mercredi, octobre 05, 2011

 

Le vieillissement met les finances du Québec sous pression


Pour la première fois au Québec, la population des 65 ans et plus dépasse en nombre celle des 15 ans et moins. Pour les économistes, les temps difficiles commencent. 

Article de Caroline Pailliez, Journal de Québec, 3 octobre 2011


Au 1er juillet, 15,7 % de la population québécoise était âgée de 65 ans et plus, ce qui représente 1 253 600 personnes, calcule Statistique Canada. Les 15 ans et moins, au nombre de 1 241 700, ne représentent plus que 15,5 % du total.

« Les baby-boomers sont désormais en âge d’aller à la retraite. Jeunes, ils ralentissaient le vieillissement de la population. Maintenant, ils vont l’accélérer », constate Jacques Henripin, professeur émérite en démographie de l’Université de Montréal.

En termes économiques, les défis commencent. Les baby-boomers vont coûter cher, notamment en soins de santé. Les gouvernements provinciaux et territoriaux ont dépensé en moyenne 2 097$ par Canadien de 1 à 64 ans en 2008 contre 10 742$ par 65 ans et plus, calcule l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS).

Pour l’instant, le Canada consacre 11,7 % de son PIB aux dépenses de santé, soit 191,6G$. En 2008, ce pourcentage atteignait 10,7 %. Et les dépenses n’iront pas en diminuant. M. Henripin considère que la part consacrée à la santé devrait presque doubler d’ici une trentaine d’années.

Les données pourraient bien sûr changer à mesure que la technologie et les comportements s’adaptent. « Il est encore très difficile de prédire ce que va coûter la santé dans deux à trois décennies. Les innovations pourraient permettre de réduire considérablement les coûts », ajoute-t-il.

La pression sur les finances publiques va tout de même être extrêmement forte. « Les Canadiens vont devoir dépenser plus, alors qu’eux-mêmes seront moins nombreux à participer à la croissance de l’économie. Les autres secteurs seront nécessairement pénalisés », explique Claude Montmarquette, spécialiste des politiques publiques au groupe de recherche le Cirano.

Pour continuer de produire plus avec moins, les Canadiens devront miser sur leur productivité, précise M. Montmarquette. Mais ce n’est pas chose gagnée.

Avec un PIB par habitant de 38 611,84 $ en 2009, le Québec se classe entre le 19 et le 20e rang des pays les plus riches de l’OCDE, derrière l’Espagne. Cette position se traduit par un retard de plus de 25 % avec les six économies les plus prospères de l’organisation, calcule le Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal.

Des taux de cotisation plus élevés

« Pour que les retraités continuent de percevoir leurs pensions de la part de la Régie des rentes, les taux de cotisation vont nécessairement devoir augmenter », constate M. Henripin.

La Régie des rentes et la pension de vieillesse permettent pour l’instant aux retraités de toucher 40 % de ce qu’ils gagnaient en travaillant, explique-t-elle. Pour continuer à fournir les mêmes montants, elle s’est lancée dans une augmentation progressive des taux de cotisation, payés à parts égales par les employeurs et les travailleurs.

Ainsi les taux devraient augmenter de 0,15 % par année à partir de 2012, pendant six ans. En 2017, ils seront de 10,80 %. Ce projet devrait assurer la pérennité du régime pendant au moins 60 ans.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

On oublie de dire beaucoup de choses dans ces analyses statistiques. D'abord, les retraités d'aujourd'hui et de demain ont cumulé des épargnes (Réers ou autres placements), des fonds de pension et cotisé toute leur vie active à des régimes publics ou privés. Ils ont donc droit à ces épargnes, qui est une sorte de consommations différées jusqu'au moment de la retraite.

Les aînés ou Seniors de notre société québécoise demeurent leur vie durant des consommateurs comme les autres citoyens. Ils paient leurs achats avec leurs rentes cumulées au fil des ans, et couvrent leurs besoins en logement et biens durable et semi-durables (particulièrement, les baby-boomers qui arrivent à la retraite). Ils paient aussi leur quote-part à un régime privé ou public lorsqu'il s'agit de la consommation de médicaments et de soins médicaux en payant leurs impôts (fédéral, provincial,municipal et scolaire) et n'ont pas droit à des exemptions aux taxes de vente, (maintenant la TPH).

Leur longévité assure aux générations qui vont leur succéder une présence parentale et des soins aux jeunes et à leur famille, un héritage au plan de l'expérience et un soutien familial ou social.

Auparavant, dans les siècles antérieurs, la mortalité infantile privait toute la société de bras actifs ; ce n'est plus le cas aujourd'hui. Le taux de mortalité infantile ici au Québec est parmi les plus bas au monde. Reste à faire plus d'enfants. Pourquoi pas une politique nataliste encore plus profitable aux hommes et femmes en âge d'avoir des enfants?

Les solutions économiques les plus évidentes pour contrer le manque de main-d'oeuvre seront axées sur la création de richesse : par exemple, une meilleure exploitation de nos richesses naturelles (l'hydro-électricité, les mines, l'aménagement du territoire, le plan Nord,...).

L'autre aspect, c'est d'augmenter la qualité de la main-d'oeuvre active par la formation et l'expérience, et créer grâce à l'investissement massif en technologie des emplois à forte valeur ajoutée, sur une grande échelle, à la grandeur de l'économie québécoise (dans tous les secteurs de l'économie, y compris les services). La hausse de la productivité viendra alors compenser la faiblesse des cohortes de la relève en main-d'oeuvre. On pourrait aussi choisir d'y ajouter un apport substantiel d'immigrants triés sur le volet en terme de qualifications professionnelles.

CONCLUSION

Les Seniors ont plus que droit à leur place dans la société québécoise. Ils peuvent même s'investir encore sur le marché du travail, s'il le désire. Personne ne peut leur reprocher de vouloir prendre une retraite bien méritée.


Ils ont mis l'épaule à la roue depuis le début de la Révolution Tranquille. Il faut se remémorer que les Baby-boomers québécois sont les premières générations de diplômés de la société québécoise, dans le sens collectif du terme. Peut-on en dire autant de nos jeunes aujourd'hui au plan de la diplomation? En s'appuyant sur l'héritage de leurs parents, ils ont fait le Québec Moderne que l'on connaît aujourd'hui. 

Ce n'est pas avec des calculs de hausses de cotisations au RRQ qu'il faut compter régler les factures des Finances publiques, mais en se basant sur les efforts de nos jeunes d'assumer pleinement leur rôle sur le marché du travail, en misant sur leurs talents et leurs capacités de se réaliser dans la société québécoise. Il est temps de faire valoir l'importance de leur apport sociétal et de leur insuffler le goût de la réussite. C'est à ces conditions que nous maintiendrons notre niveau de vie et notre prospérité dans les années à venir.

RD

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