vendredi, novembre 07, 2014

 

L’espérance de vie des 65 ans et plus augmente rapidement





Article de Gérard Bérubé - Le Devoir, 26 octobre 2014

L'augmentation de l'espérance de vie se mesure davantage, désormais, dans le segment des âges plus avancés. Et au rythme où baisse le taux de mortalité, plus rapidement chez les hommes, le temps n'est pas lointain où ces derniers vont vivre plus longtemps que les femmes.

Que les régimes de retraite en prennent acte. «Si l'amélioration de l'espérance de vie observée récemment, en particulier chez les 75 à 89 ans, se poursuit au rythme actuel, les hypothèses à long terme devront être ajustées en conséquence. »

L'avertissement est venu de Jean-Claude Ménard, actuaire en chef du Régime de pension du Canada. Dans sa présentation faite lundi dans le cadre de l'assemblée annuelle de la Society of Actuaries tenue à Orlando, il a rappelé que, depuis 1901, l'espérance de vie à la naissance au Canada avait augmenté d'environ 33 ans. A la fin de 2013, elle atteignait 86 ans pour les hommes et 89 pour les femmes. Toutefois, les gains les plus rapides ont été enregistrés avant 1950. Et l'amélioration, actuelle ou projetée, est désormais attendue davantage chez les plus âgés, moins chez les plus jeunes. «Les augmentations futures de l'espérance de vie sont présumées se produire aux âges plus avancés comparativement aux âges plus jeunes, ce qui veut dire que l'impact sur l'espérance de vie à la naissance sera limité», et celle à l'âge de 65 ans, accrue. Jean-Claude Ménard retient qu'entre 1989 et 2009, 59% de l'augmentation de l'espérance de vie pour les hommes (67% pour les femmes) est venue «d'améliorations à la mortalité pour les âges de 65 ans et plus [...] On s'attend à ce que cette tendance continue dans le futur», peut-on lire dans la présentation. Il associe cette réalité à l'amélioration de la mortalité causée par les maladies du cœur. «A l'avenir, on peut espérer s'attendre à ce que les réductions de la mortalité causée par les tumeurs malignes deviennent un facteur important. »

Groupes d'âge

Par groupes d'âge, chez les 15-54 ans, la diminution des taux de mortalité se chiffrait à 57% au cours des 40 dernières années, soit un peu plus que les 50% des 40 années précédentes. Mais en découpant l'intervalle de temps, le taux de mortalité diminue aujourd'hui à un rythme plus lent. Il a été réduit de 28% au cours des 20 dernières années comparativement à 40% au cours des 20 années précédentes. « Une réduction supplémentaire de 38% est présumée au cours des 40 prochaines années», ajoute l'actuaire. Chez les 55-64 ans, «la diminution récente de 57% au cours des 40 dernières années fut beaucoup plus spectaculaire que celle de 26% au cours des 40 années précédentes». Une réduction supplémentaire de 33% est projetée. Un scénario similaire a été observé dans le segment des 65-74 ans, là où une diminution supplémentaire de 40% est projetée. Pour le groupe d'âge 75-84 ans, «la réduction des taux de mortalité se chiffrait à 43 % au cours des 40 dernières années comparativement à seulement 31 % au cours des 40 années précédentes. Une réduction supplémentaire de 37% est projetée.»

Vivre 100 ans 

Cela dit, on peut comprendre que l'espérance de vie à 65 ans «augmentera de 3 ans pour atteindre 25 ans d'ici les 50 prochaines années, ce qui indique que la moitié des retraités canadiens dépasseront l'âge de 90 ans » Quant à la population des centenaires, les probabilités de vivre jusqu'à l'âge de 100 ans demeurent en dessous de 10%. Mais au final, l'impact sera sensible pour les régimes de retraite, les bénéficiaires étant appelés à recevoir leur pension pendant une plus longue période. L'actuaire retient également qu'en raison des récents taux d'amélioration plus élevés des hommes, il faut s'attendre à un rétrécissement de l'écart, voire à une inversion entre l'espérance de vie à 65 ans des hommes et des femmes. Au point que l'espérance de vie des hommes sera supérieure à celle des femmes à partir de 2026. «En 2075, l'espérance de vie des hommes dépasserait celle des femmes par plus de cinq ans», avance Jean-Claude Ménard, tout en prenant soin de préciser qu'«une considérable incertitude existe à l'égard des taux futurs d'amélioration de mortalité».

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Très intéressant les statistiques, surtout si l'on se situe dans la strate démographique la plus avantageuse : vivre longtemps, en bonne santé, confortable et serein, sans souffrance particulière, heureux de respirer l'air du temps et d'espérer vivre éternellement. Et le sommeil fera le reste...

RD





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