mercredi, mars 06, 2013
CHSLD : Clientèle plus lourde
Article de Johanne Roy, Journal de Québec, 4 mars 2013
L’espérance de vie ne dépasse généralement pas trois ans en établissement
Le Centre d’hébergement Christ-Roi, à Québec, a aménagé un îlot prothétique très fonctionnel pour les résidents en perte cognitive. Sur la photo, Michel Cantin, porte-parole du comité des usagers de ce centre de 136 lits, avec les membres du personnel Marie-Pier Tancrède, Danielle Lacroix, Linda Simard et Carole Guay.
La clientèle en soins de longue
durée s’est significativement alourdie au cours des dernières années,
au point où l’espérance de vie ne dépasse pas trois ans, en général, en
établissement.
Parce qu’elles sont suivies plus
longtemps à domicile ou en ressources intermédiaires, les personnes
admises en CHSLD nécessitent désormais au moins trois heures et demie de
soins par jour. Il n’est pas rare qu’elles requièrent cinq heures et
plus de soins quotidiennement.
Membre du Comité central des résidents
au CSSS de la Vieille-Capitale, Michel Cantin constate que la perte
d’autonomie est parfois si importante que certains aînés décèdent dans
le mois suivant leur admission.
«Pour la première fois depuis le début
de décembre, nous avons eu 18 décès au Centre d’hébergement Christ-Roi
(136 lits). Les gens qui marchent encore se comptent sur les doigts de
la main», rapporte M. Cantin.
Soins adaptés
À ce centre, trois résidents sur quatre
présentent des troubles cognitifs. Dans les prochaines années, ce sera
le fait de 75 % à 80 % des personnes admises en CHSLD.
«Cela nécessitera des compétences et des
approches différentes», émet la directrice générale de l’Association
québécoise d’établissements de santé et de services sociaux (AQESSS),
Michèle Pelletier.
«C’est tout un défi de faire vivre une
vie communautaire à 30 résidents qui ont des problèmes cognitifs, sur
une unité. Les personnes ne comprennent pas les consignes; certains ont
des comportements perturbateurs», souligne, pour sa part, Michel Cantin.
Toutefois, le Centre Christ-Roi a
aménagé un îlot prothétique très fonctionnel qui améliore grandement la
qualité de vie de ces résidents. L’approche de soins va jusque dans la
façon de faire la toilette des aînés en perte cognitive. Ainsi, le
personnel commence par les jambes plutôt que par le visage, afin que le
résident ne se sente pas agressé.
«Nous essayons de maintenir le plus
possible l’autonomie et la communication de ces personnes. On fait
référence à leur mémoire de vie. La résidente qui aimait cuisiner va
participer à la préparation d’une recette. Les couleurs, le système
d’éclairage sont pensés en fonction de cette clientèle», explique Sylvie
Goulet, chef d’unité au Centre Christ-Roi.
Moins de médication
Selon Me Jean-Pierre Ménard, les bons
milieux évitent autant que possible le recours à la contention,
notamment en enlevant les pattes de lit ou en disposant des matelas en
escalier.
Ils parviennent aussi à diminuer la
médication. «À certains endroits, on gère les troubles de comportement
en “knock-outant” les personnes», déplore-t-il.
«Il y a une tendance lourde dans les
milieux mal organisés, où le personnel dit aux résidents : faites dans
votre couche! Cela entraîne une perte d’autonomie plus grande encore.
Toute la gestion de la continence fait partie des critères
d’appréciation en hébergement», remarque Me Ménard.
RD