jeudi, novembre 06, 2014

 

Le casse-tête de la retraite



Article de Michel Girard, journal de Québec, 30 octobre 2014

Non seulement la majorité des gens n'épargnent pas assez pour vivre une retraite financière confortable mais en plus une grande partie de leurs épargnes est placée dans des véhicules peu rentables.

Au Québec seulement, on laisserait traîner dans les comptes et dépôts bancaires quelque 183 milliards de dollars, selon les données compilées par le MÉDAC (Mouvement d'Éducation et de défense des actionnaires).

Cette astronomique somme n'inclut même pas les centaines de millions de dollars qui sont investis dans les obligations d'épargne du Canada et les obligations d'Épargne Placements Québec. Ni également des épargnes qui croupissent dans les fonds communs de marché monétaire.

RENDEMENT ANÉMIQUE 

Une grande partie de ces épargnes rapportent moins d'un demi de 1 % de rendement. Et concernant l'argent englouti dans les dépôts à terme d'un à cinq ans, le rendement joue de 1 % à 2 %.

Du côté des obligations d'Épargne Placements Québec, on se montrer un brin plus généreux alors que le rendement varie de 1,4 % pour le terme d'un an à 2,3 % pour celui de cinq ans. Vous croyez que les obligations d'épargne du Canada sont plus généreuses ? Faux, elles rapportent un demi de 1 %. Les obligations à prime du Canada ? À peine de 1 % pour la première année à 1,4 % pour la troisième année.

Ce n'est pas évidemment pas avec de si faibles rendements que les épargnants font faire fructifier de façon optimale leurs épargnes en vue de la retraite. Encaisser un rendement inférieur à l'inflation... c'est malheureusement le «sacrifice» qu'ils doivent assumer en plaçant leurs épargnes dans des véhicules de placement totalement sécuritaires.

Et cela explique sans doute en partie pourquoi, selon un sondage mené pour le compte du Conference Board, quelque 60 % des personnes approchant la retraite (les 55 à 64 ans) et 40 % des 65 ans et plus affirment ne pas avoir suffisamment épargné en vue de leur retraite.

QUESTION DE RISQUES

En cette période de bas taux d'intérêt, l'épargnant qui vise un rendement supérieur ne serait-ce qu'à l'inflation est «condamné» à prendre des risques en investissant dans les obligations négociables, les actions de compagnies inscrites en Bourse, les fonds communs de placement, les fonds négociés en Bourse, etc.

Pour votre information, vous auriez obtenu un bon rendement avec un portefeuille diversifié strictement avec trois fonds négociés en Bourse, dont 50 % dans un fonds relié à l'indice obligataire DEX Univers, 25 % dans un fonds copiant l'indice S&P TSX de la Bourse de Toronto et 25 % dans un fonds basé sur l'indice mondial MSCI Monde.

En date du 30 septembre dernier, un tel portefeuille aussi simpliste aurait rapporté un rendement de 13,8 % sur un an ; de 9,9 % sur trois ans ; de 7,5 % sur cinq ans ; et de 6,3 % sur 10 ans.

Avec un tel portefeuille, vous auriez ainsi concurrencé les grands gestionnaires des caisses de retraite, dont ceux de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

Mais encore fallait-il avoir un bon degré de tolérance aux risques même avec un portefeuille aussi simplement diversifié.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

J'ai rarement vu un article aussi déconnecté de la réalité. On ne sait pas à qui s'adresse l'auteur. Quelle clientèle vise-t-il ? Est-ce que ce sont les petits épargnants, qui se font gruger ou plafonner leur salaire, sous prétexte de garder leurs emplois ou qui cherchent à maintenir leur niveau de vie et de survivre avec leur revenu disponible, après impôt ? Dans ce cas, toute cette rhétorique du placement en Bourse, c'est du bidon.

Si on s'adresse à des gens qui gagnent de gros revenus et dont le revenu disponible est suffisant pour placer des montants substantiels dans un portefeuille de valeurs et de placements, là encore, il faudra payer des professionnels du placement pour obtenir un certain rendement, avec un risque élevé de perdre sa mise. Rappelez-vous la petite histoire de Vincent Lacroix et de ses rendements mirobolants! Combien vont perdre au change?
 
Moi-même, avec une formation d'économiste, j'agirais autrement. L'analyse que l'on fait du marché des placements est faussée à la base. D'abord, les taux d'intérêt sont maintenus artificiellement très bas au Canada par la Banque centrale pour qu'il n'y ait pas de sortie de capitaux et pour protéger les emprunts hypothécaires. Ce sont les USA qui nous dictent cette politique monétaire avec des taux d'intérêt extrêmement bas, depuis la dernière crise financière.À toute fin pratique, le prix de l'argent que l'on appelle communément l'intérêt de l'argent n'est pas rémunéré à sa juste valeur, selon l'offre et la demande du marché. Ce qui explique les demi de 1 % de rendement et les 1 %, quel que soit le placement à l'épargne. Impossible de faire fortune avec de tels taux d'intérêt et encore moins de bonifier sa retraite éventuelle dans 10, 20 ou 30 ans.

S'il fallait que les taux d'intérêt remontent rapidement, la bulle immobilière prendrait de l'ampleur, à un tel point que les faillites personnelles bouleverseraient l'économie du Québec, et probablement la plupart des provinces canadiennes (dont l'Ontario, principale province industrielle du Canada).

Chose certaine : les taux d'intérêt sont appelés, dans un avenir prochain, à remonter. Il n'y a pas de croissance économique sans investissement et le capital investi a un nom et un prix :  ça s'appelle l'intérêt, le rendement, le profit réinvesti, les dividendes, etc. Et les capitaux se promènent d'une frontière à l'autre, en fonction du retour sur l'investissement. Autrement dit, où ça rapporte le plus!

Alors, quoi faire à court terme ? Le truc pour les épargnants, c'est de faire en sorte que chaque dollar gagné (après impôt) soit dépensé de façon à le rentabiliser au maximum au moment des achats de biens et services (maximiser son pouvoir d'achat).

L'épargne est canalisée ou cumulée dans divers comptes d'épargne (dans un CELI, par exemple) et sera dépensée de façon stratégique. À cet égard, le budget bi-mensuel est le meilleur outil pour gérer ses finances et maintenir son pouvoir d'achat.

C'est par sa façon de dépenser que l'épargnant va augmenter la valeur de son dollar épargné. Voici des exemples : attendre la fin de l'année courante (l'automne) avant d'acheter une automobile neuve, au moment où elle est escomptée, face aux nouveaux modèles de l'année suivante. En période de forte croissance, habiller les enfants dans les magasins à escompte ; varier la popote en cuisinant des plats pour la semaine plutôt que de se gaver de poutine au restaurant du coin ; aller au cinéma le mardi, lorsque le prix d'entrée est à moitié prix, ...

Sans pratiquer de façon intensive la SIMPLICITÉ VOLONTAIRE, le principe de base reste le même : en avoir le plus possible pour chaque dollar en poche qui est dépensé dans les achats de biens et services. C'est là que le consommateur va y trouver son compte et toucher les plus gros dividendes. Dans ce scénario, «La retraite future» deviendra un poste de dépense où, lorsque les taux d'intérêt vont remonter, les montants cumulés seront placés dans les meilleurs comptes d'épargne, sans avoir à prendre des risques inutiles et «jouer son avenir à la Bourse». Laissons cela aux spéculateurs professionnels!  Vous aurez alors toujours le contrôle de votre argent et de vos dépenses, et de l'épargne toujours à votre disposition pour des projets à moyen et long terme...

RD





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