mardi, octobre 18, 2011
La retraite des personnes âgées pauvres
Article de David Descôteaux, Journal de Québec, 18 octobre 2011, intitulé « la retraite des pauvres »
Le nombre de ménages endettés de 65 ans et plus a plus que doublé depuis 17 ans. Il est passé de 25 % à 60 %, selon une étude de l’IRIS. Nos doyens vivant dans la pauvreté ont presque triplé. Leur proportion atteint aujourd’hui 12,3 %.
Ces chiffres ont de quoi inquiéter. Surtout quand on sait que les retraités d’aujourd’hui ont, de façon générale, géré leurs finances personnelles de manière assez responsable. En tous cas, mieux que leurs enfants et petits-enfants. Et c’est ce qui fait peur : si les vieux d’aujourd’hui « n’arrivent pas », quel enfer attend la génération je-couche-devant-le-Apple-store-pour-m’acheter-à-crédit-un-gadget-dont-je-n’ai-pas-besoin?
Épargne? Connais pas!
Dans les années 1980, nos parents engraissaient leur petit cochon. Imaginez : le taux d’épargne des Canadiens dépassaient les 20 %! Depuis, c’est la chute libre. Jusqu’à tout récemment, ce taux était négatif, à -0,5 %. Il oscille aujourd’hui autour de 2 %. En même temps, les nombreuses cartes de crédit défoncent nos portefeuilles. Notre endettement bat des records, à 150 % du revenu disponible.
Belle recette pour une catastrophe!
Bien sûr, certains d’entre nous épargnent de façon exemplaire. Mais ils se font de plus en plus rares. Il s’est passé quelque chose, un choc culturel. Nous — la génération des 40 ans et moins — avons complètement décroché de l’épargne. Nous vivons au jour le jour. Pensez-y : paraît qu’il faut accumuler près d’un million de dollars pour jouir d’une retraite qui a de l’allure. Combien d’entre vous pensez atteindre cet objectif?
Dans les années 1980, c’était payant de laisser dormir son argent en banque. Les taux d’intérêt dépassaient les 20 % par moment. Aujourd’hui, quelles motivations avons-nous à épargner? La banque centrale écrase les taux d’intérêt au plancher depuis des années. Ce qui pousse les gens à s’endetter — en achetant une maison deux fois trop grosse vu les bas taux hypothécaires — plutôt qu’à épargner. Les obligations du gouvernement ne rapportent rien, et l’inflation mange tout rendement. En plus, ça fait deux fois en 10 ans que la bourse massacre les petits épargnants avec des krachs. Krachs qui, selon plusieurs économistes, pourraient devenir plus fréquents dans les années à venir.
Le REER, pas très tentant
Le REER est loin d’être la solution rêvée. On ne fait que reporter à plus tard l’impôt à payer. Soit à notre retraite, quand notre revenu et notre taux d’imposition seront plus faibles. De là l’avantage. Je vois cependant un problème : vu l’incompétence totale de notre gouvernement à réduire ses dépenses, celui-ci n’aura d’autre choix que de hausser nos impôts dans le futur. Si c’est le cas, il ne restera plus beaucoup d’avantages à placer son argent dans un REER…
Que faire? Forcer les gens à épargner? Eux qui n’arrivent même pas à boucler leurs fins de mois? Bonifier le régime public en haussant — encore! — les cotisations à payer pour l’employé et l’employeur?
Pour les gens âgés, un vieux gag circule sur le web : plaçons-les en prison. Ils auront leur douche quotidienne, trois repas par jour, la télé, un gym et une bibliothèque remplie de livres. Et en échange, envoyons les criminels en maison de retraite! Ils mangeront des repas froids, prendront un bain par semaine, et recevront une facture de quelques milliers de dollars par mois…
Plus sérieusement : il faut débattre de ce problème, et trouver une solution au plus vite. Sinon dans 20 ou 30 ans, des pauvres couchés sur le trottoir, vous allez en voir. Et ils ne seront pas là pour acheter le prochain iPhone.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Lorsque les baby-boomers arrivent à la retraite à 65ans, il y a deux sources de revenus statutaires : la Régie des rentes du Québec et la pension Vieillesse du Fédéral. Ce qui vous donne un revenu net après impôt d'environ 1000 à 1500 $ par mois par personne retraitée. La première rente du Québec est calculée selon la durée de séjour sur le marché du travail et le revenu maximal admissible qui atteint approximativement 40 000 $. La pension du Fédéral vous est donné en fonction de l'âge atteinte, soit 65 ans, comme citoyen canadien ayant atteint l'âge de la retraite. Si vous revenus ne sont pas suffisants, il y a le supplément de revenus qui vient s'ajouter à votre rente de base au Fédéral.
Le reste de votre niveau de vie dépend de la façon dont vous avez géré vos épargnes ou si vous aviez un employeur qui vous a garanti un fonds de pension privé ou public (par exemple, le REGOP).
Si vous avez pris votre retraite sans faire un effort pour diminuer vos dettes courantes, vous êtes à la merci du système de crédit (prêts bancaires, cartes de crédit, etc.) qui ne vous feront pas de cadeau.
Le plus grand handicap à la retraite, c'est le fait justement que l'on est plus ou moins en mesure de retourner sur le marché du travail pour une foule de raisons (santé, fatigue, dégoût, etc.). Le fait de ne pas planifier sa retraite, c'est un pensez-y bien! Très difficile de faire des retours en arrière.
Cet article de M. Descôteaux vient à point et donne l'heure juste. C'est la fable de la cigale et de la fourmi qui se répète à l'infini. à vous de bien faire vos classes.
RD
Les personnes âgées au Québec s’enterrent sous les dettes. Mais ce n’est rien comparé au sort qui attend leurs enfants.
Le nombre de ménages endettés de 65 ans et plus a plus que doublé depuis 17 ans. Il est passé de 25 % à 60 %, selon une étude de l’IRIS. Nos doyens vivant dans la pauvreté ont presque triplé. Leur proportion atteint aujourd’hui 12,3 %.
Ces chiffres ont de quoi inquiéter. Surtout quand on sait que les retraités d’aujourd’hui ont, de façon générale, géré leurs finances personnelles de manière assez responsable. En tous cas, mieux que leurs enfants et petits-enfants. Et c’est ce qui fait peur : si les vieux d’aujourd’hui « n’arrivent pas », quel enfer attend la génération je-couche-devant-le-Apple-store-pour-m’acheter-à-crédit-un-gadget-dont-je-n’ai-pas-besoin?
Épargne? Connais pas!
Dans les années 1980, nos parents engraissaient leur petit cochon. Imaginez : le taux d’épargne des Canadiens dépassaient les 20 %! Depuis, c’est la chute libre. Jusqu’à tout récemment, ce taux était négatif, à -0,5 %. Il oscille aujourd’hui autour de 2 %. En même temps, les nombreuses cartes de crédit défoncent nos portefeuilles. Notre endettement bat des records, à 150 % du revenu disponible.
Belle recette pour une catastrophe!
Bien sûr, certains d’entre nous épargnent de façon exemplaire. Mais ils se font de plus en plus rares. Il s’est passé quelque chose, un choc culturel. Nous — la génération des 40 ans et moins — avons complètement décroché de l’épargne. Nous vivons au jour le jour. Pensez-y : paraît qu’il faut accumuler près d’un million de dollars pour jouir d’une retraite qui a de l’allure. Combien d’entre vous pensez atteindre cet objectif?
Dans les années 1980, c’était payant de laisser dormir son argent en banque. Les taux d’intérêt dépassaient les 20 % par moment. Aujourd’hui, quelles motivations avons-nous à épargner? La banque centrale écrase les taux d’intérêt au plancher depuis des années. Ce qui pousse les gens à s’endetter — en achetant une maison deux fois trop grosse vu les bas taux hypothécaires — plutôt qu’à épargner. Les obligations du gouvernement ne rapportent rien, et l’inflation mange tout rendement. En plus, ça fait deux fois en 10 ans que la bourse massacre les petits épargnants avec des krachs. Krachs qui, selon plusieurs économistes, pourraient devenir plus fréquents dans les années à venir.
Le REER, pas très tentant
Le REER est loin d’être la solution rêvée. On ne fait que reporter à plus tard l’impôt à payer. Soit à notre retraite, quand notre revenu et notre taux d’imposition seront plus faibles. De là l’avantage. Je vois cependant un problème : vu l’incompétence totale de notre gouvernement à réduire ses dépenses, celui-ci n’aura d’autre choix que de hausser nos impôts dans le futur. Si c’est le cas, il ne restera plus beaucoup d’avantages à placer son argent dans un REER…
Que faire? Forcer les gens à épargner? Eux qui n’arrivent même pas à boucler leurs fins de mois? Bonifier le régime public en haussant — encore! — les cotisations à payer pour l’employé et l’employeur?
Pour les gens âgés, un vieux gag circule sur le web : plaçons-les en prison. Ils auront leur douche quotidienne, trois repas par jour, la télé, un gym et une bibliothèque remplie de livres. Et en échange, envoyons les criminels en maison de retraite! Ils mangeront des repas froids, prendront un bain par semaine, et recevront une facture de quelques milliers de dollars par mois…
Plus sérieusement : il faut débattre de ce problème, et trouver une solution au plus vite. Sinon dans 20 ou 30 ans, des pauvres couchés sur le trottoir, vous allez en voir. Et ils ne seront pas là pour acheter le prochain iPhone.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Lorsque les baby-boomers arrivent à la retraite à 65ans, il y a deux sources de revenus statutaires : la Régie des rentes du Québec et la pension Vieillesse du Fédéral. Ce qui vous donne un revenu net après impôt d'environ 1000 à 1500 $ par mois par personne retraitée. La première rente du Québec est calculée selon la durée de séjour sur le marché du travail et le revenu maximal admissible qui atteint approximativement 40 000 $. La pension du Fédéral vous est donné en fonction de l'âge atteinte, soit 65 ans, comme citoyen canadien ayant atteint l'âge de la retraite. Si vous revenus ne sont pas suffisants, il y a le supplément de revenus qui vient s'ajouter à votre rente de base au Fédéral.
Le reste de votre niveau de vie dépend de la façon dont vous avez géré vos épargnes ou si vous aviez un employeur qui vous a garanti un fonds de pension privé ou public (par exemple, le REGOP).
Si vous avez pris votre retraite sans faire un effort pour diminuer vos dettes courantes, vous êtes à la merci du système de crédit (prêts bancaires, cartes de crédit, etc.) qui ne vous feront pas de cadeau.
Le plus grand handicap à la retraite, c'est le fait justement que l'on est plus ou moins en mesure de retourner sur le marché du travail pour une foule de raisons (santé, fatigue, dégoût, etc.). Le fait de ne pas planifier sa retraite, c'est un pensez-y bien! Très difficile de faire des retours en arrière.
Cet article de M. Descôteaux vient à point et donne l'heure juste. C'est la fable de la cigale et de la fourmi qui se répète à l'infini. à vous de bien faire vos classes.
RD
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