mardi, décembre 27, 2011

 

Le Québec sans boussole : quoi faire pour y remédier?

(Article de Mathieu Bock-Côté, Journal de Québec, 22 déc. 2011)

C'est une tradition. Le bilan de fin d'année. Je ne m'y déroberai pas. Car 2011 a confirmé, pour ceux qui en doutaient encore, que notre société est en crise. Je prends quatre événements parmi d'autres pour l'illustrer.

L'affaire Guy Turcotte, d'abord. Alors qu'il s'est livré au meurtre de ses propres enfants, Turcotte a été jugé non criminellement responsable de ses actes. Il avait perdu la tête, le pauvre. Turcotte n'était pas malfaisant. Mais fou. On y trouvait une confirmation : le droit tel qu'on le pratique aujourd'hui n'a plus rien à voir avec la justice. Les thérapeutes ont confisqué la justice.

L'affaire Marjorie Raymond ensuite. Cette jeune fille était victime de ce qu'on appelle l'intimidation. Elle s'est suicidée, en exprimant ainsi un mal de vivre inimaginable. Un mythe se déchire : la cour d'école n'est pas un paradis, mais souvent un enfer pour les plus faibles.

L'affaire Rolande Fiset maintenant. Je parle de cette dame entrée à l'hôpital pour un ACV mineur. Elle en est sortie par la morgue après s'être fait trimbaler d'une chambre à l'autre à neuf reprises, sans égard pour sa dignité la plus élémentaire. Il ne s'agit pas d'accuser l'hôpital, mais de rappeler que si notre système de santé n'est pas un cauchemar en soi, il peut rapidement le devenir.

Dernier événement: cette directrice d'école qui a accordé à une jeune musulmane un casque antibruit pour lui éviter d'entendre les chansons à l'école. Pour faire plaisir à des parents fanatiques, on insonorise leur enfant. Accommodement raisonnable? Ou délire permettant la ségrégation religieuse sur demande?

ON PERD LA BOULE

Étrangement, un message se met à tourner en boucle: les politiciens doivent faire quelque chose. On réclame un plan d'action contre la violence conjugale, contre l'intimidation. Ou encore plus de ressources pour les hôpitaux ou l'intégration des immigrants. En gros: plus de lois ou plus d'argent. Il n'y aurait pas d'autre solution à nos problèmes. Comme si tout était politique. À tout problème sa solution bureaucratique.

C'est ici que notre société perd la boule. La vérité, c'est que ce sont nos valeurs fondamentales qui sont déréglées. Notre société n'est pas seulement en déficit budgétaire. Mais en déficit moral.

Dans l'affaire Turcotte, c'est la négation de la responsabilité individuelle qui est renversante. Dans l'affaire Raymond, c'est l'incapacité de l'école d'exercer son autorité. Dans l'affaire Fiset, c'est le traitement bureaucratique des malades. Dans l'affaire du casque antibruit, c'est le simple bon sens qui s'est éclipsé.

PROFONDÉMENT DÉRÉGLÉE

Notre société a complètement perdu ses repères. Elle n'est pas seulement déréglée en surface, mais en profondeur. On ne voit plus que les structures et les statistiques. Les politiciens se droguent à ces dernières pour se donner l'impression qu'ils connaissent la société et peuvent la contrôler.

L'être humain se fait découper en morceau par les bureaucraties. Une veut s'occuper de sa santé. Une autre de son éducation. Une autre de ses relations avec ses parents. Nous sommes assistés du berceau au tombeau. Mais l'être humain dans son ensemble? Nous en avons perdu la trace. S'il existe, c'est bien à l'insu des bureaucrates.

Notre société a besoin de retrouver son socle moral. Pour 2012, je nous souhaite cela.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Difficile de passer à côté d'un tel diagnostic, tellement il est vrai et fondamental. Notre Québec a « flushé » la religion catholique et les Traditions des Canadiens français d'autrefois pour les remplacer par un culte du matérialisme à l'Américaine. Les valeurs de remplacement ne sont pas là. Les lois régissant le mariage, le divorce et la succession, pour ne citer que celles-là, sont une aberration, qui nient la libre disposition de soi-même et de ses biens. On ne sait plus comment élever les enfants et quelles valeurs leur donner. D'ailleurs, ce sont les garderies qui jouent ce rôle maintenant, les parents en très grand nombre ayant abdiqué au profit de l'homme et de la femme au travail.

Autant la religion catholique d'antan était contraignante et dépourvue des libertés les plus élémentaires, autant le monde d'aujourd'hui cherche des valeurs de rechange et ne les trouvent pas. Ce n'est pas un phénomène uniquement québécois, mais mondial. Le jour où les Islamistes vont remettre en question leurs croyances séculaires héritées de l'Islam, le même vide éthique et sociétal va se répandre. L'apprentissage de la démocratie que vivent les pays islamiques sont les premiers jalons d'un individualisme qui va briser les pratiques religieuses collectives et rigoureuses du Coran.

Le monde des communications à l'échelle de la Planète a créé un nouvel ordre mondial où les peuples échangent et fusionnent leurs cultures, tout en remettant en question les valeurs fondamentales qui régissent les hommes et leurs gouvernements. Pour une fois, le Québec est dans la course.

Quel monde allons-nous bâtir à l'échelle du monde entier? La réponse est entre les mains des nouvelles générations qui prennent la relève. Peut-être que les Seniors d'aujourd'hui et de demain auront aussi un mot important à dire dans cette nouvelle civilisation mondiale qui est en train de s'ériger, de part et d'autre. L'âge de la Raison aura lieu ou l'Homme disparaîtra comme espèce dans les prochains siècles.

RD

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