samedi, juin 04, 2011
Santé cognitive - Vers de super-aînés
Lesca, un laboratoire qui rajeunit la vision qu'on a du vieillissement
Article de Laurence Clavel, 3 novembre 2007, ledevoir.com
Au laboratoire LESCA, les personnes âgées, en plus de se remettre en forme, améliorent leur mémoire à court terme et, dans certains cas, rencontrent des gens de leur âge après des années de sédentarité.
Au mois de septembre dernier (en 2007), l'Institut de gériatrie de Montréal inaugurait un nouveau laboratoire: le LESCA. Ce Laboratoire d'études sur la santé cognitive des aînés permet d'étudier les effets de l'activité physique et de la stimulation intellectuelle soutenue sur le cerveau des personnes âgées sédentaires. Plus on est actif intellectuellement et physiquement, mieux on vieillit!
Le but ultime du laboratoire LESCA, c'est véritablement d'« ajouter de la vie aux années plutôt que des années à la vie », explique son directeur, le Dr Louis Bherer. « La population vieillit, on vit de plus en plus vieux, explique-t-il. Et on sait que, parmi les modes d'intervention qui peuvent atténuer le déclin lié à l'âge, les plus connus sont la stimulation intellectuelle, l'activité physique et la nutrition. »
Le Dr Bherer connaissait déjà depuis quelques années le lien entre activité physique et intellectuelle et santé cognitive. Il avait participé à des études semblables à celles menées par le LESCA lors de son post-doctorat au Beckman Institute for Advanced Science and Technology de l'Université de l'Illinois, aux États-Unis. Mais les participants aux études américaines étaient des gens plutôt en forme selon lui. À son retour au Québec, il a voulu poursuivre ces recherches en travaillant cette fois avec des personnes âgées autonomes mais sédentaires.
« La philosophie derrière le LESCA, explique le neuropsychologue, c'est d'établir un lien entre mode de vie et état cognitif. Pour ce faire, on a pris M. et Mme Tout-le-monde, des personnes âgées plus ou moins en forme, choisies au hasard. On leur a fait faire des activités physiques et intellectuelles échelonnées sur quelques mois pour voir s'il y avait amélioration. Pendant ce temps, on étudiait aussi un groupe contrôle, qui lui ne suivait aucun programme en particulier. » Et les résultats sont divers. Les personnes âgées participantes, en plus de se remettre en forme, améliorent leur mémoire à court terme et, dans certains cas, rencontrent des gens de leur âge après des années de sédentarité.
Améliorer la vascularisation du cerveau
Grâce à un financement de 800 000 $ du Fonds canadien de l'innovation, l'Institut de gériatrie de Montréal a pu obtenir les infrastructures nécessaires à la création du LESCA. Celui-ci est constitué d'une salle comprenant une douzaine de cubicules où les participants subissent des tests de mémoire, de rapidité et d'intelligence. À côté, une salle d'entraînement où les mêmes participants font du vélo ou marchent sur des tapis roulants afin d'améliorer leur forme physique.
Et les résultats de cet entraînement sont visibles très rapidement, explique le Dr Bherer, parfois dès le premier mois. « Même chez une personne très sédentaire, seulement trois mois de remise en forme permettent d'améliorer la santé cardio-respiratoire de 25 %! » Et c'est particulièrement la santé cardio-respiratoire qui est importante dans ce cas, estime Louis Bherer. En effet, les études semblent démontrer que santé cardio-respiratoire et santé cognitives sont liées. « L'hypothèse, explique le Dr Bherer, c'est que la remise en forme physique améliore la vascularisation du corps, donc celle des tissus cérébraux, et donc la capacité cognitive. »
Des recherches plus pointues sont en cours au LESCA et bientôt on en saura plus sur le rôle que jouent l'effort physique et la vascularisation du cerveau dans la santé cognitive. Grâce à un système d'imagerie cérébrale, le Dr Bherer et ses collègues du laboratoire pourront observer des images du cerveau d'un participant pendant que celui-ci exerce une activité physique, coiffé d'un casque muni de pointeurs lasers. Ces lasers réagissent à la présence d'oxygène dans le sang. Lorsqu'une région du cerveau travaille, elle a besoin d'oxygène. Grâce à ce système d'imagerie, on pourra savoir à quel point le cerveau est stimulé selon la quantité d'oxygène véhiculée par le sang qui s'y retrouve.
De personne âgée à super-aîné
« On a longtemps cru qu'à partir de 60-65 ans, les pertes cognitives étaient normales, explique le Dr Bherer. Mais on s'est rendu compte que ce déclin était surestimé. Il peut être lié à différents facteurs: l'environnement, la sédentarité, etc. » En effet, comment se fait-il que certaines personnes de plus de 65 ans soient encore très actives, alors que d'autres sombrent dans la démence? Est-ce toujours lié à la génétique? Et sinon, est-ce qu'un changement des habitudes de vie des personnes âgées pourrait faire en sorte que l'on voie un jour apparaître une génération de super-aînés aussi en forme physiquement et intellectuellement qu'ils l'étaient 20 ans plus tôt? « Pour le moment, dit Louis Bherer, on note généralement un déclin cognitif vers 75 ou 80 ans. Mais nous sommes en train de travailler avec des gens fragilisés, comportant des facteurs de risque de maladies par exemple, afin de voir s'ils peuvent eux aussi profiter de la remise en forme cognitive que permet le LESCA. »
Ces changements au mode de vie des personnes âgées pourraient, sinon leur permettre de vivre plus longtemps, au moins de vivre en meilleure santé.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
La mise en valeur du concept des super-aînés est un encouragement et un facteur sécurisant pour une population vieillissante comme celle du Québec. En effet, qui veut perdre ses facultés ou ses connaissances après toute une vie passée à bâtir son expérience de vie? En vieillissant, il n'est pas nécessaire de tomber sénile et de ne plus profiter de la vie au quotidien. Chose certaine, l'article ci-dessus montre la voie à suivre pour la plupart d'entre nous, ceux qui résistent maintenant et toujours à l'envahisseur qu'est la vieillesse.
RD
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