lundi, octobre 24, 2011

 

Aînés: bonifier le RRQ ou le REER?


Article de Louis Tanguay, Le Soleil, 23 octobre 2011

C' est bizarre comme une idée pourtant rejetée par l'ensemble des intervenants, y compris le gouvernement du Québec, peut avoir la vie dure.

Le spectre d'une cotisation obligatoire à un régime enregistré d'épargne-retraite (REER) a refait surface dans une étude récente de l'Institut de recherche et d'informations socio-économiques (IRIS).

L'organisme ne voulait pas ressusciter le concept de l'actuaire Claude Castonguay, au contraire, mais démontrer qu'il vaudrait mieux confier un plus grand rôle au Régime de rentes du Québec pour la protection du pouvoir d'achat des aînés.

Rappelons qu'en début d'année, M. Castonguay proposait d'imposer aux travailleurs qui ne cotisent pas à un régime de retraite d'employeur de verser 5 % de leur salaire dans un fonds privé destiné à leur retraite.


Force est de constater que si on en parle encore de cette hypothèse, 10 mois plus tard, c'est parce qu'elle a ébranlé des certitudes. Pourtant, dans l'intervalle, le ministre des Finances du Québec, Raymond Bachand, a proposé dans son budget de mars la mise en place dans les entreprises d'un nouveau type de régime d'épargne-retraite volontaire.

À la Régie des rentes du Québec (RRQ), qui superviserait le système, le nouveau président, Denys Jean, a dit cette semaine que «c'est un pas dans la bonne direction».

Mais on peut s'étonner de voir que personne d'autre n'a relevé la balle, sauf pour les réactions au lendemain du budget.

Pourtant, dans une étude datée de juillet 2010 trouvée sur le site Web de la RRQ, deux entreprises sondées sur trois estiment faibles ou très faibles les coûts d'un prélèvement à la source.

Chose certaine, les campagnes incitant les gens à mieux se préparer financièrement pour la retraite ne suffiront pas à contrer l'appauvrissement des aînés. Ni les incitatifs à retarder l'âge du départ à la retraite.

La philosophie derrière les régimes publics est basée sur un taux de remplacement du revenu de travail.

Mais, même avec 70 %, un ménage qui se tire d'affaire avec un revenu de travail de 24 000 $ se retrouve à la retraite avec 16 800 $, soit sous le seuil de pauvreté.

À certains niveaux, le REER est même moins efficace qu'un compte enregistré libre d'impôt (CELI).
En effet, contrairement au REER, les décaissements du capital et des intérêts conservés à l'abri de l'impôt dans un CELI ne diminuent pas les droits d'un épargnant au chapitre de la prestation de sécurité de la vieillesse (PSV) et du supplément de revenu garanti (SRG) versé par le gouvernement fédéral aux moins bien nantis.

Le SRG a au moins l'avantage d'être indexé au coût de la vie, tout comme la PSV et la rente de la RRQ.

Mais bien peu de produits financiers donnant droit aux avantages du REER comportent une protection contre l'inflation.

Le défi, aujourd'hui, c'est de trouver des placements qui, après impôt, donnent un rendement supérieur à l'augmentation du coût de la vie. En 2010, presque 6 aînés sur 10 disaient avoir des dettes. C'est plus que le double de la proportion enregistrée en 1993.

N'oublions pas que l'avantage fiscal du REER demeure plutôt modeste pour ceux qui gagnent un revenu imposable inférieur à 40 000 $. Comme le rappelle l'institut cité plus haut, pour profiter au maximum au REER, il faut gagner plus de 122 000 $.

Globalement, la participation à l'épargne-retraite enregistrée régresse année après année dans toutes les catégories de revenus.

Pour renverser la tendance et atténuer la morsure de l'inflation, faudrait-il diminuer la taxation de certaines tranches de revenus provenant d'un REER?

Après tout, le système fiscal ne laisse pas le choix aux détenteurs de dépôts enregistrés de sortir un montant minimal de leurs fonds à partir de 71 ans.

En somme, faut-il bonifier le Régime de rentes du Québec ou les REER?

Il semble que des améliorations à l'un et à l'autre seraient justifiées pour favoriser la sécurité financière des aînés, à long terme et même à plus courte échéance.

RD

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