mardi, juin 11, 2013

 

Vieillir en disgrâce


 


Article de Denise Bombardier, Journal de Québec, 27 avril 2013

On me permettra cette transposition de mon dernier ouvrage, « Vieillir avec grâce ». Je veux parler de cet inepte cahier de jeux sur la sécurité proposé par le Service de police de Montréal (SPVM), au titre débile de Thérèse Ponsable et adressé aux personnes âgées. Il ne s'agit pas d'une initiative isolée du SPVM, car la FADOQ, le groupement des aînés, a cautionné ce cahier.

INFANTILISATION

La brochure propose des jeux interactifs, des « stimuli cérébraux », qu'on ne mettrait pas dans les mains de jeunes enfants intelligents. Exemple : « Il faut si l'on se met derrière un volant être capable de bouger avec facilité toutes les parties de votre (sic)...» Les « stimuli » consiste à terminer la phrase , laquelle comporte évidemment une faute de grammaire, l'adjectif possessif devant être « son » et non pas « votre », Ce n'est pas la première fois que des brochures officielles s'adressent à une clientèle ciblée en offensant l'intelligence des gens.

QUÉBEC : UNE MATERNELLE

Ce «gnagnanisme » est une tendance lourde au Québec, où l'on échange sur un mode non seulement léger, mais puéril. Il suffit d'écouter certains animateurs de radio ou de télé qui se croient encore à la polyvalente, ayant conservé cette langue typique des adolescents qui, normalement, devrait les avoir quittés depuis belle lurette.

Peut-on imaginer, compte tenu du vieillissement de la population, ce qu'il adviendra des gens très âgés qui, grâce aux progrès de la science, auront conservé toutes leurs facultés intellectuelles et à qui on s'adressera comme à des enfants sous-développés.

Vieillir avec grâce n'est aussi possible que dans une société adulte où les aînés (à quel âge est-on vieux, d'ailleurs ?) doivent être abordés dans la dignité de leur âge. Ce qui suppose aussi qu'on ne les tutoie pas. « Thérèse Ponsable » n'est ni drôle ni respectueux. Je me souviendrai toujours de ma vieille tante Edna, peronnage flamboyant ayant vécu la dure vie d'ouvrière, sur son lit d'hôpital. En entrant dans la chambre, une aide-soignante lui dit : « Comment tu vas, ma tite vieille ? » Sans la regarder, ma tante me lança : « Je t'ai-tu déjà dit que je la connaissais, elle ? » C'était à quelques jours de sa mort, mais il lui restait l'énergie de refuser cette familiarité qui l'humiliait.

Il est triste que la FADOQ ait cautionné un fascicule qui laisse croire qu'en vieillissant, les personnes s'infantilisent. À vrai dire, peu importe l'âge, ne devrait-on pas user d'une langue standardisée sans recourir à un vocabulaire amoindri et infériorisant ? Les petits enfants ont droit à un discours qui ne soit pas régressant. Au contraire, on croyait en avoir fini avec des « kiki » pour biscuits. L'enfant est une éponge qui absorbe si facilement qu'il peut assimiler un vocabulaire même abstrait. Enseigner la langue dans sa précision, sa richesse et sa complexité est un des plus beaux héritages que l'on puisse transmettre aux enfants.

Personne n'échappe à la vieillesse. Elle commande des égards particuliers dont le premier est de ne pas dépouiller les personnes de leur bien le plus précieux, l'intelligence.

RD

 

Le pouvoir gris au Québec




Article de Jean-Marc Léger, Journal de Québec, 11 juin 2013

Chaque année, on vieillit d'un an. Derrière ce simple constat se cache une réalité lourde de conséquences, car non seulement chacun de nous vieillit, mais le Québec, aussi, vieillit rapidement. Et, on le sait, la vieillesse se termine toujours mal.

Pourquoi pensez-vous que le golf est redevenu à la mode et que le tennis l'est moins ? Parce qu'à 50 ans, on délaisse le tennis pour le golf.

Pourquoi pensez-vous que les émissions de cuisine, les magazines de jardinage, les cours de Pilates, les visites au centre commercial, le magasinage à la pharmacie et les voyages organisés sont plus populaires que jamais ? Parce qu'à 50 ans, on se préoccupe davantage de sa qualité de vie.

LE QUÉBEC VIEILLIT 

Il y a maintenant plus de 3 millions de personnes âgées de plus de 50 ans au Québec, dont 1,3 million de personnes de plus de 65 ans.

D'ici 25 ans, le quart de la population aura plus de 65 ans et dépassera le nombre de jeunes de moins de 20 ans.

Tout cela parce qu'on fait moins d'enfants, que la cohorte des baby-boomers a plus de 50 ans et que l'espérance de vie dépasse les 80 ans.

Le Québec est une société vieillissante et les aînés, qu'on le veuille ou non, vont occuper une place de plus en plus importante dans la vie québécoise.

MAUVAISE DIRECTION

Le Québec sera plus endetté. Ces aînés auront besoin de plus de soins de santé, alors qu'il y aura moins de travailleurs pour financer le système.

Le Québec sera plus pauvre. Le revenu moyen des personnes âgées est de 27 000 $ par année. Près d'un Québécois sur deux ne dispose d'aucun régime collectif de retraite et plus des deux tiers n'on aucun plan d'épargne.

Le Québec sera plus individualiste. Près de 30 % des 65 ans et plus vivent seuls à la maison. Le Québec sera plus conflictuel. Il y aura un choc générationnel de valeurs entre les jeunes de 20-49 ans (qui seront moins nombreux que les plus de 50 ans) et les plus âgés.

LE CONTRAT SOCIAL

Toutes ces statistiques sont déprimantes, n'est-ce pas ? Parce qu'avant la vieillesse signifiait la sagesse et la dignité alors qu'aujourd'hui, elle est perçue comme une charge.

On peut remédier à cette situation en s'attaquant tout de suite aux causes du problème. La semaine dernière, le Réseau FADOQ a demandé à la société québécoise de s'engager formellement à signer un contrat social pour assurer une meilleure qualité de vie aux aînés. Il a raison, car notre devoir collectif est d'assurer le respect des condtions de santé, de sécurité, de bien-être  et d'appartenance de toutes les personnes âgées.

Comme le dit judicieusement le Réseau FADOQ, cessons de voir le vieillissement comme un problème, mais plutôt comme une belle occasion de tirer profit du savoir, de l'expérience  et de la sagesse de ces générations d'aînés.

Ces hommes et ces femmes ont encore tant à donner à la société québécoise. Donnons-leur la chance de se rendre utile et ouvrons-leur notre coeur.

Car, heureusement ou malheureusement, c'est là que vous passerez le reste de votre vie.

RD

 

Retraite - Prestations déterminés



Agence QMI, Journal de Québec, 11 juin 2013


La santé des régimes de retraite est une question qui préoccupe toujours bon nombre de travailleurs canadiens et québécois. Selon la firme spécialisée Mercer, la situation financière des régimes de retraite au pays a continué de prendre du mieux en mai.

En fait, il se trouve de moins en moins d'experts qui craignent pour l'avenir des régimes à prestations déterminées, qui ont été particulièrement malmenés pendant la crise financière.

Taux d'intérêt

La remontée éventuelle des taux d'intérêt devrait permettre à ces régimes de revenir à un niveau de capitalisation adéquat, estime Michel St-Germain, conseiller principal en régime de retraite chez Mercer.

« En fait, ce qui pourrait vraiment aider la sécurité de ces régimes-là, c'est une hausse des taux d'intérêt à long terme, a-t-il indiqué. Et ces taux d'intérêt ont augmenté quelque peu depuis le début de l'année, en fait ils ont augmenté de 20 points de base. Ils sont encore très bas, mais la plupart des experts s'attendent à ce qu'à un moment donné, les taux reviennent à un équilibre qui est un peu plus élevé, ce qui aiderait énormément à la sécurité de ces régimes. »

Résistance à 2008

M. St-Germain a souligné qu'en dépit du ralentissement économique des dernières années, il y a peu de cas de régimes de retraite qui n'ont pas rencontré leurs promesses.

Il n'y a donc pas seulement le système bancaire qui est en santé, le système des régimes de retraite a bien résisté à la crise de 2008 et une hausse des taux d'intérêt ramènerait à une situation normale.

« Je pense que les gestionnaires des régimes ont appris une leçon de ce qui s'est passé au cours des cinq ou six dernières années, c'est-à-dire qu'il y a des risques à promettre une rente de retraite et il y a des moyens qu'on peut prendre pour mieux contrôler ces risques. Je m'attends, suite à ces leçons-là, à ce que les risques soient mieux gérés et, d'une certaine façon, que les risques qui sont pris avec les placements des caisses de retraite soient réduits dans le futur, » a affirmé M. St-Germain.

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

C'est une évidence toute simple : les taux d'intérêt de base doivent monter graduellement. Le capital disponible a un prix; sa rémunération, ce sont les taux d'intérêt.

À l'heure actuelle, les taux d'intérêt sont maintenus artificiellement bas pour plusieurs raisons, dont celle de ne pas perturber le secteur de l'immobilier. On sait qu'un relèvement soudain des taux d'intérêt serait dévastateur pour les détenteurs d'hypothèques à court et moyen terme et entraînerait des faillites personnelles importantes. De même, la Banque du Canada doit aligner ses taux d'intérêt sur la banque fédérale américaine, en les maintenant plus bas. Et ils sont déjà très bas aux USA.

Le résultat net, c'est que le véritable prix du capital est sous-estimé et ce sont les régimes de retraite qui en souffrent. Le mouvement à la hausse des taux d'intérêt est perçu comme constant et devrait, comme le dit M. St-Germain, adopter se rétablir dans les mois à venir.

RD

 

Rapport D'Amours : une audace contenue





Article de Jean-Robert Sansfaçon, 18 avril 2013

« RETRAITES - UNE AUDACE... CONTENUE »

Pas question d’une réforme en profondeur du système des retraites au Québec, comme certains en rêvaient. Le comité d’experts sur l’avenir du système de retraite québécois, présidé par l’ancien dirigeant du Mouvement Desjardins, M. Alban D’Amours, opte plutôt pour le maintien de la variété actuelle des formules de retraite, une plus grande rigueur dans la gestion des caisses collectives et une nouvelle rente pour les plus de 75 ans. Un statu quo bonifié, dirions-nous.


Depuis 2008, les régimes de retraite à prestations déterminées (RPD), auxquels participent à peine 513 000 salariés du secteur privé (13 % des 3,9 millions de travailleurs) et 866 000 du secteur public, ont fondu comme neige au soleil. Faute de mécanismes de révision des « promesses » qui auraient permis de réduire les coûts, les déficits dépassent aujourd’hui 40 milliards de dollars. Ce qui a conduit plusieurs employeurs privés à exercer leur rapport de force pour remplacer ces régimes avantageux par d’autres auxquels les employés cotisent sans connaître le montant de la rente à venir.

Dans le cas des universités et des municipalités, les déficits sont devenus si menaçants que les élus en appellent à une intervention de l’État. En attendant, ce sont les contribuables qui paient des centaines de millions chaque année pour renflouer la caisse.

Même si les RPD ne couvrent qu’une minorité de travailleurs, c’est à leurs problèmes que s’attaque surtout le rapport, en proposant que Québec modifie les lois pour inciter les parties à renégocier les termes de leurs régimes et à en partager les risques.

Pour s’assurer que les syndicats accepteront de se prêter au jeu, le rapport propose que la loi accorde cinq ans aux employeurs dont la caisse fait face à un déficit chronique pour revoir le régime. Dans l’éventualité d’un désaccord persistant, la loi autoriserait l’employeur à annuler unilatéralement l’indexation des rentes, pourvu qu’ils ajoutent eux-mêmes l’équivalent des économies réalisées.

Cela ne plaira pas à ceux qui refusent toute intervention gouvernementale dans la négociation. Mais, compte tenu du contexte de crise des RPD, de tels changements sont indispensables.

Par ailleurs, compte tenu du fait que 65 % des travailleurs n’ont pas accès à ce type de régime, plusieurs se seraient attendus à ce que le comité commente la proposition de bonifier les prestations de la Régie de rentes, afin que celles-ci en viennent à remplacer jusqu’à 50 % d’un salaire admissible rehaussé à 60 000 $ (donc une rente de 30 000 $), au lieu de 25 % d’un salaire de 50 000 $ (pour une rente de 12 500 $) comme c’est le cas à l’heure actuelle.

Or non seulement le comité refuse-t-il de prendre cette direction, notamment à cause du détournement de vocation auquel le régime des rentes a été soumis depuis sa création (l’ajout de rentes d’invalidité, d’orphelins, de décès, etc.), mais il se prononce clairement en faveur du maintien de la diversité actuelle dans l’offre des formules.

Ce qui l’amène à soutenir le nouveau régime volontaire (RVER) adopté par le précédent gouvernement, et ce, malgré les critiques qui lui reprochent d’être un cadeau pour les banques et pour les employeurs qui ne seront pas obligés d’y contribuer.

En revanche, le comité propose une innovation audacieuse dans les circonstances : la rente longévité.

Publique et gérée par la RRQ et la Caisse de dépôt, cette nouvelle caisse capitalisée à 100 % assurerait les retraités âgés de 75 ans ou plus d’un montant supplémentaire indexé, proportionnel à leur participation, pouvant atteindre 14 500 $ (en dollars d’aujourd’hui). Comme pour le régime des rentes du Québec, employés et employeurs seraient tenus d’y contribuer à raison de 1,6 % du salaire chacun.

Grâce à la rente longévité, les retraités de demain souffriraient moins du risque de connaître une chute de leurs revenus en fin de vie et pourraient entre-temps consacrer leurs efforts d’épargne à préparer la dizaine d’années qui séparent le début de la retraite du moment d’atteindre 75 ans. Quant au choix de l’âge de 75 ans, il n’est pas innocent puisqu’il permet d’éviter le piège de l’incitation à prendre sa retraite tôt, comme c’est le cas présentement.

Le rapport D’Amours ne révolutionne rien, il enterre même l’espoir de voir naître un régime public universel au Québec. Malgré cela, il suggère l’apport de modifications urgentes aux régimes complémentaires et un prolongement fort bienvenu du régime public pour tous les travailleurs de demain.

RD

 

Plus d’aînés pauvres avec la réforme Harper de la vieillesse




Article de Denise Proulx, Argent, 9 avril 2013


En reportant l’âge d’admissibilité aux prestations de la Sécurité de la Vieillesse et du Supplément de revenu garanti de 65 à 67 ans, le gouvernement Harper imposera une vie de pauvreté à un nombre élevé d’aînés. Et ce sera surtout des femmes qui en subiront les conséquences.

La réforme proposée par Ottawa fera grimper le nombre d’individus sous le taux de faible revenu de 6 % à 17 %, affirment des chercheurs du Centre interuniversitaire de recherche en analyse des organisations (CIRANO), dans une étude intitulée «Réformer la sécurité de la vieillesse».

«Nos observations sont présentées pour faire réfléchir sur la question. Le système a ciblé les personnes à faible revenu», a mentionné le professeur Jean-Yves Duclos, co-signataire de l’étude avec Nicholas -James Clavet, Bernard Fortin et Steeve Marchand.
Le gouvernement fédéral a justifié ces modifications qui s’appliqueront graduellement entre 2023 et 2029, par la nécessité d’assurer la viabilité du système public de revenus de la retraite, alors que les baby-boomers vieillissants puiseront massivement dans les revenus de l’État.

En modifiant l’âge d’admissibilité aux prestations de la sécurité de la vieillesse, le gouvernement fédéral enverra ainsi davantage de personnes âgées sous la responsabilité de leur gouvernement provincial qui devront verser plus de prestations d’aide sociale. En fait, une fois la reforme achevée, le gouvernement canadien pourrait réaliser des économies de 6,9 milliards $ par année, alors que les provinces subiront des pertes de revenus d’impôts de plus de 450 millions $ par année et verront augmenter les dépenses de l’aide sociale de 164 millions $ en 2030.

«Le problème principal de cette réforme est qu’elle s’attaque de manière disproportionnée aux gens les plus pauvres et qu’elle aura un effet moins fort chez les gens aisés, car souvent ils ne touchent pas les prestations de vieillesse et de supplément de revenu», a poursuivi le professeur en économie.

Des alternatives plus équitables

Les auteurs de l’étude estiment que le gouvernement fédéral pourrait utiliser des scénarios alternatifs qui résulteraient tout autant en des économies pour les finances publiques, sans attaquer de front les aînés les plus démunis.

L’une de ces hypothèses consiste à diminuer le seuil de remboursement de la sécurité du revenu qui ne s’applique actuellement que lorsque le revenu net dépasse 69,562 $. Les chercheurs du CIRANO suggèrent que ce seuil chute à 34 562 $ pour que débute un remboursement partiel de la Sécurité de vieillesse. Ainsi, le gouvernement fédéral pourrait récupérer 9,2 milliards $. En incluant les pertes de revenus tirés des impôts fédéral et provincial, le montant global récupéré deviendrait semblable à celui de la réforme annoncée.

La seconde alternative serait de diminuer de manière égale les prestations de la sécurité de vieillesse pour tous les individus admissibles de 900 $. Les aînés paieraient cependant moins d’impôts, ce qui aurait un impact mineur sur l’augmentation des personnes affectées.
Enfin, le dernier scénario consisterait à verser de manière progressive le montant de la sécurité de vieillesse d’année en année.
«L’individu de 65 ans recevait donc le sixième de ses prestations normales. À chaque année suivante, ses prestations augmenteraient d’un sixième de ses prestations normales, pour atteindre les pleines prestations à 70 ans», suggèrent les auteurs de l’étude.

 COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

On voit que le gouvernement fédéral et les auteurs de ces études ne vivent pas à l'heure de la retraite à 65 ou 67 ans. Cet âge fixé arbitrairement au siècle passé ne tient pas compte de l'état réel des futurs retraités qui ont déjà travaillé toute une vie pour le bien-être de la communauté canadienne et québécoise. En reportant de deux ans l'âge normal de la retraite, on retarde indument  le droit à une juste retraite au moment où on juge que l'on est encore capable d'en profiter pleinement. C'est s'accaparer des bénéfices gagnés par une génération qui sort du marché du travail, au profit de celle qui suit et qui vivra inévitablement ce même cauchemar. Une question vitale à se poser : combien coûte le fait de garder au travail des personnes qui normalement devrait être des retraités ? Des soins de santé additionnels, une perte de productivité, un raccourcissement de la longévité, quoi encore... Personne n'est gagnant dans cet échange.

Il y a un temps pour le travail et un autre pour la retraite. Fixer une ligne de démarcation d'âge ne résoud pas les problèmes individuels que l'on rencontre à cet âge et plus tard dans la vie. Pour un grand nombre, la précarité de la santé et le besoin de prendre un véritable repos après une vie au travail sont deux critères à ne pas négliger. Est-ce que l'on les aime ou non nos parents et grand-parents? L'économie est au service des Canadiens et non l'inverse. 

RD


jeudi, juin 06, 2013

 

Jean-Pierre Ménard : la bête noire du monde médical


 Jean-Pierre Ménard

Article de Georges-Hébert Germain, Journal de Québec, 4 mai 2013


À par ceux d'entre nous qui n'auront jamais eu d'ennui de santé de toute leur vie et que la mort viendra faucher sans les avoir prévenus, nous allons tous devoir entrer un jour ou l'autre, dans le terrifiant système de santé. On aura beau avoir fait une bonne vie, et comme l'avocat Jean-Pierre Ménard, aller au gym et jogger trois fois par semaine pour se tenir en forme, on sait bien, fragiles mortels que nous sommes, que notre sort sera tôt ou tard entre les mains des médecins.

Or, depuis plus de 30 ans, Me Ménard a été leur infatiguable bête noire; il a poursuivi des centaines d'entre eux en justice parce qu'ils avaient mal fait leur travail. Il est entré dans leur tour d'ivoire, il a fracassé leurs tabous, levé l'omerta derrière laquelle ils se réfugiaient. Il a répéré et fait connaître 6000 erreurs ou méfaits qu'ils ont commis. Il leur a coûté une fortune.

BRISER L'OMERTA

« Avez-vous peut de tomber malade, un jour ? lui ai-je demandé. « Sûr que j'ai peur, m'a-t-il répondu. Être malade, c'est devenir vulnérable, faible, sans défense. Ça fait peur à tout le monde. Mais ne ne crains pas les médecins. Si c'est ce que vous voulez savoir. La très grande majorité d'entre eux, sont compétents et ils font leur travail consciencieusement. En fait, ce n'est pas contre eux que j'en ai. C'est contre le système, les protocoles et les normes, les façons de faire dans les cliniques, les pharmacies, les laboratoires, les hôpitaux, contre toute l'administration du système de santé qui, lui, sérieusement besoin. »

Restaurer ce système défaillant, voilà la mission première que s'est donnée Jean-Pierre Ménard. « On ne devrait jamais avoir à discuter de l'accessibilité aux soins, dit-il. Tout le monde y a droit, en toutes circonstances, sans aucune exception, en toute sécurité et dans les délais prescrits. »

Au tout début de sa carrière, on lui a confié une cause en santé. Il a alors réalisé qu'il devait affronter une machine juridique très puissante et insupportablement arrogante. Les médecins avaient la certitude de posséder la vérité et ne pouvaient concevoir qu'on leur donne tort. Ils avaient, et ont toujours, pour faire face aux poursuites, un fonds de réserve de deux milliards de dollars. L'idée lui est naturellement venue de former un commando d'avocats compétents et aguerris capables d'affronter l'armée des juristes dont disposent les médecins.

Le cabinet Ménard, Martin compte aujourd'hui 17 avocats spécialisés en responsabilité médicale, hospitalière, dentaire, psychiatrique. Il loge dans un banal bâtiment aux abords de la zone industrielle d'Hochelagua-Maisonneuve. Rien à voir avec les gros bureaux d'avocats qui occupent des étages complets des édifices les plus huppés du centre-ville (où on crois maints ex-ministres et plusieurs ex premiers ministres du Québec et du Canada). Le client ici ne paie pas pour de la moquette à mille dollars le mètre carré, ni pour des baies vitrées d'où l'on voit la ville à l'envers, des plantes vertes exotiques ou des tableaux de maîtres...

DÉFENDRE LES VULNÉRABLES

Venu m'accueillir à la réception, Me Ménard m'introduit dans une grande pièce au centre de laquelle se trouve une longe table nue qu'entourent une demi-douzaine de fauteuils. Aucune fenêtre. Tous les murs sont couverts de livres de bas en haut. Plus de la moitié sont des ouvrages médicaux ; je vois une histoire de la santé des femmes au Moyen Âge, plusieurs traités sur l'agonie et la mort, des rapports sur divers systèmes d'assurance maladie, des rayons entiers de livres sur le droit de la santé, l'administration des soins palliatifs.

« Nous avons une très bonne connaissance du système de santé », me dit le maître de céans. Veston, cravate, un tantinet débraillé, il parle si vite que je jette de temps en temps un regard inquiet à mon petit magnétophone. « Quand un cas nous est soumis, on sait où aller chercher les renseignements dont on a besoin, que ce soit dans les laboratoires, les salles d'urgence, les blocs opératoires ou les bureaux de l'administration. On peut, le cas échéant, faire la preuve qu'il y a eu erreur médicale, évaluer les dommages, identifier la ou les personnes, qui, dans la chaîne des soins, ont contrevenu aux règles de l'art. »

Souvent, le samedi matin, Me Ménard s'enferme seul dans cet antre de papier, il prépare un plein pot de café, étale sur la grande table ses documents et travaille pendant quelques heures. Son métier le passionne. « Parce que ce n'est jamais pareil, dit-il. Et c'est toujours de l'humain. Ici, on ne défend pas des personnes morales, ni des compagnies. Jamais, de médecins non plus. Tous nos clients sont des êtres blessés et vulnérables. »

Chaque année, dans le système de santé québécois, on signale un demi-million d'incidents. La grande majorité heureusement est sans conséquence et on n'en entend jamais parler; d'autres, cependant, détruisent des vies.

On a opéré déjà l'oeil sain d'un patient plutôt que le défectueux, une hanche encore bonne à une dame, le poumon toujours intact d'un autre. On a attribué à un homme le diagnostic d'un autre patient souffrant d'un cancer de la prostate. Une jeune femme qui s'était cassé un tibia lors d'un accident de moto est morte à l'urgence d'une surdose de Kilaudid; elle avait été vue par trois urgentologues qui, ne s'étant pas consultés, lui en ont tous prescrit.

« Il y a des responsables, bien sûr, dit Jean-Pierre Ménard. Mais c'est le système qui est mal fait. Les interventions sont souvent mal coordonnées, le personnel est mal informé. Si on avait des normes précises, des protocoles clairs et rigoureux, beaucoup d'erreurs seraient évitées. »

UN MYTHE À DÉMOLIR

On a vu déjà, dans un hôpital, plusieurs cas d'intoxication au chlorure de potassium. Après enquête, on s'est rendu compte que la bouteille, mal identifiée, avait été rangée à côté de l'eau iodée; on pouvait facilement confondre les deux contenants. On a collé une tête de mort sur le contenant de chlorure de potassium. Coût de l'opération quelques dollars.

« Pour régler la grande majorité des problèmes, ce n'est pas de l'argent qu'il nous faut, mais de l'ordre et des idées, quelques idées très simples. Ce qui est important pour nous, ce n'est pas seulement d'aller chercher un dédommagement pour nos clients, c'est que les erreurs dont ils ont été victimes ne se répètent plus. »

Ils y a un mythe qu'il tient à démolir, celui qui veut que les poursuites pour négligences médicales rapportent des fortunes. Aux États-Unis, on obtient parfois  des dédommagements punitifs considérables. Et on en fait une médiatisation complètement folle. Ça ne veut pas dire que le taux de résolution est élevé. Il l'est beaucoup moins que chez nous. Le Québec affiche un taux de résolution plus élevé que les autres provinces; et 55 % des victimes sont indemnisées. Ailleurs, au Canada, c'est moins du tiers.

« Dans la plupart des cas, ce qui préoccupe nos clients, précise le juriste, ce n'est pas de faire de l'argent. Ils veulent simplement connaître la vérité, savoir ce qui s'est passé, qui est responsable du drame qu'ils vivent. Ils acceptent que les médecins se trompent, mais pas qu'ils les trompent. »

Il ne pense pas beaucoup de bien du système de santé privé. « C'est beaucoup moins réglementé que le système public, dit-il. Les soins sont par conséquent de moins bonne qualité. En fait, en médecine-business, on ne cherche pas la qualité, mais la rentabilité. C'est pour ça que ça rapporte. Si un client n'est pas assez payant, on s'arrange pour l'envoyer dans le public. Je crois que les effets pervers du privé vont s'accentuer, et c'est de ce côté-là des choses que la majorité des combats judiciaires vont se disputer à l'avenir. »

Et il parle encore et encore des êtres les plus vulnérables de la société, dont il se sent le devoir et le pouvoir de protéger les droits : les grands handicapés physiques et mentaux, les grabataires des CHSLD...

En juin 2012, le gouvernement québécois formait un comité d'experts chargés de présenter des recommandations juridiques sur le droit de choisir les circonstances de sa mort. On a proposé la présidence de ce comité à Jean-Pierre Ménard. « J'étais débordé, dit-il. Mais je n'allais pas laisser passer cette occasion... » Les mourants, voilà de grands vulnérables.

MOURIR DANS LA DIGNITÉ

Autrefois, le caractère sacré de la vie avait priorité absolue. Quand la mort se présentait, on la subissait, si cruelle fut-elle. Dans les faits, la décision finale relevait le plus souvent du personnel soignant qui avait l'obligation de maintenir la vie à tout prix. En proposant de revoir l'encadrement juridique de la mort, le comité a introduit une nouvelle valeur impensable il y a encore quelques années : la dignité.

Selon Me Ménard, l'aide médicale à mourir devrait faire partie du continuum de soins de fin de vie. « Il s'agit de protéger l'autonomie décisionnelle, dit-il. Les patients en phase terminale ont le droit de choisir le moment et le lieu où s'achèvera leur vie. Notre comité suggère donc que le législateur reconnaisse un ensemble de droits aux personnes, mourantes, le droit à l'information, le droit de décider par soi-même, le droit à la confidentialité. »

Ces droits seraient bien évidemment réservés aux personnes majeures et autonomes atteintes d'une maladie n'offrant aucune perspective d'amélioration et entraînant des souffrances insupportables.

Mais, qui décidera pour les déficients intellectuels, les malades plongés dans le coma, les jeunes enfants, tous ces êtres hyper vulnérables, totalement démunis, incapables de faire un choix éclairé ?

« Il faut un encadrement souple, bien documenté. Il faut travailler avec leurs proches, si possible. On n'a pas le droit de laisser souffrir quelqu'un inutilement. »

Il reconnaît par ailleurs qu'on doit respecter la volonté des gens qui veulent, par conviction religieuse, par exemple, aller au bout de leurs souffrances.

Jean-Pierre Ménard aura contribué, par son engagement et sa pratique du droit, à changer notre façon de vivre et notre manière de mourir. Il est fier de ce qu'il a accompli avec les membres de son cabinet. « On réalise qu'on a influencé et changé le système. On a exigé, et dans beaucoup de cas, on a obtenu, la promotion de l'accessibilité des soins, la qualité, la sécurité des soins. Un jour peut-être dans un monde idéal, un cabinet comme le nôtre n'aura plus de raison d'être. »

COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Le rôle du secteur privé va croître, c'est inévitable avec le vieillissement de la population québécoise. Ceux qui peuvent se payer des soins particuliers vont le faire, de toutes les manières possibles. S'ils ont payé les droits minimum du système public et s'ils veulent investir dans leur santé et en payer le prix, pourquoi pas ? C'est tout à fait légitime.

Par ailleurs, je ne suis pas d'accord de dire que les soins au privé sont de moindre qualité que le public. Ce qui tue le public, c'est le système et la mauvaise utilisation des ressources humaines. La rentabilité dans le secteur privé oblige d'être efficace en dispensant les soins et surtout de faire des économies d'échelle en traitant le plus de patients possibles, dans le plus bref intervalle, sans nécessairement diminuer la qualité des soins médicaux.

Le point vital, soit au public ou au privé, c'est l'accessibilité pour tous les citoyens à des soins médicaux de premier ordre, dans des délais raisonnables. C'est là où ça foire présentement.

Il y aura toujours des médecins qui seront médiocres comme dans n'importe quelle autre profession. Mais, ça ne sera jamais la majorité. Les erreurs impardonnables doivent être sanctionnées judiciairement. Donc, il y a place pour les défenseurs des personnes victimes de ces erreurs médicales. Je dirais même que c'est une nécessité.

RD


 

Soins à domicile déficients au Québec


 



Article de Régys Caron, Journal de Québec, 6 juin 2013

SITUATION ALARMANTE

Québec dépense cette année 2,8 milliards $ pour les personnes en perte d'autonomie, dont 500 millions $ pour les soins à domicile.

SOINS À DOMICILE DÉFICIENTS
 
  • Les délais d'attente pour des services d'ergothérapie sont en moyenne de deux ans et demi et de trois ans pour des services de nutrition;
  • Les clientèles en déficience intellectuelle et trouble envahissant du développement ont explosé de 600 % depuis 10 ans;

  • Les attentes se sont allongées de 176 %;

  • Certains délais vont jusqu'à huit ans;

  • Les listes d'attente ne cessent de croître.

Les personnes âgées en perte d’autonomie attendent jusqu’à trois ans avant d’avoir accès aux services à domicile requis. Pendant ce temps, les professionnels affectés aux soins à domicile passent la majeure partie de leur temps dans leurs bureaux.

Ces constats formulés par le vérificateur général du Québec, Michel Samson, tombent au moment où le gouvernement Marois s’apprête à accroître les services à domicile aux personnes en perte d’autonomie. Trois agences de santé et trois centres de santé et de services sociaux (CSSS) ont été vérifiés par l’équipe de M. Samson, qui relève d’importantes lacunes dans son rapport déposé hier, à l’Assemblée nationale.

Au CSSS du Sud de Lanaudière, les délais d’attente vont de 453 jours pour obtenir des services sociaux, à 896 jours pour des services d’ergothérapie, à 991 jours pour obtenir des services de nutrition, a constaté le vérificateur général. Celui-ci note que le repérage des personnes âgées vulnérables se fait principalement à l’urgence des hôpitaux.

Malgré l’obligation légale faite aux CSSS d’établir des plans d’intervention suivant les besoins des personnes, 52 % des dossiers examinés n’en comportaient pas. Pourtant, dans 93 % des dossiers examinés, l’évaluation des besoins avait été faite. On évalue donc les besoins sans établir comment y répondre.

L’absence de standards provinciaux quant à la qualité des services laisse des écarts importants d’un CSSS à l’autre. Ainsi, en Outaouais, le nombre d’heures consacrées en moyenne pour chaque personne âgée est de 54 heures par année, comparativement à 96 heures dans la région de Montréal et à 101 heures dans Lanaudière. Une autre région n’offre que 33 heures.

Peu d’heures

«Les services rendus aux personnes âgées sont parfois insuffisants, mais aucune analyse ne permet d’évaluer dans quelle mesure ils le sont, signale le V.G. «Peu d’heures de services à domicile sont faites et le nombre varie grandement d’une catégorie à l’autre. On peut se questionner sur la nature et l’organisation du travail», écrit-il. Le ministère de la Santé n’a établi aucune cible quant au nombre d’interventions que les employés devraient faire chaque jour, note le V.G.

Le ministre de la Santé, Réjean Hébert, reconnaît l’existence des lacunes. «Le Vérificateur général confirme ce que j’observe depuis des dizaines d’années», a dit le Dr Hébert. Les problèmes identifiés trouveront leurs solutions dans le régime d’assurance autonomie que prépare le gouvernement  Marois, a précisé le ministre.

Autres lacunes

Le V.G. a constaté des lacunes comparables quant aux services dévolus aux personnes souffrant d’un handicap intellectuel ou de troubles envahissant du développement. L’État a dépensé 886 millions $ pour cette clientèle en 2011-2012, et là aussi, les délais d’attente sont jugés trop longs.

 COMMENTAIRE DE PHILOMAGE

Le Québec est loin d'avoir pris le virage « vieillissement EN ACCÉLÉRÉ de sa population ». En fait, on attend que la pression soit suffisamment forte de la part des usagers pour rétablir un équilibre dans la répartition des soins à domicile ou encore en donner suffisamment, compte tenu des besoins exprimés.

Ça fait pauvre et déconnecté!

RD

samedi, juin 01, 2013

 

Assurance autonomie : plus de justice pour les aînés fragilisés



Selon Louis Plamondon, président de l'Association québécoise pour la défense des droits des retraités (AQDR),  le cadre du Livre blanc sur l'Assurance autonomie, soumis aujourd'hui (30 mai 2013), pose les véritables enjeux de la prise en charge des défis liés au vieillissement. Les consultations annoncées orienteront les générations futures d'aînés québécois.

Le gouvernement se montre audacieux et novateur pour engager notre société dans un virage où les aînés d'aujourd'hui et du futur pourraient mieux vivre et vieillir.

Un véritable virage s'impose pour changer les rouages des systèmes de prise en charge à domicile et en établissement des personnes âgées. Le ministre Hébert lance par son projet d'Assurance autonomie une stratégie pour nous donner collectivement les moyens de ce virage souhaité par la communauté des aînés.

L'AQDR soumet les enjeux qui retiennent particulièrement son attention :
  1. Accessibilité des services en priorisant les populations isolées et fragilisées et aux ressources limitées.
  2. Équité entre les régions et les centres urbains
  3. Gratuité des services acquis dans les services à domicile
  4. Priorité à la réduction progressive des listes d'attentes en CHSLD et dans les services à domicile
  5. Équité des contributions requises des usagers en regard de leurs revenus
  6. Respect des règles de droits prévues par la Charte, le Code civil et la Loi  de la Santé et des Services Sociaux et consolidation du rôle des Commissaire aux plaintes comme gardien des droits des usagers
  7. Réduction de l'emprise bureaucratique dans l'orientation et la délivrance des services
  8. Réforme de l'allocation des ressources fondées sur l'équité sociale et le partage de la richesse
  9. Centration de l'activité sur les besoins des clients et des aidants au détriment des rigidités bureaucratiques et de la toute-puissance des structures de soins et services.
Pour l'AQDR, la priorité absolue est la réduction progressive de la liste d'attente pour un lit en CHSLD : ces quelque 6 000 personnes sont extrêmement fragilisées et ne reçoivent pas les services requis par leur état, avec tous les impacts que cela crée pour elles et pour leur entourage.

L'AQDR est une association dont l'objectif premier est d'améliorer la qualité de vie des personnes ainées. Notre association existe depuis 33 ans et compte plus de 40 sections régionales regroupant plus de 35 000 de membres partout au Québec.

SOURCE : ASSOCIATION QUÉBÉCOISE DE DÉFENSE DES DROITS DES PERSONNES RETRAITÉES ET PRÉRETRAITÉES

RD

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