mardi, juin 11, 2013

 

Plus d’aînés pauvres avec la réforme Harper de la vieillesse




Article de Denise Proulx, Argent, 9 avril 2013


En reportant l’âge d’admissibilité aux prestations de la Sécurité de la Vieillesse et du Supplément de revenu garanti de 65 à 67 ans, le gouvernement Harper imposera une vie de pauvreté à un nombre élevé d’aînés. Et ce sera surtout des femmes qui en subiront les conséquences.

La réforme proposée par Ottawa fera grimper le nombre d’individus sous le taux de faible revenu de 6 % à 17 %, affirment des chercheurs du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), dans une étude intitulée «Réformer la sécurité de la vieillesse».

«Nos observations sont présentées pour faire réfléchir sur la question. Le système a ciblé les personnes à faible revenu», a mentionné le professeur Jean-Yves Duclos, co-signataire de l’étude avec Nicholas -James Clavet, Bernard Fortin et Steeve Marchand.
Le gouvernement fédéral a justifié ces modifications qui s’appliqueront graduellement entre 2023 et 2029, par la nécessité d’assurer la viabilité du système public de revenus de la retraite, alors que les baby-boomers vieillissants puiseront massivement dans les revenus de l’État.

En modifiant l’âge d’admissibilité aux prestations de la sécurité de la vieillesse, le gouvernement fédéral enverra ainsi davantage de personnes âgées sous la responsabilité de leur gouvernement provincial qui devront verser plus de prestations d’aide sociale. En fait, une fois la reforme achevée, le gouvernement canadien pourrait réaliser des économies de 6,9 milliards $ par année, alors que les provinces subiront des pertes de revenus d’impôts de plus de 450 millions $ par année et verront augmenter les dépenses de l’aide sociale de 164 millions $ en 2030.

«Le problème principal de cette réforme est qu’elle s’attaque de manière disproportionnée aux gens les plus pauvres et qu’elle aura un effet moins fort chez les gens aisés, car souvent ils ne touchent pas les prestations de vieillesse et de supplément de revenu», a poursuivi le professeur en économie.

Des alternatives plus équitables

Les auteurs de l’étude estiment que le gouvernement fédéral pourrait utiliser des scénarios alternatifs qui résulteraient tout autant en des économies pour les finances publiques, sans attaquer de front les aînés les plus démunis.

L’une de ces hypothèses consiste à diminuer le seuil de remboursement de la sécurité du revenu qui ne s’applique actuellement que lorsque le revenu net dépasse 69,562 $. Les chercheurs du CIRANO suggèrent que ce seuil chute à 34 562 $ pour que débute un remboursement partiel de la Sécurité de vieillesse. Ainsi, le gouvernement fédéral pourrait récupérer 9,2 milliards $. En incluant les pertes de revenus tirés des impôts fédéral et provincial, le montant global récupéré deviendrait semblable à celui de la réforme annoncée.

La seconde alternative serait de diminuer de manière égale les prestations de la sécurité de vieillesse pour tous les individus admissibles de 900 $. Les aînés paieraient cependant moins d’impôts, ce qui aurait un impact mineur sur l’augmentation des personnes affectées.
Enfin, le dernier scénario consisterait à verser de manière progressive le montant de la sécurité de vieillesse d’année en année.
«L’individu de 65 ans recevait donc le sixième de ses prestations normales. À chaque année suivante, ses prestations augmenteraient d’un sixième de ses prestations normales, pour atteindre les pleines prestations à 70 ans», suggèrent les auteurs de l’étude.

 COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

On voit que le gouvernement fédéral et les auteurs de ces études ne vivent pas à l'heure de la retraite à 65 ou 67 ans. Cet âge fixé arbitrairement au siècle passé ne tient pas compte de l'état réel des futurs retraités qui ont déjà travaillé toute une vie pour le bien-être de la communauté canadienne et québécoise. En reportant de deux ans l'âge normal de la retraite, on retarde indument  le droit à une juste retraite au moment où on juge que l'on est encore capable d'en profiter pleinement. C'est s'accaparer des bénéfices gagnés par une génération qui sort du marché du travail, au profit de celle qui suit et qui vivra inévitablement ce même cauchemar. Une question vitale à se poser : combien coûte le fait de garder au travail des personnes qui normalement devrait être des retraités ? Des soins de santé additionnels, une perte de productivité, un raccourcissement de la longévité, quoi encore... Personne n'est gagnant dans cet échange.

Il y a un temps pour le travail et un autre pour la retraite. Fixer une ligne de démarcation d'âge ne résoud pas les problèmes individuels que l'on rencontre à cet âge et plus tard dans la vie. Pour un grand nombre, la précarité de la santé et le besoin de prendre un véritable repos après une vie au travail sont deux critères à ne pas négliger. Est-ce que l'on les aime ou non nos parents et grand-parents? L'économie est au service des Canadiens et non l'inverse. 

RD






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