vendredi, juin 27, 2014

 

Aide médicale à mourir : Québec dit oui

Opinion d'une chroniqueure, Véronyque Tremblay, Journal de Québec, 6 juin 2014



Le sujet était très délicat et il était impossible de trancher la question à l’unanimité. Nos députés de l’Assemblée nationale ont fait preuve de courage jeudi en adoptant la loi sur l’aide médicale à mourir. Ce n’était pas facile pour eux et ils ne pouvaient pas se réfugier derrière une ligne de parti. Chaque député devait voter selon son âme et conscience. Quatre-vingt-quatorze ont voté pour et 22 contre. Certains élus d’expérience ont confié vivre l’un des moments les plus marquants de leur carrière politique.

 Selon la ministre libérale Christine St-Pierre qui a voté contre, les médecins auront maintenant le pouvoir de «tuer» des malades. Tout est une question de point de vue. Moi, je pense plutôt que les médecins auront maintenant le pouvoir de ne plus faire souffrir inutilement des gens condamnés à mourir qui n’en peuvent plus des douleurs extrêmes.
 
Pour maladie incurable seulement 

Je comprends ceux et celles qui craignent des dérapages, mais même sans la loi, il pouvait y en avoir. La coauteure du projet, la députée péquiste Véronique Hivon, a insisté sur l’encadrement et les balises serrées. L’aide médicale à mourir ne s’adressera qu’aux Québécois atteints d’une maladie incurable, condamnés, et dont on ne peut apaiser les souffrances. Avant de l’administrer, deux médecins devront s’assurer que la demande a été faite librement et en toute conscience par la personne mourante.

Ce projet de loi n’a pas été écrit à la hâte sur un coin de table. Pendant quatre ans, plusieurs experts, médecins, députés et des milliers de citoyens de toutes les régions ont eu la chance de s’exprimer notamment dans le cadre de la commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. On a aussi pu comparer ce qui se fait ailleurs notamment en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, au Luxembourg et dans certains états américains où on a légalisé l’euthanasie ou le suicide assisté.
 
Contestation possible 

Le Québec devient donc la première province canadienne à aller de l’avant, mais elle aura peut-être des bâtons dans les roues puisque le gouvernement conservateur désapprouve ce projet. On l’associe au «suicide assisté» et à «l’euthanasie», interdits par le Code pénal du pays. Le premier ministre, Philippe Couillard, a réitéré que la loi ne contrevient pas à la Constitution canadienne, mais qu’il est possible et probable qu’elle soit contestée.

Quoi qu’il en soit, j’ai trouvé cet exercice particulièrement intéressant puisque la partisanerie a été mise de côté. Pour une des rares fois, tous les partis politiques ont vraiment collaboré. J’apprécierais d’ailleurs que nos élus puissent voter plus souvent selon leurs convictions profondes et non seulement pour respecter une ligne de parti. Ça permettrait aux électeurs de vraiment connaître leur député. Les caméléons ne pourraient plus se cacher pour éviter de décevoir certains électeurs et j’ai l’impression que la démocratie serait mieux servie.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Enfin, une décision qui est prise en tenant compte d'abord de la situation et des choix du patient. Quand on est rendu en fin de vie et que l'on doit supporter de très grandes souffrances avant de mourir, rien ne doit faire obstacle au médecin quant à la solution finale à adopter, avec l'accord de son patient ou de ses proches. Les soins palliatifs ont leur place comme celle des solutions extrêmes. Par exemple, dans certains cas, induire un coma artificiel, le temps de soulager les derniers moments de vie d'une personne, peut devenir nécessaire.  Dans d'autres cas, bien ajuster les doses de morphine pourrait être suffisant. Chaque cas est particulier et demande une évaluation personnalisée de la part des médecins traitants.

Jusqu'ici, on tolérait la souffrance de la fin de vie comme une épreuve morale à passer à travers avant de se retrouver au Paradis. Maintenant que la Religion ne dicte plus les conduites à suivre, il y a place pour la compassion et la compréhension de la souffrance humaine en fin de vie. Ce n'est plus une question de ciel ou d'enfer, mais bien d'humanité dans ce qu'il y a de plus fondamental.

Prendre le risque d'un abus dans les cas de fin de vie sans issue vaut mieux que toutes les souffrances du monde.

RD 





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