jeudi, octobre 04, 2012
Joachim Cloutier et Marie-Annette célèbrent 75 ans de mariage
Joachim et Marie-Annette viennent de célébrer 75 ans de mariage, des noces d’albâtre.
(Article de Simon Busque, QMI, Journal de Québec, 30 sept. 2012)
Le 8 septembre 1937, un mariage double était célébré dans la grande église de bois de Saint-Zacharie. Devant le curé Alexandre, Joachim Cloutier épousait Marie-Annette Fecteau et le frère de cette dernière, Lionel, épousait Jeanne Lebel.
Si Joachim et Marie-Annette n’ont pu avoir naturellement d’enfants, ils en ont tout de même adoptés trois, Charles-Henri, Francisa et Bibiane. De ces enfants sont nés 23 petits-enfants et arrière-petits-enfants ainsi qu’arrière-arrière-petits-enfants. Le couple a donc une lignée actuellement de deux fois cinq générations, ce qui n’est pas courant quand les deux grands-parents sont vivants. Le couple vit aujourd’hui à la Résidence L’Oiseau Bleu et dit s’y plaire énormément.
La noce
Au moment de se rencontrer, nos deux futurs mariés vivaient au village de Saint-Zacharie. Joachim oeuvrait alors sur la terre paternelle, juste à la sortie ouest du village (direction Saint-Côme). Après environ un an de fréquentation, c’est la grande demande suivie quelques mois plus tard du mariage.
En 1937, s’il y avait peu d’automobiles, il y en avait tout de même, ce qui fait que les tourtereaux ont
vécu un véritable voyage de noce. Ils ont quitté Saint-Zacharie en taxi, direction Québec, pour deux jours de folies. Visite à Sainte-Anne-de-Beaupré, à l’Expo Québec et nuit chez la cousine Blanche avant le retour.
Un retour marqué par la grosse noce. Le père de Joachim avait invité les familles, les voisins et les amis à célébrer. «Une tablée qui faisait la longueur de la maison. Il y avait un cousin de Saint-Victor, un Cloutier, qui faisait la musique, giguait et dansait. C’était toute une noce.»
Sur la ferme
Joachim et Marie-Annette ont toujours vécu dans la maison paternelle et pendant 20 ans avec les parents de Joachim. Joachim avait alors acquis la terre de son père et était cultivateur. Cultivateur, à l’époque, c’était avoir des animaux divers et s’en occuper sur quatre saisons, bûcher son bois et du bois à pâte. Joachim en a fait passablement avec ses frères, son père ayant acheté quelques lots de la Berlin et de la Brown (compagnies forestières de l’époque).
La ferme avec animaux n’étant pas le choix premier de Joachim, il préférait la menuiserie et a donc choisi, quelques années plus tard, de céder les animaux et de se faire menuisier. Il avait du talent dans ce métier.
Il conservait aussi son érablière de 3600 entailles. Il courait, au début, les érables avec une paire de bœufs. Par la suite, les chevaux ont pris la place puis le tracteur. Aujourd’hui, Joachim a cédé la terre et la sucrerie à Charles-Henri qui l’exploite toujours, mais de façon largement plus moderne.
Marie-Annette a pour sa part accompli les 36 métiers de femme sur la terre et de mère. Jardin, cuisine, ménage, beurre, fromage, lavage et le reste. Une vie bien remplie et que de talent culinaire !
Pour sa part, Joachim se rappelle bien des souvenirs, mais il y en a trop pour les relater, sauf peut-être celui de la première presse à foin acquise par son père, presse actionnée par les bœufs ou les chevaux. Ils allaient alors presser le foin un peu partout dans la région, mais l’instrument pouvait être dangereux. Les mesures de sécurité étaient plutôt rares à l’époque et son père avait eu la jambe cassée par la machine. Et aussi, sa première auto achetée usagée à son beau-frère Édouard, était une Ford 1929.
L’Oiseau Bleu
En 2006, c’est 69 ans après leur mariage et une vie de couple totalement passée dans la même maison, ils prennent la difficile décision, la santé de Marie-Annette aidant, de vendre la maison et de prendre appartement à la Résidence L’Oiseau Bleu de Saint-Georges. «Un appartement confortable avec un excellent service, de dire Marie-Annette, mais je me suis ennuyée à en pleurer pendant deux ans».
Et Joachim avoue que sa maison et son monde lui ont aussi beaucoup manqué au début et même encore un peu. De plus, il a cédé son permis de conduire le printemps dernier, avant d’avoir à passer tous les examens, mais il s’y fait. Tous deux sont maintenant âgés de 95 ans, à quelques semaines près, et on leur souhaite de vivre, pas aussi longtemps, mais de belles années encore.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Combien de Canadiens Français, d'une époque révolue, ont vécu une vie semblable, simple mais rude. Leur existence s'est égréné au fil des ans et des saisons, sans grand soubresaut, avec plein de petits bonheurs et beaucoup de labeurs. Bravo à ces précurseurs !
RD