mercredi, février 09, 2011
Vivre ses derniers vieux jours dans le désarroi d'un hôpital
Isabelle Dion et sa grand-mère, Geneviève.
(Photo fournie par l'auteure de l'article)
ARTICLE INTITULÉ : « QUELLE DIGNITÉ? »
De : Isabelle Dion, Cyberpresse.ca, 5 février 2011
L'auteure réside à Laval.
Le symposium qui porte sur le thème «Mourir dans la dignité», ces jours-ci à Montréal, devrait plutôt se nommer « Terminer sa vie dans la dignité ».
Ma grand-mère de 90 ans, lucide comme à 30, est hospitalisée à Saint-Eustache depuis trois semaines. La maladie chronique pulmonaire qui l'afflige en est au stade 4, aggravée par une infection. Les médecins affirment cependant qu'elle n'est pas en danger d'en mourir à court terme, mais son état requiert des soins.
Et voilà que depuis 12 jours, il y a interdiction de visites dans la section où on l'a hébergée. On l'a changée de chambre trois fois, après qu'elle ait séjourné quatre jours à l'urgence. On prend ses effets personnels et «Allez, hop! Dans l'autre chambre!» Elle ne se retrouve plus dans ses petites affaires, le personnel est probablement affairé, trop affairé. Ses proches sont empêchés d'aller l'assister, l'encourager, la réjouir un peu...
Maintenant, elle veut mourir, très consciente qu'elle est de sa solitude. Consciente de l'inutilité de sa situation. Consciente qu'il peut se passer quatre ou cinq jours sans que ses soins personnels, incluant brossage des dents et hygiène des parties intimes, ne lui soient prodigués. Et puis, elle souffre continuellement, car des plaies vives résultant de ce manque d'hygiène la torturent.
Ses proches dépensent leur énergie et leur courage à implorer qu'elle soit changée de section, afin qu'elle puisse au moins «terminer sa vie dans la dignité», en compagnie de ceux qui l'aiment. Ils se heurtent alors à un mur bureaucratique de départements qui se contredisent et s'obstinent réciproquement.
«Mourir» survient en une fraction de seconde. «Terminer sa vie» paraît une éternité lorsqu'on en a conscience. Si cela continue, grand-maman ne mourra pas dans la dignité, entourée de ceux qu'elle aime. Et elle ne terminera pas non plus sa vie dans la dignité.
Je désire malgré tout exprimer mon admiration et ma reconnaissance pour le personnel soignant dévoué, qui doit naviguer au milieu de ces incohérences.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Est-ce possible que de telles histoires puissent arriver dans un hôpital du Québec? Perdre le contrôle sur les soins d'une proche, grand-mère, âgée de 90 ans, avec des personnes de soutien prêtes à lui venir en aide 24/7, c'est affolant! L'auteure a bien fait de rendre public un tel gâchis dans notre système de santé.
Et, dire que tout ce beau monde de soignants infirmiers et infirmières viennent de renouveler leur convention collective. Les médecins de famille et les spécialistes ont pris aussi leur part du gâteau.
Est-ce que l'on ne pourrait pas introduire un peu plus de soins privés dans notre système de santé, pour au moins avoir le contrôle sur sa propres personne ou ses proches? Il y aurait au moins une porte de sortie pour ceux qui ont prévu le coup, leur vie durant, en mettant de l'argent de côté ou en se payant des assurances qui couvrent ce genre de situation.
RD
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