lundi, juillet 16, 2012

 

Survivre à la mort d’un proche

 (Article de Renée Laurin, Journal de Québec, 13 juillet 2012)

En période de deuil, chacun doit faire face à sa peine en fonction de sa réalité et de sa relation avec la personne qu’il vient de perdre.

Il y a des sujets plus difficiles à aborder que d’autres. La mort en est un. On ne veut surtout pas la voir. La plupart d’entre nous la gardent enfermée à double tour derrière de lourdes barricades. Elle nous terrorise.

Ennemie jurée de notre impression de toute-puissance, elle détruit toutes nos illusions d’éternité. Accepter de la regarder droit dans les yeux nous rappelle cruellement que nous ne pourrons jamais contrôler complètement le fil de notre existence. Nous vivons et nous mourrons tous un jour. Impossible de savoir quand et comment. C’est la triste réalité.

Pas étonnant qu’elle nous fasse si mal lorsqu’elle réussit à fracasser nos murailles et nous oblige à regarder son vrai visage. La semaine dernière, ma belle-soeur a été emportée par un cancer. Depuis deux ans, la mort flottait autour d’elle, menaçante, impitoyable. Elle s’est battue du mieux qu’elle a pu avec l’aide de tous ceux et celles qui l’aimaient. Depuis son départ définitif lundi dernier, nous pataugeons dans l’ombre de la mort jour et nuit. Impossible de nier sa présence. Nous sommes tous très ébranlés par ce départ, même si nous savons que certaines personnes le sont encore plus que nous. Je n’ose pas imaginer la souffrance de mon beau-frère (son mari), de ses deux filles et celle de mes beaux-parents.

J’essaie de me mettre à leur place. Comment arriveront-ils à vivre ce deuil immense qu’est la perte de notre partenaire de vie, de notre mère, de notre enfant ? Comment nous, qui sommes si loin, pourrons-nous les aider à traverser cette épreuve ?

La semaine dernière, j’ai eu une longue conversation avec Judith Larin, psychothérapeute, intervenante en soins palliatifs et auteure de plusieurs livres sur l’accompagnement des grands malades et de leur famille. « La mort est toujours un choc énorme, même lorsqu’on s’y attend et qu’on s’y prépare depuis longtemps », m’a-t-elle rappelé.

Les étapes du deuil

Comme tous ceux et celles qui sont confrontés à la perte d’un être aimé, nous devrons traverser avec eux, dans l’ordre ou le désordre et à des intensités variables, les différentes étapes du processus de deuil identifiées par la psychiatre Élisabeth Kübler-Ross : choc et déni, colère et marchandage, tristesse et désespoir pouvant aller jusqu’à la dépression, résignation, acceptation et reconstruction de sa vie.

Les recettes magiques n’existent pas, les modes d’emploi non plus. Chacun doit faire face à sa peine en fonction de sa réalité et de sa relation avec la personne qu’il vient de perdre.

Évitez les conseils

« La pire chose à faire dans un moment pareil, c’est d’essayer de donner des conseils. Quand on endure de grandes douleurs émotives, on ne veut pas se faire imposer quoi que ce soit. Les “tu devrais faire ceci” ou “fais cela” ne sont d’aucune aide. Au contraire, ils peuvent fragiliser la personne endeuillée », explique Mme Larin.

Parfois, il faut simplement savoir se taire pour mieux accueillir l’autre. Écouter sans juger, apprendre à lire le message qui se cache au-delà des mots, dans la gestuelle, les silences, la respiration, est à son avis la meilleure aide que nous puissions apporter à nos proches lorsqu’ils traversent une période de deuil.

Si nous sommes vraiment sincères dans notre démarche, prendre des nouvelles et faire savoir que nous sommes présents en cas de besoin peut aussi aider.

Le temps

Le temps atténue nos peines, nous le savons tous, mais se servir de cet argument pour apaiser une douleur aussi vivre ne rime à rien. Lorsque le drame vient de se produire, les personnes endeuillées ne veulent surtout pas se projeter dans l’avenir. Elles veulent se souvenir, regarder des photos encore et encore, parler de la personne disparue. C’est une façon de la garder vivante dans leur cœur.

Les humains, constate Mme Larin, ont une force de résilience incroyable. Dans tout le processus de deuil, il faut aussi savoir faire confiance à la vie et se dire que chaque individu possède en lui les ressources nécessaires pour se sortir des épreuves que la vie lui envoie.

Chose certaine, côtoyer la mort n’apporte pas que du négatif. Apprendre à vivre en paix avec elle nous oblige à réfléchir à nos croyances, à nous centrer sur ce qui compte vraiment pour nous, mais surtout à remettre nos priorités à la bonne place.

À lire :

Les soins palliatifs. Et si la mort révélait la vie, Judith Larin, éditions Stanké, 2001

Des témoignages de cas vécus :

Promets-moi de le dire, Judith Larin, éditions Stanké, 2003

Accompagner la vie, Judith Larin, éditions Stanké, 2007

Les étapes du deuil :

http://www.psychogenealogie.name/fr/etapesdeuil.htm

RD





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