d'oeuvre nécessaire pour définir une telle politique et la mettre en place par un jeu d'affectations et de modifications des organigrammes de ministères clés.
Il faut toujours se rappeler que le gros des dépenses d'un ministère, c'est la masse salariale de ses fonctionnaires et que ces transferts d'assignation ne commandent pas de nouveaux fonds, sauf pour les programmes d'intervention. Avec un peu de bonne volonté et un coup de barre dans l'Appareil étatique, nos aînés pourraient en avoir pour leur argent.
RD
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