dimanche, mars 11, 2012

 

Le mois des aînés en février?


Article de Jean-Jacques Samson, Journal de Québec, 2 mars 2012

Février est en voie de devenir le mois des aînés au Québec. Le Journal et TVA avaient diffusé des reportages à la même période, en 2011, sur les histoires d’horreur vécues par des personnes âgées dans des centres d’hébergement.

Le sujet avait alors rebondi évidemment à l’Assemblée nationale. Nos dames patronnesses, qui ont pour mandat de veiller sur les vieux à coups de bons mots, les ministres Marguerite Blais et Dominique Vien, s’étaient fâchées et, avec des trémolos dans la voix, elles avaient sermonné les propriétaires de résidences privées pour personnes âgées. Comme si le secteur privé qui supplée à l’incurie du gouvernement dans cette mission avait le monopole des mauvais traitements infligés aux personnes âgées. Rien n’a changé bien sûr.

Le Journal est revenu à la charge cette semaine. Mercredi, ce sont les directeurs des Agences de la santé et des services sociaux qui, pour la galerie, devaient essuyer cette fois les foudres de la ministre Vien.

Des plantes vertes

Le problème est que ces deux ministres déléguées n’ont pas plus de poids au conseil des ministres que des plantes vertes placées dans les recoins de la salle. Plutôt que de faire la leçon à des technocrates ou aux propriétaires de centres d’hébergement privés, c’est vers le premier ministre, Jean Charest, et vers le ministre des Finances, Raymond Bachand, qu’elles devraient se tourner, pour qu’une véritable politique des aînés soit mise en place avec les budgets nécessaires pour assurer une fin de vie dans la dignité aux personnes âgées.

Les gouvernements du Québec, péquistes comme libéraux, ont trouvé des milliards pour développer un réseau public de garderies. Il n’y a cependant jamais l’argent nécessaire pour les personnes âgées non autonomes et les personnes souffrant de troubles mentaux que l’on a jeté à la rue, sans leur fournir le soutien promis lors de la désinstitutionnalisation. Ces deux clientèles ne sont pas outillées pour faire pression sur le gouvernement et elles présentent un faible intérêt électoral.

Le ministre Bachand déposera dans quelques semaines son budget pour 2012-2013. Si le gouvernement a une réelle volonté d’améliorer le sort des personnes en CHSLD, nous le verrons alors. Et alors seulement. Mais en 2011, les promesses larmoyantes de changer les choses n’ont pas dépassé les bonnes paroles des ministres Blais et Vien. The proof is in the pudding, dit-on en économie à l’université Harvard, où le ministre Bachand a obtenu un doctorat.

L’huile de bras

Le temps n’est plus à des consultations et aux études. Les tablettes débordent de rapports de commissions et d’audiences tenues depuis vingt ans.

Le diagnostic est établi et les remèdes sont connus. Tout passe par l’argent. Il faut en premier lieu des budgets pour accroître le personnel et la formation, améliorer la qualité des locaux, celle des services, de l’alimentation, des équipements pour l’hygiène de base, comme les bains spéciaux, sans oublier l’achat de couches en quantités suffisantes !

Ce que le gouvernement avait à faire était décrit avec précision dans le rapport de la Consultation publique sur les conditions de vie des personnes âgées que la ministre Blais a menée en… 2007.

Je lis une série de reportages année après année sur les mauvais traitements que subissent les personnes âgées en centres d’hébergement. Les politiciens qui ne font pas tout ce qu’il faut pour celles-ci ne méritent que du mépris.

 RD

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