jeudi, décembre 29, 2011
Génération sandwich : prise entre parent et enfant
(Article de Kathleen Frenette, Agence QMI, 28 déc. 2011)
Ci-contre : Trois générations sont réunies : Francine Gauthier, 49 ans, Rita Chamberland, 86 ans, et Laurence, 16 ans.
QUÉBEC – Tout s'est décidé rapidement à la suite du décès de son père. Ne pouvant se résigner à l'idée de placer sa mère dans un foyer pour personnes âgées, Francine Gauthier a plutôt choisi d'emménager avec elle. À 49 ans, cette préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD de Québec est le reflet de la génération sandwich.
D'un côté, elle s'occupe de sa fille de 16 ans et de l'autre, elle veille au bien-être de sa mère âgée de 86 ans, diabétique et partiellement paralysée. Tous habitent sous le même toit dans un petit bungalow du quartier Saint-Sauveur.
«Ça résume assez bien ma réalité, car c'est vrai que je suis prise entre deux tranches!» a-t-elle lancé avec un brin d'humour.
Entre le travail, les courses, la préparation des repas et les soins à prodiguer à sa mère dont la santé est de plus en plus fragile, il ne lui reste guère de temps libre. Ces lourdes responsabilités surviennent à un moment de la vie où les gens voient leurs tâches s'alléger un peu avec les enfants qui grandissent.
«C'est un gros bagage à porter sur mes épaules. Ce n'est pas facile de satisfaire les besoins de tout le monde tous les jours, a raconté Mme Gauthier. Je ne peux pas me permettre de tomber malade ou de prendre des vacances en tête-à-tête avec mon conjoint. C'est arrivé une fois qu'on parte, ma fille, mon chum et moi, et il a fallu que je revienne plus tôt.»
Au moment de prendre la décision de faire vie commune, la fille de Mme Gauthier, Laurence, avait à peine 7 mois. C'est donc dire qu'elle a toujours vécu dans cette dynamique. « Il y a des côtés positifs et négatifs, a ajouté Mme Gauthier. Je ne regrette pas ma décision. Si c'était à recommencer, je ferais les mêmes choix. Par contre, je ne voudrais pas que ma fille le fasse pour moi, car c'est donner beaucoup. »
Sens du devoir
Pour favoriser une cohabitation harmonieuse, il est essentiel, selon Mme Gauthier, de « mettre les points sur les i », surtout lorsque les enfants sont jeunes. « C'est important de bien définir les rôles pour éviter les sources de conflit. »
Bien sûr, il y a les sacrifices, mais il y a aussi les bons côtés. « Je profite du moment présent, a-t-elle dit. Je suis consciente que ma mère ne sera pas toujours là. La séparation sera difficile. On est comme un petit couple dans la vie. Je la connais comme si je l'avais tricotée. Mon bonheur, c'est de rendre les autres heureux. »
Au fil des ans, une belle complicité s'est installée entre la mère et la fille.
LE PHÉNOMÈNE DU VIEILLISSEMENT
Le vieillissement de la population ne fera qu'accentuer la pression sur la génération
sandwich. Au Canada, on estime que près de 720 000 personnes sont « coincées » entre leurs enfants et leurs parents.
Cette génération regroupe les baby-boomers et les X âgés de 45 à 64 ans dont les enfants ont moins de 25 ans, ne sont pas mariés et vivent encore chez eux. L'un des éléments qui les caractérise le plus est leur haut niveau de stress.
En fait, près de 70 % des personnes de cette génération ont tendance à se sentir plus stressées.
S'occuper d'une personne âgée entraîne un changement des habitudes de vie et peut également occasionner une baisse de revenu.
Sacrifices
Pour essayer de joindre les deux bouts, les représentants de la génération sandwich coupent dans les restaurants, les sorties et les vacances. Lorsque cela ne suffit pas, ils vont puiser dans leurs économies.
Le plus préoccupant, c'est que quatre Canadiens sur dix de la génération sandwich ne sont pas sûrs de pouvoir payer les études de leurs enfants parce qu'ils soutiennent financièrement leurs parents, selon un sondage effectué récemment pour le compte de Credit Canada.
« Chez les Canadiens qui assurent déjà le soutien financier de leurs enfants et de leurs parents, 25 % d'entre eux estiment que leurs enfants sont désavantagés par l'attribution à un parent vieillissant d'argent et de temps qui auraient pu leur être consacrés », révèle le document. Cela fait en sorte que plusieurs d'entre eux n'auront pas d'autre choix que de reporter l'âge de la retraite.
Voilà une forme de bénévolat qui réduit l'offre collective. Aider ses proches est non seulement souhaitable, mais vital dans nombre de familles. Avoir des enfants et les aider à se lancer dans la vie est une tâche essentielle. Si l'on y rajoute le soutien aux parents et grands-parents, l'effort à donner est considérable.
RD
Ci-contre : Trois générations sont réunies : Francine Gauthier, 49 ans, Rita Chamberland, 86 ans, et Laurence, 16 ans.
QUÉBEC – Tout s'est décidé rapidement à la suite du décès de son père. Ne pouvant se résigner à l'idée de placer sa mère dans un foyer pour personnes âgées, Francine Gauthier a plutôt choisi d'emménager avec elle. À 49 ans, cette préposée aux bénéficiaires dans un CHSLD de Québec est le reflet de la génération sandwich.
D'un côté, elle s'occupe de sa fille de 16 ans et de l'autre, elle veille au bien-être de sa mère âgée de 86 ans, diabétique et partiellement paralysée. Tous habitent sous le même toit dans un petit bungalow du quartier Saint-Sauveur.
«Ça résume assez bien ma réalité, car c'est vrai que je suis prise entre deux tranches!» a-t-elle lancé avec un brin d'humour.
Entre le travail, les courses, la préparation des repas et les soins à prodiguer à sa mère dont la santé est de plus en plus fragile, il ne lui reste guère de temps libre. Ces lourdes responsabilités surviennent à un moment de la vie où les gens voient leurs tâches s'alléger un peu avec les enfants qui grandissent.
«C'est un gros bagage à porter sur mes épaules. Ce n'est pas facile de satisfaire les besoins de tout le monde tous les jours, a raconté Mme Gauthier. Je ne peux pas me permettre de tomber malade ou de prendre des vacances en tête-à-tête avec mon conjoint. C'est arrivé une fois qu'on parte, ma fille, mon chum et moi, et il a fallu que je revienne plus tôt.»
Au moment de prendre la décision de faire vie commune, la fille de Mme Gauthier, Laurence, avait à peine 7 mois. C'est donc dire qu'elle a toujours vécu dans cette dynamique. « Il y a des côtés positifs et négatifs, a ajouté Mme Gauthier. Je ne regrette pas ma décision. Si c'était à recommencer, je ferais les mêmes choix. Par contre, je ne voudrais pas que ma fille le fasse pour moi, car c'est donner beaucoup. »
Sens du devoir
Pour favoriser une cohabitation harmonieuse, il est essentiel, selon Mme Gauthier, de « mettre les points sur les i », surtout lorsque les enfants sont jeunes. « C'est important de bien définir les rôles pour éviter les sources de conflit. »
Bien sûr, il y a les sacrifices, mais il y a aussi les bons côtés. « Je profite du moment présent, a-t-elle dit. Je suis consciente que ma mère ne sera pas toujours là. La séparation sera difficile. On est comme un petit couple dans la vie. Je la connais comme si je l'avais tricotée. Mon bonheur, c'est de rendre les autres heureux. »
Au fil des ans, une belle complicité s'est installée entre la mère et la fille.
LE PHÉNOMÈNE DU VIEILLISSEMENT
Le vieillissement de la population ne fera qu'accentuer la pression sur la génération
sandwich. Au Canada, on estime que près de 720 000 personnes sont « coincées » entre leurs enfants et leurs parents.
Cette génération regroupe les baby-boomers et les X âgés de 45 à 64 ans dont les enfants ont moins de 25 ans, ne sont pas mariés et vivent encore chez eux. L'un des éléments qui les caractérise le plus est leur haut niveau de stress.
En fait, près de 70 % des personnes de cette génération ont tendance à se sentir plus stressées.
S'occuper d'une personne âgée entraîne un changement des habitudes de vie et peut également occasionner une baisse de revenu.
Sacrifices
Pour essayer de joindre les deux bouts, les représentants de la génération sandwich coupent dans les restaurants, les sorties et les vacances. Lorsque cela ne suffit pas, ils vont puiser dans leurs économies.
Le plus préoccupant, c'est que quatre Canadiens sur dix de la génération sandwich ne sont pas sûrs de pouvoir payer les études de leurs enfants parce qu'ils soutiennent financièrement leurs parents, selon un sondage effectué récemment pour le compte de Credit Canada.
« Chez les Canadiens qui assurent déjà le soutien financier de leurs enfants et de leurs parents, 25 % d'entre eux estiment que leurs enfants sont désavantagés par l'attribution à un parent vieillissant d'argent et de temps qui auraient pu leur être consacrés », révèle le document. Cela fait en sorte que plusieurs d'entre eux n'auront pas d'autre choix que de reporter l'âge de la retraite.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Voilà une forme de bénévolat qui réduit l'offre collective. Aider ses proches est non seulement souhaitable, mais vital dans nombre de familles. Avoir des enfants et les aider à se lancer dans la vie est une tâche essentielle. Si l'on y rajoute le soutien aux parents et grands-parents, l'effort à donner est considérable.
RD
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