lundi, mai 26, 2014
Trop de préposés non formés ou insuffisamment formés dans des centres pour personnes âgées
Article de Johanne Roy, Journal de Québec, 19 mai 2014
Michel Lemelin souhaite que le diplôme d’études professionnelles de préposé aux bénéficiaires soit obligatoire.
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Alors que la clientèle s’est alourdie de façon importante, les
centres d’hébergement pour personnes âgées continuent d’embaucher des
préposés n’ayant aucune formation spécifique, dénonce le président de la
Fédération des préposés aux bénéficiaires du Québec, Michel Lemelin.
Selon lui, le manque de qualifications est particulièrement flagrant au sein des agences de placement ainsi que dans les entreprises d’économie sociale et les coopératives de services dont la main-d’œuvre travaille à domicile.
«Il y a des agences qui font entrer en établissement des préposés qui n’ont aucune formation. Ils ne savent pas bloquer les freins d’une civière ou d’un fauteuil roulant, pas plus qu’ils ne connaissent les techniques de déplacement sécuritaire des patients», affirme M. Lemelin, qui demande depuis un bon moment au ministre de la Santé de rendre obligatoire le diplôme d’études professionnelles (DEP) de préposé aux bénéficiaires.
Maladroits
Certains CLSC exigent le DEP, mais ils accordent des contrats à des entreprises d’économie sociale dont la plupart des préposés n’ont pas de diplôme, soulève-t-il.
«Plusieurs de ces travailleurs ont des certifications maison. Ils sont dévoués, mais maladroits. Certains travaillent dans des conditions difficiles, au salaire minimum. Il y a un gros ménage à faire là-dedans», argue M. Lemelin.
Surdose d’insuline
Ce dernier déplore également que les professionnels en soins transfèrent leur surplus de tâches aux préposés qui n’ont souvent pas les connaissances nécessaires pour s’acquitter de ces actes de façon sécuritaire.
«À la demande de leur employeur, des préposés manipulent des médicaments. Une préposée qui avait administré une dose trop forte d’insuline à un patient a constaté, paniquée, qu’il était dans un coma diabétique», relate M. Lemelin.
Des préposés se sont retrouvés devant le syndic de l’Ordre des infirmières après avoir posé des actes réservés à la profession infirmière.
En novembre 2011, une préposée employée par une résidence pour personnes âgées de Québec a ainsi écopé d’une amende très salée de 60 000 $. Une autre s’est vue infliger une amende de 40 000 $.
«Près de deux ans plus tard, cette dernière est encore à rembourser sa dette», relate M. Lemelin.
L'OBLIGATION DE FORMATION DES PRÉPOSÉS DOIT ÊTRE ÉTENDUE AU SECTEUR PUBLIC
Les propriétaires de résidences privées pour aînés pressent le gouvernement d’étendre l’obligation de formation des préposés aux établissements du réseau public.
«On est d’accord avec le principe, mais pourquoi juste nous? Si nos nouvelles règles visent à assurer de meilleurs services aux aînés, pourquoi les CHSLD n’ont-ils pas les mêmes obligations, d’autant plus que leurs résidents sont plus lourds? C’est fâchant!» estime le PDG du Regroupement québécois des résidences privées pour aînés, Yves Desjardins.
L’ex-ministre Réjean Hébert s’était montré favorable à la demande du Regroupement.
D’ici novembre 2015
Lié au processus de certification des résidences privées pour aînés, le nouveau règlement rend obligatoire la formation de tous les préposés en matière de réanimation cardiorespiratoire, de secourisme et de déplacement sécuritaire des personnes.
Au plus tard un an après leur embauche, ils devront être titulaires d’un diplôme d’études professionnelles (DEP). L’expérience de travail sera cependant prise en considération. Les résidences devront s’y conformer d’ici novembre 2015.
COMMENTAIRE DE PHILOMAGE
Encore une fois, le système d'éducation du Québec est en retard sur les besoins sociétaux. Il fut un temps, à la Fonction publique du Québec, où les sociologues, les démographes et les économistes occupaient une place de choix au plan de la structuration des politiques en éducation sur le moyen et le long terme.
Le vieillissement en accéléré de la population du Québec est un phénomène connu depuis les années 70. Aurait-on pu prévoir une diplomation, dans de nouvelles disciplines comme celles de préposés aux soins des aînés ? Bien sûr! On savait ce qui devait en découler : accroissement des coûts de la santé, accroissement du nombre de personnes à la retraite, besoins de logements appropriés pour les personnes en perte d'autonomie, progression exponentielle des besoins de soins à domicile, etc. Une nouvelle industrie québécoise venait donc de naître : celle des besoins des personnes SENIORS, qui vont désormais représenter plus de 23 % de la population dans une dizaine d'années.
Mais, comme d'habitude, on improvise ou encore on laisse aller jusqu'au point de non-retour, qui fait en sorte que les personnes âgées en font maintenant les frais. C'est beau la planification étatique!
Pendant ce temps, beaucoup de politiciens et de fonctionnaires, émules des René Lévesque de ce monde, ont « surfé » longtemps sur l'idée de la SOUVERAINETÉ. On a bien le droit de rêver en couleur, non ? Heureusement, nous avons eu la précaution de garder notre citoyenneté canadienne en réserve de la République.
RD