jeudi, mars 22, 2012
Oui à l'euthanasie balisée, non au suicide assisté
Article de Pierre Pelchat, Le Soleil, 22 mars 2012
La commission parlementaire Mourir dans la dignité propose d'ouvrir la porte à l'euthanasie balisée sous l'autorité de médecins et ne ferme pas la porte à ce qu'une personne ayant la maladie d'Alzheimer puisse faire une demande anticipée d'euthanasie.
La commission parlementaire Mourir dans la dignité propose d'ouvrir la porte à l'euthanasie balisée sous l'autorité de médecins mais ferme celle au suicide assisté dans un rapport qui a été rendu public, jeudi.
À l'exemple de la Belgique, les députés membres de la Commission recommandent de permettre ce qu'ils appellent l'«aide médicale à mourir» seulement aux personnes ayant une maladie grave et incurable avec en plus, une déchéance avancée de leurs capacités et sans aucune perspective d'amélioration.
Comme autre critère, la personne majeure apte à prendre une décision éclairée devra éprouver «des souffrances physiques ou psychologiques constantes, insupportables et qui ne peuvent être apaisées dans des conditions qu'elle juge tolérables.»
Si on compare avec la Belgique où l'euthanasie est légalisée depuis une dizaine d'années, on pourrait dénombrer plus de 400 décès par année par euthanasie au Québec et près de 1200 si les critères sont élargis à ceux que l'on applique aux Pays-Bas. En Belgique, la proportion des décès par euthanasie sur l'ensemble de tous les décès est de 0,7% et de 2% aux Pays-Bas.
De façon unanime, les députés de tous les partis à l'Assemblée nationale ont exclu les personnes souffrant de la maladie d'Alzheimer ou d'une maladie dégénérative du cerveau et celles qui sont lourdement handicapées à la suite d'un accident pour une aide médicale à mourir.
Demande anticipée: des enjeux éthiques importants
La Commission ne ferme toutefois la porte dans le futur à ce qu'une personne ayant la maladie d'Alzheimer puisse faire une demande anticipée d'euthanasie. Elle propose la formation d'un comité d'experts pour étudier la question et proposer des solutions.
«Il s'agit d'une question très complexe qui soulève des enjeux éthiques très importants. L'appréciation médicale de la personne au regard des conditions médicales qu'elle aurait préalablement décrites dans une demande anticipée pourrait s'avérer difficile», a-t-on fait valoir.
On recommande qu'il soit possible à toute personne majeure de faire une demande anticipée d'euthanasie dans le cas où elle deviendrait inconsciente de manière irréversible. Cette demande serait faite sur un formulaire signé par deux témoins et qui pourrait être notarié.
La responsabilité de s'assurer que les critères pour une euthanasie soient respectés reviendra au médecin traitant. Il devra obtenir l'avis favorable d'un autre médecin. On propose de modifier plusieurs lois dont le code civil pour faire appliquer les nouvelles mesures de fin de vie. On recommande qu'un projet de loi pour légaliser l'aide médicale à mourir soit présenté au plus tard en juin de l'an prochain.
Consciente des risques de dérives, la Commission ne croit pas que le droit de demander à mourir glisse vers le devoir de mourir pour soulager les proches ou libérer des lits ou ait un impact négatif sur la lutte au suicide. «Ces craintes, pourtant légitimes, n'ont pas résisté au test de la réalité vérifiée dans les pays européens où se pratique l'euthanasie», peut-on lire dans le rapport.
RD
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