samedi, octobre 06, 2012

 

Jane Fonda, éloge de l'âge

Pierre Richard et Jane Fonda dans Et si on vivait tous ensemble? de Stéphane Robelin. (Les Films de la Butte/Manny Films/Bac Films
Pierre Richard et Jane Fonda dans « Et si on vivait tous ensemble? » de Stéphane Robelin. 

(Les Films de la Butte/Manny Films/Bac Films

La star n'avait pas tourné en France depuis 1972. À 74 ans, elle fait son retour dans « Et si on vivait tous ensemble? », une comédie dramatique entre seniors.

(Article d'Emmanuelle Frois, lefigaro.fr, 18/01/2012)

Elle a 74 ans. Et elle ne les fait pas. Sourire conquérant, corps élancé et souple, Jane Fonda est irrésistible. Barbarella avec quelques rides en plus. Elle n'avait pas tourné en France depuis Tout va bien de Jean Luc Godard, en 1972. Entourée de Claude Rich, Pierre Richard, Guy Bedos et Geraldine Chaplin, elle fait son retour dans Et si on vivait tous ensemble? de Stéphane Robelin. Une comédie dramatique sur une bande de septuagénaires qui ont décidé de vivre en communauté. «Je voulais faire un autre film français avant de mourir!», s'exclame-t-elle avec humour.

Le sujet du film avait surtout pour l'actrice une résonance particulière. «Quand j'ai reçu le scénario, je terminais mon livre, Prime Time, sur le phénomène de l'âge, de la vieillesse et comment y faire face.

Mon ouvrage collait au film. J'ai pensé que c'était un signe du destin.»

Pour les besoins de Prime Time, déjà sorti aux États-Unis et qui paraîtra en France en octobre, Jane Fonda a mené une grande enquête durant quatre ans. «J'ai rencontré des experts du cerveau, des psychologues, des gérontologues, interviewé des centenaires, des gens mariés depuis soixante ans.

J'ai eu trois maris, Roger Vadim, Tom Hayden et Ted Turner, et je me demandais comment c'était possible! Quel était donc leur secret?» Et de rire aux éclats.

Elle s'est trouvé des points communs avec Jeanne, le personnage qu'elle incarne à l'écran, mariée à Pierre Richard. «J'adhère complètement à son propos quand elle souligne qu'on prend des assurances sur la vie, sur la maison, sur la voiture mais qu'on ne pense pas à notre fin de vie. Quelle folie! On doit anticiper, planifier et faire de la mort sa meilleure amie, sans avoir de regret »

Tourner le dos au cinéma

Jane Fonda a pensé à son père, Henry Fonda, et à La Maison du lac, le film de Mark Rydell qu'elle avait produit et dans lequel elle incarnait sa fille. C'était le dernier rôle de Henry Fonda et le premier oscar de sa carrière. «Ce film a été très important pour moi, confie-t-elle, les larmes aux yeux. Il parle de la vieillesse, de la mort et de la manière d'apaiser, de guérir les relations conflictuelles entre parents et enfants. Mon père est mort cinq mois après.» Le temps de se réconcilier avec ce héros de cinéma qui fut loin d'avoir été un père parfait.

En 2005, l'actrice aux deux oscars, la militante, le sex-symbol, l'égérie du cinéma des années 1960-1970 et la reine de l'aérobic se mettait à nu dans son autobiographie, Ma vie. Lorsqu'elle revoit aujourd'hui sa filmographie, elle déclare: «J'ai fait beaucoup de mauvais films, quelques-uns seulement sont très bons.» Et de citer ceux dont elle est fière, On achève bien les chevaux, de Sydney Pollack, Klute, d'Alan Pakula, Le Retour, de Hal Ashby, Julia, de Fred Zinnemann.

Un beau jour, Jane Fonda a décidé de tourner le dos au cinéma. «J'avais 50 ans, c'était la fin de mon second mariage et j'étais très malheureuse. Créer était une souffrance. J'ai décidé de quitter Hollywood. C'est à ce moment-là que je suis tombée amoureuse de Ted Turner. Nous nous sommes mariés. J'étais à l'aise financièrement, je n'ai pas travaillé pendant une dizaine d'années. Ted m'a donné confiance en moi. Mais quand j'ai gagné en assurance, il ne l'a pas supporté!»

Elle a quitté le magnat de la presse à 62 ans. «Mon avenir n'était pas assuré, mais j'avais la volonté de réussir mon troisième et dernier acte en beauté.»

La businesswoman a repris le dessus, ses DVD d'aérobic pour les seniors font un carton. Et elle a retrouvé le goût de la comédie comme celui du bonheur auprès du producteur de musique Richard Perry. «Avec lui, j'ai trouvé la plénitude. À mon âge, je crois à l'importance du sexe, de la sensualité, de l'érotisme. Certaines femmes en vieillissant n'en ressentent pas le besoin et ont fermé la boutique! C'est leur choix. Mais quel dommage!» Sacrée Jane Fonda.

Critique du film« Et si on vivait tous ensemble? »

(Article de Maxime Demers, Journal de Québec, 7 octobre 2012))

Film choral porté par une distribution étonnante et charmante, la comédie dramatique française Et si on vivait tous ensemble ? propose une réflexion aussi intelligente qu’amusante sur la vieillesse et la maladie.

C'est l'histoire de cinq vieux amis septuagénaires - deux couples et un éternel célibataire - qui se fréquentent depuis toujours. Il y a Albert (Pierre Richard) qui commence à perdre la mémoire, pendant que sa femme (Jan Fonda) cache une maladie mortelle. Annie (Géraldine Chaplin), pour sa part, s'inquiète de ne pas voir assez ses petits enfants, contrairement à son mari Jean (Guy Bedos), qui pense plutôt à ses amis. Et enfin, il y a Claude (Claude Rich), dont le coeur faiblit même s'il fréquente des jeunes femmes qui auraient l'âge d'être ses filles.

Un jour, Jean lance une idée folle : et si on vivait tous ensemble? Une sorte de communauté qui leur permettrait de s'entraider dans leurs petits problèmes de santé et leurs oublis de plus en plus fréquents, afin d'éviter du coup de se retrouver dans une maison d'accueil pour personnes âgées.

Tabous

À partir de cette trame de base originale, le jeune réalisateur français Stéphane Robelin a su concocter une comédie éminemment sympathique qui dépeint la vieillesse avec humour et tendresse et qui effleure au passage des sujets tabous comme la sexualité chez les personnes âgées. Si certains gags semblent parfois faciles et que la réalisation demeure très convenue, l'énergie et la bonne humeur contagieuse de ce groupe d'acteurs hors pair procurent au film un charme certain.

À noter que « Et si on vivait tous ensemble ? » a remporté, il y a quelques semaines le prix du public au Festival de cinéma de la ville de Québec.

 En privé avec Jane Fonda 

(Interview d'Astrid Taupin, octobre 2011)

Jane Fonda au Festival de Cannes, en mai 2011

(Photo : Abaca Press)

Votre principal trait de caractère ?
Courageuse. Sinon, je suis toujours en conflit avec moi-même, entre mes moments de solitude et de sociabilité. J’aime être seule, mais quand je suis seule, je veux être avec du monde.

Votre point faible ?
Je suis toujours pressée.

La première chose que vous faites le matin ?
Je prends un énorme petit déjeuner avec du porridge, ou une omelette quand je suis en France.

Qu’aimeriez-vous changer chez vous si vous le pouviez ?
Être capable de ralentir.

Votre chanson préférée ?
Celles que mon compagnon, Richard Perry, produit.

Quel genre de grand-mère êtes-vous ?
Je suis une très bonne grand-mère. Mes petits-enfants m’adorent, on joue beaucoup ensemble. J’adore les gâter, ce qui agace ma fille (Vanessa Vadim).

Que faites-vous pour combattre le stress ?
Je dors neuf heures par nuit.

Votre green attitude ?
Je conduis une Prius, j’économise l’eau et l’électricité, je recycle et ne jette jamais un papier par terre.

Votre plus grand succès ?
Avoir réussi à survivre à toutes ces années.

"Petite, je voulais être une Indienne d'Amérique"

La cause qui vous tient à coeur ?
La violence contre les femmes.

Votre meilleur souvenir professionnel ?

Tous les films que j’ai faits avec Robert Redford ( Pieds nus dans le parc, le Cavalier électrique...) Je l’aime beaucoup, il est extrêmement drôle. Je m’entends divinement bien avec lui.

Ce qu’il y a de plus américain en vous ?
Je suis très amicale, même avec les gens que je ne connais pas, ce qui n’est pas forcément typique des Français.

Vos héroïnes ?
Mes amies, la féministe Gloria Steinem et la dramaturge Eve Ensler, auteur des Monologues
du vagin et qui lutte contre les violences faites aux femmes.

Que faire pour vous séduire ?
Être gentil et drôle.

Vos basiques ?
Des jeans. J’en ai de toutes les couleurs, blanc, lilas, jaune... Je les achète toujours à Saint-Tropez.

Le casting idéal de votre dîner ?
Mon fils Troy, mes copines, mais aussi Annette Bening, Warren Beatty et Dolly Parton. Même si j’adore Robert Redford, je ne l’inviterais pas car il déteste les fêtes.

Le cadeau que vous faites souvent ?
J’offre des livres.

L’objet auquel vous tenez le plus ?
Posséder ne signifie rien pour moi.

Votre boisson préférée ?
La vodka.

Le talent que vous aimeriez avoir ?
Pouvoir chanter et danser sur une scène de music-hall, style Broadway.

Petite, que vouliez-vous faire ?
Je voulais être une Indienne (d’Amérique). Je trouvais les Indiens intelligents, mystérieux, très courageux, et ils montaient bien à cheval…

Le lieu qui vous ressemble le plus ?
Mon ranch au Nouveau-Mexique.

L’endroit où vous aimeriez vivre ?
Je suis très bien où je suis, à Los Angeles, avec mon compagnon.

Ce qui vous met mal à l’aise ?
Tout ce qui est cynique.

Votre madeleine de Proust ?
La musique de Nat King Cole.

Votre péché mignon ?
Le chocolat noir.

Qu’aimeriez-vous que l’on dise de vous ?
Que je suis intéressante.

RD





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