samedi, juin 18, 2011

 

La dénutrition des personnes âgées au Québec

La malnutrition des aînés au Québec

(Denise Ouellet, chercheuse au Centre d'excellence sur le vieillissement de Québec.)

Radio-Canada a appris que des milliers de personnes âgées au Québec sont sous-alimentées lorsqu'elles arrivent en institution. Pire encore : les hôpitaux et les centres de soins de longue durée n'ont souvent pas les ressources nécessaires pour corriger la situation.

Des milliers de personnes âgées se retrouvent en état de dénutrition : de graves carences au niveau protéique et énergétique, une maigreur anormale et une fragilité généralisée.

« Quand ils arrivent ici, ils ont pris des habitudes à la maison [...] un bol de céréales le soir, une rôtie parce qu'on n'a pas faim, on n'a pas les capacités physiques de préparer, on est tout seul à manger, donc, c'est plus facile de faire ça. [...] Alors tout ça, jour après jour, fait en sorte qu'il peut y avoir des problèmes de dénutrition », explique Lyne Duval, chef du service de diététique de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal.

« On parle de prévalences qui vont de 30 à 60 %. Donc, c'est vraiment un problème qui est très très fréquent », explique Martine Lafleur, gériatre à l'hôpital Notre-Dame du CHUM. Et les conséquences sont graves. « Quand on maigrit, on va perdre des muscles, pas juste des graisses, mais aussi de la masse musculaire », poursuit la Dre Lafleur.

Au niveau de la mortalité, on sait que ça peut augmenter la mortalité de 2 à 10 fois, même plus par rapport à une population qui n'aurait pas de malnutrition.
— Martine Lafleur, gériatre à l'hôpital Notre-Dame du CHUM

Chaque kilo perdu hypothèque lourdement la santé déjà précaire de cette clientèle. Il faut donc du temps et du personnel pour surveiller leur alimentation, car chaque bouchée compte.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux accorde à chaque centre d'hébergement un budget global. « Il n'y a pas de normes établies, donc, ça reste à la direction de l'établissement de décider comment il va répartir son budget », indique Michel Sanscartier, président de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec.

En vertu de la loi sur l'accès à l'information, Radio-Canada a obtenu les états financiers de 400 CHSLD du Québec. Il y a des écarts importants dans les budgets consacrés à la nutrition clinique :
« Certains auteurs ont évalué que la malnutrition en hébergement peut doubler ou même quadrupler le coût des soins », soutient Denise Ouellet, chercheuse au Centre d'excellence sur le vieillissement de Québec.

C'est rentable. L'alimentation dans un établissement de santé va nous rapporter, va améliorer l'efficacité de notre réseau.
— Michel Sanscartier, président de l'Ordre professionnel des diététistes du Québec

Mais pour l'instant, il y a de graves lacunes. Dans le rapport national des visites d'appréciation des CHSLD, publié en 2009, on peut lire que des préposés peuvent avoir à aider ou à nourrir jusqu'à huit personnes simultanément dans la période des repas.

D'après un reportage de Denis Gagné

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Jusqu'à tout récemment,  la maltraitance était perçue comme des abus financiers, des fraudes multiples ou des emprunts abusifs de la part de proches parents. Malheureusement, il y a bien d'autres formes de maltraitance. Ici, on veut parler de la dénutrition ou de la mal nutrition dans les établissements sensés avoir une éthique à toute épreuve concernant les aînés du Québec.

C'est un mal qui croîtra avec le vieillissement en accéléré du Québec si aucun correctif n'est mis en place dès maintenant. Nous serons les vieillards de demain. Autant corriger la situation maintenant que de subir, à notre tour, le même calvaire. Une façon de voir les choses pas très édifiantes, mais c'est très mobilisateur comme propos!


RD

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